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30 avril 2017

Le Miroir de Damas, une Histoire de la Syrie : Jean-Pierre Filiu sera mon invité le 7 mai




Retour à l'Histoire, dimanche prochain, autour d'un livre passionnant : "Le Miroir de Damas", Editions La Découverte, et j'aurai le plaisir de recevoir son auteur, Jean-Pierre Filiu. Les auditeurs fidèles de ma série connaissent bien maintenant cet invité. Pour rappel, c'est un orientaliste réputé, professeur en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po Paris et auteur d'un grand nombre d'ouvrages sur le monde arabo-musulman. On avait déjà parlé ensemble de la Syrie, c'était en 2014 à propos d'un autre livre, poignant, son récit de témoin à Alep encore traversée par une ligne de front. Son dernier ouvrage entraine le lecteur dans un voyage vertigineux à travers les siècles, où sont mis en concordance des temps et au fil des pages  les dirigeants successifs, des Califes à la Dynastie Assad ; les minorités religieuses, instrumentalisées successivement par les uns ou les autres ; les pays voisins, tantôt  dominés depuis la Syrie, tantôt dominants. Ce livre d'Histoire de 270 pages évoque en arrière plan les horreurs des six dernières années. Mais surtout il m'a appris énormément de choses car, je l'avoue, je ne réalisais par à quel point la Syrie, le "pays de Cham" était plus encore que l'Egypte le cœur vivant du monde arabe.

Parmi les questions que je poserai à Jean-Pierre Filiu :

-        Vous évoquez le personnage de Saint Paul, né Saül de Tarse, né dans une famille juive hellénisée de la Diaspora ; tout le monde a entendu parler du récit des Apôtres et de sa fameuse révélation du "Chemin de Damas"; que sait-on précisément de lui ? Est-ce qu'on peut dire que Paul a été le vrai fondateur du Christianisme bien après Jésus et ses disciples ?
-        Vous retracez les destinées sanglantes des premiers Califes, la sécession des partisans d'Ali, lointains précurseurs du Chiisme. Mais ce qui frappe c'est la disparition en quelques décennies de l'Empire Ommeyade, basé à Damas, au profit d'une autre dynastie également sunnite, les Abbassides basés à Bagdad. Et pourtant, dites-vous, et même si ce n'était plus la métropole d'un Empire, et même si le pays a été dominé de l'extérieur ou divisé, l'identité syrienne existe bien : pourquoi ?
-        Vous établissez une concordance des temps saisissante entre les premiers siècles de l'islam, avec ses légendes, ses personnages guerriers, ses discours prophétiques aussi, et l'exploitation politique faite par les forces en guerre dans la Syrie d'aujourd'hui. Par exemple, il y a des récits apocalyptiques écrits au 9è siècle, qui situent la bataille de la fin des temps en un lieu bien précis, les localités d'Amak et de Dabik : or l'Etat islamique y est implanté, et il s'y réfère aussi. Est-ce que les milices chiites soutenues par l'Iran ont recours à la même eschatologie guerrière, autour de lieux saints par exemple ?
-        La capitale syrienne va connaitre en 1840, une sombre rumeur de crime rituel accusant les Juifs, qui passent à côté d'un désastre. Vous rappelez aussi dans plusieurs passages du livre l'antisémitisme des Assad père et fils. Pourriez-vous résumer ce que fut cette affaire de Damas ?
-        A propos des Arméniens, généreusement accueillis après le génocide de 1915 ; pourtant on ne les a pas entendus protester lorsque le régime opprimait ou torturait, pourquoi ? Ensuite les Alaouites ; j'ai regretté que votre livre n'en parle pas plus ; pourquoi cet engagement apparemment massif pour les Assad : solidarité religieuse ? Rattachement même partiel au monde chiite ? Crainte de revivre des massacres passés ?
-        Un chapitre est intitulé "Trois Présidents français en Syrie". Vous êtes sévère successivement envers Charles de Gaulle, François Mitterrand et Jacques Chirac : pourriez-vous résumer pourquoi à nos auditeurs ? Et est-ce qu'il ne manque pas, à tout le moins un hommage au Président sortant François Hollande, qui lui était prêt à agir au moment des massacres à l'arme chimique de l'été 2013 ?

Il m'a rarement été aussi difficile de choisir mes questions pour le temps limité de mon émission, tant le livre est riche ! Merci d'être nombreux à l'écoute.

J.C

28 avril 2017

Un thésard démontre que la Terre est plate à partir d’arguments religieux




Le délire du mois
- avril 2017
L’universitaire et chercheur, Hafedh Ateb, a relevé, dans un statut publié, samedi 1er avril 2017, un scandale touchant de près à l’université tunisienne. « Une thèse de doctorat « scientifique » à soutenir dans les prochains jours dans un établissement universitaire « de renommée » en Tunisie, démontre (sic) que la Terre est plate, finie, fixe et est située au centre de l’Univers avec absence de gravitation, et que les lois de Newton, de Kepler et d’Einstein sont erronées, etc.…. et d’autres affirmations encore plus farfelues », indique M. Ateb dans sa publication.

Outre les fautes de langue française commises par un thésard encadré par un professeur en titre de l’enseignement supérieur et accepté par une commission des thèses d’une grande institution universitaire tunisienne en 2017, l’argumentaire établi par l’étudiant s’est basé sur des faits physiques et religieux.  Il s'agirait, selon l'universitaire Chokri Mamoghli de la Faculté de Sciences de Sfax.

Une « démonstration » qui a attiré la colère et l'indignation de nombreux universitaires qui se sont exprimés sur la toile afin de protester contre ce qu'ils ont qualifié de « scandale ».


Source :  businessnews.com.tn, 2 avril 2017

26 avril 2017

L'islam, première religion à Bruxelles dans vingt ans

Image de la vie de quartier dans la commune bruxelloise de Molenbeek

Aujourd'hui, un tiers de la population est musulmane et les jeunes générations sont plus pratiquantes.
La capitale européenne sera musulmane dans vingt ans. C'est du moins ce qu'affirme une étude publiée la semaine dernière dans le quotidien La Libre Belgique. Près d'un tiers de la population de Bruxelles étant déjà musulmane, indique Olivier Servais, sociologue à l'Université catholique de Louvain, les pratiquants de l'islam devraient, en raison de leur forte natalité, être majoritaires «dans quinze ou vingt ans». Depuis 2001, Mohamed est, chaque année, et de loin, le premier prénom donné aux garçons nés à Bruxelles.
«Il faut relativiser ces chiffres, insiste Mahfoud Romdhani, député socialiste et vice-président du Parlement francophone bruxellois. Les immigrés de pays musulmans ne sont pas tous musulmans ! Moi-même, je suis de culture musulmane, mais agnostique.» Olivier Servais se veut d'ailleurs prudent sur les projections à long terme, Bruxelles subissant des flux de population importants en tant que capitale de l'Union européenne.
Reste, constate La Libre Belgique, que «si leurs parents n'étaient guère pratiquants», pour faciliter l'intégration dans leur pays d'accueil, «les jeunes marquent un retour important vers le fait religieux». Quelque 75 % des musulmans s'estiment aujourd'hui pratiquants. Auteur d'Infiltrée parmi les islamistes radicaux *, la journaliste flamande Hind Fraihi va plus loin : «Les jeunes sont de plus en plus radicalisés, affirme-t-elle. Ils rejettent les valeurs occidentales, même leurs parents s'en inquiètent. À Bruxelles, il existe des îlots, comme Molenbeek, où l'on a parfois du mal à se croire en Belgique…»
Du bazar Tafoukte à la bijouterie Mohammed, les musiques du Maghreb envoûtent le passant. Encombrée de seaux en plastique multicolores, de chaussures de sport et de caftans chatoyants, la ruelle piétonnière du Prado conduit à la mairie de Molenbeek, le quartier marocain de Bruxelles. Presque toutes les femmes sont voilées et les commerçants parlent arabe. «On se sent mieux, ici, qu'en France ou en Espagne, assure Akim, gérant d'un magasin de vêtements. Peut-être parce qu'on est une grande communauté. C'est comme au pays !»

«Gestes de respect»

Il y a quelques années, raconte Philippe Moureaux, le bourgmestre PS de Molenbeek, «des musulmans sont venus me trouver : ils voulaient que je sois le “président” de leur nouvelle mosquée…». C'est dire si cet ancien ministre, pourtant agnostique, est bien vu par le «gros tiers» de musulmans parmi ses 83 000 administrés. Création d'un Conseil consultatif des mosquées doté d'allocations de la mairie, ouverture d'un abattoir municipal pendant la fête du sacrifice, présentation d'une liste électorale comprenant une majorité de musulmans… «Ce sont des gestes de respect qui m'ont valu la confiance de cette communauté, explique le bourgmestre. On a été très loin, certains disent trop loin. Mais pour moi, la seule solution, c'est l'ouverture.»
Selon Alain Escada, président de l'association Belgique et chrétienté, «on va d'abandon en abandon». «De plus en plus de cantines introduisent des menus halal aux dépens des chrétiens, déplore-t-il. Les autorités ne font plus leur travail : les politiques, qui, avec une vision à court terme, sont prêts à tout pour séduire un nouvel électorat, mais aussi le clergé, qui met les musulmans et les chrétiens sur un pied d'égalité, alors que c'est loin d'être réciproque : voyez cet archevêque assassiné récemment en Irak !»
Pour l'instant, «l'essentiel de l'islam belge est paisible et familial, souligne Olivier Servais, mais un jour il y aura peut-être une revendication claire d'islam. Je n'exclus pas des explosions sociales.» Des partis communautaristes, redoute-t-il, pourraient capitaliser sur le taux de chômage très élevé à Bruxelles (plus de 20 % de la population), qui frappe notamment la population musulmane.
Jean-François Bastin, un Belge de 65 ans coiffé d'un turban à carreaux et la barbe teinte au henné, s'appelle aujourd'hui Abdullah Abu Abdulaziz Bastin. Converti à l'islam, il a fondé en 2004 le Parti des jeunes musulmans. Abdullah ne serre pas la main des femmes. «C'est tromper Allah, lâche-t-il. C'est aussi tromper celle à qui l'on donne la main, en lui faisant croire que vous êtes égaux. Mais je vous fais un grand sourire !» s'empresse-t-il d'ajouter.

« Instrumentalisation »

Lui-même clame que les sourires, que certains politiques font aux musulmans ne sont qu'une «instrumentalisation grossière : Il y en a assez de cette sorte de néocolonialisme, s'emporte-t-il. Ils prétendent qu'ils vont nous défendre, et ensuite ils interdisent le foulard à l'école !». Aux dernières élections municipales, le PJM, qui ne se présentait que dans deux quartiers de Bruxelles, a rassemblé moins de 5 000 voix. «Nous pourrions prendre appui sur cette étude pour exiger plus de mosquées visibles, des appels à la prière, des cimetières, des écoles, des maisons de retraite…, s'emballe le converti. Moi je dis aux musulmans : “Perdez cet esprit de colonisé ! Les colons se sont fait bouter hors d'Algérie, c'est peut-être ce qui se passera ici.”» Les immigrés, conclut-il, en ont assez fait, et «même trop» pour s'intégrer : «c'est désormais à la Belgique de s'adapter».

Stéphane Kovacs
Le Figaro, 21 mars 2008

Nota de Jean Corcos :

Un article déjà ancien - neuf ans - mais qui prend une résonance singulière avec l'évocation de Molenbeek. Molenbeek, d'où venaient, on le sait, plusieurs terroristes des attentats su 13 novembre 2015. 

24 avril 2017

Lendemain de premier tour




Soulagé par ce premier tour des élections présidentielles ? Ce serait vraiment mentir que de le nier ! Certes, les sondages laissaient prévoir la qualification des deux finalistes. Certes, une élection n'est jamais gagnée par avance même si les jeux semblent faits pour le second tour, en principe. Certes, aussi, les résultats nous révèlent une France "coupée en quatre" avec un vote protestataire - et anti-européen - aussi massif qu'inquiétant. Mais ne gâchons pas notre plaisir en ce 24 avril !

Commençons par un peu d'humour : il y a deux semaines, c'était le premier des deux Séders de Pessah. Nous lisons, chaque année dans la Haggadah, des louanges à l'Eternel en le remerciant pour nous avoir accordé au final des bienfaits incroyables ..."Dayénou", cela nous aurait suffi. "S'il nous avait fait simplement sortir d'Egypte" ; etc. jusqu'à la lecture des 15 bienfaits
J'espère que les plus religieux parmi mes ami(e)s lecteurs de la Communauté me le pardonneront, mais j'ai osé un pastiche après de premier tour de l'élection présidentielle : bon, je ne suis pas arrivé à 15 bienfaits !

1. Si Tu nous avais seulement évité d'avoir une finale Mélenchon-Marine, ce qui aurait provoqué une grave crise financière ... Dayénou !
2. Si Tu nous aurais seulement évité que Mélenchon soit élu s'il avait été qualifié au second tour face à Fillon ... Dayénou !
3. Si Tu nous aurais seulement évité que Macron gagne, mais de très peu face à Mélenchon s'il avait été qualifié pour le second tour ... Dayénou !
4. Si Tu nous avais seulement évité que Marine Le Pen soit élue si elle avait eu Fillon face à elle, et même si l'élection avait été très juste ... Dayénou !
5. Combien de miracles Tu auras accordé à ton Peuple ! Tu nous a évité une finale Mélenchon-Marine, une élection de Mélenchon, une élection ric rac de Macron face à Mélenchon, une élection ric-rac de Fillon face à Marine ... mais là Tu auras comblé tous nos vœux : le populiste d'extrême Gauche marine dans sa rancoeur, la Marine est mal barrée pour le second tour, et notre Communauté devrait avoir un répit de quelques années au moins.

Beaucoup plus sérieusement, maintenant, Bernard Schalsha, éditorialiste de la revue "La Règle du Jeu" a écrit sur sa page Facebook un article clair et percutant, à propos de celles et ceux qui, à Gauche ou à Droite, refusent d'appeler à voter contre Marine Le Pen.

"Qui n'appelle pas à voter Macron contre Le Pen ? Mélenchon, les ultra-gauchistes, Sens commun, Henri Guaino (liste incomplète). Hasard, coïncidence ? Je ne crois pas.
Car, au fond, pour tous ces gens une candidate fasciste n'est pas pire qu'un candidat démocrate. Et je dirai même que pour eux l'extermination des Juifs d'Europe n'est sans doute finalement qu'un détail de l'Histoire. L'ennemi, le vrai, à leurs yeux, c'est le capitalisme sanguinaire, la finance aux doigts (et eu nez) certainement crochus, c'est l'impérialisme US auquel résistent vaillamment Poutine et Bachar al-Assad, ces pacifistes bien connus.
Ah, ne pas oublier que Tariq Ramadan et les islamistes en général sont favorables à l'abstention, ce qui est une autre manière de favoriser Le Pen.
Sachez, mes amis, que je considère quiconque n'appelle pas à battre la patronne du Front national en votant Macron comme une ordure facho-compatible."

Enfin, pour finir en reprenant ce que je disais en introduction, une élection n'est jamais gagnée d'avance : comme le dit l'éditorial du journal "Le Monde" ce matin, les risques d'une explosion existent ... lisez cela, et surtout votez le 7 mai !

J.C