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30 septembre 2007

« Mémoires vives » : Eric Keslassy sera mon invité le 7 octobre


Nous allons rester en France pour ma prochaine émission, et cette fois mon invité sera un jeune et brillant sociologue, Eric Keslassy. Il est docteur en sociologie et enseignant, et il a déjà écrit plusieurs livres. Il a notamment traité d’un sujet qui concerne directement la population d’origine immigrée, dans un livre intitulé « De la discrimination positive » ; il s’agissait d’un débat qui a beaucoup divisé le monde politique, aujourd’hui on en parle moins après les législatives et les présidentielles, mais je me souviens que il nous avait exposé sa position lors d’une réunion au CRIF, et c’est à cette occasion que nous avions fait connaissance.
Sur Judaïques FM nous allons parler d’un autre sujet, lui aussi associé aux populations d’origine immigrée en France mais qui concerne encore plus directement la communauté juive, ce sujet c’est la « Concurrence des mémoires ». Sous le titre : « Mémoires vives, pourquoi les communautés instrumentalisent l’Histoire », il a cosigné avec un autre enseignant, Alexis Rosenbaum, un essai paru aux éditions Bourin. C’est un livre de 135 pages qui se lit facilement, et qui va vraiment au fond d’un débat assez malsain que l’on a vu apparaître ces dernières années dans le domaine public, avec, en gros, la mise en accusation à la fois de l’ensemble de la communauté nationale et indirectement, de la communauté juive. En effet, des associations, des intellectuels, ont dit et répété que premièrement l’Histoire de France officielle avait effacé les pages noires de la colonisation et de l’esclavage, et deuxièmement que d’autres que les Juifs avaient, eux aussi, souffert de l’équivalent de la Shoah.
Eric Keslassy cite, dès les premières pages du livre, deux grands auteurs qui permettent d’ouvrir le débat. D’abord en introduction Pierre Nora, qui a écrit « la mémoire divise, l’histoire réunit ». Et puis Ernest Renan, dans sa célèbre conférence à la Sorbonne en 1882, qui a dit notamment : « la nation est une âme, un principe spirituel ; c’est le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune ; elle puise aussi sa force du passé, de la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ». A partir de cet éclairage, les polémiques des dernières années, soulevées par un provocateur comme Dieudonné ou par une mouvance subversive comme « les Indigènes de la République » (tous les deux violemment antisionistes) apparaissent comme autant de manières de détricoter le tissu social - même si les auteurs conviennent qu’ils ne faut pas laisser en l’état les « trous de mémoire » qui alimentent la « concurrence des mémoires ».

On se reportera, enfin et pour une première analyse de cet ouvrage, à la critique en lien de mon ami Jean-Pierre Allali sur le site du CRIF. 
J.C