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25 février 2007

Un peu de repos …

Près de quatre mois, maintenant que ce blog n’avait pas connu la moindre pause. Sauf un faux arrêt au moment de la « trêve des confiseurs » ... mais, comme les lecteurs fidèles ont du le remarquer, il y eut aussi du boulot d’étalé à la fin décembre, avec en particulier de nombreux liens ajoutés et commentés.

Vous êtes près de 120 par jour à venir vous connecter en ce moment, pour 200 pages ouvertes ! Le blog est maintenant riche de centaines d’articles, et beaucoup viennent à partir de références anciennes de publications : je suis donc parfaitement tranquille pour le nombre de visites la semaine prochaine, choisie pour marquer un temps de repos. Sauf évènement exceptionnel, méga attentat, assassinat d’un candidat à la présidentielle ou nouvelle guerre au Moyen-Orient (évitons quand même de broyer du noir), le prochain article sera publié dimanche prochain 4 mars. Il sera temps, alors, de fêter avec un peu de retard les deux ans du blog, né le 27 février 2005.

Juste une dernière indiscrétion, pour ce qui vous attend à la « rentrée ». Au-delà de l’actualité et des « posts » mis en ligne au fil de l’eau, au-delà des libellés en fin d’articles qui permettent de retrouver classés par thèmes l’ensemble des publications, j’ai imaginé une nouvelle manière, plus vivante, d’aborder le monde musulman sur le blog : faire un vrai voyage en abordant, certains mois, un pays différent sous différentes facettes. La première série sera "le mois de ... " mais rendez-vous le 4 mars pour le savoir !

J.C

Le 11 septembre, presque un détail pour Le Pen

Une fois n’est pas coutume, j’ai emprunté tel quel le titre de « Libération » du 22 février. Une façon de renvoyer la dernière provocation du leader de l’extrême droite française à ses propos au micro de RTL, il y a presque 20 ans, où il déclarait que les chambres à gaz étaient un « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale ».

Rendons cette justice au « borgne fou » qui revient à chaque fois polluer les élections présidentielles - en attendant d’en être expulsé, par la force de l’âge ou (on peut rêver) le retour à la raison d’une partie de son électorat, suffisamment grande pour lui envoyer une claque : son message, même s’il évolue au gré des électorats à conquérir, reste remarquablement stable en ce qui concerne le nazisme. Jamais évoquée en termes négatifs (« l’occupation allemande n’a pas été aussi inhumaine que cela », entretien à l’hebdomadaire « Rivarol », janvier 2005), couverte d’un halo de confusion mentale (ainsi son père, mort accidentellement après que son chalutier ait heurté une mine allemande est-il dans sa bouche « mort pour la France »), la guerre entre Alliés et Forces de l’Axe est toujours évoquée en termes défavorables aux premiers. Retour donc sur sa dernière et scandaleuse interview à « La Croix », et sur son « les 3000 victimes de attentats du 11 septembre, c’est beaucoup moins que les bombardements de Marseille ou de Dresde à la fin de la Seconde Guerre Mondiale » ... CQFD, d’après Le Pen et implicitement, les nazis n’ont jamais EUX bombardé de cités européennes, et les seules victimes civiles ont été visées intentionnellement par les Américains ... pour ne rien dire des camps de concentration ou d’extermination, sur lesquels (bien sûr) « il faut laisser les historiens discuter » (une fois supprimé la « scélérate Loi Gayssot »).

Le candidat du Front National crachant à la figure des malheureuses victimes du 11 septembre en banalisant l’évènement, cela n’a rien non plus d’inattendu quand on pense à son tournant violemment anti-américain, que j’avais déjà relevé sur le blog (lire ou relire l’article "Le Pen, candidat des Mollahs"). Mais faisons un retour sur l’article de Christophe Forcari dans « Libération » :
« En relativisant la portée des attentats du 11 septembre, Le Pen renoue avec le discours traditionnel de l’extrême droite pour qui les États-Unis représentent avant tout la patrie du capitalisme apatride. Dans son entreprise de séduction tous azimuts, il adresse également un signal fort à l’électorat d’origine maghrébine, hostile à la politique américaine au Moyen-Orient et à celle de son principal allié dans la région, Israël ».
«Le Pen n’a choqué que le petit monde politico-médiatique, pas le peuple » a dit à « Libé » un autre dirigeant du F.N, Louis Aliot. Hélas, en repensant aux réactions pas très nettes entendues au moment même du méga attentat (voir sur le blog), j’ai bien peur qu’il n’ait raison sur cette triste analyse !

Je me suis demandé enfin quelle « réponse » faire à une telle abjection, une réponse qui puisse rasséréner un peu les lecteurs. Et puis, le hasard a voulu que Irène Elster (dont on a pu apprécier des photos et un article sur le blog) me signale un extrait vidéo sur « Youtube » de « Adieu », cette chanson de Bruel "censurée sur les ondes françaises" (en fait, jamais passée à la radio comme le disait mon article). Une chanson consacrée justement, aux attentats terroristes, et dont le dernier couplet - celui évoquant le 11 septembre, à travers le regard d’un survivant - me semble tout à fait à propos. Une vraie émotion contre une vraie abjection. Regardez et entendez donc Patrick Bruel chanter au piano que ce n’était pas un « détail » !

J.C



Adieu Patrick bruel par jasmin16

22 février 2007

"Monseigneur Vingt - Trois en Israël, un pèlerinage inattendu", par Josiane Sberro

Les pèlerins devant l’église du Mont des Béatitudes,
près du Lac de Tibériade (photo Josiane Sberro)

 
Introduction :Mon amie Josiane Sberro est une militante infatigable de deux nobles causes : la défense d’Israël, et celle de la République française laïque - deux combats où hélas on rencontre souvent les mêmes extrémistes en embuscade ! Directrice à la retraite d’un établissement scolaire, elle trouve encore l’énergie de se battre par la parole et par la plume, et elle fait partie des dynamiques dirigeants de « Primo Europe », site ami en lien permanent sur le blog.
Elle a été invitée par l’Office Israélien du Tourisme (ONIT) à couvrir le voyage de l’Archevêque de Paris, Monseigneur Vingt - Trois, invité en Israël avec 600 pèlerins catholiques. Elle rend hommage à ce dignitaire de l’Église, en témoignant de ses qualités à la fois d'humanité et de diplomatie en Terre Sainte, tellement déchirée entre Juifs et Musulmans.
Merci, Josiane, pour ce reportage et cette photo ramenés d’un très beau voyage !
J.C

Dès mon arrivée à l'aéroport, je me suis demandé. Suis-je bien à ma place et pourquoi suis-je là. Je me sens si étrangère, si seule en cette foule disciplinée. Je redoute un peu ce qui m’attend et me contente d’observer tout autour de moi. Des enfants qui attendent de rencontrer le Messie sur cette terre qui à mes yeux, lutte sans répit pour sa simple survie.

L’embarquement est long dans ce monstre au ventre inépuisable. Près de six cent pèlerins accompagnent en effet Monseigneur Vingt - Trois archevêque de Paris pour un pèlerinage en Terre Sainte.
Quatre longues heures de vol sans un mot échangé. Je suis stupéfaite de ce calme courtois. Un vol à destination d’Israël c’est habituellement le droit à toutes les dérogations, le bruyant, chaleureux et joyeux désordre de l’appartenance à la même famille.
Le passager devant moi, plie religieusement le certificat de cacherout de son plateau repas, et le glisse dans sa poche. Premier contact dans doute avec la langue hébraïque.

Mes doutes s’estompent dès l’arrivée à destination. Arrivée impressionnante. Le monstre crache un flot humain ininterrompu par ses nombreuses passerelles. Drapeaux et soleil à flot. Une cérémonie nous attend.
Sur le tarmac Monseigneur Vingt - Trois est invité à rompre le pain et le sel selon la tradition hébraïque.
« Cet avion est un oiseau de printemps par les amis chrétiens qu’il mène vers nous, et nous espérons d’autres nombreux oiseaux de printemps à venir ». Ce sont les mots d’accueil du directeur de l’aéroport. Pour le ministre du tourisme, « Vous pèlerins chrétiens, êtes un pont entre les Israéliens et les Palestiniens qui veulent la Paix ». L’équipage de l’avion tout en haut de l’appareil ne veut pour rien au monde manquer une séquence de ce spectacle hors du commun : Le Primat des français célébrant le motsi entouré d’une foule immense, pétrifiée par la solennité du moment. Chacun de nous serre le petit rameau d’olivier reçu en posant pied à terre.

Mais bien vite les autobus attitrés nous sont désignés, c’est une caravane de treize voitures. A Tel Aviv, premier déjeuner israélien chez « Gino le roi du falafel ». Connaissez vous le falafel mangé à la fourchette ? C’est le « comment-ça-s’appelle-mais-c’est tellement bon ».

Première messe à St Antoine de Jaffa. La journaliste officielle des franciscains de Jérusalem m’explique que l’itinéraire du voyage est changé à la demande des religieux du pays. Ce voyage doit aussi se préoccuper de visiter les minorités chrétiennes palestiniennes. Il y aura donc passage à Nazareth comme à Bethléem. Pour la première fois et ce ne sera pas la dernière le terme de « manipulation » est avancé.
La soirée nous fera oublier ce flottement .Dans le superbe amphithéâtre de l’Université de Tel Aviv, nous sommes près d’un millier à assister à ces discours de « Responsa » entre L’archevêque de Paris et le Grand Rabbin Amar. Tous deux emportent enthousiasme et conviction par la richesse de leur propos et leur amour de la paix, comme la presse s’en est déjà largement faite écho.
Le lendemain un autre temps fort nous mène en Galilée à Bethsaida. Plantation d’arbres et départ d’un chemin des « chrétiens amis d’Israël »...

Soulignons cependant après la messe de Nazareth la rencontre avec un maire quelque peu soupçonneux de « manipulation »encore ce vilain mot. La réponse de l’archevêque fut longuement applaudie « Ce voyage est soupçonné d’être manipulé ; sans que l’on puisse dire qui manipule qui, et à qui profite le plus, la manipulation. Je refuse de prendre position » Sans commentaire, mais la messe est dite.

Nous ne pourrons faire le récit détaillé de tout notre périple, tant les stations, les émotions , les rencontres avec la terre, son histoire, les évènements à jamais inscrits dans le sable nous ont été généreusement offerts. Le sermon sur la Montagne des Béatitudes nous laissera un souvenir particulier. Naissance d’un courant religieux, leur point origine pour nos visiteurs, superbe mouvement de révolte politique pour nous qui avons gardé le chemin.

Jérusalem offrira le contraste de l’irréparable douleur et de l’infinie douceur. Yad Vachem restera un temps fort très fort de ce voyage. Je suis si étonnée d’avoir entendu un nombre significatif de fois « on devrait nous dire tout ça en France » ! On le dit, justement en France ; mais en ce reposoir les faits prennent une tout autre dimension et l’on ne peut sortit indemne du mémorial des enfants. La négation du crime est un crime plus grand que le crime lui-même .C’est à peu près en ces termes que l’archevêque à résumé sa pensée en ce lieu.
Quitter Yad Vachem et se retrouver face à la Ville Sainte dans le jardin du Monts des Oliviers exceptionnellement ouvert pour nous, c’est un ressourcement dans la paix de Jérusalem et la certitude du sens de ce lieu, de la poursuite de la route.

Bethléem enfin, nos treize guides israéliens descendent des autobus au pied du « Mur ». En trois jours de vie commune des liens intenses se sont tissés. Cela nous fait froid dans le dos de les « jeter » ainsi sur le bord de la route après tout ce qu’ils nous ont généreusement offert. Dans tout le convoi c’est un mouvement d’indignation. Trop brève indignation cependant car les foules sont versatiles et adhèrent à la dernière fracture, à la dernière émotion. Et cette émotion on ne peut le nier est celle de ces boutiques fermées de cette impression de vie en voie d’extinction qui règne ici. Les pèlerins en sont bouleversés et l’expriment abondamment.

A la mairie discours particulièrement éloquent du maire de Bethléem, politisé à l’extrême on ne pouvait mieux. Là encore il nous faut le souligner la réponse de Monseigneur Vingt - Trois faite de paix, de sagesse et de sens des réalités a jeté des ponts de fraternité. Il a tenu à souligner la souffrance des deux côtés du Mur, rappelant que si les uns ne pouvait sortir d’autres ne pouvaient entrer et l’image détestable de nos guides sur la route illustrait le propos. Nous sommes décidés à jeter un pont un lien entre les hommes des deux côtés de ce mur, a-t-il martelé.

Mais nous voilà au terme de cet inoubliable voyage clôturé par un repas collectif. Repas de fête de joie, farandoles, chants en hébreu, échanges d’adresses, promesses de poursuivre la route vers ce « pont » promis ... Nous partîmes 600 en Terre Sainte, et revînmes un seul coeur d’Israël !

Pour tout cela, une infinie Gratitude pour cette initiative
Au Père Desbois et à l’incroyable Albert Benabou de l’ONIT.
Josiane Sberro

21 février 2007

Islam-Occident : un dessin et cinq commentaires

Dessin de Chappatte
© Chappatte, dessin tiré du site globecartoon.com

Comme les lecteurs fidèles ont du le remarquer, il m’arrive de publier sur le blog des dessins de presse dans la rubrique « le sourire du mois » : Plantu a ainsi déjà apporté une touche d’humour entre des dizaines d’articles, parfois bien roboratifs. Je n’avais pas encore mis en ligne d’œuvres de Chappatte, talentueux dessinateur du quotidien suisse « le Temps », et dont les publications alternent avec celles de Delize sur le site de news de «Yahoo» que je consulte quotidiennement. Pourquoi ? Soyons sincère avec mon modeste audimat, comme je l’ai été avec l’artiste lui-même en lui écrivant pour obtenir le droit de publier ce « cartoon » : Chappatte, lorsqu’il traite de l’actualité au Moyen Orient et plus spécialement de chaque conflit où est engagé Israël, fait preuve de bien peu d’empathie pour l’état juif - dont les habitants, jamais représentés en civil, n’apparaissent que revêtus d’un uniforme et en train de causer des souffrances à leurs voisins. Nous avons eu un premier échange parfaitement courtois sur la question, et bien entendu je me ferais un plaisir - le Web 2 étant un outil d’échanges et de libre expression - de publier tout droit de réponse de ce journaliste-dessinateur, sur cette question ou à propos du présent article.
 
Mais parlons de ce dessin très récent, publié lundi 19 février : en effet, il me semble parfaitement dans la veine du « politiquement correct » partagé en Europe ; en gros, l’actualité du monde musulman, de l’Irak à l’Afghanistan en passant par l’Iran et la Palestine est ressentie à travers moult reportages comme celle d’un univers de « bons sauvages », authentiques et heureux, s'ils n'avaient pas été dérangés par des méchants étrangers occidentaux. Chappatte pourra, s'il le souhaite, nous préciser s’il a mûrement réfléchi son « cartoon » avant de trouver l’idée, ou si l’idée lui est venue spontanément ; dans tous les cas le public aura reçu une « image subliminale », que je vais essayer de résumer en cinq commentaires !

A) Le Muezzin venu appeler à la prière au sommet de son minaret découvre une enseigne de Mac Donald plus haute que sa mosquée (et toutes les autres qui constituent la toile de fond). On peut sourire de l’idée (le « M » stylisé de Mac Do reprenant la forme de voûte de la pointe des minarets), mais l’idée principale est là : une construction allogène est venue gâcher le paysage, et en plus elle domine avec arrogance le panorama.

B) L’Occident est représenté par le double symbole de la « mal bouffe » (les fast foods) et des États-Unis, double symbole haï par un candidat moustachu aux élections présidentielles, démonteur (justement) de Mac Do, faucheur d’OGM, pourfendeur de la « mondialisation », et très populaire en France ... message subliminal, le Muezzin est (par glissement de la pensée) bien brave par contraste face aux « méchants » venus s’installer chez lui.

C) Troisième idée, sous-tendue par l’enseigne du Mac Do : l’Occident, c’est fatalement et uniquement l’Amérique ... mais est-ce seulement vrai sur le plan de la restauration ? Il y a présentement plus de sushi bars ou de marchands de chawarma que d’enseignes Mac Do dans les rue de Paris, et l’on doit maintenant trouver de très bons chinois ou indiens à Dubaï ou à Casablanca. Et puis « l’invasion occidentale », ce sont aussi les musiques mélangées qui ont donné le Raï en Algérie, ou les courants intellectuels de l’Europe qui ont inspiré les meilleurs des enfants du Maghreb ou du Machrek venus y étudier : trop compliqué à évoquer dans un dessin ?

D) Quatrième idée, l’Occident, c’est Mac Donald (ou Nike, ou Sony, ou tout ce que vous voudrez) mais uniquement ce qui relève de la « société de consommation »). Opposition du matérialisme à la spiritualité authentique - dans ce contexte musulmane -, un message que ne renierait pas une radio d’extrême droite, très proche de Judaïques FM en terme de fréquence, et où l’on cultive la nostalgie des « vraies valeurs » (celles-là, catholiques et opposées aux destructeurs "judéo-ploutocrates-protestants-anglo-saxons"). Bien entendu, d’autres « chocs des cultures » ne sont pas évoqués : libération des femmes ici et infantilisation chez eux ; populations éduquées versus analphabétisme record ; démocraties versus régimes despotiques ; sociétés ouvertes et mélangées versus intolérance et épurations ethniques en tous genres ; laïcité ici, charia (au pire) ou endoctrinement religieux (au minimum) là bas ; Silicon Valley versus culture du hashich dans la plaine de la Bekaa ou en Afghanistan : trop compliqué à représenter, sans doutes !

E) Enfin, dernière idée, le « choc des civilisations » ne se vivrait qu’exporté vers l’Orient ... et quid de cette mouvance islamiste sectaire et violente qui essaie maintenant de s’imposer en Occident, dans les rues, les hôpitaux ou sur les campus universitaires ? Chappatte a un bon coup de crayon, qu’il vienne un peu dessiner le désarroi des Européens qui croisent ce genre de look chez eux (voir photos sur le blog, par exemple ici ou bien encore là). Et puis, pour en finir, qu'il nous dise dans le fond ce qui l'inquiète le plus : de la pub sur fond de Mosquées ; ou bien des intellectuels contraints à vivre cachés (comme Redeker) ou en exil (comme Aayan Irsi Ali) parce qu'ils ont défié des fatwas ?

Jean Corcos

20 février 2007

Dieudonné vient pêcher en eaux troubles au procès de Charlie Hebdo

Dieudonné

Introduction :
Je reproduis ci-dessous un article de Caroline Brancher, publié sur le site laïc militant www.gaucherepublicaine.org . Il y avait beaucoup de monde au palais de justice pour ce procès, oh combien symbolique, et malheureusement l’agitateur antisémite Dieudonné est également venu, non pour assister aux débats ou apporter son soutien, mais pour tirer bénéfice - avec beaucoup de perversité - de cette affaire. Extrait choisi de ses déclarations : " Il faut qu'on puisse cracher à la gueule de tout le monde" ...
Voir le lien sur l'article original que je me permets de reprendre, avec mes remerciements à l’auteur pour sa dénonciation de ce personnage ; voir aussi grâce au libellé "Dieudonné" sous l’article, tous les « posts » où il fut évoqué dans le blog. A noter enfin que l'ex-humoriste - qui se prend pour un grand acteur de la politique - vient d'être rattrapé par des déclarations antisémites anciennes (*).
J.C

Un indésirable s'invite au procès de Charlie Hebdo

La venue de Dieudonné au procès de Charlie Hebdo n'a pas de quoi faire rire ou alors rire jaune, c'est comme on veut. Le trouble fête, qui s'est déplacé au prétexte de soutenir la liberté d'expression, a bien sûr provoqué la colère des journalistes de Charlie.
Pour rappel, lors de la republication des 12 dessins par Charlie Hebdo, les troupes de Dieudonné[1] elles mêmes étaient venues insulter les journalistes de Charlie Hebdo en bas de la rédaction.
En réalité, Dieudonné a une toute autre définition de la liberté d'expression que celle de Charlie Hebdo.
Comme il l'affirmera sans aucune gêne devant la caméra d'un bloggueur, la liberté d'expression est pour lui " la liberté de dire n'importe quoi " " On a le droit de dire tout et n'importe quoi " clamera-t-il.
Dieudonné, qui s'est déplacé mais n'a assisté à aucun débat, considère que l'issue du procès va déterminer si " on le droit de cracher à la gueule des musulmans " donnant ainsi du grain à moudre à ceux qui assimilent les caricatures de Mahomet à du racisme.
Revendiquant " un droit au crachat ", Dieudonné ajoutera : " Il faut qu'on puisse cracher à la gueule de tout le monde " Dieudonné s'est d'ailleurs lui même défini comme un " cracheur professionnel " devant les caméras.
C'est à se demander si Dieudonné n'a pas besoin de se faire psychanalyser. C'est en tout cas ce que lui suggérera Caroline Fourest qui, s'étant avancée pour questionner Dieudonné sur sa présence au procès, n'obtiendra comme seule réponse que pitreries et grimaces de la part de son interlocuteur. Preuve par là que Dieudonné ne brille guère pas la force de ses arguments mais excelle plutôt dans la bêtise, tout particulièrement quand il s'agit de se montrer devant les caméras.
On ne sait pas très bien quelles sont les raisons qui poussent Dieudonné à confondre blasphème et racisme. Est-ce par malhonnêteté intellectuelle comme c'est le cas de l'UOIF, la mosquée de Paris et la Ligue Mondiale Islamique qui veulent instaurer un délit de blasphème de manière détournée ?
Ou est-ce par besoin de se complaire dans la fange, tout spécialement quand les caméras sont là pour ne pas en louper une miette ? Plus simplement encore, Dieudonné a-t-il choisi de se reconvertir dans des sketchs frisant la débilité, croyant peut être que certains seraient eux mêmes assez débiles pour en rire (et auquel cas c'est loupé) ?
Quoiqu'il en soit, ce qu'on comprend très bien c'est pourquoi Dieudonné attend avec impatience l'issue du procès de Charlie Hebdo : une non condamnation de Charlie serait pour Dieudonné le feu vert tant rêvé pour tenir des propos antisémites et racistes.
Que les choses soient donc très claires :
Dieudonné n'est pas un défenseur de la liberté d'expression, Dieudonné est un raciste qui revendique le droit à tenir des propos racistes.
Pour ses prochaines sorties médiatiques, le nouvel ami de Le Pen devrait peut être se contenter des rassemblements Front National.
Néanmoins, la venue de Dieudonné au procès de Charlie Hebdo aura eu au moins le mérite de nous rappeler quelque chose :
Si l'activisme des intégristes mettent en danger la liberté d'expression, il est une liberté fondamentale qui a encore de beaux jours devant elle dans ce beau pays qu'est la France : celle de dire n'importe quoi devant une caméra de télé.

Notes[1] Pour preuve des véritables intentions de Dieudonné envers Charlie Hebdo, ses troupes avaient appelé à manifester devant Charlie Hebdo en février 2006. Pour l'occasion, un partisan de Dieudonné avait composé une chanson. Voici ce que donne la liberté d'expression (liberté de dire n'importe quoi) dans la bouche des sbires de Dieudonné qui ont suivi la leçon du maître à la perfection : http://lesogres.info/article.php3?id_article=1521

Caroline Brancher

Source : www.prochoix.org/

(*) : "Pour moi, les juifs, c'est une secte, une escroquerie. C'est une des plus graves parce que c'est la première", avait dit Dieudonné M'Bala M'Bala dans l'hebdomadaire lyonnais « Lyon capitale », en janvier 2002 (année record en termes d’agressions antisémites violentes). Poursuivi par le Consistoire central et la LICRA, il avait été relaxé par la Cour d’Appel de Paris. La Cour de Cassation vient d’annuler cette décision, et ce dossier va de nouveau être examiné par la justice.

19 février 2007

Le Maroc à la croisée des chemins : Pierre Vermeren sera l'invité de Judaïques FM le 25 février


J’aurais le grand plaisir de recevoir à nouveau sur le plateau de Judaïques FM l’historien Pierre Vermeren. Je rappelle que nous avions fait deux très belles émissions avec lui, c’était il y a un peu plus de deux ans à propos de son livre « Maghreb, la démocratie impossible ? » publié aux éditions Fayard (ces enregistrements peuvent être entendus sur le blog, en cliquant sur son nom dans les libellés en fin d’article). Pierre Vermeren est ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, professeur agrégé d’histoire, et surtout arabisant, il a vécu 8 ans en Egypte, en Tunisie et au Maroc. Et il est, depuis cette année, maître de conférence en histoire du Maghreb contemporain à l’Université de Paris I Sorbonne.

Nous allons parler avec lui d’un pays qu’il aime particulièrement, le Maroc. Ce pays a fêté l’année dernière le cinquantième anniversaire de son indépendance, et cela a été l’occasion pour Pierre Vermeren de rééditer, aux éditions « La Découverte », un livre intitulé justement « Histoire du Maroc depuis l’indépendance ». Nous revenons, avec ce pays, à une zone actuellement plus calme que le Moyen-Orient, dont nous avons beaucoup parlé au cours des dernières émissions ; mais notre série veut apporter le plus large éclairage possible sur l’ensemble du monde musulman et nous n’avons pas le droit de négliger un grand pays de près de 30 millions d’habitants. Et puis le royaume chérifien nous concerne, nous Français, au premier plan. Un autre livre, intitulé « Quand le Maroc sera islamiste » vient de paraître aux mêmes éditions « La Découverte », et cela, un tel basculement à deux heures et demi de Paris, d’un pays arabe pro-occidental et modéré, fait très peur ; il faut dire aussi que l’image que l’on se fait des Marocains en Europe n’est pas très bonne en ce moment - les auteurs des attentats de Madrid en 2004 venaient du Maroc, comme Bouyéri l’assassin de Théo Van Gogh la même année, c’est un jeune marocain qui a menacé de mort sur Internet le professeur Robert Redeker, et les leaders des associations islamistes comme l’U.O.I.F ou la F.N.M.F sont souvent d'origine marocaine : alors notre invité nous dira s’il partage l’analyse des auteurs de cet autre livre, Nicolas Beau et Catherine Graciet. 

J.C

18 février 2007

Charlie Benyahya, in memoriam

J’écris ce petit article sous le choc d’une nouvelle, apprise seulement ce matin : Charlie Benyahya, homme d’une grande bonté, est décédé prématurément. Sincèrement engagé dans les actions de dialogue entre Juifs et Musulmans, il avait été évoqué sur ce blog, au travers de photos inédites qu’il m’avait envoyées (voir ici et ), et on peut aussi voir son visage à mes côtés, lors d’une cérémonie à la Grande Mosquée de Paris (reportage sur ce lien).

D’origine algérienne, il avait vécu comme toute sa Communauté un exil à la fois brutal et douloureux, qui a laissé à la majorité des Juifs d’Algérie - plus qu’à leurs frères de la Tunisie ou du Maroc voisins - une grande amertume, et beaucoup de méfiance vis-à-vis d’une réconciliation possible. J’y pense particulièrement, ces jours ci, ayant tout juste fini (première étrange coïncidence) le dernier livre de Benjamin Stora « Les trois exils, Juifs d’Algérie » (Editions Stock). Ce sera bien sûr, le thème d’une prochaine émission. Mais en pensant aux blessures de cette génération dont faisait partie Charlie Benyahya, je n’en suis que plus admiratif pour lui comme pour d’autres originaires d’Algérie, un peu plus vieux comme mon ami Emile Moatti, ou plus jeunes comme Stora, justement, qui ont cherché à renouer les fils du dialogue de l’autre côté de la Méditerranée.

Je le rencontrais donc régulièrement à la Commission du CRIF pour le dialogue avec les Musulmans, présidée par Bernard Kanovitch. En novembre 2004, il a fait partie tout naturellement des pionniers fondateurs de « l’Amitié Judéo-Musulmane de France », où il travaillait dans le bureau, apportant (aux dires de tous) beaucoup de diplomatie et d’humanité aux côtés des deux co-présidents, le Rabbin Michel Serfaty et Djelloul Seddiki.

Contrairement à quelques autres - hélas outrageusement valorisés par de grands médias - pour qui la main tendue aux Musulmans doit s’accompagner, comme un impôt obligatoire, d’un reniement envers les siens (et Israël en particulier), Charlie Benyahya s’est beaucoup dévoué pour les œuvres communautaires : c’est ainsi qu’il était le délégué français des « Rendez-vous du cœur » qui s’occupent, à Jérusalem, des enfants nés dans des familles défavorisée ou éclatées (voir informations sur ce site). Homme d’une grande modestie, il ne venait sur les ondes de la fréquence juive (dont notre radio) que pour lancer des appels aux dons pour ces enfants nécessiteux.

Enfin, deuxième et dernière coïncidence, j’aurais appris sa disparition (survenue en décembre), au lendemain d’une autre, celle-là d’une personnalité particulièrement sinistre et associée à l’exact contraire de Charlie: Maurice Papon, criminel contre l’humanité, est mort tranquillement à 96 ans, après avoir si peu payé pour sa participation à la Shoah. Ainsi va notre monde, qui voit des Justes partir tellement vite, et des salauds vivre si longtemps ... En ce dimanche, me reviennent aussi les paroles du Rabbin Gabriel Farhi entendues ce matin sur Judaïques FM, dans son billet consacré justement à la mort de Papon. On pourra lire toute sa chronique sur le site TOP J en lien. J’en reproduis juste un extrait, qui traduit, si fortement, ma tristesse en pensant à la disparition de Charlie Benyahya, un homme de bien.
« Tout cela paraît si injuste. Les Psaumes bibliques s’interrogent sur le bien-être des méchants et la souffrance des justes sans bien entendu y apporter la moindre réponse si ce n’est dans le fait de poser cette question. Ce n’est pas normal et cela ne s’inscrit donc pas dans le dessein divin tout comme la mort de 6 millions de nos frères et sœurs. Oui il y a des êtres infâmes qui vivent longtemps et dans le confort alors que des hommes justes sont frappés par la pauvreté et la souffrance. »

J.C

Une politique bien étrangère, 3/3 : Jack Lang, futur patron du Quai d'Orsay ?

Jack Lang et Manouchehr Mottaki,
photo tirée du site http://www.iran-resist.org/

La candidate socialiste n’a rien révélé sur la composition du futur gouvernement en cas de victoire aux élections présidentielles. Et Jack Lang nous a habitué à d’abord « rouler pour lui », ce qui en politique n’a d’ailleurs rien de particulièrement exceptionnel. On ne sait donc pas si ses voyages, au Moyen Orient de l’année dernière juste après la guerre du Liban (Syrie, Iran), puis en Algérie il y a quelques semaines, étaient de commande pour son parti ou programmés pour se construire un « curriculum vitae » de futur Ministre des Affaires Étrangères. Reste que l’on peut ressentir son accolade au « vrai Ministre » iranien des Affaires Étrangères, Manouchehr Mottaki, comme particulièrement obscène : le même Mottaki devait parader en présidant la conférence négationniste de Téhéran au mois de décembre. Kavéh Mohseni a eu plus que raison de « l’allumer » sur son site après cet étrange voyage, et je reproduis ci-dessous un extrait de son article. Et puis, voilà encore des propos ... bien mal à propos : Jack Lang a quasiment soutenu le gouvernement algérien dans sa demande d’excuses à la France pour « ses crimes » commis pendant la colonisation (voir l’extrait du journal « Le Monde ») ; et cela, sans un mot, sans un geste (même de retour en France) pour les milliers de victimes européennes du FLN ou pour les dizaines de milliers de Harkis assassinés après l’indépendance !

Source : Iran-resist, 4 septembre 2006 :

"Téhéran attire les vieux socialistes battus : il y a eu Oskar Lafontaine en avril, puis Joshka Fisher en août, Felipe Gonzalez la semaine dernière, et finalement the last but not the least, Jack Lang, l’homme qui est fâché avec les cravates au pays des malrasés en col Mao.
Si Felipé a entrepris une médiation entre Téhéran et Washington, à la demande de l’Iran, Jack travaille pour son propre compte et il y était pour se faire mousser. D’ailleurs nos prévisions ont été justes, il n’y pas trop parlé du sort des homos. Les homos, il faut les fréquenter pendant la Gay pride, on ramasse les voix dans la bonne humeur. A Téhéran, Jack, qui se voit déjà comme un ministre des Affaires Etrangères en cas d’une victoire de la gauche, a fait des déclarations qui laissent pensif. Il a tout simplement promis aux mollahs de leur pardonner tout et en plus de leur offrir des contrats mirobolants.
« Les Occidentaux devraient respecter pleinement la dignité de l’Iran et reconnaître son droit souverain à maîtriser la technologie nucléaire civile. Des négociations réussies entre Européens et Iraniens renforceraient la position de l’Europe et de l’Iran sur la scène internationale ... C’est inimaginable que l’on soit dans une telle nasse, dans une telle impasse. Il est de l’intérêt de tous de sortir de cette crise. Il faut négocier. J’ai dit aux Iraniens que si on sortait de cette situation, un boulevard allait s’ouvrir entre l’Iran et la France et l’Europe », a-t-il ajouté. "

Source : « Le Monde », 5 février 2007 :

"Jack Lang a déclenché une polémique en plaidant, dimanche 4 février, pour une "reconnaissance [par la France] des crimes commis par la colonisation" en Algérie. "La meilleure façon de s'excuser est de reconnaître la réalité des crimes qui ont été commis par la colonisation en Algérie de 1830 à 1962", a déclaré le conseiller spécial de la candidate socialiste Ségolène Royal.
"Il faut réformer les manuels scolaires français (...) qui présentent une histoire idyllique du colonialisme" et "décoloniser les mentalités", a dit M. Lang, à l'issue d'une conférence donnée à Alger à l'invitation de l'Institut des études stratégiques globales. "Il y a un devoir de réparation historique" à l'égard de l'Algérie, a ajouté M. Lang, insistant sur la nécessité de "construire des relations exemplaires entre la France et l'Algérie".

J.C

17 février 2007

Une politique bien étrangère, 2/3 : "Les De Gaulle miniatures n'ont pas toujours servi le pays ..." par Ezra Suleiman

Introduction
Ezra Suleiman est professeur à la prestigieuse Université de Princeton, aux États-Unis, ainsi qu'à l'Institut des Sciences Politiques (Sciences Po) à Paris. Il fait partie des bonne plumes du journal "Le Figaro", où il tient une chronique. Je l'ai entendu pour la première fois, justement à Sciences Po lors d'un colloque mémorable de "L'appel aux dirigeants européens pour la fermeté face à l'Iran" dont j'avais parlé sur le blog. J'ai également publié une photo de lui à la tribune prise par Irena Elster. J'avais particulièrement apprécié la clarté de son langage, lorsqu'il a démonté le mythe du "conflit palestinien, racine de tous les conflits au Moyen Orient" : "Non", avait-il dit en substance, "la République Islamique se moque de la création d'un État palestinien, elle réclame l'éradication d'Israël, c'est cela qu'elle demande et qu'elle prépare".
Dans sa chronique publiée le 14 janvier par le grand quotidien du matin, il appelle les Français à se débarrasser, enfin, de la nostalgie héritée du gaullisme, et à comprendre que les enjeux stratégiques ne sont plus du tout les mêmes que ceux des années soixante ... bonne lecture !
J.C

Face aux crises du monde, les Français veulent des actions, pas des postures

Tout le monde reconnaît, les politiques comme les citoyens, que la France a besoin de réformes économiques et sociales pour préserver sa compétitivité et son niveau de vie. La guerre séman­tique entre « réforme », « changement » et « rupture » prouve que le besoin d'autre chose est largement partagé. Mais quelles ré­formes et comment les mettre en œuvre ?

La même question, éludée soi­gneusement ici par tous les candidats présidentiels, doit être posée pour la politique étrangère. Les principes qui guident la politique étrangère de la France né­cessitent une réflexion sé­­rieuse, car eux aussi ne sont plus en phase ni avec les nouvelles réalités françaises, ni avec le monde contemporain.

Les candidats posent comme une évidence que les Français s'intéressent peu au rôle de la France dans le monde car ils sont obsédés par les problèmes inté­rieurs (sécurité, pouvoir d'achat, éducation, emploi). Ceci est en grande partie vrai.

Mais la France n'étant plus une grande puissance, rares sont les occasions pour les Français de débattre de la position de leur pays sur les grandes questions inter­nationales. Jacques Chirac aurait usé d'une boutade : « Je réussirai facilement, aurait-il dit, dans le domaine de la politique étrangère : je regarderai ce que font les Américains et je ferai le contraire. » C'est un principe dont on peut douter de l'efficacité. Depuis plus de dix ans, la France a perdu beaucoup de ce qui restait de sa « grandeur ».

Malgré la priorité qu'ils donnent aux questions intérieures, les Français évaluent les ana­lyses, les lignes politiques et surtout les capacités d'action des candidats sur les enjeux internationaux. Les candidats se trompent encore plus en acceptant sans la moindre modification les principes de politique étrangère tels que le général de Gaulle les avait légués. Pour la France et l'Europe, réclamer plus de gentillesse et de multilatéralisme aux grandes puis­sances ne remplacera jamais une vraie politique étrangère.

Les sondages révèlent ces soucis indirectement. Les Français savent que le monde est de­venu plus instable, plus compé­titif et plus dangereux. Ils ont conscience qu'il faut à la tête du pays un chef d'État, qui non seulement connaît le monde, mais qui saura porter un jugement pertinent sur ses évolutions et saura mener une politique équi­librée. Lorsque les sondages indiquent que Ségolène Royal apparaît « peu expérimentée » dans le domaine international ou que Ni­­colas Sarkozy est « trop nerveux », ils révèlent, chez les électeurs, la crainte que dans des mo­ments de crise, il ou elle ne saura pas donner confiance aux citoyens.

Une « gaffe » sur une question internationale est vite pardonnée. Mais une succession de déclarations trahissant une maîtrise fragile des problèmes internationaux peut ébranler. Ségolène Royal sera probablement obli­gée de déployer des efforts considérables pour persuader les citoyens quelle possède les qualités de leadership pour représenter le pays, après ses propos sur le Moyen-Orient, la Chine, le Québec et l'Amérique.

Pour une majorité d'électeurs, reste une ques­tion : est-il, est-elle un leader à qui on pourra faire confiance en temps de crise ?

Les dirigeants, ceux d'un pays comme ceux d'une entreprise ou d'une institution, sont toujours jugés à l'aune de leurs réactions aux crises. Les périodes de routine ne permettent pas de faire la part entre les responsables compétents et les leaders « au-dessus du lot ». Les électeurs attendent une capacité de calme et de fermeté dans des périodes de crise. Aborder les problèmes internationaux a donc deux objectifs : rassurer sur leur capacité à diriger, préparer aux événements qui peuvent suivre les élections.

Il existe un troisième objectif : une rupture (même « douce ») avec le gaullisme est devenue inéluctable. Peut-on continuer éternellement à utiliser, ou pour citer Édouard Balladur, à abuser du nom et de la politique du général de Gaulle ? Les de Gaulle minia­tures, qui ont aveuglément adopté des postures « gaulliennes », n'ont pas toujours servi le pays en Eu­rope, au Moyen-Orient ou aux États-Unis. Car le monde d'au­jour­­d'hui n'a pas grand-chose à voir avec le monde des années 1960. Et pourtant les politiques français et leurs « experts » n'ont guère évolué dans leur approche du monde.

Les résultats sont plus que minces. Paradoxe : plus les dirigeants croyaient être fidèles au général, plus ils ont réussi à réduire le rôle et l'influence de la France au sein de l'Union européenne et sur la scène internationale. Le nouveau président, ou présidente, devra donc opérer un changement qui mette la France plus en harmonie avec le monde tel qu'il est devenu.

Angela Merkel n'avait pas sur les épaules le poids historique d'un de Gaulle. Elle a su profiter de cette liberté pour renforcer le rôle de l'Allemagne et dans l'Union européenne et dans les relations transatlan­tiques. En peu de temps, elle a réussi à faire de l'Allemagne un pays respecté en Europe et déterminé à faire avancer le projet européen. Est-il normal que l'Alle­magne devienne à elle seule le moteur de l'Europe ? Merkel a réussi à imposer que l'Allemagne devienne l'interlocutrice en Eu­rope et l'interlocutrice de l'Europe auprès des États-Unis sans qu'on puisse l'accuser d'être la potiche des Américains. En un mot, l'Allemagne est devenue la chance d'avenir de l'Europe

Merkel, contrairement aux di­­ri­geants français, ne s'est pas contentée d'être réactive, ni en politique intérieure ni en politique étrangère. Elle a pris des ­initiatives qui ne se contentaient pas de manifester une opposition mais essayaient d'avoir un impact positif. Deuxièmement, elle a cher­­ché à aller au-delà des gesticulations et de la fausse grandeur. Son prag­matisme a abouti a des bénéfices tangibles pour son pays.

Tous les vides créés par d'au­tres et surtout par la France ont été comblés par l'Allemagne. La France va-t-elle continuer à céder sa place aux autres sur la scène internationale ? Va-t-elle n'a­voir rien de plus que son siège permanent au conseil de sécurité de l'ONU ?

La France mérite mieux.

Les candidats à la présidence doivent d'abord comprendre les Français. Ces derniers ne demandent pas qu'on les berce. Ils veulent être sûrs que leur président comprendra le monde et défendra leurs intérêts. Ils en ont assez des hommes qui les flattaient en mimant le général qui d'ailleurs, en fin politique qu'il était, ne serait sans doute pas resté gaulliste dans le monde d'aujour­d'hui.

Ezra Suleiman
Le Figaro, 14 février 2007

16 février 2007

Une politique bien étrangère, 1/3 : la grande absente de l’élection présidentielle, par André Nahum

Introduction :
Voici une série de trois articles à propos de la politique étrangère, grande absente du débat électoral. Constat en l’occurrence récurent, les Français se retrouvant dans leur écrasante majorité dans un consensus « gaullien » qui permet de s’accrocher aux lustres d’une grandeur passée, et d’éviter des réflexions approfondies. Comme en d’autres domaines la langue trahit la pensée profonde, qui associe la racine « étrange » aux relations internationales, alors que les Anglais, par exemple, utilisent une terminologie spécifique - « Foreign office » - pour désigner le ministère en charge de la diplomatie !

Commençons donc aujourd’hui par la chronique lue hier sur les ondes de Judaïques FM par mon ami André Nahum : oui, il est plus que temps que les candidates et candidates expliquent aux Français les défis du monde dangereux où nous vivons, et comment ils entendent y répondre ; aux Français dans leur ensemble, et pas seulement aux seuls Juifs, affolés par les menaces de génocide en provenance de l’Iran et auxquels des hommes politiques viennent apporter des paroles apaisantes - comme mardi soir à la Mutualité lors de la soirée à l’appel du CRIF (lire le compte-rendu en lien).

J.C

Bonjour.

Nous voilà donc en pleine campagne électorale. Ségolène Royal insiste sur le social et nous fait partager son émotion en affirmant sa volonté de se préoccuper du sort des jeunes de banlieues autant que de ses propres enfants. Nicolas Sarkozy veut responsabiliser les Français, leur redonner le goût de l'effort et l'ambition de réussir.François Bayrou fait avec un certain bonheur de l'équilibrisme au centre. Et tandis qu'à l'extrême gauche on accable comme d'habitude les patrons et le capital, Le Pen continue à se focaliser sur les problèmes de l'immigration. Tous ou presque se rangent en bon ordre sous l'ombre tutélaire de Nicolas Hulot pour sauver la planète du réchauffement.

On a l'impression à les entendre qu'aucun d'entre eux ne lit les journaux. Et qu'est-ce qu'ils nous racontent ces journaux ? Passons sur les divers incidents qui se produisent régulièrement dans nos banlieues. Mais par delà nos frontières, en Irak, des Musulmans tuent quotidiennement des dizaines d'autres Musulmans qui n'appartiennent pas à la même mouvance. En Afghanistan les Talibans relèvent la tête et tuent. Au Liban, des bombes tuent des chrétiens. En Israël, les Palestiniens menacent de provoquer une troisième Intifada parce que les Israéliens veulent reconstruire une rampe près du Mur Occidental ex-Mur des Lamentations. En Somalie, les milices des "Tribunaux islamiques" font encore parler d'elles en envoyant par ci par là quelques obus de mortier ou quelques roquettes sur les civils de leur capitale. Rappelons pour mémoire les attentats qui de New-York à Madrid en passant par Londres, Bali, la Turquie, l'Algérie où on a encore tué hier, ensanglantent régulièrement la planète. Ajoutons que le président iranien est plus que jamais décidé à poursuivre l'enrichissement de l'uranium c'est à dire à fabriquer des bombes atomiques et si l'on en croit le "Financial Times", rien désormais à part la force ne peut l'en empêcher. Il fait d'ailleurs des émules puisque hier, au parlement égyptien, un député de la majorité a affirmé que la seule façon d'en finir avec Israël était de le rayer définitivement de la carte au moyen d'une bombe atomique.

Tout cela pour vous dire que la terreur constitue partout une menace réelle dont nos gouvernants et nos candidats sont loin d'avoir pris la mesure.Et pourtant elle nous concerne au premier chef. Croit-on que lorsque l'Iran possèdera des bombes atomiques il se contentera d'en envoyer une sur le seul Israël comme le pense Monsieur Chirac ? Qui peut affirmer de bonne foi que si à Dieu ne plaise Israël venait à disparaître, la folie djihadiste s'arrêterait immédiatement et que prendraient fin ces sanglantes tentatives d'épuration ethnico-religieuse qui visent à chasser les Chrétiens du Liban, chasser les Juifs d'Israël, chasser les Chiites quand on est Sunnite et les Sunnites quand on est Chiite, les tentatives de fanatiser et prendre en otages les populations musulmanes pour imposer des régimes intégristes moyenâgeux ?

Alors mesdames et messieurs les candidats, ne croyez vous pas qu'il s'agit là de problèmes graves sur lesquels devraient s'exprimer et se positionner ceux qui ambitionnent de devenir Président ou Présidente du grand pays qui est le nôtre ?

André Nahum
Le 14 février 2007

14 février 2007

"Iran : Chavez joue avec le feu", par Alfredo Valladao

Hugo Chavez et Mahmoud Ahmadinejad
(photo Reuters)

Introduction :
Alfredo Valladao est le directeur de la chaire "Mercosur" de l'Institut des Sciences Politiques à Paris (Sciences Po). Dans ce "rebond" publié dans le journal "Libération" le lundi 29 janvier, il analyse la dérive géopolitique du président vénézuélien, Hugo Chavez, qui est en train - sans aucune pudeur - de nouer une alliance avec le "petit Hitler" iranien, Mahmoud Ahamdinejad. Ni la conférence négationniste de Téhéran, ni les menaces de destruction de l’État juif, ni les discours apocalyptiques et mystiques venus d'Iran ne troublent Chavez, le superbe "bolivarien" ... Des scrupules qui n'affectent pas non plus d'autres dirigeants de la gauche latino-américaine, qui ont accueilli sans honte la présence d'Ahmadinejad lors de l'intronisation du nouveau président de l’Équateur ; et il existe aussi des photographies du nabot antisémite, bras dessus bras dessous avec Evo Morales, dont l'élection en Bolivie avait suscité tant de sympathie dans un bien sérieux journal du soir ! Alfredo Valladao a le grand mérite de démontrer combien ces pitreries risquent d'introduire des conflits extérieurs dans l'Amérique du Sud, qui n'en a guère besoin. Au delà, cet article soulève des questions bien gênantes, et qui ne suscitent guère d'intérêt chez nos hommes politiques ou commentateurs de gauche : comment leurs partis "frères" d'outre-atlantique peuvent-ils être dénués à ce point de tous scrupules ? Ou, dit autrement : peut-on accepter l'antisémitisme par haine des États-Unis ?
J.C

La tournée que vient d'achever le président iranien Mahmoud Ahmadinejad au Venezuela, en Équateur et au Nicaragua n'a rien d'anodine. Elle consacrait la volonté de rapprochement sur une base antiaméricaine de deux radicalismes politiques ­ le fondamentalisme chiite du président iranien et le populisme bolivarien du chef de l’État vénézuélien ­, qui se flattent, également, de représenter l'aile la plus radicale au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Mais la conséquence la plus immédiate de ce périple iranien dans le Nouveau Monde est sans doute ailleurs : il risque de plonger l'Amérique du Sud dans le conflit du Moyen-Orient et ses inextricables problèmes, alors que la région avait toujours vécu loin des principales zones de tension de la planète et de ses grandes aventures guerrières. Certes, l'Amérique du Sud a connu son lot de conflits locaux, surtout au XIXe siècle : la guerre de la Triple Alliance, où le Brésil, l'Argentine et l'Uruguay coalisés ont affronté le Paraguay ; celle du Pacifique, entre le Pérou, la Bolivie et le Chili, ou celle du Chaco opposant dans les années 30 la Bolivie et le Paraguay. Pourtant, si cette région est toujours grosse de violences sociales, les conflits armés entre Etats nationaux sont suffisamment rares pour que la paix soit la norme de la région.
Si certains pays sud-américains ­ notamment le Brésil, avec un corps expéditionnaire ­ ont participé, mais de manière marginale, aux deux grandes guerres mondiales du XXe siècle, la première grande importation d'un conflit géopolitique extérieur a eu lieu pendant la guerre froide, avec l'alignement cubain au bloc soviétique. Pendant deux décennies, l'Amérique du Sud a été otage de l'affrontement entre le communisme soviétique et la démocratie libérale occidentale. Chacun avait ses partisans locaux et l'Occident n'a pas hésité à soutenir de sinistres dictatures militaires ­ le Chili en étant l'exemple le plus emblématique ­ pour combattre ses adversaires. La chute du mur de Berlin a cependant sérieusement réduit l'espace où pouvaient s'exprimer l'extrémisme idéologique de la gauche et les justificatifs de la violence avancés par la droite. Jusqu'à l'arrivée au pouvoir du colonel Hugo Chávez au Venezuela, la région, fatiguée des horreurs d'une guerre froide par procuration, semblait avoir opté pour la paix, la démocratie et la modération.
Mais le nouveau messie bolivarien ne fait pas seulement peu de cas des valeurs démocratiques. Il entraîne aussi la région dans le pire marais géopolitique de la planète : le Moyen-Orient. Embrasser l'Iran des ayatollahs et promouvoir le rapprochement d'autres pays de la région avec le régime d'Ahmadinejad, au plus fort de son bras de fer nucléaire avec Washington et les Européens, ne peut que créer des tensions avec l'ensemble du monde démocratique. Mais le plus grand danger demeure le risque de provoquer les mêmes tensions entre les nations sud-américaines et au sein même de plusieurs pays de la région.
Le gouvernement d'Ahmadinejad, qui déclare régulièrement qu'il faut rayer Israël de la carte et met en doute l'existence de l'Holocauste, fait de certains groupes extrémistes libanais et palestiniens (le Hezbollah ou le Hamas) un instrument de sa politique extérieure. Or presque tous les pays sud-américains ont d'importantes populations d'origine syro-libanaises (maronites, sunnites, chiites) et juives qui ont toujours vécu en harmonie. Dès lors, y importer l'influence iranienne et les problèmes du Proche-Orient, c'est tout simplement introduire les germes de la discorde entre ces communautés et, à terme, sans doute, la violence. Plus Ahmadinejad sera glorifié en Amérique du Sud et plus les communautés juives, celles d'origine libanaises chrétienne ou sunnite ou celles d'origine palestinienne opposées au Hamas, se sentiront rejetées et menacées. Autant dire que l'importation des conflits sanglants du Moyen-Orient vers le sud des Amériques ne sera pas sans répercussions sur les équilibres et la sécurité intérieure de plusieurs Etats de la région.
Certes, on n'en est pas encore tout à fait là, même s'il plane des soupçons sur d'éventuels réseaux de soutien financier au Hezbollah dans la région de la Triple Frontière entre le Brésil, le Paraguay et l'Argentine. Mais le refus du président argentin Néstor Kirchner d'assister à l'intronisation du nouveau président équatorien Rafael Correa pour ne pas avoir à rencontrer son homologue iranien est significatif. L'Argentine accuse en effet Téhéran d'être derrière les attentats contre des institutions juives en 1994 à Buenos Aires. Par ailleurs, au Venezuela même, la communauté juive a déjà commencé à dénoncer le rapprochement entre Caracas et Téhéran.
Créer ce type de tensions internes est déjà très grave, surtout si celles-ci génèrent d'autres problèmes encore avec le reste du monde démocratique. En cas d'escalade de la tension avec Téhéran, l'Union européenne et les États-Unis ne manqueront pas de se préoccuper de la position que l'Amérique du Sud, en particulier les États du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Venezuela), va adopter à l'égard des provocations et des ambitions iraniennes. Les États arabes, qui ne voient pas d'un bon œil la montée en puissance de l'Iran ­ et dont certains ont des liens commerciaux non négligeables avec les pays du Cône sud ­, finiront par sommer ces derniers de se situer face au régime de Ahmadinejad.
Dès lors, mettre le pied dans l'engrenage de l'imbroglio sanglant moyen-oriental, comme le fait Hugo Chávez, au nom de la lutte contre les ingérences de l'«empire», n'est pas l'option la plus sensée, ni pour promouvoir les intérêts de l'Amérique latine dans le monde, ni pour garantir la paix dans la région et au sein même de ses nations. D'autant plus que, en matière d'ingérence dans les affaires intérieures des voisins, l'Iran et le Venezuela «révolutionnaires» n'ont de leçons à recevoir de personne.

Alfredo Valladao
"Libération", le 29 janvier 2007

13 février 2007

Un soutien tchèque à Israël

Introduction :Merci à Irena Elster pour cette traduction du polonais tirée du site « Forum Znak » (lien ici).
Ce petit article vient illustrer un fait, généralement passé sous silence dans les grands médias : les liens très forts existant entre l’état juif et plusieurs pays, autres que les États-Unis. Un « oubli » qui n’est pas neutre : en associant Israël uniquement aux Américains qui sont très mal vus, on peut subtilement le rendre encore plus antipathique, alors que ce serait moins évident si on parlait aussi des liens avec des pays européens (voir ici ou sur le blog), ou du Tiers Monde (comme l’Inde, par exemple, devenue un allié stratégique en l’espace d’une dizaine d’années).
Il me touche aussi car il me rappelle un souvenir personnel : j’ai été il y a plus de 23 ans le « commissaire » d’une exposition au Musée d’Art Juif de Paris intitulée « A la recherche de Franz Kafka », à l’occasion de son centenaire en 1983. A cette occasion et dans mon petit discours d’inauguration, j’avais évoqué les extraordinaires rencontres entre les peuples tchèque et juif, petites nations ayant connu les mêmes ennemis, et partageant la fierté d’honorer un tel génie : à la fois tchèque, juif, de culture allemande et au message universel !
J.C

Le gouvernement tchèque a confirmé sa position vis-à-vis d’Israël : Israël ainsi que les Affaires juives font partie intégrante du partenariat numéro un de la République tchèque - selon l’agence JTA.

Durant la dernière visite des leaders de la Conférence des Représentants des Organisations Juives aux Etats-Unis (CPMAJO)[1], les hauts fonctionnaires d’état, du Premier ministre en passant par le ministre des Affaires étrangères et les membres du gouvernement, jusqu’aux responsables parlementaires et les principaux partis politiques, ont fait montre d’un grand soutien pour ce qui est des préoccupations juives actuelles.

La visite à Prague de l’une des principales organisations patronales juives qui a débuté le 1er février, a duré cinq jours. C’est de la capitale de la Tchéquie que les dirigeants américains se sont rendus en Israël.

Malcolm Hoenlein, vice-président de CPMAJO a annoncé que les représentants du gouvernement s’engageaient à s’assurer que L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) poursuivrait sa lutte contre l’antisémitisme.
De même le gouvernement de la Tchéquie admet, comme l’a souligné Hoenlein, qu’il faut rester particulièrement vigilant sur les actions du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui réitère ses appels à la destruction d’Israël, lesquels constituent un non-respect des conventions de l’ONU face aux actes de génocide.

Les politiques tchèques s’accordent à vouloir qualifier officiellement Ahmadinejad par l’Europe, persona non grata, tandis que le Premier ministre Mirek Topolanek a personnellement assuré les membres de la délégation juive, qu’il luttera contre toutes les formes de l’antisémitisme dans la République tchèque.


Traduction du polonais Irena Elster

[1] Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations

12 février 2007

Tzipi Livni : l'antisémitisme est encore très vivant, et il menace Israël

Tzipi Livni, Ministre des Affaires Etrangères

"L'antisémitisme est encore très vivant. Comme foyer du peuple juif, c'est un combat que nous devons mener" ...

Ainsi devait s'exprimer ce dimanche 11 février à Jérusalem la Ministre israélienne des Affaires Étrangères, devant un congrès réunissant 160 leaders de la Diaspora. Et elle devait ajouter :

"60 ans après l'Holocauste, nous continuons d'observer le phénomène raciste et antisémite dans le monde, et ce phénomène menace l'état d'Israël (...) quelque chose doit être fait immédiatement (...)
La guerre contre l'antisémitisme doit être notre priorité numéro un. Nous observons de nouvelles formes de coopération entre la gauche radicale, l'extrême-droite et le jihad islamiste à travers le monde (...)
La négation globale de la Shoah par l'Iran est une manœuvre politique dont le but est de délégitimer Israël, et il est inacceptable qu'un pays qui nie la Shoah soit accepté par le monde comme membre de la communauté internationale."

Source : site du "Yediot Aharonot", 12 février 2007
Traduction de l'anglais : Jean Corcos

11 février 2007

Miniature persane - ou la civilisation face à la barbarie


Panneau décoratif Qadjar, Iran, début du XIX ème siècle

Une toile sur la Toile
- février 2007

On l’entend assez souvent : il ne faut pas confondre l’Iran (peuple, nation et civilisation) qui a un brillant passé, et le régime des Mollahs qui parle en son nom depuis la révolution khomeyniste de 1979. A fortiori depuis que le « fou furieux » Mahmoud Ahmadinejad a été élu président de la république, défiant les démocraties avec son antisémitisme obsessionnel et virulent. Parenthèse : pour ce qui concerne le résultats des toutes dernière élections et qui auraient vu un désaveu de sa ligne, je reste très prudent (Kavéh Mohseni sur « iran-resist » en lien permanent ne cesse de dénoncer la croyance en des « islamistes modérés » à Téhéran).

Par contre, le fond reste vrai : rarement la partie civilisée et démocratique de l’Humanité aura été menacée de la sorte par une telle barbarie fanatique. En publiant cette jolie reproduction, je me fais un peu plaisir (comme toujours dans cette série « une toile sur la Toile »), mais je rends aussi hommage au véritable Iran. Grâce aux "rétroliens" listés sous la rubrique "libellés" en fin d'article - je vous en avais déjà parlé la semaine dernière, mais c'est un outil très puissant ! - vous pourrez redécouvrir tous ceux qui se sont dressés contre le torrent boueux venu de Téhéran. Je joins deux liens vers des tribunes publiées dans la presse, ainsi qu'un lien vers une interview à (ré) écouter . Bon surf !

J.C


09 février 2007

Nouri Al-Maliki, portrait inédit


Le Cox du jour
- février 2007


Aujourd'hui et pour ce deuxième portrait de la galerie de maître du caricaturiste Cox, j'ai choisi le Premier Ministre irakien Nouri Al-Maliki. Je me suis dit qu'il était temps de le publier ... tant son pouvoir parait branlant, et tellement il s'est révélé pour Washington un allié décevant et non fiable !

Petit résumé pour s'y retrouver : depuis que Saddam a été renversé, le chef du gouvernement irakien doit, théoriquement, représenter une coalition de partis politiques issue des élections. Dans la pratique, il représente toujours la large majorité chiite, les Kurdes autres grands bénéficiaires du changement de régime se contentant du poste symbolique de Président de la République (avec Jalal Talabani) - et surtout, d'une large autonomie dans leur région.
Or Al-Maliki doit réaliser la quadrature du cercle : restaurer l'autorité de l'état, alors que les milices chiites ont infiltré l'armée et la police, et se vengent brutalement des Sunnites - Sunnites hélas noyautés par Al-Qaïda, et qui les massacrent sans scrupules dans des attentats de plus en plus meurtriers ; garantir un minimum de neutralité vis à vis de l'Iran voisin pour ne pas mécontenter son propre clergé, alors que les États-Unis s'opposent de plus en plus frontalement à la République Islamique, qui pousse partout ses pions au Moyen Orient ... Bref, peut-être sera-t-il rapidement balayé, et cette caricature sera alors à ranger au musée !

J.C

08 février 2007

Au nom de Dieu, on voile, on tue, on brûle, on lapide – Fadela Amara et Mohamed Abdi

Fadela Amara
Introduction :
Voici que l’on reparle de l’affaire des caricatures de Mahomet, à l’occasion du procès intenté contre « Charlie Hebdo » par la Grande Mosquée de Paris et l’UOIF. Les deux dirigeants de « Ni putes ni soumises », la présidente Fadela Amara et le secrétaire général Mohamed Abdi, ont exprimé très clairement leur soutien à l’hebdomadaire, dans un « Rebond » publié dans le journal « Libération ». Vous en trouverez ci-dessous le texte intégral. A noter que ce quotidien a sorti un numéro spécial en soutien lui aussi à son confrère, et abondamment illustré ... j’y reviendrai plus tard, car il est riche en informations !
J.C

Les violences faites aux
femmes sont l'un des aspects les plus criants de ce que notre société peut produire de pire. C'est pour dire non à la dégradation lancinante que subissaient les filles des quartiers que nous avons lancé ce cri de colère «Ni putes ni soumises». Qu'est ce donc ce cri si ce n'est le combat pour la liberté et l'émancipation de tous. Ici et là-bas. Comment notre société peut-elle tolérer que Sohanne ou Chahrazad soient brûlées par un garçon en plein coeur de leur quartier ? Au nom de qui ?
Que dire de cette cohorte de jeunes filles mariées de force ou menacées de mariages que nous accueillons dans nos permanences tous les jours. Au nom de qui ?
Comment ne rien dire face à ces attaques de clinique qui pratiquent les IVG aux Etats-Unis ou en Pologne ? Au nom de qui ?
Comment accepter que des femmes tadjiks aient recours a l'immolation pour échapper à un quotidien, à une oppression et des violences quelles ne supportent plus. Au nom de qui ?
Comment tolérer que des femmes au Moyen Orient soient lapidées ou pendues parce qu'elles auraient enfreint la loi des hommes. Au nom de qui ?
Comment pouvons-nous dormir avec l'idée que des femmes soient gavées tel des oies de Noël, en Mauritanie, parce que, plus elles sont grosses, plus la dote de mariage sera importante ? Au nom de qui?
Comment pouvons-nous accepter qu'Hina en Italie ou Padima en Suède soient victimes d'un crime d'honneur de la part de leur père parce qu'elles fréquentaient un jeune d'une autre confession. Au nom de qui ?
La liste est longue. Nous pourrions aussi parler de la Chine, de l'Amérique latine , de l'Inde, de l'Europe de l'Afrique mais aussi de la France. Autant de pays et continents où la femme peut être battue, brûlée excisée, vendue tuée dès la naissance.
Alors oui ! la question est posée. Au nom de qui s'arroge-t-on le droit de disposer de la vie des femmes ou de les maintenir dans un statut de perpétuelle mineure.
Au nom de la tradition, certes. Mais derrière cela, et souvent de manière fort, hypocrite se cache le véritable «au nom de qui». Au nom de Dieu !
Oui, aujourd'hui au nom de Dieu, on voile, on tue, on brûle, on lapide des femmes ! Au nom de Dieu, on dicte un mode de vie, on dévoie la culture, on légitime la régression.
Ce «on» n'est autre que les sinistres «apôtres» des mouvances intégristes qui ont décidé de mettre nos sociétés en coupe pour mieux les contrôler, pour imposer des diktats religieux qui n'ont d'ailleurs rien à voir avec les préceptes des religions qu'ils entendent défendre et dont ils sont pour la plupart ignares. Ces gens-là ne sont pas des religieux. Ce sont des militants politiques qui entendent nous imposer un modèle totalitaire en instrumentalisant les institutions démocratiques. Que s'est-il passé pour que certains connus et reconnus pour leur engagement démocratique cèdent à cette tentation ?
On ne peut que s'étonner donc du procès inique fait à Charlie Hebdo. Ce journal a été à tous les rendez-vous pour soutenir la justice, la liberté, l'émancipation et la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Il a hissé le combat pour le progrès de l'humanité au-dessus de toute autre considération.
Charlie est provocateur et populaire. C'est un poil à gratter. Tant mieux ! Ce sont la non-critique, le non-dit, le non-débat qui sont source de confusion. Sans aucune hésitation, Ni putes ni soumises soutient Charlie Hebdo. Au nom de qui ? Au nom du vivre ensemble et la démocratie !

Fadela Amara et Mohamed Abdi
« Libération », le 7 février 2007

07 février 2007

La plus belle des réponse à Ahmadinejad : des milliers d’Iraniens sont venus en quelques jours visiter le site du Yad Vashem

C’est sans doute la plus belle des réponses à la sinistre « pseudo conférence internationale » qu’Ahmadinejad, le nabot antisémite, a organisé à Téhéran au mois de décembre. Le Yad Vashem, institut israélien pour la mémoire de la Shoah (adresse : http://www.yadvashem.org/) a ouvert un site en langue farsi, pour que des Iraniens curieux d’Histoire et refusant de se laisser endoctriner par le régime, trouvent des réponses au moins sur ce plan à la propagande de leur régime.

Pari gagné, comme le révèle le « Haaretz » de ce matin (lire ici) ! 20.000 visiteurs sont venus en 12 jours, dont 6000 qui ont eu le courage de se connecter depuis l’Iran.

Le site du Yad Vashem en langue perse

J.C