Dimanche prochain nous allons aborder
un sujet difficile, puisqu’il sera question de l’Islam et des Juifs. Un sujet
difficile parce que complexe, mais surtout parce que polémique : on s’en
souvient, au début de l’année une pétition signée par 250 personnalités
dénonçait un antisémitisme nouveau, développé parmi les musulmans ; il
identifiait une cause religieuse, et il réclamait, j’en cite un extrait,
que « les versets du Coran appelant au meurtre et au
châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés
d’obsolescence par les autorités théologiques ». Alors nous allons essayer
de prendre du recul à partir d’un livre imposant dont je recevrai l’auteure,
Madame Tania Heidsieck. Tania Heidsieck est chrétienne, croyante et engagée
depuis plusieurs décennies dans le dialogue interculturel et interreligieux. Elle
a travaillé pendant plus de vingt ans à Jérusalem avec André Chouraqui, autour
de l’exégèse des textes fondateurs des trois monothéismes. Et de cette
expérience, unique, elle a tiré un livre imposant de plus de 550 pages, dont on
parlera essentiellement de deux chapitres, le II intitulé « Les fils de
Babel », et le VI consacré aux Juifs dans le Coran.
Parmi les questions que je poserai à Tania Heidsieck :
-
Pouvez-vous
rappeler qui était André Chouraqui et quelle fut son œuvre ? Il fut un des
pères fondateurs de l’Association « La Fraternité d’Abraham » où nous
nous sommes connus : quelle était sa vision de la filiation du
Christianisme et de l’Islam par rapport au Judaïsme ?
-
A
propos de votre chapitre intitulé « Les fils de Babel ». Tout le
monde connait, ou croit connaitre l’épisode biblique de la Tour de Babel, et
j’avais avant de vous lire l’idée simpliste d’une malédiction divine, contre
les Humains orgueilleux qui avaient tenté de bâtir une tour montant jusqu’au
ciel ; Dieu détruisit la tour, et la malédiction fut de leur faire parler
des dizaines de langues alors qu’ils en parlaient une seule en la construisant.
Vous donnez une interprétation totalement différente, pourriez la résumer mais
surtout expliquer le rapport avec la suite du livre ?
-
Que
sait-on de la situation des Juifs d’Arabie avant la naissance de l’Islam ?
Est-ce que c’était des exilés ou en partie des Arabes convertis ? Qu’en
était-il des Chrétiens ? Quels étaient les textes de leurs traditions ou
apocryphes, connus des Arabes avant Mahomet ?
-
Votre
texte raconte de façon précise comment, en l’espace de moins de dix huit mois,
le même Prophète de l’Islam - venu construire sa première Mosquée dans un lieu
rituel juif à Meddine, va totalement modifier les rites de la nouvelle religion,
à commencer par l’orientation vers La Mecque. Cela finira mal pour les trois
tribus juives de Meddine, les Banu Qurayza, les Banu al Nadir et les Banu
Qaynuka, puis pour tous les Juifs d’Arabie qui furent expulsés par le premier
Calife, Omar. Que s’est-il passé ?
-
En
dehors des Sourates du Coran, vous vous référez aussi à deux historiens
musulmans des débuts de l’Islam, Ibn Ishak et Al Tabari ; en fait ce sont
eux qui mentionnent le plus souvent les Juifs de l’époque du Prophète ; alors
que le Coran parle surtout, et de façon élogieuse, des « Banu
Israël » les fils d’Israël, et de leur histoire sainte. En même temps, les
fameux versets antijuifs ne sont pas du tout mentionnés dans votre chapitre, de
même que les versets anti chrétiens : était-ce volontaire ?
Un sujet complexe et
difficile, donc, mais en même temps un sujet fondamental qu’on ne peut pas
éluder si on veut un dialogue inter religieux sans tabous : soyez nombreux
à l’écoute !
J.C