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29 septembre 2008

Shana Tova 5769



Nota (ajouté le 27 septembre 2011) :

Et c'est reparti ....
Comme chaque année à la période des fêtes juives, vous êtes des centaines à atterrir à cette adresse, après avoir fait la recherche « Shana Tova » sur Google, qui classe ce modeste article en « tête de gondole » en raison de l’excellent référencement de mon blog.
Comme il serait dommage que vous quittiez immédiatement cette adresse, en continuant pour beaucoup d'entre vous à tout ignorer sur tout ce que pourrez lire ou ... entendre ici ! Cela est d’autant plus regrettable qu’une telle recherche a - très probablement - été le fait de lecteurs de ma Communauté, donc qui auraient pu être encore plus intéressés par le reste du blog (plus de 1.400 articles déjà publiés !) et surtout par l’émission de radio dont il est le support (et dont ils peuvent ignorer l’existence, s’ils habitent en Province ... ou si ce ne sont pas des « lève-tôt » le dimanche matin) ! Ce constat est d’autant plus regrettable que ce petit article, salut amical aux lecteurs fidèles, ne brillait pas particulièrement par son contenu.

Je vous invite donc simplement à consulter la page d’accueil, .... vous ne risquez pas d’être mordus et vous pourrez peut-être faire d’intéressantes lectures.
Et puis à propos de l’émission dont le blog est le support, notez simplement ces informations :
- c’est sur Judaïques FM un dimanche sur deux à 9h30 le matin ;
- la thématique est la connaissance du monde musulman, donc une actualité toujours copieuse ;
- pour en savoir plus sur l’émission et nos invités, cliquer ici ; ou jetez un coup d'œil sur les liens en colonne de droite, qui vous présentent tous les numéros des dernières années ;
- et pour entendre quelques dizaines d’enregistrements complets, voir également les liens permanents en colonne de droite : vous pourrez découvrir des dizaines de podcasts !
Merci de l’avoir lu jusqu’au bout, et n’hésitez pas à m’écrire à l’adresse rencontre@noos.fr pour d’éventuelles questions sur cette série radiophonique !


Que le temps passe vite ! Voici déjà que l’année hébraïque s’achève, et que débute ce soir avec le mois de Tichri, la nouvelle année 5769 et cette période que la tradition juive appelle « les jours redoutables ».

Je ne suis guère doué pour improviser, à date régulière, des propos un peu originaux sur le sujet : je m’y risquerais d’avantage, avouons-le, si j’étais un Juif pratiquant et surtout riche du savoir accumulé au fil d’années d’études religieuses. En cliquant sur le libellé « Shana Tova » ci-dessous, les lecteurs non juifs pourront simplement, et s’ils sont curieux, découvrir quelques informations à propos de cette fête, symbolisée (voir illustration) à la fois par le « Chofar » - corne de bélier venant ponctuer la prière à la Synagogue -, et le miel et les fruits, symboles d’abondance et de douceur que l’on se souhaite à l’aube de la nouvelle année.

Je m’étais hasardé à commenter l’actualité et à dire mes craintes - une façon de les exorciser ! - en vous présentant mes voeux pour l'année 5768 : vous pourrez, là encore, me lire ou me relire pour les curieux. Je ne m’y risquerai pas cette fois-ci ! L’atmosphère est électrique, tous les bouleversements sont possibles avec les nouvelles équipes qui seront aux commandes en Israël comme aux États-Unis ... prions simplement, chacun à notre manière, pour que 5769 soit une année de Paix !

Un dernier mot à propos du blog, qui respecte comme Judaïques FM les « Yom Tov » ou jours fériés, en matière de diffusion : pas de mises à jour, donc demain 30 septembre. Et les 1er, 9, 14, 15, 21 et 22 octobre.

Shana Tova à tous les lecteurs de la communauté ! 

J.C

28 septembre 2008

La libération de la femme tunisienne : j’en parlerai avec Gérard Cardonne le 5 octobre


J’ai déjà eu le plaisir d’avoir Gérard Cardonne à notre micro il y a un moins d’un an, nous avions parlé de son livre « La nuit afghane » publiée aux éditions Hirlé. Vous pouvez d’ailleurs télécharger cette émission en allant sur ce lien. Rappelons que c’est un écrivain engagé. Alsacien de naissance et très attaché à sa terre natale, il n’a pas eu peur de sillonner le Monde, et pas pour des destinations toujours touristiques puisqu’il s’est rendu dans des régions ensanglantées par de terribles conflits : l’Afghanistan, donc, mais aussi la Bosnie et l’Algérie. Et le fil conducteur de tous les romans que ont inspiré ces voyages, c’est le combat des femmes en terre d’islam, qui sont souvent victimes de préjugés machistes au nom de la religion.

Nous allons parler dimanche prochain de son dernier ouvrage, et celui-là est par contraste lumineux, rempli d’optimisme car il parle du pays arabe où la libération de la femme a fait des bonds gigantesques, ce pays c’est la Tunisie. Le livre a pour titre « Selma, une femme libre » (Le Verger éditeur). Petit clin d’œil, c’est justement en Tunisie que nous avions fait connaissance l’année dernière, à l’occasion d’un colloque. Et, je le répète assez souvent, ce pays est cher à mon cœur car c’est là où je suis né et où j’ai grandi, et je dois dire que de Sidi Bou Saïd à Djerba en passant par Hamamet et Korbous, j’ai retrouvé des paysages gravés dans ma mémoire, j’ai retrouvé aussi des évocations bien appétissantes de la gastronomie locale, bref on peut dire que l’auteur a donné envie de visiter ou de redécouvrir un pays dont il est vraiment tombé amoureux. Amoureux, d’ailleurs, comme son héros avocat, alsacien comme Gérard Cardonne, et qui finit par succomber au charme de Selma, l’héroïne tunisienne qui était pourtant la « partie adverse » dans son roman ... En quelques mots, voici la trame de l’histoire : un avocat arrive à Tunis, chargé par son cabinet de défendre les intérêts d’un client algérien, que sa femme tunisienne a abandonné en fuyant dans son pays natal et surtout en amenant leur enfant, une petite fille née en France donc de nationalité française. Et là, vont s’affronter deux législations diamétralement opposées sur le droit des femmes, le « Code de la famille » algérien et le « Code du statut personnel » tunisien.

Les auditeurs me connaissent assez pour savoir que je ne suis pas excessivement complaisant dans mes interviews, et donc que, aussi sympathiques que soient et mon invité et le sujet traité, je ne vais pas avoir peur de poser des questions délicates. Ainsi :
- Est-ce que l’auteur n’a pas un peu enjolivé la situation de la femme dans le pays en mettant en avant les profils modernes que l’on rencontre plutôt dans les grandes villes, et alors que d’autres témoignages évoquent plutôt la multiplication des foulards islamiques en Tunisie ?
- Gérard Cardonne a imaginé dans son roman le personnage d’une jeune juive tunisienne d’origine djerbienne et qui semble très heureuse de vivre dans son pays natal, mais pourquoi n’avoir même pas évoqué le passé, et le départ massif des Juifs de ce pays ?
- Entre une dictature laïque et une démocratie où les islamistes gagneraient les élections, qu’elle serait sa préférence ? Et ne pense-t-il pas qu’il existe aussi en Tunisie, un courant à la fois d’opposition et non islamiste ?

Merci d’être à l’écoute dimanche prochain, car je suis sûr que Gérard Cardonne sera aussi percutant que dans ma précédente interview ! 

J.C

26 septembre 2008

« Israël, un petit pays et une grande âme » par Souhail Ftouh

Alors que les nations occidentales assistaient impuissantes, au mois d’août dernier, au massacre du peuple géorgien, les Israéliens étaient les premiers à avoir réagi pour aider la population civile victime de la barbarie de l’armée russe (1). Ce que les médias sélectifs n’ont pas rapporté, c’est que au cours de cet été de 2008, des organisations humanitaires israéliennes ont été mobilisé pour apporter une aide au peuple géorgien. Cette opération avait regroupé plusieurs organisations humanitaires dont le célèbre Maguen David Adom, Brit Olam, l’association Matan et le Fond humanitaire du mouvement des Kibboutz. Malgré l’insécurité générale, qui avait entravé l’accès aux personnes déplacées dans certaines régions de Géorgie - notamment dans la ville de Gori -, les organisations humanitaires israéliennes avaient rapidement ressenti le danger de la situation et le désarroi de la population locale, lors de l’avancée dramatique de l’armé russe sur le territoire souverain de la Géorgie. L’ONU avait qualifié la situation humanitaire à Gori de « désespérée ». Le premier convoi humanitaire n’a pu pénétrer dans cette ville de l’ouest de la Géorgie que le 17 août. Le 19 le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) déclarait attendre des garanties sécuritaires avant de pouvoir opérer dans certaines régions de l’ouest de la Géorgie. En effet, sous la pression militaire russe, les organisations humanitaires n’ont pas été autorisées à acheminer leur aide aux Géorgiens. Les civils étaient exposés aux maladies et à la faim (2). Très vite les organisations humanitaires israéliennes ont répondu à l’appel de l’ambassade géorgienne en Israël. Une délégation s’est envolée, depuis Tel Aviv vers la ville de Gori, pour apporter une aide efficace aux Géorgiens les plus traumatisés. Cette action était coordonnée par le ministère israélien des Affaires étrangères et le président de l’État d’Israël. Durant son séjour en Géorgie, la délégation israélienne avait effectué un travail remarquable en fournissant à la population sinistrée une aide alimentaire et des produits de première nécessité (y compris des vêtements), une aide médicale mais aussi une assistance psychologique post-traumatique avec une équipe de spécialistes, présidée par le docteur Mike Naphtali, président de l’association « Brit Olam ».

D’après le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 150 000 personnes ont dû fuir leur foyer à cause du conflit. Le 18 août, les autorités géorgiennes avaient enregistré, selon les données recueillies, 70 000 personnes déplacées. Elles ont cependant affirmé que le conflit avait déplacé bien plus de personnes encore. La population géorgienne reste exposée à des attaques liées à l’appartenance ethnique. Même après le cessez de feu (3) l’aide de l’État d’Israël aux populations victimes du conflit en Géorgie se poursuit et des équipes continuent la distribution du matériel.

Ce conflit a montré, encore une fois, que la force de la Russie réside seulement dans son agressivité envers les peuples caucasiens et que ses alliés aussi lâches qu’hypocrites sont toujours prêts à cautionner ses crimes et à lui faire allégeance. Le Monde Libre a vu aussi comment le Peuple juif est différent des autres peuples parce que sa force réside dans cette phrase : " tu aimeras ton prochain comme toi-même" c’est-à-dire qu’en fait la base de sa force est l’amour du prochain, c’est cela sa nature première.

Quand Israël, un petit pays au Proche Orient , a rendu le sourire et l’espoir jusqu’à ce peuple lointain du Caucase, j’ai senti comme un devoir de me lever et remercier solennellement ce petit pays qui possède pourtant une si Grande âme.

Souhail Ftouh,
Tunis


(1) Le 8 août, la Russie prétextant vouloir porter secours aux détenteurs de la nationalité russe en Ossétie du sud, envoie son armée. Sous ce motif et sans le dire réellement, elle entre en guerre contre la Géorgie. Lorsque ses chars franchissent la frontière, la Russie viole le territoire géorgien, enfreint les règles internationales et déclare donc implicitement la guerre.

(2) Amnesty International était également préoccupée par certains bombardements effectués pendant le conflit, qui pourraient s’apparenter à des attaques directes ou menées sans discernement contre des civils et constituer à ce titre des crimes de guerre.

(3) La Russie et la Géorgie ont accepté le cessez-le-feu provisoire négocié par la France. L’accord a été signé par les deux parties les 15 et 16 août. Mais depuis la fin des hostilités, certaines informations font état de la formation, en Ossétie du Sud et autour de cette région, de groupes armés irréguliers et organisés localement qui commettent des atteintes en toute impunité, exacerbant les dangers potentiellement courus par les civils. Des villages peuplés de personnes d’ethnie géorgienne ont également été brûlés dans la région séparatiste de l’Ossétie du Sud.

25 septembre 2008

Français et Anglais ne doivent pas favoriser l’impunité d’Omar El-Béchir

Introduction :
C’est avec plaisir que je relaie sur ce blog une nouvelle pétition, celle-là appelant nos gouvernements à ne pas protéger le président soudanais Omar El-Béchir, poursuivi par le procureur de la Cour Pénale Internationale pour les crimes contre l’humanité commis sur les populations du Darfour.
Le collectif « Urgence Darfour » - son adresse est rappelée en fin d’article - a été souvent soutenu sur ce blog. Fin 2007, je recevais dans mon émission son président, le Docteur Jacky Mamou, et je vous invite à cliquer sur ce lien pour télécharger l’enregistrement.

J.C

Communiqué du collectif « Urgence Darfour »

Des sources sérieuses et non démenties font état de l’intention de la France et du Royaume-Uni de ne pas s’opposer au projet de suspension des poursuites judiciaires requises par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais Omar El-Béchir.
Le 14 juillet dernier, M. Moreno-Ocampo avait demandé un mandat d’arrêt contre l’homme fort de Khartoum, l’accusant de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et génocide commis sur les populations civiles du Darfour. La Chambre préliminaire de la CPI doit en principe faire savoir d’ici quelques semaines si elle valide la requête du procureur. Or les chancelleries française et britannique semblent s’être engagées dans un marchandage avec le régime de Khartoum au terme duquel elles laisseraient, lors de la prochaine assemblée générale des Nations unies, les protecteurs du bourreau des Darfouris suspendre la procédure engagée contre lui. L’article 16 du Statut de Rome, qui régit la CPI, offre en effet la possibilité de geler toute poursuite pendant un an renouvelable. Laisser bloquer le processus judiciaire serait une attitude immorale !
Cette démarche constituerait un précédent d’une extrême gravité pour la justice internationale. En effet les deux puissances européennes ont été très actives pour que le Conseil de sécurité saisisse la CPI face aux massacres perpétrés par le gouvernement soudanais. Anglais et Français espéraient-ils alors que la CPI se contente de cibler quelques lampistes ? Déjà la saisine de la CPI venait comme une alternative à l’impuissance de la communauté internationale d’exercer sur le terrain « la responsabilité de protéger » les populations du Darfour. Laisser Béchir échapper aux poursuites serait un aveu d’incohérence politique !
Depuis la requête du procureur, le gouvernement soudanais, loin de calmer la situation, a multiplié bombardements et attaques au sol contre les civils, y compris dans les camps de déplacés comme tout récemment à Kalma, faisant toujours plus de victimes - et confirmant par là-même le bien-fondé de la démarche du procureur.
Dès l’annonce des demandes de poursuites, Béchir a mobilisé avec succès tous ses alliés dans l’Union africaine (UA) et la Ligue arabe. Sans compter la Chine et la Russie, ses habituels soutiens et fournisseurs d’armes.
Un premier argument contre les poursuites résiderait dans le fait que celles-ci entraveraient un processus de paix entre belligérants. Il n’y a aucune évidence à cette assertion. Béchir mène une guerre sans merci contre les civils depuis plus de 5 ans et n’a jamais montré la moindre volonté réelle de négocier un accord équitable au Darfour. La justice n’a de toute façon pas à dépendre d’accords politiques.
Une autre raison invoquée serait que le gouvernement soudanais menacerait, en représailles, les troupes des Nations unies et de l’UA ainsi que les travailleurs humanitaires. Même si ce chantage doit être pris au sérieux, il s’agirait de nouvelles violations des décisions du Conseil de sécurité et de nouveaux crimes que commettraient Béchir et son gouvernement. Il s’agirait alors d’un encouragement supplémentaire à l’impunité dont jouissent les assassins du Darfour. Céder à un tel chantage serait une faute politique !
Une suspension de la procédure judiciaire pendant un an entraînerait par la suite de nouveaux chantages à la violence pour la renouveler indéfiniment. Permettre cette issue serait inexcusable !
Les tractations des diplomates anglais et français viseraient à échanger l’arrêt des poursuites à l’encontre de Béchir contre le jugement de deux hauts responsables soudanais déjà inculpés par la CPI il y a plus d’un an, dont l’un Ahmed Haroun, l’organisateur des milices janjawids, a été depuis promu ... ministre de l’action humanitaire par le président soudanais. Le tout assorti de quelques promesses d’une amélioration du sort des civils sur le terrain. Aller dans ce sens constituerait une immense supercherie !
Les gouvernements anglais et français ne peuvent ignorer que tout accord avec Béchir aboutit systématiquement à un marché de dupes. Combien de fois n’a-t-il pas promis de dissoudre les milices janjawids ? Combien de fois n’a-t-il pas juré de faciliter l’aide humanitaire, laquelle est aujourd’hui encore attaquée, pillée, entravée ? Comment faire confiance à celui qui prétend qu’il y a moins de 10 000 morts au Darfour alors que l’ONU en dénombre 300 000 ?
Si la tentative de faire jouer l’article 16 se concrétisait, les premières victimes, directes, en seraient bien sûr les Darfouris, qui placent tous leurs espoirs dans les poursuites de la CPI et dont plus de 2,3 millions survivent dans des conditions précaires au sein de camps de déplacés, subissant le harcèlement des troupes soudanaises, des janjawids et des gangs de voyous.
De plus si la Grande-Bretagne et la France se rangeaient aux côtés des autres pays voulant geler les poursuites judiciaires contre Béchir, elles trahiraient tous ceux qui par le monde défendent l’idée d’une justice internationale. Elles donneraient raison aux démagogues qui espèrent discréditer la CPI en la présentant comme l’instrument d’une justice à orientation variable. Les bourreaux qui massacrent leur peuple entendraient le message : pas d’inquiétude, avec la communauté internationale on peut toujours s’arranger. Exactement ce que nous trouvons insupportable.

24 septembre 2008

Aumentation de l'antisémitisme et de l'hostilité aux Musulmans en Europe : un sondage et quelques commentaires

Figure 1 : augmentation de l'hostilité aux Musulmans en Europe
(source : sondage du PEW Global Attitudes Project, 17 septembre 2008)

Figure 2 : augmentation de l'antisémitisme en Europe
(source : sondage PEW Global Attitudes Project, 17 septembre 2008)

C’est un sondage bien inquiétant dont la presse s’est faite l’écho, la semaine dernière : les sentiments d’hostilité envers les Juifs et les Musulmans seraient en hausse dans toute l’Europe, à la curieuse exception du Royaume Uni. Les radios communautaires juives ont repris, sans trop creuser à ma connaissance, l’analyse des chiffres données dans la dépêche Reuters en langue française, elle-même publiée par le journal « La Croix » et rédigée à partir de la synthèse publiée par l’organisme enquêteur, un institut qui réalise périodiquement ce genre d’enquêtes internationales et qui est basé aux États-Unis, le « PEW Research Center » (les sondages portent le label « PEW Global Attitudes Project »). Or il se trouve que l’enquête apporte aussi d’autres informations intéressantes, non rapportées et que je voudrais vous livrer. Autre correctif : j’ai volontairement choisi de traduire l’anglais « negative views of Muslims » par « hostilité aux Musulmans » et non par « islamophobie », pour deux raisons : tout d’abord, il s’agit bien d’un rejet vis-à-vis de populations données, comme l’antisémitisme est d’abord une hostilité dirigée contre les Juifs, et non pas un rejet de leur religion (ce qui ne voudrait plus dire grand-chose, dans une Europe largement déchristianisée) ; ensuite, l’islam en tant que religion peut être critiqué dans ses dérives intégristes, mais justement les intégristes musulmans et leurs « compagnons de route » usent et abusent du terme « islamophobie » pour dénigrer toute critique, l’assimilant au vrai racisme dont il est question dans de telles enquêtes - d'où mon refus de reprendre ce terme.

Mais revenons à ce sondage. D’abord, il faut partir de la source, en fait il y en a deux dont je vous donne les liens pour pouvoir les examiner plus en profondeur :
- le rapport de synthèse, que vous pourrez lire en cliquant ici ;
- le rapport intégral, que vous pourrez lire en format pdf en cliquant là.

Maintenant mes commentaires :

Pour ce qui concerne les Juifs (courbes en figure 2 ci-dessus), l’évolution est inquiétante et elle confirme bien ce phénomène d’un antisémitisme sans complexe, qui s’étend et qui semble prendre de l’assurance avec les années. Sa progression, assez nette depuis 2004, a correspondu paradoxalement à une période d’accalmie dans le conflit israélo-palestinien, et de succès islamistes (guerre du Liban, prise de pouvoir par le Hamas à Gaza, montée en puissance de l’Iran), autant d’évènements qui aurait du rendre moins antipathique Israël et, par ricochet, les Diasporas qui lui sont solidaires : c’est l’inverse qui s’est produit, comme dans les années 30, et je me demande si les antisémites de partout ne se sentent pas pousser des ailes justement pour cela.
Si on considère maintenant pays par pays, la progression en France est inquiétante (un doublement en 4 ans), mais je me demande quelle fiabilité attribuer aux chiffres ... J’avais toujours entendu parler d’une plage entre 15 et 20 %, celle qui correspond d’ailleurs au maximum de voix obtenues dans le passé par le Front National. Peut-être donc faut-il penser que la parole antisémite s’étant libérée dans notre pays, les réponses ont été plus franches que dans le passé ? Un autre chiffre vient, par contre, rassurer, et il faut lire le rapport intégral pour le découvrir à la page 13 : la France est le pays où le pourcentage d’opinions favorables aux Juifs est le plus élevé du Monde (79 %, pour 77 % aux USA).
Autre élément rassurant, le pourcentage de sympathisants en Europe est toujours plus élevé que celui des antisémites, même en Europe orientale où les antécédents sont peu glorieux (Russie, Pologne ...) sauf en Espagne, et vous pourrez découvrir les chiffres consternants sur le graphique ci-dessus. Comment l’expliquer ? La communauté juive y est très réduite, et la mémoire historique (Inquisition, expulsion de 1492) aurait du y inciter à plus de modération - mais c’est ainsi ; et cela ne donne pas envie d’aller se bronzer sur la Costa Del Sol ! Dans le même ordre d’idée, les 25 % d’Allemands antisémites inspirent le dégoût en raison du passé.
Comme je vous le disais, le résumé que vous avez lu ou entendu ne disait pas tout. Ainsi, autre motif d’inquiétude, l’antisémitisme a fait des bonds de géant en Turquie, où il concernerait les trois quarts de la population ! Cela, pour ne pas parler des pays arabes où il n’y a plus de Juifs et où plus de 95 % des sondés ont une vue négative des Juifs dans certains États (Égypte, Jordanie, Liban) !

Pour ce qui concerne les Musulmans (courbes en figure 1 ci-dessus) : comme le montre le graphique ci-dessus, les sentiments d’hostilité sont en hausse (sauf en Russie, et il serait intéressant de comprendre pourquoi : fin de la guerre en Tchétchénie ? Rapprochement avec l'Iran ?), mais les opinions favorables restent majoritaires en Europe, à l’exception de l’Espagne (encore !) et de l’Allemagne (voir sur le rapport complet, page 18). On découvre ainsi une corrélation entre les deux sentiments de rejet, corrélation qu’a souligné par ailleurs le sondage de façon transverse, pour tous les pays occidentaux : ceux qui rejettent les Juifs rejettent en général aussi les Musulmans. D’une manière générale, ils se recrutent parmi les plus de 50 ans et ceux qui sont les moins cultivés. Et plus volontiers parmi ceux qui votent à droite que ceux qui votent à gauche.

D’où une question, que je me pose à nouveau en pensant aux trop nombreux sites et blogs communautaires juifs qui ne s’inquiètent pas du tout de la montée des extrême droites en Europe, appréciant leurs discours anti-musulmans mais fermant les yeux devant leur antisémitisme : êtes vous vraiment sûrs que « les ennemis de nos ennemis sont nos amis » ?

Dernière remarque, à propos d’un chiffre étonnant : alors qu’il y a eu le 11 septembre et que leur pays est en guerre en Irak et en Afghanistan, les Américains n’ont pas du tout plongé dans l’hostilité anti-musulmane, puisqu’ils sont moins nombreux (23 %) à leur être hostiles que les Français (38 %), par exemple ! 

J.C

23 septembre 2008

Que veut - et que peut - Netanyahou ?

Les primaires qui ont désigné Tzipi Livni comme successeur du premier ministre Ehoud Olmert à la tête du parti Kadima et du gouvernement ont moyennement passionné les Israéliens ; en revanche, juste avant ces élections internes au parti, la tension est montée d'un cran entre Olmert et les partisans de Benyamin Netanyahou, le dirigeant du Likoud.

Dimanche 15 septembre, à la suite des émeutes organisées par les habitants de la localité de Yitzhar qui ont pénétré dans le village arabe de Asira el-Kibliyeh pour venger l'attaque d'un Palestinien contre un enfant de 9 ans, Olmert a saisi l'occasion pour rappeler sa doctrine qui tient en trois points principaux : d'une part, d'une manière assez provocante, Olmert a martelé que l’État d'Israël n'admettrait pas de pogroms contre les populations non juives ; deuxièmement, il a déclaré que l'idée du grand Israël était une idée morte et sans avenir ; enfin, il a fait le vœu qu'Israël continue les difficiles pourparlers avec l'Autorité palestinienne et les négociations indirectes avec la Syrie car selon ses mots : « la paix est le moyen ultime d'assurer la sécurité de l’État d'Israël ».
En fait, Olmert termine son mandat comme il l'a commencé : en annonçant ce qu'il pense, ce qu'il souhaite pour son pays, quelles sont les lignes directrices qui conduisent son action politique. Ce message de clarté lui aura sans doute valu son impopularité. Mais force est de constater que quiconque prétend diriger un pays doit au moins avoir le cran de porter sa politique et ses convictions sans ambiguïté. Cela ne fait pas toujours du bien dans les sondages. Cela peut avoir des effets désastreux d'un point de vue médiatique. Cela rend encore plus vulnérable aux attaques des adversaires politiques. Mais un homme politique qui serait incapable de dire ce qu'il veut, de manière à ce que les électeurs sachent pour qui ils votent, sacrifiant aux lois des relations publiques qui ont tendance à se substituer au discours politique, détruisant ainsi les mécanismes qui assurent la bonne santé de toute démocratie, un tel homme ferait sans doute un pitoyable leader. Et Israël a besoin de leaders. Maintenant.

Les déclarations d'Olmert, à la parole libérée, ont provoqué une tempête dans le Likoud qui a immédiatement répliqué : Guidéon Saar a vivement attaqué ses propos, tandis que Youval Steinitz a accordé une interview au « Jerusalem Post ». Il a déclaré, prenant le contre-pied d'Olmert, que c'était l'idée de « deux peuples - deux États » qui était morte, depuis les Accords d'Oslo. A propos des négociations avec l'Autorité palestinienne, Steinitz a dénoncé l'absence d'un partenaire crédible, comparant Mahmoud Abbas à Yasser Arafat. En ce qui concerne la Syrie, il a annoncé qu'un retrait du Golan signifierait la présence de l'Iran à la frontière nord d'Israël, de la même manière que le retrait du Goush Katif avait amené le Hamas et son patron chiite à sa frontière sud. Pour conclure, Steinitz a déclaré que l'idée d'un État binational - un État d'Israël admettant deux nationalités, l'israélienne et la palestinienne - devait être réactivée.
Rien de neuf, si ce n'est la déclaration que le Likoud renonce clairement à la création d'un État palestinien aux côtés d'Israël. Ce qui est remarquable en revanche, c'est le silence du dirigeant du Likoud.

Benyamin Netayahou n'a pas répliqué à Olmert. Il ne s'est pas prononcé sur la continuation du processus de paix avec la Syrie ou l'Autorité palestinienne. Ce sont deux « jeunes » du Likoud qui ont mené la contre-attaque et cette « délégation » n'est pas sans intérêt. En fait, le discours public de Netanyahou se limite d'une manière significative à trois sujets: le Hezbollah, l'Iran, le Hamas. Des sujets sécuritaires consensuels qui ne provoquent aucune controverse en Israël, et c'est sans doute la raison pour laquelle Bibi caracole en tête des sondages. Il est remarquable que Shaul Mofaz, l'adversaire de Tsipi Livni qui avait rejoint tardivement Kadima dans un revirement spectaculaire après avoir présenté sa candidature à la présidence du Likoud contre Benyamin Netanyahou, ait adopté exactement la même technique et surfe sur la même vague. Mais ce cantonnement du discours aux sujets sécuritaires a également un autre avantage : paradoxalement, c'est lui qui permet à Netanyahou de préparer son avenir en tant que chef d’État.

Netanyahou est un homme politique avisé et expérimenté. Il sait donc qu'un chef d’État doit tracer son chemin en fonction de deux choses qui déterminent, influencent, et limitent son action : son programme, les pressions internes et externes dont l'imbrication crée les contours du possible, et non pas toujours du souhaitable, dans la réalité. Contrairement à ce qu'il souhaitait, et à cause de la pression américaine, Netanyahou, du temps où il était premier ministre, avait dû remettre Jericho et Hebron à Yasser Arafat. Au moment de la crise avec la Jordanie, suite à la malheureuse tentative d'assassinat de Khaled Meschaal dans les rues d'Amman, Netanyahou, en pleine intifada, avait pourtant été contraint de relâcher des prisons israéliennes le chef spirituel du Hamas, le cheikh Yassine [1] (celui-là même qui a été éliminé en plein Gaza sous les ordres du cabinet d'Ariel Sharon en 2002). On comprend maintenant pourquoi Netanyahou préfère envoyer ses partenaires politiques prendre la parole sur des sujets aussi délicats que la Syrie ou l'Autorité palestinienne : d'une part, quelque soit le prochain président des États-Unis, la Maison Blanche a fait du dossier israélo-palestinien un dossier prioritaire. Dit autrement : Washington veut un accord. Dit autrement encore : Washington veut la création d'un État palestinien et l'idée d'un État binational risque de fâcher très vivement. Ils pourraient en représailles refuser de nouvelles livraisons d’armes si Israël rejetait les négociations avec l'Autorité palestinienne sur la base « deux peuples - deux États ». D'autre part, il est tout à fait possible que les États-Unis finiront par changer leur politique vis à vis de la Syrie, acceptant de parrainer des pourparlers ne serait-ce que pour contrer l'influence des Français qui se sont invités sur ce dossier d'une manière il faut dire avisée.
Netanyahou sait tout cela. Il sait qu'il ne pourra pas faire cavalier seul et rejeter d'un revers de la main les exigences américaines. Ni même celles de la France qui ne peut certainement pas être comptée pour rien en Europe, plus encore depuis la politique diplomatique offensive de son nouveau Président. C'est pourquoi Netanyahou laisse Steinitz et Saar mener l'offensive tant sur le dossier palestinien que sur la Syrie, faisant ainsi d'une pierre trois coups : il ménage les Américains et les Européens avec lesquels il devra bien s'entendre quand il sera premier ministre ; il laisse Steinitz et Saar se « griller » politiquement, ce qui aura pour effet de le présenter sur la scène internationale comme seul interlocuteur modéré et crédible ; il utilise Saar, Steinitz et Rivlin pour conquérir l'opinion publique israélienne et s'installer sans se mettre en danger personnellement. C'est ce qui explique également que Netanyahou, contrairement à Mofaz qui est un novice en politique internationale, se garde bien de parler d'une attaque militaire contre l'Iran : s'il peut se permettre des sorties verbales contre Téhéran - si ça ne fait pas de bien, cela ne fait pas de mal non plus - Netanyahou ne franchit pas la ligne rouge qui a été tracée par Paris et Washington.

Alors oui, l'idée d'un grand Israël, comme l'a annoncé Olmert, est bien morte. Et qu'il le veuille ou non, Netanyahou pourrait avoir à parler non seulement avec l'Autorité palestinienne mais aussi avec le Hezbollah, le Hamas, l'Iran et la Syrie. Car tel est le chemin que risque de prendre la politique des États-Unis [2], ce qui aurait des répercussions considérables sur le monde arabe et sur Israël - dans quatre mois, autant dire tout de suite. Kadima est le seul parti politique israélien - le silence des Travaillistes est au moins autant remarquable que celui de Bibi - à préparer l'opinion publique à ce qu'il faut bien appeler une révolution géopolitique.

Isabelle-Yaël Rose,
Jérusalem


[1] Pour le détail de ces affaires, voire le livre de Gordon Thomas : « Mossad's secret warriors, Gideon Spies » éditions Pan Book, 1999. Les rapports entre Netanyahou et le Mossad sont également examinés.
[2] Nota de Jean Corcos : on aura relevé à ce sujet la semaine dernière, la déclaration commune fort inquiétante de cinq anciens ministres des affaires étrangères -dont l’inévitable anti-israélien notoire Baker, mais aussi Powell et Kissinger -, appelant à un dialogue avec la République Islamique

22 septembre 2008

24 nouveaux numéros de "Rencontre" à écouter : merci Lucien


Nota ajouté le 25/10/08 :
Merci de vous reporter, pour les lecteurs de cet article, au "post" qui sera mis en ligne demain 26 octobre ... Le cheminement pour accéder aux nouvelles émissions n'était en effet pas très simple, et surtout des problèmes de connexion m'ont été signalés. Dorénavant, l'ensemble des émissions "podcastées" par Lucien Pesnot (les 24 mentionnées, plus celles de 2008 jusqu'à fin août) seront accessibles directement sur un page WEB, avec identification des sujets et des invités et surtout avec présence de "players" permettant de les mettre en route directement !
Sinon le lien donné ci-dessous pour les anciens podcasts reste bien sûr valable.

Lucien Pesnot est le technicien radio de Judaïques FM affecté à la plage horaire du soir (21 heures - 23 heures). C’est donc à lui que j’ai souvent affaire lors de pré enregistrements réalisés en semaine, et cela fait longtemps que j’ai pu apprécier à la fois sa compétence et sa gentillesse ! Il a reçu, bien sûr, une formation technique solide avant de rejoindre notre station, et il a des compétences à la fois en matière d’informatique et d’ingénierie du son - deux domaines il est vrai bien entremêlés à l’ère du numérique (ainsi mes émissions, comme toutes les autres, sont enregistrées au format mp3 ce qui permet directement leur diffusion sur le Web). Lucien a créé son propre site, où vous pourrez en apprendre plus sur son parcours, ainsi que ses différentes création dans notre radio et ailleurs ( adresse : http://lucien.pesnot.free.fr/).

Sur ce site, vous pouvez avoir accès à différents extraits d’émissions de Judaïques FM. Et nouveauté récente, à 24 émissions complètes de ma série, « Rencontre » !
Il suffit de cliquer sur ce lien : http://jean.corcos.free.fr/Rencontre/, que je vous conseille de mettre tout de suite en favori parmi vos adresses. 24 numéros sont donc enregistrés, dont la série complète correspondant à l’année 2007, et 4 émissions un peu plus anciennes ...

Quelques précisions pour les Internautes intéressés, et avant de vous proposer des lectures plus « ergonomiques ».
- Tout d’abord les dates ne vous diront pas quels étaient les invités et les sujets pour chaque numéro : vous pourrez, pour l’année 2007, commencer par cliquer
sur ce lien ; chaque émission est identifiée par sa date de diffusion, et vous lirez ainsi sa présentation sur le blog, avant d’aller télécharger celle (ou celles) que vous aurez choisi(e)s sur l’adresse indiquée plus haut.
- Ensuite, il faudra être un peu patient : un téléchargement prend un peu moins de 10 minutes ; ensuite, apparaîtra sur votre écran le « player » prédéfini sur votre micro pour entendre des émissions ou voir des vidéos.

Vous n’avez donc pas, à ce stade, l’ergonomie et la vitesse associées aux premières mises en ligne sur le blog d’émissions, qui elles dataient d’avant 2006 et qui avaient été mises au format mp3, après de savantes manipulations, par Jacques Guenoun, que j’avais remercié ici (voir son nom en libellé) ... Je vous invite à cliquer ici (ou sur le libellé « podcast » ci-dessous) pour avoir accès à ces douze émissions : celles-là sont plus agréables à consulter (player mis directement sur l’écran, lecture immédiate), et je dois la réalisation de ces podcasts à « mysteroo » (le mystérieux contributeur dont le nom apparaît en haut à droite du blog).

Bien sûr - et comme il serait dommage que des lecteurs trop pressés passent à côté de ces nouvelles compilations -, je reviendrai plus tard sur cette nouvelle série d'enregistrements, en vous proposant des liens par thématique, regroupant plusieurs invités sur des sujets d’actualité similaires ; et (mieux, et si c’est possible), en mettant en ligne des vrais podcasts.

En attendant, bonne écoute et ... merci Lucien !

J.C 

21 septembre 2008

La victoire de Tzipi Livni : un choc pour les dirigeants machos du Moyen-Orient ?



Tzipi Livni lors d'une réunion du parti Kadima
(photo A.P, 19 septembre 2008)

Un blog n’étant pas un vrai journal, et n’ayant pas la réactivité d’un « vrai » journaliste - la radio comme le blog étant du pur bénévolat, faut-il le rappeler ici ? -, je ne vous ai pas commenté, à chaud, la victoire « ric-rac » de Tzipi Livni aux primaires de Kadima. Les lecteurs fidèles ne seront pas surpris que je leur confirme mon espoir de la voir, bientôt, à la tête du gouvernement, mettant fin à la triste ère Olmert ... Je sais bien, hélas, combien une large partie de mon lectorat juif attend avec impatience le retour aux affaires de Bibi Netanyahou - ma correspondante à Jérusalem, Isabelle-Yaël Rose, m’a envoyé un article sur la stratégie du chef actuel de l’opposition, que vous pourrez lire mardi prochain. Je sais bien - aussi et re hélas -, que l’image d’Israël s’est tellement détériorée aux yeux d’une vaste partie du public européen (donc dans une large frange de mon lectorat occasionnel), que les islamistes barbus imposant leur trique moyenâgeuse à Téhéran ou à Gaza paraissent plus sympathiques que cette femme à la fois jolie, laïque et moderne : triste époque qui me donne souvent envie de vomir ...

Mais c’est de cela justement, que je voudrais parler, laissant aux analystes des radios et sites communautaires, le soin de commenter les négociations épuisantes qui attendent Livni pour la formation de son cabinet - rançon récurrente, et décourageante, d’un système électoral israélien obsolète, donnant un pouvoir de chantage exorbitant aux petits partis. Ruth Sinaï, dans un article publié vendredi dans le « Haaretz » (lien sur l'article en anglais), relève une information passée inaperçue : si Tzipi Livni dirige effectivement le prochain gouvernement, Israël sera le seul pays au monde où les trois branches du pouvoir - l’exécutif, le législatif et le judiciaire - seront dirigées par des femmes ! En effet, la présidence de la Knesset est assurée par Dalia Itzik. Et la Cour Suprême par le juge Dorit Beinisch.

D’une rigoureuse honnêteté intellectuelle, Ruth Sinaï relève aussi que cela serait étrange, car en matière de représentation parlementaire l’État juif est à la traîne des démocraties pour la présence féminine : mais une jeune femme à la tête d’Israël, alors qu’une autre (Sarah Pallin) risque de devenir Vice Président des États-Unis et une autre (Hillary Clinton), à failli devenir Président, c’est un message très fort envoyé à tous les machos de la région, qui cherchent à exporter leur idéologie rétrograde et mortifère dans le reste de la planète. Un message en forme de défi !

J.C

19 septembre 2008

Pour ses citoyens arabes, Israël fait mieux que les pays voisins

Gage futur de la paix durable, deux établissements scolaires ont été inaugurés début septembre 2008 dans le quartier arabe d’Oum Lisone à Jérusalem. Les autorités ont même choisi un des meilleurs emplacements pour établir ces deux écoles, à proximité de la pittoresque promenade d’Armon Anatsiv où l’on peut admirer une vue imprenable sur la vieille ville. Le ministre israélien de l’enseignement Youli Tamir, ainsi que le Maire de Jérusalem Ouri Loupoliensky ont même été présents dans une ambiance joviale pour inaugurer ce bâtiment flambant neuf. Ils ont prononcés un discours à cette occasion. Des personnalités religieuses du village se sont exprimées, en arabe, pour manifester leur gratitude à la municipalité de Jérusalem et ils se sont réjouies du confort des locaux et du matériel de haute technologie mis à disposition des élèves arabes.Il ne faut pas perdre de vue que les arabophones d’Israël demeurent l’une des communautés parmi les plus scolarisées de tout le monde arabe, surtout du fait que les filles doivent fréquenter l’école durant au moins huit ans. En 1978, l’entrée des filles dans les écoles avait provoqué un véritable séisme culturel dans les communautés musulmanes d’Israël. Mais aujourd’hui personne ne conteste le fait que les filles soient scolarisées (1). Le nombre d'années de scolarisation des enfants arabes israéliens a augmenté de façon spectaculaire entre 1961 et 2006, passant de 1,2 à 12,1 années. Le niveau d'éducation des Arabes israéliens est le meilleur de tout le monde arabe. Le taux d'abandon scolaire des enfants arabes israéliens est le mois élevé par rapport à celui des enfants dans les pays arabes. Dans le monde arabe, seule une poignée d'entre eux seulement accède à l'université. Mais en Israël même les Bédouins du Désert du Néguev peuvent accéder aux universités.
Le Ministère de l’Éducation israélien attribue autant d'argent par tête pour les enfants arabes israéliens que les Ministères des pays arabes pour leurs propres enfants ! Les enfants arabes d’Israël bénéficient de beaucoup plus de programmes d'éveil et de soutien que les enfants dans les pays arabes. Leurs bâtiments scolaires sont dans un état pire et de nombreux pays arabes n'ont pas de jardins d'enfants. Les écoliers arabes d’Israël sont plus chanceux que les écoliers des pays arabes, qui n'accèdent pas de la même façon aux programmes de conseils pédagogiques et d'enseignement professionnel. L'un des écarts les plus importants aussi entre Israël et les pays arabes se situe dans l'éducation spécialisée, où les enfants arabes israéliens handicapés reçoivent plus de fonds et encore plus de services et ont même un accès aux écoles spécialisées et disposent de programmes d'études appropriés qui manquent cruellement aux pays arabes.
Les contempteurs d’Israël ne vous diront pas que l'arabe est langue officielle et langue d'enseignement dans les écoles arabes d'Israël. Et que le gouvernement israélien alloue des ressources spéciales pour le développement des programmes d'étude en arabe, et que les professeurs arabes israéliens disposent même de livres et de matériel pédagogique adaptés à leurs besoins. Le gouvernement israélien améliore aussi de façon quantifiable, la participation des citoyens arabes israéliens dans tous les aspects du processus de décision concernant les politiques d'éducation et les ressources. Ce n’est pas par hasard donc si la très grande majorité des Arabes d’Israël (77%) désire rester israélienne selon une étude récente réalisée par l’Université Harvard, avec l’aide de l’Université de Haïfa à l’occasion du 60ème anniversaire de l’état d’Israël.

Je ne voudrais pas finir sans remercier le Maire de Jérusalem Ouri Loupoliansky ainsi que la ministre de l’Éducation Youli Tamir pour leur présence à l’événement de inauguration des deux établissements scolaires d’Oum Lisone à Jérusalem. Leur présence révèle sans aucun doute la détermination des autorités israéliennes à œuvrer en faveur de l’égalité des chances accordées aux Arabes israéliens.
L’État d’Israël constitue l’exemple de l’aspiration à une société basée sur la liberté, l’égalité, la tolérance, l’assistance mutuelle et l’amour du genre humain.

Souhail Ftouh, 
Tunis

(1) Ce petit État scolarise près d’un million d’enfants (primaire et secondaire) et dispose d’une cinquantaine d’écoles normales pour former ses enseignants ainsi que de sept universités et instituts de recherches. Israël consacre 2 % de son PNB à la recherche scientifique, ce qui lui permet d'occuper le second rang mondial per capita pour le nombre de publications scientifiques produites dans le pays.

Nota de Jean Corcos
Je ne voudrais pas sembler contredire l’enthousiasme de notre ami Souhail sur les efforts éducatifs d’Israël vis-à-vis de sa minorité arabe, c’est une réalité incontestable et - hormis les riches pétromonarchies - le niveau de vie de cette minorité est effectivement supérieur à celui des Arabes de tous les pays voisins. Reste que, comparé à la population juive, il y a encore un « gap » qui s’explique par des raisons objectives : familles plus nombreuses, ce qui ne facilite pas la poursuite d’études supérieures ; populations souvent rurales, donc éloignées des secteurs les plus dynamiques de l’économie. Reste que la confession ne semble pas l’élément discriminant : ainsi, les Arabes chrétiens (qui ont moins d’enfants que les familles juives), ont un taux record de fréquentation universitaire.

17 septembre 2008

Un gouvernement dans ses petites chaussettes ...

Photo tirée du site "iran-resist"

Le sourire du mois
- septembre 2008

Encore une excellente photo trouvée sur le site d'opposition iranien "iran-resist" dont le Webmaster, Kavéh Mohseni, a été plusieurs fois mon invité à la radio. Elle a été publiée dans le cadre d'une série, "La semaine en images", le 31 août dernier.
On découvre donc sur cette illustration le gouvernement de Téhéran au grand complet, reçu par Ali Khameneï, le "guide suprême de la révolution islamiste", accueillant cette fine équipe ainsi que son dirigeant, le président Ahmadinejad. Le premier devait, d'après les dépêches, prononcer moult compliments sur l'équipe dirigeant le pays, ce qui est le signe (d'après "iran-resist"), d'une très probable reconduction du nabot antisémite à la présidence, à l'issue des élections truandées qui se préparent pour 2009.

Pas donc vraiment une raison de sourire, mais on peut au moins trouver son bonheur en admirant ces ministres en chaussettes, après avoir tous déposé leurs chaussures au vestiaire ! Le bureau du guide serait-il une mosquée ? Sa sainteté oblige-t-elle ses ouailles à faire la prière à la sortie ? Laissons parler notre imagination !

J.C

16 septembre 2008

La terre d'Israël ou le peuple d'Israël ? – ou : la terre, pour en faire quoi ?

Introduction :Quelques mots d’introduction pour ce nouveau et remarquable article de ma correspondante à Jérusalem, Isabelle-Yaël Rose. Il est tout à fait dans la note du livre d’Hervé élie Bokobza dont je vous reparlais hier, et il est inspiré par le même souffle, à la fois traditionnellement juif dans l’inspiration et un peu révolutionnaire dans la dénonciation des « vaches sacrées » ... des vaches qui s’appellent aujourd’hui sacralité de la terre d’Israël, dont on n’aurait pas le droit de rendre un millimètre. « La question de la terre, et même de Jérusalem, est une question politique, nationale, historique - et non pas sacrée. Le sacré est dans le lien qui unit les hommes entre eux, et les hommes à Dieu », écrit fort justement Isabelle-Yaël. Un utile rappel, qui va faire grincer des dents chez une partie de mon lectorat juif ... bonne lecture !
J.C

Le calendrier liturgique juif est organisé autour de trois « fêtes » centrales qui sont l'occasion d'un pèlerinage à Jérusalem : Pessah, Souccot, Shavouot. La terre, et l'attachement à la terre, est comme le fil conducteur qui permet de traverser historiquement et spirituellement le calendrier qui se déroule à deux niveaux : l'espace et le temps. Tout commence en effet avec la célèbre sortie d’Égypte, sans conteste le moment fondateur du peuple juif, qui est également rappelé à chaque Shabbat, ce jour de la liberté. Souccot rappelle les pérégrinations d'Israël, placé sous la providence directe de l’Éternel, tandis que Shavouot, la fête des semaines, est centrée sur la terre. En suivant le fil de ces trois moments, on part donc d’Égypte - c'est le moment spirituel de la libération - pour arriver progressivement au Sinaï, qui marque le moment de l'accomplissement de la promesse de libération. On voit ainsi qu'il y a un lien intrinsèque entre la terre et la liberté, la terre et la libération. Tout semble même indiquer qu'il n'est point de liberté sans terre - sans indépendance nationale, pour utiliser un vocabulaire moderne.

Il est pourtant une chose remarquable dans le Judaïsme : si cette religion est rythmée par de nombreuses fêtes célébrant chacune les grands moments historiques du peuple juif - mais aussi des moments qui pourraient sembler plus mineurs - il n'existe aucune fête célébrant l'entrée du peuple dans la terre promise. Au vu de l'importance de la terre, tant désirée, on aurait pu s'attendre à ce qu'après 40 ans d'errance et de dangers, d'insécurité, de doutes, de misères, le peuple d'Israël aurait du sans aucun doute marquer ce moment capital, ce tournant dans son histoire, par une fête, un pèlerinage à Jérusalem. Mais cette fête n'existe tout simplement pas. Il est également un autre paradoxe qui ne manque pas d'attirer l'attention sur ce moment de notre histoire : Moshé, le grand prophète, acteur fondateur et nécessaire de cette histoire, non seulement n'entre pas en Israël, qu'il contemplera des pleines de Moab, mais sa tombe nous a été dérobée, interdisant tout pèlerinage, comme si pour toujours Moshé avait été soustrait non seulement à son peuple mais aussi à sa terre. Il est sans doute téméraire pour un profane, totalement étranger à la Mishna et à la Guémara, d'oser s'arrêter sur ces paradoxes. Pour tenter de saisir le rapport entre la liberté et la terre, le sens de cette promesse faite par Dieu à son peuple Israël, dans le but d'essayer de comprendre où cette promesse avait résolu de conduire Israël. Mais parce que le Judaïsme est la religion de la liberté, et qu'une vie d'homme - et de Juif - n'a aucune valeur si elle n'est point libre, c'est à dire accompagnée de la témérité qui accompagne comme son ombre tout exercice de la pensée, il nous suffira d'être humain et juif pour nous autoriser à penser. Et que d'autres, plus savants, prennent la peine de nous corriger.

Le moment de l’Égypte est défini dans la tradition comme moment de l'esclavage, de l'aliénation. La notion d'esclavage peut se comprendre à plusieurs niveaux : au niveau social, politique, et spirituel. Le premier se reconnaît par l'absence de ce que nous appelons maintenant des « droits sociaux ». Le second, par l'aliénation à un pouvoir et à des institutions étrangers. En sortant d’Égypte, le peuple juif va accéder à la liberté sociale et politique : d'une part, la Torah énonce un grand nombre de « lois sociales » qui régulent les rapports entre les hommes à tous les niveaux - homme/femme ; homme/enfant ; travailleur/employeur, etc. D'autre part, une organisation du pouvoir va progressivement se mettre en place tout au cours de l'histoire, jusqu'à prendre sa forme définitive à la période des rois. Ce n'est pas sans raison que la tradition a pu affirmer qu'il y avait une « constitution » dans la Torah. Si l'on regarde les niveaux politique et social, la liberté est inséparable de la terre, parce qu'elle a besoin pour exister d'une « indépendance nationale ». Pour reprendre la fameuse formule de Rousseau, un peuple est libre quand il se prescrit ses lois à lui même, ce qui signifie à l'inverse que quand un peuple reçoit ses lois d'un peuple étranger, il n'est pas libre. Le peuple juif ne pouvait donc devenir un peuple libre que dans son pays, où il pourrait vivre selon les lois qu'il se prescrit - d'après la formule moderne. Et pour pouvoir réaliser cette libération politique et sociale, le peuple juif avait donc nécessairement besoin de sa terre. C'est de cette manière qu'il faut comprendre le projet de Herzl, qui écrit et pense à la période qui voit la naissance des « nationalismes » : Herzl veut un État juif où ce sont les Juifs qui font les lois qui détermineront la vie des Juifs, mais aussi de tous ceux qui vivront dans l’État juif [1], de la même manière que la France est le pays des Français où ce sont les Français qui prennent les décisions qui engageront le sort de tous les Français.

Est-ce à dire que les Hébreux sont sortis d’Égypte pour réaliser une seule indépendance nationale et politique ? La tradition reconnaît un troisième niveau à la notion d'esclavage : le niveau spirituel, identitaire. A ce niveau, on parle d'esclavage quand un peuple est contraint - ou se soumet - à des valeurs qui ne sont pas les siennes, c'est à dire qui n'appartiennent ni à son histoire ni à son identité. En langage biblique, un peuple est esclave quand il sert des idoles. Il est remarquable que dans la Bible, les idoles ont toujours été représentées par des divinités agraires. La sortie d’Égypte est donc une sortie de l'idolâtrie, qui va permettre aux Juifs non seulement de se débarrasser du polythéisme, mais aussi des divinités nationales et agraires. Le Dieu de Moshé est un Dieu spirituel et universel qui réclame le service du cœur. Plus formidable encore : il est un Dieu qui n'est pas attaché à une terre et qui va donner ses lois à son peuple dans le désert, montrant ainsi qu'Il peut être servi partout. Et c'est en le servant, de « toutes ses forces et de tout son cœur », que l'homme, et le peuple, parviennent à la libération. En continuant à Le servir au cours de ses pérégrinations dans le temps et dans l'espace, le peuple juif aura suivi la plus grande instruction.

On peut alors comprendre d'une autre manière, complémentaire des autres, la raison pour laquelle Moshé n'est pas entré en Israël. La raison pour laquelle nous ne connaissons pas le lieu de sa tombe. On peut alors comprendre, également, ce fait étrange : pourquoi il n'y a pas de fête qui célèbre l'entrée en Israël. Dieu a donné la Torah et la terre aux Juifs pour qu'ils soient libres - spirituellement libres. Moshé, parce qu'il était saint, c'est-à-dire humble, soumis à Dieu, et donc libéré, avait déjà accompli la promesse : il n'avait pas besoin de prendre possession de la terre. Dans cette perspective, la terre n'est pas une fin en soi : elle est l'instrument que Dieu utilise pour permettre aux hommes d'être libres, c'est à dire de le servir. C'est pourquoi le thème central de la fête de Shavouot, qui emprunte des thèmes agraires, n'est pas la terre, l'amour de la terre, ni même l'amour de Jérusalem, mais le don de la Torah qui n'a pas eu lieu en Israël : dans le plan de Dieu, la Torah et le peuple d'Israël sont le projet central, pas la terre d'Israël.

Faisons un dernier pas avec le fameux épisode du veau d'or, traditionnellement interprété comme « péché de l'argent ». Le veau - ou les vaches - étaient des divinités agraires dans l’Égypte des Pharaons. Or, au moment où Moshé est en train de recevoir la Torah, le peuple se prosterne devant une divinité nationale qui représente la terre. Dit autrement : le peuple, contrairement à Moshé, préfère la terre à la Torah et c'est précisément à cause de ce péché qu'il sera privé de terre pendant 40 ans. La fin de Moshé, tragique, apparaît alors dans toute sa beauté : ayant choisi la Torah et son peuple plus que la terre, Dieu lui a donné de vivre selon la Torah et de servir son peuple pendant toute sa vie, et jusque dans sa mort, on peut voir le signe de ce choix primitif. Le cantique qu'il chante avant de mourir, loin de célébrer la beauté de la terre, comme cela pourrait sembler naturel, est entièrement consacré à Dieu et à Sa gloire. De son côté, le peuple d'Israël, qui a été puni de son péché par 40 ans d'errance, non seulement ne va pas emporter avec lui la dépouille du prophète pour l'enterrer en Israël - ce qu'il aurait du faire logiquement - mais ne va pas non plus célébrer son entrée en Israël. L'absence de célébration de ce moment important est comme le fossile de cette faute originelle que le peuple et les sages de la Torah ont tenté d'effacer (un retour sur le sens de la fête de Souccot réclamerait à lui seul une page entière).
Pour finir, rappelons que le kidouch de Shabbat, jour de la liberté et de la sainteté, célèbre la sortie d’Égypte et non l'entrée en Israël, comme pour indiquer que l'essence de la sainteté et de la liberté, pour un Juif, réside dans l'abandon de toute idolâtrie.

Est-ce à dire qu'Israël n'a pas lieu d'être ? Certainement pas. Est-ce à dire que la terre doit être « bradée » ? Non plus. Cela signifie seulement deux choses : d'abord, que la question de la terre, et même de Jérusalem, est une question politique, nationale, historique - et non pas sacrée. Le sacré est dans le lien qui unit les hommes entre eux, et les hommes à Dieu (c'est ainsi que les rabbins divisent les lois de la Torah) - la terre n'est que le support qui doit permettre le perfectionnement de ce lien conformément aux lois de Dieu [2]. D'autre part, le but d'une vie véritablement juive est de devenir libre, c'est à dire de se débarrasser de l'idolâtrie. Dans cette perspective, un amour de la terre qui se développerait au détriment de l'amour de la Torah, du peuple Israël, de l'humanité, est une idolâtrie qui rate et pervertit le don de la terre que Dieu a fait à Israël.

Isabelle-Yaël Rose,
Jérusalem


[1] Les journalistes font souvent référence, à propos d'Herzl, à la notion d’État ou de pays des Juifs. Mais le titre en allemand de son œuvre fondatrice peut également être traduit par « l’État juif » que nous trouvons beaucoup plus cohérente avec le reste de son propos. En effet, parler d'un État des Juifs tend à définir Israël comme un pays dont la judéité dépend du seul fait qu'il est peuplé de Juifs. Indirectement, cela conduit à exclure tout non-juif : si Israël est le pays des Juifs, les non-juifs ne peuvent pas, par essence, appartenir à Israël. En revanche, si l'on traduit par « État juif », cela signifie que la judéité de l’État consiste dans les principes - politiques et spirituels - d'après lesquels il est régi, et non pas dans sa seule composition ethnique. Un État juif peut également inclure des non-juifs sans perdre pour autant sa judéité puisque celle-ci dépend non pas seulement de sa composition ethnique mais de ses valeurs. Cela ne signifie pas que la démographie est insignifiante - il est peu probable que des Arabes se donneront comme mission de sauvegarder les valeurs juives - cela signifie seulement que la démographie n'est pas suffisante pour garantir le caractère juif d'Israël.

[2] Les règles relatives à la Shmita appartiennent aux lois qui régissent le rapport de l'homme à Dieu, et non pas le rapport de l'homme à la terre. Ceci confirme le fait que seuls le rapport entre les hommes et entre les hommes et Dieu est sacré.

15 septembre 2008

La paix est-elle encore possible entre Juifs et Arabes ? Je poursuivrai mon entretien avec Hervé élie Bokobza le 21 septembre


Quelques mots d’abord à propos de cette photo, qui représente une réalité pratiquement toujours occultée dans les grands médias, télévisés en particulier ... Non, les appelés israéliens en charge des « check points » en Judée Samarie ne sont pas des brutes sanguinaires, et il leur arrive même d’aider de leur mieux les populations les plus fragiles - comme ce vieillard. Mais cela ne dissimule pas une réalité de fond : même si l’occupation de ces territoires résulte de la guerre défensive de 1967 ; même si elle s’est prolongée pendant des décennies en raison du refus par les Arabes de tout droit à l’existence d’Israël - et par là même, de l’impossibilité de céder sans risques graves des positions stratégiques ; cette occupation a renforcé encore le rejet palestinien, et plus elle se prolonge, plus elle rend impossible une réconciliation ... dont acte ! Mais cette photo m’a semblé aussi bien à propos pour évoquer la dimension éthique du Judaïsme, dont se réclame justement Hervé élie Bokobza dans son livre, « Israël - Palestine, la paix à la lumière de la Torah » (Editions l’œuvre spirituelle), dont nous avions commencé à parler le 4 septembre (aller sur ce lien).

Pour les auditeurs qui ne nous auraient pas suivis lors de cette première partie d’émission, disons que l’on a surtout parlé du rapport entre le peuple juif et la Terre d’Israël, et du devoir ou non d’y résider d’après les grands commentateurs de la Loi juive. Mais dimanche prochain, on va vraiment rentrer dans le cœur du sujet parce que l’on va parler de la Paix et de la Guerre, et de la solution qui est défendue par la grande majorité de la communauté internationale : cette solution c’est le partage du territoire qui fut sous mandat britannique, entre un état juif, qui existe déjà, et un état palestinien qui serait à créer. En première partie d’émission, nous resterons au plus près du livre d’Hervé élie Bokobza, en posant toujours en référence aux commentateurs de la Loi juive, la question de la sacralité d’Eretz Israël qui s’opposerait à son partage (on parlera en particulier de la position du Rabbi de Loubavitch, dont la mouvance orthodoxe connait un grand succès en France) ; et en seconde partie, et bien il sera question « des autres », du reste du Monde parce que les problèmes d’Israël ne se décident pas dans un tribunal rabbinique : peut-on faire confiance aux Palestiniens, ont-ils vraiment renoncé à détruire l’état juif ? Peut-on faire confiance à la communauté internationale pour garantir la sécurité d’Israël ? Et au-delà, peut-on encore espérer une réconciliation entre Juifs et Musulmans ?

J’espère que cette interview vous intéressera, et je vous invite vraiment à acheter le livre de cet invité, remarquable par son érudition et l’originalité de sa démarche !

J.C

14 septembre 2008

« Islam, les vérités qui dérangent » : un dossier de référence dans « l’Express »


L’Islam serait-il devenu un « marronnier » pour la presse magazine ? Après le salaire des cadres, le Sida, les Francs Maçons et ... les Juifs, les Musulmans sont devenus, au corps défendant de la majorité pacifique d’entre eux, un nouveau centre d’intérêt récurrent des médias. Avec deux ornières dans lesquels vont gaiement s’embourber trop de journalistes : celle du « politiquement correct », qui - parlons brutalement - nous disent que « tout va très bien Madame la Marquise » ; et celle des Cassandres professionnels, qui nous prévoient pour demain matin une guerre civile chez nous, et un « conflit des civilisations » à l’échelle de la planète !

Après avoir consulté un dossier récent publié sur le site de l’Express (numéro du 12 juin, avec en une « Islam, les vérités qui dérangent »), je peux attester que l’équipe rédactionnelle a su éviter ces deux écueils, en n’abusant ni du rose bonbon, ni du noir cafard ... La participation à cette enquête de l’anthropologue Malek Chebel ou de l’islamologue Jean-Paul Charnay, attestent qu’il ne s’agit pas d’un brûlot médiatique - même si, il faut le reconnaître, le sujet est vendeur.

Les vérités qui dérangent. Les femmes - Un statut d'infériorité. Les enfants - Allah d'abord
L'individu - « Sous le regard de Dieu ». La laïcité - L'Etat ou Mahomet ? La violence - Au nom du djihad. La modernité - Ce passé trop présent. L'esclavage - Histoire d'un tabou
Les plaisirs - Parfums d'Orient. Quand l'Algérie s'en prend aux chrétiens. Une soeur pour les déshérités ...
... autant de liens qui vous permettront d’accéder à des articles aussi divers dans leur thématique que nuancés dans leur propos.

Mais laissons conclure Christian Makarian, qui dans un éditorial incisif pose toute la problématique posée par l’intégration de l’islam dans nos cités occidentales :

« La connaissance approfondie des fondements de la foi musulmane devient nécessaire pour répondre au travail de sape et à l'intox des fondamentalistes. On peut, on doit désormais aborder sans préjugé ni tabou les vérités qui dérangent et se défaire de la mauvaise conscience « postchrétienne » qui a fait le lit des islamistes. La société française y gagnera en compréhension ; et les musulmans progressistes y verront leur cause avancer. Encore faudra-t-il que l'islam renoue avec la pratique de l'interprétation libre, interrompue il y a un bon millénaire. Encore faudra-t-il, surtout, que le dogme du « Coran incréé », oeuvre directe d'Allah, donc intouchable, laisse agir l'exégèse récente qui dévoile peu à peu la part des hommes dans la rédaction du Livre. C'est en sortant de la contemplation d'un passé figé et en ne redoutant plus le questionnement de l'esprit critique que la religion musulmane, comme avant elle le christianisme, trouvera sa propre dynamique de modernité.
Il y a urgence. Car le vrai choc est là : non entre les civilisations, mais dans la place accordée à la religion par chaque système de pensée. « L'islam est religion et cité », expliquait clairement Louis Gardet, islamologue français de renommée internationale, qui faisait autorité tant chez les chrétiens que parmi les musulmans. Il ajoutait : « Le Coran est une prédication sur les fins dernières et les conditions de vie futures, sur les prophètes antérieurs et leur message ; il est aussi un "code de vie" qui détermine les "piliers" du culte personnel et communautaire ; il précise les cadres de la vie sociale... Et il s'irradie à tout acte de la vie quotidienne - règles coraniques et traditionnelles concernant les mariages, les testaments, la nourriture, les cimetières, l'interdiction des boissons fermentées, des jeux de hasard et de l'usure... » Bref, l'islam est global et le Coran indivisément d'ordre spirituel et temporel. Rien ne s'oppose davantage au fameux principe chrétien : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Raison de plus pour aborder les sujets qui fâchent, avant qu'ils ne nous débordent. » 


J.C

12 septembre 2008

L'Union pour la Méditerranée : Israël au centre du « Plan Solaire Méditerranéen »

Exportation du savoir faire israélien : centrale fournie
par la société LUZ à l’État de Californie

L'énergie est un domaine emblématique des défis et des enjeux d'un partenariat renouvelé entre les deux rives de la Méditerranée. L'urgence est là. Neuf millions de Méditerranéens n'ont pas accès à l'électricité, et la demande totale en énergie de la région pourrait augmenter de 65 % d'ici à 2025. Elle serait alors satisfaite à 87 % par des énergies fossiles, avec les conséquences environnementales induites.
Le sommet du 13 juillet 2008 à Paris a posé les fondements d'un partenariat euro-méditerranéen renforcé en matière d'énergies renouvelables, avec un projet ambitieux pour la création d'un « Plan Solaire Méditerranéen ». Les dirigeants méditerranéens sont tombés d'accord pour renforcer les infrastructures énergétiques, et faire émerger un modèle commun de développement durable. Il est clair que les pays de l'Union pour la Méditerranée ont commencé sérieusement à penser à un avenir énergétique durable, y compris les pays producteurs de pétrole et gaz membres de l'Union (comme l'Algérie), étant donné que ces ressources ne sont pas renouvelables. Il s'agit de se préparer à « l'après hydrocarbures ».
Bâtir un véritable partenariat énergétique Nord - Sud, était donc un point fort du sommet du 13 juillet 2008 à Paris. Rappelons-nous aussi que le 18 avril 1951, en signant le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), six pays sont allés de l'avant et ont donné du sens à un projet partagé de construire un espace de paix et de développement économique fondé sur l'énergie. L'heure n'est-elle pas venue, comme l'assemblée parlementaire euro - méditerranéenne nous y invite, d'une Communauté de l'énergie euro méditerranéenne (CEEM), pour contribuer à la sécurité de l'approvisionnement énergétique, attirer les investissements et privilégier un mode de développement durable ? Une telle initiative redonnerait à l'évidence une perspective concrète et dynamique au formidable "carrefour de civilisations" qu'est la Méditerranée, selon l'expression de Fernand Braudel. C'est dans ce sens aussi que l’État d'Israël pourra apporter un apport très précieux pour l'avènement d'un modèle de développement énergétique durable dans le bassin méditerranéen, surtout pour les pays de la rive sud comme la Tunisie et le Maroc.
L'utilisation de l'énergie solaire est inscrite dans l'histoire et le développement d'Israël. Elle est une caractéristique importante dans ce pays, et la géographie lui est particulièrement favorable. L'ancienneté du marché israélien dans le domaine du solaire est une expérience unique au monde qui a engendré de nombreuses entreprises produisant des systèmes solaires. Il est intéressant de se pencher sur les applications utilisées actuellement, pour l'usage domestique, dans le secteur de l'agriculture, mais aussi à l'échelle industrielle. De nombreuses recherches sont effectuées très activement dans les centres de recherche israéliens à l'instar du complexe solaire de l'institut Weizmann ou le Centre National Ben Gourion sur l’Énergie Solaire.
Israël a développé plusieurs applications en matière d'énergie solaire. Les applications domestiques sont très variées (chauffage solaire des habitations, climatisation solaire des habitations, chauffage des piscines, éclairage rural, la climatisation et la réfrigération.). Mais aussi des applications au secteur agricole (le chauffage des serres et du sol, le séchage de produits agricoles) et encore dans le secteur industriel ( l'évaporation naturelle, production d'eau à haute température, production d'électricité conventionnelle, solaire photovoltaïque, dessalement ) voire même des applications médicales tel que le laser médical photonique, développé par le Centre National Ben Gourion sur l'Energie Solaire .
L'expérience du solaire en Israël constitue un exemple ambitieux pour la création d'un « Plan Solaire Méditerranéen ». Ce petit pays méditerranéen dispose d'un savoir faire inégalé dans le monde entier. Il n'est donc pas étrange de savoir que c'est une société israélienne qui a conçu et installé une gigantesque station de production électrique par énergie solaire dans le désert de Mojave en Californie du Sud. La société « Solel Solar Systems » est responsable de la création du « Mojave Solar Park », projet de 2 milliards de dollars qui devrait voir le jour en 2011. La Centrale solaire d’Ashlim - 40 km au sud de Beer-Shev'a (en Israël) - qui produit 500 MW d'électricité, a été construite par la société israélienne Solel, qui vient même de signer un contrat historique en Espagne (1).
Les ambitions israéliennes en matière d'énergie solaire n'ont pas de limites. Après le projet bien avancé d'Arava Power dans le désert du Néguev au Sud d'Israël, le gouvernement israélien vient d'annoncer en Mars 2008 la création d'une nouvelle Centrale solaire, toujours située dans le désert du Néguev (2). Par ailleurs, un autre projet est à l'étude aussi pour développer le tout solaire en Israël. Ainsi, la société israélienne MST a dévoilé un plan d'aménagement pharaonique de construire pas moins de 16 centrales capables de produire 1 GWh chacune sur une période de vingt ans. L'état hébreu se dirige vers le tout solaire d'ici trente ans, période à laquelle les énergies fossiles devraient drastiquement commencer à se réduire, emportant le prix du baril de pétrole à des sommets (3). Le plan est simple : chaque année, une nouvelle centrale serait construite en Israël avec les bénéfices issus de l'exploitation des précédentes. Ce petit pays peut être fier de disposer aujourd'hui de 2 leaders mondiaux du solaire, les Israéliens « Solel » et « Luz2 », qui ont installé une nouvelle vitrine de leur savoir-faire à l'instar des dernières installations en Espagne et dans le désert californien, et qui disposent d'importantes capacités financières et d'une solide expérience dans la construction et la maintenance de ce type de projets (4).
Devant la pénurie des ressources énergétiques, Israël semble détenir l'avenir énergétique durable. Il est temps donc de se préparer à l'après hydrocarbures. Des relations sereines et durables doivent d'abord être établies entre les pays arabes de la méditerranée et Israël autour d'un partenariat énergétique. Les liens énergétiques seront aussi créateurs d'interdépendance et de solidarité. Pour promouvoir à la fois l'intégration régionale des marchés de l'énergie, accroître la sécurité énergétique, par la diversification des sources d'énergie et des filières d'approvisionnement et assurer la viabilité écologique du secteur, il faut penser à un cadre plus étendu de développement énergétique avec l’État d' Israël, englobant la protection de l'environnement, la lutte contre la pauvreté énergétique, la recherche et le transfert de technologie, avec de véritables partenariats industriels.

Souhail Ftouh, 
Tunis 

(1) Solel Solar Systems vient de fournir 46 récepteurs thermo solaires à l'Espagne, pour deux centrales d'énergie que la firme est en train de construire à Castille et à La Mancha.
(2) Ce projet est le second de cette taille annoncé cette année en Israël. Le principal reste celui d'Arava Power dans le Sud d'Israël, toujours dans le désert du Néguev, qui devrait produire jusqu'à 500 MWatts, bien plus que beaucoup de centrales nucléaires actives.
(3) La société israélienne MST est installée à Sde Boker dans le désert du Néguev.
(4) L'israélien Solel, avec 300 employés, est le leader mondial des installations électriques solaires de grande taille. Les ventes de la compagnie d'énergie solaire ont bondi de 4 millions de $ en 2005 à plus de 100 millions de dollars en 2007 (source : Israël Valley, mars 2008).