Rechercher dans ce blog

30 novembre 2009

Horace Vernet, ou la Bible aux couleurs de l’Orientalisme

Juda et Tamar
Une toile sur la Toile
- novembre 2009

Une petite pause artistique, à nouveau pour oublier un peu l’actualité ...

L’Orientalisme a ses signatures célèbres, dont la petite collection de reproductions déjà publiées sur ce blog vous donne une petite idée.
Leurs oeuvres ont, le plus souvent, été peintes à partir de la seconde moitié du XIXème Siècle, et s’intéressaient principalement à deux pays, du moins pour l’École française : l’Algérie, dont la conquête se consolidait peu à peu ; et l’Égypte, objet de toutes les attentions depuis l’expédition de Bonaparte et les innombrables missions archéologiques. Horace Vernet (1789-1863), est à ce titre un peu une exception, car il a vécu à cheval entre les deux Empires : plusieurs de ses toiles représentent des batailles napoléoniennes : mais l’Orient le fascina aussi, et en particulier les combats pour la prise de l’Algérie, immortalisés par sa toile « La prise de la smalah d’Abdel Kader ». On se réfèrera à cet article de Wikipedia pour en savoir plus sur cet artiste.

J’ai choisi cette toile inspirée par un épisode biblique pour illustrer l’œuvre de ce grand peintre français : des personnages juifs habillés comme des Arabes, voici un article qui ne déparera pas sur mon blog ... !

J.C

29 novembre 2009

Libération de Guilad : un prix très élevé à payer, par Gérard Akoun

Le calvaire de Guilad Shalit s’achèvera t-il dans quelques jours ? Sera t-il enfin libéré après trois ans de détention, dans une solitude totale, sans contact avec l’extérieur ? Sa famille, la très grande majorité des Israéliens l’espèrent, mais ils ne sont pas à l’abri d’une déconvenue.

Le Hamas, qui détient en otage le jeune soldat enlevé en territoire israélien, fait monter les enchères : le nombre de prisonniers palestiniens à relâcher en échange ne cesse d’augmenter, et parmi eux se trouvent des terroristes qui ont commis les attentats les plus sanglants. Israël, et c’est tout à son honneur, avait déjà accepté de pratiquer des échanges inégaux ; dans les années 80, le gouvernement avait relâché plus de mille prisonniers pour « faire revenir trois soldats à la maison » selon la formule consacrée, mais jusqu’à présent, tous les gouvernements qui se sont succédé, avaient refusé de libérer des terroristes qui avaient du sang sur les mains ou les organisateurs des attentats. Il semblerait, que pour sauver le « soldat Shalit », c’est quasiment de cela qu’il s’agit, Benyamin Netanyahou, doive s’y résigner. Il est, en effet soumis à une double pression, celle des Israéliens, des jeunes en particulier, qui ont fait de la libération de Shalit une cause nationale, et celle du Hamas qui veut en tirer le plus grand bénéfice, dans sa confrontation, avec Israël comme avec le frère ennemi du Fatah.

La décision est difficile à prendre pour le gouvernement, sur le plan sécuritaire comme sur le plan politique :
- Sur le plan sécuritaire il n’y a aucune garantie que les palestiniens libérés ne se livrent pas à de nouveaux attentats, et plus grave pour l’avenir, il est à craindre que de nouveaux enlèvements ne soient organisés pour libérer d’autres détenus palestiniens, il y en a environ onze mille dans les prisons israéliennes!
- Sur le plan politique ces libérations vont encore affaiblir Mahmoud Abbas et renforcer le Hamas. L’Autorité palestinienne n’avait pas réussi, il y a quelques mois, à obtenir en négociant avec Israël la libération de quelques centaines de prisonniers, le Hamas en libérera plus d’un millier à la suite d’une prise d’otage, démontrant ainsi aux Palestiniens que la voie de la négociation est un leurre et que seule la violence paye. Les islamistes voudraient aussi obtenir l’élargissement de Marwan Bargouti, le chef des Tanzim du Fatah, une opération politique astucieuse qui leur permettrait de se débarrasser définitivement de Mahmoud Abbas, de négocier, en position de force la réunification des frères ennemis, et de sortir de la nasse dans laquelle ils se trouvent enfermés à Gaza. Ils arriveront à leur fin si des responsables israéliens continuent à faire des paris stupides, comme celui de déclarer « nous ne libérerons jamais Bargouti », paris qui offrent au Hamas l’occasion de faire monter encore les enchères, alors que la libération de Bargouti, décidée librement par les autorités, pourrait constituer un geste politique majeur. Mais quand les dirigeants israéliens comprendront-ils qu’il est plus avantageux politiquement de donner, en transformant l’inévitable en choix délibéré que de céder sous la contrainte ?

Nous souhaitons tous que Guilad Shalit revienne à la maison, mais le prix à payer va être très élevé et la décision douloureuse, car il faut aussi penser aux victimes des attentats commis par les terroristes qui vont être libérés, et ces libérations seront d’autant plus mal ressenties qu’elles ne s’effectuent pas dans le cadre d’un accord de paix, qui les rendraient plus supportables.

Gérard Akoun
Judaïques FM 94.8, le 26 novembre 2009

27 novembre 2009

Antoine Sfeir fait l’éloge de la Tunisie et de son Président Ben Ali ...

Antoine Sfeir

Introduction :
Quelques mots d’introduction, pour présenter de larges extraits de ce nouvel article reçu de mon ami de Tunis, Souhail Ftouh. Je n’ai pas évoqué sur ce blog les élections présidentielles en Tunisie, tenues il y a un mois : devoir de réserve journalistique, et alors que j’ai des ami(e)s tunisien(ne)s aussi bien fervents supporters du Président réélu (comme justement Souhail), que féroces critiques (comme Adnen Hasnaoui, militant pour les Droits de l’Homme et dont vous avez pu lire aussi des articles ici). FaceBook est un meilleur support pour des débats, et j’ai ainsi donné la parole sur ma page là-bas pour des longs et passionnés débats !
J’ai retenu cependant cette article parce qu’il cite largement Antoine Sfeir, orientaliste bien connu des tableaux de télévision et qui a été plusieurs fois mon invité : bonne lecture !

J.C

Habitué des plateaux de télévision français Antoine Sfeir, n’hésite pas à défendre l’homme qui a sauvé la Tunisie. Il est déjà monté au créneau à plusieurs reprises. Il l’a récemment refait dans Le Figaro du 23 octobre 2009, "La Tunisie, rempart contre la déferlante intégriste dans la région"  :
(...) "La Tunisie a certainement un long chemin devant elle, personne le conteste. Pourtant, force est de reconnaître que le pays progresse régulièrement depuis l’arrivée au pouvoir de Ben Ali. C’est un fait dont tous les organismes internationaux font état dans leurs rapports. C’est cette ouverture et cet assainissement progressifs de la vie publique que je souhaite évoquer aujourd’hui, sans pour autant me voiler la face sur les problèmes qu’il reste à résoudre.
(...)
La condition des femmes est également à mettre au crédit du président sortant : avec 25 % de femmes au Parlement, la Tunisie fait mieux que la France. Comme autrefois la Turquie, qui avait accordé aux femmes le droit de vote dix ans avant la France ... Et tout le monde connaît le rôle actif des députés tunisiens, hommes ou femmes !
En outre, la Tunisie a clairement choisi son camp dans la lutte contre l’intégrisme religieux. Le régime est intransigeant vis-à-vis de tout embryon de prosélytisme islamiste, mais mène parallèlement à sa politique répressive une vaste campagne de pédagogie, appuyée sur une pratique sereine et modérée de la religion. C’est pour cette raison que le pays constitue véritablement un rempart contre la déferlante intégriste dans la région ; c’est pour cette raison également que la Tunisie est un enjeu crucial, et une cible de choix pour l’islamisme et le terrorisme. Si elle venait à tomber, il faudrait craindre à nouveau pour l’Algérie, mais également le Maroc, la Libye et peut-être même l’Égypte, tous menacés par un effet de dominos."
(...) Arrêtons-nous un moment de parler de la Tunisie pour regarder les Tunisiens, qui, eux, agissent », écrit notre courageux intellectuel. Il ne ménage pas sa peine et défend la Tunisie partout où il peut.
Antoine Sfeir, le patron de la revue d’études et de réflexion sur le monde arabe et musulman, l’auteur de "Tunisie, terre des paradoxes", parue en 2006, a même fait paraître une revue qui est consacrée à la Tunisie sous la direction de Ben Ali sous le titre "L’exception tunisienne".
Six grands textes aux titres suggestifs ont l’ambition de présenter "les progrès qui ont été accomplis sur la voie d’une démocratisation et d’un assainissement de la vie publique" selon l’éditorial même d’Antoine Sfeir. Ainsi peut-on lire : La Tunisie Un rempart contre l’intégrisme, la Tunisie dans la cité, Patrimoine archéologique et renouveau culturel, Des succès économiques confirmés, Les instruments de solidarité tunisienne ...
Antoine Sfeir, déclare dans "Les Cahiers de l’Orient", de l’hiver 2010, "cherche à montrer à quel point le peuple tunisien occupe, de plus en plus, une place à part dans l’espace arabe, et apparaît comme un exemple pour toute la région". Un exemple pour le monde arabe mais aussi pour l’Afrique. C’est du moins, ce que croient aussi les journalistes africains. En effet, il y a quelques jours seulement des journalistes africains co-auteurs du livre "La Tunisie émergente : une voie pour l’Afrique", publié aux Editions Médiane à Paris, présentaient à Paris leur ouvrage de 262 pages, rassemblant dix-huit contributions de journalistes et personnalités africaines de diverses spécialités. Sfeir présentait son point de vue aux côtés de François Bécet, auteur d’un autre livre intitulé "Le pays, porte ouverte sur la modernité", nouvel ouvrage en hommage à l'oeuvre du Président Ben Ali

D’ailleurs la Tunisie et ses réussites étaient à l'honneur, le 19 Octobre 2009, à Genève, à l'occasion de deux conférences organisées, la première au club suisse de la presse à Genève, dirigée par M. Guy Mettan, député de Genève président du parlement de cette cité, et la deuxième, au Cercle des dirigeants d'entreprises de Genève, présidé par Mme Testa Enza Haegi. Autour du journaliste français, de François Bécet et de son confrère Antoine Sfeir, les journalistes suisses et internationaux ainsi que ceux de la presse accréditée auprès des Nations Unies et de nombreuses personnalités du monde économique et universitaire helvétique, ont passé en revue les diverses facettes des réussites de la Tunisie durant ces vingt deux dernières année. Après avoir ouvert, au club suisse de la presse, la première conférence intitulée "Regards croisés sur la Tunisie", M. Guy Mettan a, ensuite, cédé la parole à M. Antoine Sfeir dont le propos a tourné autour du thème: "La Tunisie, un pays qui marche".
M. Sfeir a évoqué, pour soutenir son propos, les multiples réalisations du pays dans différents domaines, tels l'éducation et la santé, la croissance économique et les multiples mécanismes de solidarité mis en œuvre par le Président Ben Ali pour redistribuer équitablement les fruits de la croissance économique au sein de la société, comme peut en témoigner, entre autres l'élargissement continu de la classe moyenne qui englobe 80 % de la population. M. Sfeir a, également, souligné le rôle moteur joué par l'Etat tunisien qui a su assumer avec efficacité ses missions au service de ses citoyens et mettre son peuple à l'abri de l'instrumentalisation de l'Islam qui a causé tant de ravages ailleurs. Présentant quelques articles du dossier consacré à la Tunisie par sa revue, M. Sfeir a expliqué les raisons de l'attachement du peuple tunisien qui soutient son leader, grâce à qui il est entré, depuis deux décennies, dans une ère de prospérité et de stabilité sans précédent dans son histoire. Il a également souligné le patriotisme des Tunisiens de tous bords qui, tout en exerçant leur esprit critique quand il le faut, rejettent les tentatives de falsification des réalités auxquelles se livrent certains opposants téléguidés de l'extérieur. M. Sfeir a conclu sur le fait que la Tunisie était certes un pays petit par la taille géographique, mais un pays qui marche et excelle dans de nombreux domaines, et qui pourrait servir de modèle à de nombreux autres, en ce qu'il a réussi en comptant sur une unique matière première : l'intelligence de ses citoyens. Le directeur des "Cahiers de l'Orient" qui a préfacé le livre de François Bécet n'a pas manqué, en outre, de fustiger les donneurs de leçons occidentaux qui s'acharnent sur la Tunisie, alors qu'il s'agit d'un exemple rare sur le continent africain et dans la région, d'un pays qui marche et avance dans tous les domaines. François Bécet a ensuite présenté son dernier ouvrage  "Tunisie, porte ouverte sur la modernité", mettant en relief la "voie propre choisie par le Président Ben Ali". Une voie authentiquement tunisienne, qui a permis de développer son pays, tout en veillant à la redistribution des richesses. L'auteur a évoqué quelques caractéristiques du modèle tunisien de développement et son bilan largement positif qui est souligné du reste par de nombreuses institutions internationales et instituts mondiaux de notation les plus réputés que l'on ne peut soupçonner de partialité.

Des échanges ont eu lieu par la suite avec le nombreux public présent, permettant aux orateurs d'apporter des éléments de réponse aux préoccupations des uns et des autres. Une autre cérémonie de présentation du livre de François Bécet s'est déroulée à l'hôtel Richemond de Genève, offrant aux deux auteurs l'opportunité d'exposer le modèle de développement solidaire et équilibré mis en œuvre en Tunisie par le Président Ben Ali.

Le même ouvrage, édité par la maison "Le cherche midi", a été au centre d'une rencontre organisée, le 20 octobre 2009 , à l'Institut du Monde Arabe, à Paris, rencontre à laquelle ont participé plusieurs journalistes et personnalités. (...)
 


Ftouh Souhail, 
Tunis

26 novembre 2009

"Le voile, marqueur sexuel", par André Dumoulin

C'est un marqueur sexuel et un instrument de propriété. Considéré par Strasbourg comme le "symbole d'oppression de la femme", le voile renvoie à une mentalité patriarcale ancestrale, archaïque et machiste.
Au-delà des signes pluriels du voile islamique qui semble se neutraliser, des enjeux sociétaux et des interrogations autour de la séparation de l’église et de l’Etat, de la laïcité, de la neutralité de l’enseignement, se cache un dispositif en poupée gigogne, sorte de sarcophage à la Toutankhamon où la pièce finale recouvrant au plus près la momie est la plus importante, la plus signifiante. Que cache le voile? Que nous voile-t-il?
Le problème du voile demeure incompréhensible si on ne tient pas compte des règles qui sont associées à la pudeur. Le voile est alors obsessionnel, ne laissant rien apparaître, faisant en sorte qu’il devient un marqueur sexuel de femmes soumises consciemment ou inconsciemment aux hommes. A tel point d’ailleurs que le voile peut être porté comme protection afin d’éviter souvent d’être importuné ou agressé par la jeunesse machiste souvent d’origine immigrée pour des raisons culturelles et éducationnelles propre en cela au legs sociétal et culturel méditerranéen.
Qu’est-ce à dire? Que le voile est bien la métaphore de la virginité. Le voile semble d’ailleurs dire souvent à la fois une propriété (de l’homme) et une "non disponibilité" pour les non-musulmans. En fait, par un retournement de signe, le voile doit cacher la chevelure érotisée pour ne pas susciter le regard concupiscent de l’homme, le désir de l’homme. En d’autres mots, pour certains hommes, si elle ne se recouvre pas, la non-voilée musulmane va porter la responsabilité des éventuelles violences sexuelles, harcèlements verbaux ou opprobres dont elle pourrait être victime. Toute l’importance donc du "vu", du "non-vu" et de "l’entre-vu" (Chebel).
Ce port du voile "pour avoir la paix" et pour préciser une "indisponibilité sentimentale" est bel et bien le symbole de cette codification du regard, faisant finalement en sorte que c’est la femme qui est responsable du regard concupiscent de l’homme; sachant que la chevelure est considérée comme un appât séducteur. Le "camisolage" des femmes qui "protège d’une violence mâle" fait que la femme elle-même devient en quelque sorte responsable du comportement des hommes. Ce retournement de signe illustrant le patriarcat a ceci de problématique qu’il entérine l’inégalité des sexes, l’infériorité et la soumission des femmes mais aussi donne argument à ceux qui condamnent la mixité des lieux sociaux.Ceci tend à montrer que le voile n’a rien de religieux - la Sunna et le Coran ne l’imposent pas - mais est en définitive un marqueur sexuel et un instrument de propriété. Le voile n’a donc rien d’innocent et le plus généralement les adolescentes elles-mêmes "se voilent la face" quant au caractère résolument machiste du tissu.
C’est ce caractère inégalitaire entre les sexes qui fait que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pourtant défenderesse de la liberté de religion, a condamné des plaignantes qui souhaitaient défendre le port du voile, car considéré par Strasbourg comme le "symbole d’oppression de la femme", en y associant l’idée que la manifestation d’une religion peut être restreinte afin de préserver des valeurs fondamentales.
Sachant les nombreuses années qu’il a fallu dans nos contrées pour tenter de réduire les inégalités hommes-femmes, toute dévalorisation juridique et sociale de la femme avec mise sous tutelle masculine subtile via le port du voile porte en définitive atteinte aux grands principes fondamentaux inscrits dans le traité de Lisbonne.
En définitive, l’argumentaire pour ou contre le port du voile ne réside pas, comme on l’entend souvent, autour de la liberté de croyance et de religion - prétexte et paravent - mais sur la dimension sexiste d’un tissu hautement signifiant aux multiples interprétations leurres.De même, lorsque le rapport intermédiaire de la Commission du dialogue interculturel (décembre 2004) considéra que l’on ne peut statuer a priori sur la symbolique plurielle du voile - estimant dès lors que le débat est sans fin -, elle plaçait les différents sens du voile comme des piliers égaux formant un temple, alors qu’en réalité il faut lire le voile comme des poupées russes : la poupée la plus "enfouie" et la plus petite étant l’explication première, primale, amenant et organisant les autres sens subordonnés. C’est ce vecteur explicatif initial qu’il faut mettre en évidence et dénoncer pour des raisons humanistes.
La dimension sexuelle du voile avec son rapport à la chevelure est d’autant plus avérée que l’on oblige les femmes occidentales non musulmanes à se voiler lors de visites dans certains pays musulmans. Qu’une élève à qui on avait interdit le voile à l’école s’était coiffée d’un béret basque, une autre d’un bonnet de ski, tandis qu’une autre encore s’était rasée le crâne pour effacer "l’objet impudique". Signes s’il en est du rapport étroit entre la chevelure, la pudeur, la propriété du mâle. Dans ce registre, ce n’est pas le voile qui est ostentatoire, mais le corps féminin lui-même.
Si nous connaissons la permanence des interdits sexuels et des discriminations sexistes dans toutes les religions monothéistes, force est de constater, à la lumière ces différentes interprétations gigognes du voile, que la question du port du voile est une thématique en apparence religieuse, stimulée et instrumentalisée par les fondamentalistes, mais dissimulant en réalité une dimension affective et sexuelle, renvoyant elle-même à une mentalité patriarcale ancestrale, archaïque et machiste.
La question du voile et la claustration vestimentaire ne peuvent donc se résoudre dans le segment religieux, quelle qu’en soit l’apparence, mais dans un argumentaire sur l’émancipation, l’égalité, les droits de la femme et la raison. Cette raison qui fait que l’on ne peut expliquer l’égalité des sexes à des jeunes si, dans la classe, ils se trouvent confrontés à une situation démontrant exactement le contraire.

André Dumoulin, 
Agrégé en philosophie morale. Politologue,
 « La libre Belgique », 10 novembre 2009

24 novembre 2009

Liberté d’expression en Afghanistan : un film ce jeudi soir à Sciences Po

Je relaie avec plaisir cette information, reçue de l’Association amie « Le Cercle » :

Le Cercle - Section Sciences Po, en coopération avec « European Foundation for Democracies » et l’association « Afrane », vous convie à la projection de :
« Afghan Star - le documentaire »
Projection suivie d’un débat avec Daoud Sediqi
Créateur et ancien animateur de « Afghan Star »
Jeudi 26 Novembre 2009 à 19h00 - (accueil à partir de 18 h 30 )
Sciences Po - 28 Rue des Saint Pères - 75007 Paris - Amphithéâtre Albert Caquot - (entrée libre)
Plusieurs fois primé au festival Sundance 2009, ce documentaire retrace la création et la réalisation de l’émission de téléréalité qui a mis en émoi la société civile afghane. La projection sera suivie d’un débat avec Daoud Sediqi, créateur et animateur de « Afghan Star », sur les enjeux en matière de liberté d’expression auxquels l’Afghanistan est aujourd’hui confronté. 

J.C

23 novembre 2009

En Égypte, la bataille du niqab a commencé ...

Groupe de femmes en niqab, Egypte

Une déclaration de guerre. Pour une partie de la société égyptienne, c'est ainsi qu'a été perçue la décision du cheikh d'al-Azhar, Mohammed Tantaoui, de contraindre une fillette de 12 ans à retirer son niqab lors d'une récente inspection d'une école. Depuis, la polémique fait rage entre opposants et partisans du voile intégral. Peu répandu il y a une dizaine d'années, le niqab s'est banalisé sous l'influence, notamment, des travailleurs égyptiens rentrant du Golfe imprégnés des valeurs wahhabites saoudiennes, mais aussi du boom des chaînes satellitaires religieuses, en particulier salafistes. Selon une étude officielle publiée l'été dernier, près de deux Égyptiennes sur dix le porteraient désormais, surtout dans les campagnes.
L'État égyptien, qui a d'abord laissé faire, semble décidé à s'attaquer au signe extérieur le plus visible d'une certaine radicalisation de la société. Après plusieurs escarmouches dans les cités universitaires ou les hôpitaux publics, il a donc envoyé au feu le cheikh d'al-Azhar, dont l'institution, la plus prestigieuse du monde sunnite, se veut la vitrine d'un islam modéré, mais dont le crédit personnel pâtit d'être nommé par le président de la République. «Le port du niqab en présence de femmes est un genre de rigorisme rejeté par la charia islamique», a affirmé le grand imam, précisant que son interdiction se limiterait aux établissements d'al-Azhar «réservés aux filles et où l'enseignement est assuré par des femmes». Il reste donc autorisé dans les écoles mixtes.
En avançant l'argument religieux, l'État sait qu'il s'aventure en terrain dangereux. En 2007, le Tribunal administratif suprême a en effet désavoué l'université américaine du Caire, qui avait fermé ses portes aux monaqqabates ( porteuses du voile intégral). Dans un verdict alambiqué, la justice a estimé que le niqab n'était certes pas une obligation religieuse, mais que son port étant permis, il n'était pas possible de l'interdire ... Ce qui n'a pas dissuadé le ministre de l'Enseignement supérieur d'emboîter le pas du cheikh d'al-Azhar en bannissant à son tour par décret le niqab des cités universitaires. Alors que des dizaines de monaqqabates manifestaient contre cette décision, notamment à l'université du Caire, les Frères musulmans ont demandé le retrait du décret et le renvoi du cheikh d'al-Azhar. «Le niqab est une vertu, comment peut-on condamner la vertu ?», a argumenté Hamdi Hassan, porte-parole de la confrérie au Parlement.
L'argument hygiéniste
Les islamistes ont reçu sur ce terrain des soutiens inhabituels, notamment d'organisations des droits de l'homme et même d'éditorialistes de la presse de gauche, qui ont contesté l'interdiction au nom de la «liberté personnelle».
«C'est une violation flagrante de la liberté de croyance. Le cheikh d'al-Azhar peut dire aux musulmans s'il existe ou non un lien entre le niqab et l'islam, mais il n'a pas le droit de dire aux gens comment s'habiller», a ainsi estimé l'activiste des droits de l'homme Hossam Bahgat.
Face à la résistance d'une société de plus en plus conservatrice, les autorités égyptiennes cherchent encore la meilleure façon de traiter le problème. En février, le ministre de la Santé, Hatem el-Gabali, a ainsi brandi l'argument hygiéniste pour tenter d'interdire par décret le port du voile intégral dans les hôpitaux publics, où plus du tiers des infirmières auraient déjà opté pour cet «uniforme». «Le port du niqab et des gants ne permet pas de préserver l'hygiène car les infirmières ne stérilisent pas les gants après chaque contact avec les malades», a justifié le ministre. L'argument nationaliste a aussi été avancé, notamment par la presse gouvernementale, qui a fustigé une «pratique importée, contraire aux valeurs égyptiennes». Modèle du genre, le journal Rose al-Youssef a même affirmé que Le Caire ressemblait de plus en plus à Tora Bora, la région qui servit de refuge aux talibans et à Oussama Ben Laden au début de la guerre en Afghanistan.
Mais c'est surtout l'argument sécuritaire qui est mis en avant. Les autorités ont affirmé à de nombreuses reprises que le niqab avait servi à perpétrer des attentats, notamment près de la citadelle du Caire en 2005, et divers actes criminels. La semaine dernière, la ministre de la Famille et de la Population, Moushira Khattab, une proche de la première dame, Suzanne Moubarak, a ajouté à cette liste l'immoralité en stigmatisant des cas où des hommes se seraient dissimulés sous un niqab pour entrer dans des bâtiments réservés aux femmes ... Entre vice et vertu, le débat est loin d'être tranché.

Tangi Salaün
Le Figaro, 22 octobre 2009

Nota de Jean Corcos :

Je vous invite à découvrir ou à relire
cet article du blog, sous la signature de mon ami tunisien Souhail Ftouh. Il faisait l’éloge du Cheikh Tantaoui (dont le nom est aussi orthographié « Tantawi »), pour son ouverture d’esprit en matière de dialogue interreligieux. Il vient à nouveau de montrer son courage à propos du Niqab, qui comme la Burqa est devenu le drapeau d’un islam fermé, misogyne et sectaire.

21 novembre 2009

Des Druzes aux Alaouites, minoritaires dans un Proche-Orient en conflit : Christian Lochon sera mon invité le 29 novembre

Accolade entre dignitaires druzes
(source : site grandorientarabe.org)

Dimanche prochain, nous allons aborder un sujet un peu complexe, loin des acteurs habituels évoqués dans cette série, loin aussi de l’actualité brûlante : ce sujet, ce sont les différentes petites minorités religieuses vivant au Proche-Orient et un peu au delà. Et pour en parler, j’aurai comme invité un expert orientaliste de qualité, que j’ai déjà eu le plaisir de recevoir déjà deux fois sur Judaïques FM, Christian Lochon. Christian Lochon a été attaché culturel dans plusieurs pays d’Afrique et du Proche Orient, il faut aussi le directeur des études au CHEAM (Centre des Hautes Etudes sur l’Afrique et l’Asie Moderne). Cet orientaliste a une connaissance de terrain puisqu’il a vécu en Irak, en Syrie, au Liban, et ce n’est pas souvent que des invités comme lui peuvent témoigner sur la fréquence juive à propos de pays, hélas toujours en état de conflit avec Israël. Il m’a fait parvenir il y a quelques mois un livre intitulé « Secrets initiatiques en Islam et rituels maçonniques », avec en sous-titre « Druzes, Ismaéliens, Alaouites et confréries soufies », ouvrage publié aux éditions L’Harmattan. Ce livre est cosigné avec Jean-Marc Aractingi, qui en dehors d’une formation d’orientaliste et d’une carrière de diplomate, connaît parfaitement la franc-maçonnerie, et en particulier celle qui survit difficilement dans le monde arabe - on se rend bien compte d’ailleurs, à la lecture de l’ouvrage, à quel point il maîtrise tout le rituel et la symbolique de ce milieu. Ce livre de 200 pages est incroyablement riche, il m’a beaucoup appris, et il aborde tellement de sujets que j’ai décidé d’y consacrer deux émissions. Précisons pourquoi : au-delà des ambitions un peu culturelles de ma série, « Rencontre », il met en évidence deux réalités, une enraciné vers le passé, et l’autre tournée vers l’avenir ; le passé, ce sont les interpénétrations culturelles étonnantes, les passerelles entre religions différentes, qui démontent l’illusion de croire que l’Orient et l’Occident ont toujours été des sphères intellectuelles séparées et étanches ; l’avenir, c’est la crainte, que nous partageons tous, d’un islam radical et l’importance, justement, de certaines minorités avec lesquelles il faut établir des passerelles.
Pour cette première émission, pour nous allons évoquer les Druzes et les Alaouites, les voisins les plus proches d’Israël.

Parmi les questions que je poserai à Christian Lochon :

- Quels sont les origines exactes et l’histoire des Druzes, qui comme d’autres minorités religieuses issues de l’islam, viennent d’une « branche » du Chiisme ?
- Comment expliquer que leur religion, qui est très secrète et ésotérique, s’apparente tellement par ses rituels à la franc-maçonnerie ?
- Pourquoi écrit-il qu’en Syrie ce sont des « prétendants marginalisés » ?
- En contraste, comment expliquer leur bonne intégration dans l’état d’Israël ?
- Comment expliquer l’étrange position des Alaouites : leur religion est un « patchwork » de différentes croyances, y compris chrétiennes ; et malgré cela, ils tiennent les clés du pouvoir dans un pays musulman, qui en plus est le soutien local des mouvances intégristes les plus radicales, chiite au Liban ou sunnite chez les Palestiniens : comment l’expliquer ?

Soyez nombreux à l’écoute dimanche prochain !

J.C

19 novembre 2009

L'ONU évolue !

Le sourire du mois
- novembre 2009

Ce blog n’étant pas centré sur l’actualité israélienne, je n’ai pas parlé encore du calamiteux rapport Goldstone ... la majorité des sites juifs francophones vous auront déjà fourni une copieuse documentation sur le sujet ! A noter aussi que, en revenant sur les archives de janvier - février 2009, vous trouverez une série d’articles répondant, « à chaud », aux accusations de crimes de guerre immédiatement adressées à Israël au moment de l’opération « plomb fondu ».

Mais il fallait quand même que j’évoque cette actualité : et j’ai trouvé que cette mini BD de « Dry Bones », traduite par nos amis de « Juif.org » (en lien permanent), résumait parfaitement les choses !

J.C

18 novembre 2009

Islamisation sournoise en Malaisie : même l’amour est interdit à Kuala Lumpur !

Carte de la Malaisie

L’islam radical avance en Malaisie : ce «dragon asiatique», en plein essor économique, est en train de se radicaliser et la tolérance dans les rues est de plus en plus contestée.

La Justice malaisienne vient d’ordonner la flagellation d’amants qui tentaient de faire l’amour dans une voiture. Ce n’est que l’un des derniers châtiments infligés aux Musulmans en Malaisie. Pour y échapper les amants ont payé une amende de 1500 $ chacun et rapproché la date de leur mariage. Ils pouvaient être condamnés à 3 ans de prison.

Pourtant, on a longtemps considéré la Malaisie comme un État modéré à majorité musulmane (60% de Musulmans sur 28 millions d’habitants) (1). Mais des verdicts de plus en plus sévères sont prononcés, se conformant à la loi musulmane, la Charia. Ainsi des coups de fouet pour l’usage d’alcool, notamment pour une femme qui buvait de la bière. La police religieuse sévit partout aujourd’hui et la Cour condamne à 6 coups de fouet et à un an de prison tout Musulman surpris à boire de l’alcool. La fameuse richesse de ce pays musulman présente un tableau trompeur de leur situation en matière de Droits de l’Homme.

En application du bizarre système d’apartheid de la Malaisie, tous les citoyens reçoivent à l'âge de 12 ans une carte d'identité appelée « MyKad ». Cette carte mentionne la race et la religion du titulaire, données qui sont tenues à jour par le « National Registration Department » (NRD). Tous les Malais sont automatiquement considérés musulmans.

La loi ne permet à aucun musulman de se convertir de l'Islam à une autre religion. Les tribunaux islamiques (tribunaux d’application de la Charia) sont seuls compétents pour les questions telles que l'apostasie, le mariage etc. Le NRD ne reconnaît pas les conversions de l'islam à une autre religion, à moins de produire un arrêt d’un tribunal islamique l’autorisant. Et jusqu'ici, ces tribunaux ont toujours refusé aux Musulmans d’apostasier. Des convertis célèbres comme Lina Joy et Kamariah Ali bataillent toujours contre les tribunaux pour que leurs soient reconnus le droit d’être "non musulmans". Un tel droit n'existe pas en Malaisie. L'article 11 de la constitution du pays déclare que quiconque peut pratiquer la religion de son choix. Toutefois depuis 1988, un amendement (1A) à l'article 121 a été fait, qui a déclaré que les tribunaux civils n'ont aucune compétence sur « n'importe quelle matière » qui relève de la juridiction des tribunaux islamiques.

La majeure partie des 13 États de la fédération de Malaisie ont adoptés la « Control and Restriction Bill » qui prévoit une amende de 10.000 ringits ($2.653) ou une peine d’un an de prison pour ceux qui « persuadent, invitent un musulman à quitter l'islam pour une autre religion. » Le 23 août, une semaine avant la fête de l'indépendance, Mohamed Nazri Aziz (2) , « Ministre auprès du Premier ministre » au sein du Cabinet du Premier ministre, ordonnait que l’application de la « loi constitutionnelle » qui interdit de propager d’autres religions que l’islam parmi les musulmans, soit renforcée dans tout le pays.

Dans ce pays présenté comme soi-disant moderne par rapport aux restes des pays musulmans, la religion est une affaire d’État qui est du ressort des gouvernements des États respectifs (de la fédération). Et ceux qui a critiquent l'Islam sont poursuivis en justice en application du « Sedition Act » ! Les peines prévues en cas de transgression du Sedition Act peuvent aller jusqu’à trois ans de prison avec une amende additionnelle pouvant s’élever jusqu'à 5.000 ringits ou 1.350$.

Confronté à l’islamisation croissante, l’islam radical avance dans ce pays, et les extrémistes exigent aujourd’hui que l’on retire les crucifix et détruise les statues chrétiennes dans les écoles des missions. La loyauté des écoles des missions a été mise en doute sur base de l’allégation sans fondement qu’elles refusent d’observer le congé de l’Aid el fitr et de fermer les écoles pendant cette fête. On a même proféré l’absurde accusation que les écoles des missions étaient administrées depuis l’étranger par les églises, y compris le Vatican.

Depuis son ralliement à l’islam au XVe siècle - pour des raisons économiques avant tout - la Malaisie a toujours été ouverte et tolérante envers les autres religions. Tout ne va pourtant plus de soi ! Depuis quelques années, le pays affronte une radicalisation croissante de l’islam politique. Certains musulmans rêvent en effet d’instaurer à l’ombre des palmiers une république islamique basée sur le modèle iranien.

Actuellement, deux États (sur treize que compte la fédération) sont aux mains du PAS, parti islamiste d’opposition. Piaffant aux portes du pouvoir, le parti a déjà rédigé un projet d’État islamique pour la Malaisie, fruit d’un équilibre complexe entre les partisans d’une république islamique totale et ceux qui souhaitent ménager l’importante fraction non musulmane de la population. Les prochaines échéances s’annoncent à haut risque pour la tolérante Malaisie.

Mais pour commencer, il parait que les extrémistes dans ce pays ont déjà réussi à faire un retour en force en imposant la loi musulmane, la Charia Ainsi des coups de fouet pour l’usage d’alcool sont de plus en plus courants dans ce pays. Et la police religieuse sévit partout aujourd’hui au Putra Center de Kuala Lumpur.

Ftouh Souhail,
Tunis

(1) Démographiquement, les Malais forment 50,8% des 26 millions d’habitants, suivis de 23,8% de Chinois, de 10,9% d’indigènes, de 7,1% d’Indiens et de 6,8% de citoyens non malaisiens. En termes de religions, 60% de la population est musulmane, avec 19,2% de bouddhistes, 9,1% de chrétiens, 6,3% d’hindous et 2,6% de confucéens (taoïstes). Les autres fois représentent seulement 2.8% du total démographique.

La Fédération de Malaisie est composée d’une péninsule (au sud de la Thaïlande) et des États de Sabah et Sarawak, au nord de l’île de Bornéo, qu’elle partage avec l’Indonésie. La Malaisie est relativement riche et moderne par rapport à ses voisins du Sud-Est asiatique.

16 novembre 2009

Claude Lévi-Strauss et l’islam : 3/3, mes réactions sur l’article de Sidney Touati

Introduction :
Ci-dessous mes réactions "à chaud", publiées sur FaceBook à propos de l’article de Sidney Touati que j’ai publié hier. Vous serez peut-être surpris par la virulence du style, qui change de ce que vous pouvez lire d’habitude sous ma signature et qui est réfléchi et relu plusieurs fois ... mais c’est un peu le "jeu" des débats sur de tels supports !
J.C

(...) Puis-je l'écrire ? Cet acharnement, à toute occasion, de taper à bras raccourcis, contre l'islam m'exaspère de plus en plus. Il témoigne aussi d’une réduction effroyable de l'univers mental à l'intérieur de notre communauté : dans le fond on se fiche totalement de savoir qui était Lévi-Strauss, ce qu'il a dit, écrit, pensé, etc. Non, ce qui compte c'est son rapport à l'islam, et là on a une grille toute prête : il critiquait, donc "gentil", il aimait, donc "méchant" !

Maintenant, autre point curieusement non abordé dans cet article de Guysen : les rapports de Lévi-Strauss avec la religion de ses pères, le Judaïsme, ou avec l'état d'Israël, ou avec la Shoah, autant d'évènements historiques dont il avait été le témoin à un âge plus qu'adulte : mais on sait que rien, peanuts (1), pas une expression de sa solidarité éventuelle ... pas important pour Sidney Touati, dans la mesure où il y a des citations anti-musulmanes à ramasser, à la poubelle tout le reste !

Alors il ne faudra pas s'étonner de lire, dans ce genre d'articles, un déchaînement d'amalgames : l'islam c'est ... les Talibans qui détruisent les Bouddhas de Bâmiyân, l'Iran des Ayatollahs, autant de régimes certes infects qui ont détruit les racines pré islamiques de leur pays. Mais curieusement, sont oubliés : la Tunisie, qui préserve merveilleusement le passé romain ou carthaginois du pays ; le Maroc idem pour le site de Volubilis ; la Turquie avec Ephèse, etc.

A propos des sociétés européennes rendues plus "viriles" (donc plus brutales) à cause de l'influence de l'islam, suite aux Croisades, deux remarques :
- il est peut-être évident pour Sidney Touati que les Croisés en route vers l'Orient et massacrant toutes les communautés juives au passage, étaient des doux humanistes (2) ;
- à propos d'un livre objet de mes deux prochaines émissions (3), j'ai lu exactement l'inverse : l'esprit chevaleresque, les troubadours, etc. étaient à l'origine des archétypes ni chrétiens, ni musulmans, mais persans, et ayant traversé l'Orient pour atterrir en Europe !

Et enfin pour le final : "Le nouveau contact avec l’Islam va-t-il conduire à une seconde défaite de l’Occident, cette fois définitive ?" ... no comment. Ou alors que M. Touati nous explique ce qu'il convient de faire : mettre fin à ce "contact" par une guerre civile en Europe ? Mobiliser toutes les marines de toute l'Europe pour expulser quelques 20 millions de Musulmans ? Déclarer la guerre à tous les pays du Sud, de la Méditerranée pour convertir leur population de force ? Sinon, c'est nous qui disparaissons ?

J.C

(1) : Lire à ce sujet quelques citations dans mon introduction à cette série d’articles
(2) : On pourrait aussi commenter la mention par Lévi-Strauss de "l'exigence chrétienne de dialogue" en rappelant ce que fut, jusqu'à Vatican II, la diabolisation du Judaïsme par l’Église Catholique, l'Inquisition, etc.
(3) : "Secrets initiatiques en islam et rituels maçonniques, Druzes, Ismaéliens, Alaouites, confréries soufies"de Jean-Marc Aractingi et Christian Lochon

15 novembre 2009

Claude Lévi-Strauss et l'islam : 2/3, l'article publié par Guysen News

Claude Lévi-Strauss et l’Islam
Par Sidney Touati pour Guysen International News


Claude Lévi-Strauss, le seul «Immortel » à avoir franchi la barre des cents ans, s’est éteint ce mardi 3 novembre 2009. Lévi-Strauss était la dernière grande figure de l’humanisme français. Sa mort nous donne l’occasion de redécouvrir l’oeuvre d’un des plus grands penseurs du XXème siècle et notamment son oeuvre la plus célèbre « Tristes tropiques ». L’ouvrage a été publié en 1955 et a connu un retentissement mondial.Le grand ethnologue français fait un compte rendu passionnant de son itinéraire personnel et professionnel étroitement lié aux grands évènements qui ont marqué le XXème siècle. Claude Lévi-Strauss termine sa longue traversée des civilisations, par une réflexion sur la rencontre des différentes grandes cultures en un même lieu, le site de Taxila. En cet endroit, tout à fait exceptionnel, « pendant quelques siècles, trois des plus grandes traditions spirituelles de l’Ancien Monde ont vécu côte à côte : hellénisme, hindouisme, bouddhisme ... A l’exception de la chrétienne, toutes les influences dont est pénétrée la civilisation de l’Ancien Monde sont ici rassemblées. Et conclut Lévi-Strauss : Où, mieux qu’en ce site qui lui présente son microcosme, l’homme de l’Ancien Monde, renouant avec son histoire, pourrait-il s’interroger ? ». (1)
L’auteur se penche sur ces grandes civilisations, leur relation tumultueuse, et en tire des conclusions qui éclairent la situation qui est la notre aujourd’hui. On ne peut qu’être frappé par la lucidité, la clairvoyance, la franchise qui imprègnent ses propos. Cette lecture vivifiante nous rappelle qu’il y a un temps pas si lointain, où la pensée critique pouvait s’exprimer librement dans notre pays et aborder tous les sujets. Elle nous fait prendre conscience, symétriquement, d’un combat pour la liberté de penser que nous avons quasiment perdu. Nous allons tenter ici, en rappelant ces quelques remarques de Lévi-Strauss sur l’Islam, de surmonter cette terrible défaite dont nul n’ose dire le nom ; montrer que l’esprit libre peut encore se manifester ; dépasser l’abdication honteuse et sombre dans laquelle la plupart de nos « élites » se complaisent.


Un appétit destructeur

En se promenant à travers les siècles et les civilisations, Lévi-Strauss se demande pourquoi cette séparation Orient-Occident. Comment expliquer cette terrible rupture qui a plongé le monde dans une spirale de guerre et de destruction? « Que serait aujourd’hui l’Occident si la tentative d’union entre le monde méditerranéen et l’Inde avait réussi de façon durable ? » (p. 458) Qu’est-ce qui a rendue impossible cette union ? La réponse est claire, c’est l’Islam. Le pessimisme de Lévi-Strauss est cependant nuancé ; la scission n’est pas totalement accomplie. Il est encore possible de faire tomber la barrière que l’Islam a dressée entre l’Orient et l’Occident. (p. 470)
Lévi-Strauss nous confie « C’était surtout l’Islam dont la présence me tourmentait ». Il évoque ce qui lui semble être la contradiction majeure de cette religion « l’Islam me déconcertait par une attitude envers l’histoire contradictoire à la nôtre et contradictoire en elle-même : le souci de fonder une tradition s’accompagnait d’un appétit destructeur de toutes les traditions antérieures » (p.459)
Cette attitude trouve son accomplissement dans la destruction en 2001 par le régime des Talibans, des bouddhas de Bâmiyân. Mais on la retrouve également dans la destruction par le régime Saoudiens des mosquées datant de la période ottomane ou dans la destruction de toutes les synagogues laissées aux palestiniens lorsque Israël a évacué la bande de Gaza.

La peur de l’autre

L’Occident possède, lorsqu’il est en accord avec ses racines, le souci de restituer le passé, d’en conserver les vestiges, quelles que soient les civilisations dont il s’agit. La diversité du passé est perçue comme une richesse. La connaissance, la compréhension de l’autre est au fondement même de la culture occidentale. Le Prophète préconise certes la « tolérance » mais explique Lévi-Strauss, cette exigence place les musulmans dans une situation de crise permanente : « en fait, le contact des non-musulmans les angoisse » (page 463)
Ils se sentent en danger lorsqu’ils sont confrontés à « d’autres genres de vie, plus libres et plus souples que le leur, et qui risquent de l’altérer par la seule contiguïté » (p.464).
Ce constat explique sans doute le véritable état de panique qu’expriment ceux que l’on appelle « intégristes » lorsqu’ils évoquent l’Occident et ses « moeurs corrompues ». Il suffit d’écouter les formules incantatoires du Président iranien, de prendre la mesure de la spirale du renfermement dans laquelle le monde arabo-musulman est engagée, pour mesurer à quel point le mode de vie occidental est perçu comme une menace permanente dont il faut se protéger, se couper, diaboliser et in fine, agresser par une propagande lancinante.
 
L’impuissance à nouer des liens au dehors


Lévi-Strauss qualifie l’Islam de « Grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révélation que sur l’impuissance à nouer des liens au dehors » (p.466)
Les chiffres concernant la publication et les traductions de livres étrangers, principalement occidentaux, confirment ce terrible jugement. Très peu de textes sont traduits en langue arabe. L’autarcie, le renfermement sur soi semblent être la norme d’un monde qui vit son rapport à la modernité sous l’angle de la défaite et de l’humiliation. Singulier contraste qui oppose la bienveillance universelle du bouddhisme, ou l’exigence chrétienne de dialogue, à l’intolérance musulmane. Ils (les musulmans) sont, précise Lévi-Strauss, « incapables de supporter l’existence d’autrui comme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l’abri du doute et de l’humiliation consiste dans une « néantisation » d’autrui ... » (p.467)
N’est-ce pas très exactement la conduite adoptée par les kamikazes islamistes ces dernières années ? Viser à la « néantisation » de ce qu’il leur apparaît comme « autrui ». Mais dans ce processus de renfermement, on assiste à une sorte de dislocation de l’Islam ; au développement d’un processus d’intériorisation de la haine qui se déplace et oppose ses différents courants. Ce sont des musulmans qui meurent de plus en plus, victimes de leur propre fanatisme.


Conflits insurmontables et solutions simplistes

« Tout l’Islam semble être, en effet, une méthode pour développer dans l’esprit des croyants des conflits insurmontables, quitte à les sauver par la suite en leur proposant des solutions d’une très grande (mais trop grande) simplicité. »(p.464)
Pour illustrer cette propension, Lévi-Strauss cite l’exemple du rapport à la femme. Comme beaucoup d’autres, le musulman est tourmenté par la question de la fidélité de ses épouses ou de ses filles. Mais à la différence des maris jaloux occidentaux qui inventent moult stratagèmes pour résoudre cette lancinante question, l’Islam préconise une solution très simple (trop simple ?) pour remédier à cette angoisse : il suffit de voiler les femmes, de les cloîtrer. Puis, du voile passer à la « burkah moderne, semblable à un appareil orthopédique.. »(p.465)
Mais cette solution n’en est pas une car « la barrière du souci s’est seulement déplacée, puisque maintenant il suffira qu’on frôle votre femme pour vous déshonorer, et vous vous tourmenterez plus encore. » (p.464)
Ainsi, d’un même mouvement, on fait de l’adultère un drame absolu auquel seul une solution d’une absolue simplicité peut faire face. Mais le problème demeure entier.


Un grand péril : l’islamisation de la France

Dès les années cinquante, Lévi-Strauss prend conscience du grand péril qui menace notre culture. Pour lui, la défaite de l’Occident est un fait qu’il constate depuis la lointaine époque des Croisades. Les chrétiens ont été battus par les musulmans non seulement au plan militaire, mais également au plan spirituel. Les chrétiens ont en effet emmené de leur lointaine expédition en terre d’Islam l’esprit guerrier, les valeurs « viriles » d’une société coupée des femmes : « Que l’Occident remonte aux sources de son déchirement : en s’interposant entre le bouddhisme et le christianisme, l’Islam nous a islamisé ... »
L’Occident s’est mis à ressembler à l’Islam. A compter du retour des croisades, en même temps qu’elle se militarise, la société occidentale exclut de plus en plus les femmes. La conséquence la plus dramatique de ce mimétisme : « C’est alors que l’Occident a perdu sa chance de rester femme »Nous commencions à peine, après des siècles obscurs, à sortir du carcan d’une société coupée en deux, dans laquelle hommes et femmes vivant séparés, sont violemment opposés dans des rapports où la force domine.Le nouveau contact avec l’Islam va-t-il conduire à une seconde défaite de l’Occident, cette fois définitive ?


(1) Toutes les citations sont issues de l’édition « Tristes Tropiques » publiée par Plon, collection Terre Humaine, 1955

14 novembre 2009

Claude Lévi-Strauss et l'islam : 1/3, Introduction

Claude Lévi-Strauss

Je n’avais pas l’intention d’évoquer Claude Lévi-Strauss, disparu il y a peu : a priori du hors sujet, par rapport à la thématique de mon émission et de ce blog ; et puis aussi, un minimum de modestie et de réserve, alors que je n’ai rien lu de lui ... et quand bien même tant de journalistes parlent avec beaucoup d’aplomb de sujets dont ils ignorent tout !

Mais je l’ai fait car mon attention a été portée il y a quelques jours par un article publié par le site Guysen News (en lien permanent) sous la signature de Sidney Touati ; et cela dans le cadre de FaceBook (dont je vous parle de temps en temps) : une des applications permet en effet de reprendre des articles, et de les faire commenter par des membres de son réseau. Et c’est ainsi que j’ai découvert cette publication qui m’a choqué, disons le tout de suite ... En effet, loin d’éclairer sur le grand ethnologue disparu, le « zoom » était mis sur ce que Lévi-Strauss avait écrit dans « Tristes tropiques » à propos de l’islam ; citations reprises avec comme intention première et exclusive de diaboliser, en bloc, et cette religion, et les populations qui s’en réclament !

J’ai donc pensé qu’il serait utile et nécessaire de vous le rapporter : l’article de Sidney Touati sera reproduit in extenso dans le « post » qui suit ; puis, dans la publication suivante, je reprendrai les commentaires que j’ai écrits « à chaud » sur FaceBook.

Mais en préalable, je trouve aussi utile de reprendre ici quelques lignes à propos des relations tout à fait distanciées que ce grand penseur a eu, sa longue vie durant, vis-à-vis de ses origines et d’Israël : merci pour cela à Charles L., qui m’envoie régulièrement des liens et extraits glanés sur le WEB - un petit travail qui aurait pu, aussi, être fait par nos excellents confrères de Guysen !

Comme tant d'autres, ce petit-fils de rabbin versaillais expérimente l'antisémitisme des années 1930.
« On m'a traité de sale juif dès l'école communale...» Et encore au lycée, où il répond par le coup de poing.
« Se découvrir subitement contesté par une communauté dont on croyait être partie intégrante peut conduire un jeune esprit à prendre quelque distance à l'égard de la réalité sociale, contraint qu'il est de la considérer simultanément du dedans où il se sent et du dehors où on le met.»
Une situation qui, si elle le mènera d'une certaine façon au «regard éloigné» de l'ethnologue, ne le poussera jamais au rejet d'une identité française que Lévi-Strauss revendiqua toujours « intégralement et exclusivement ».
« Je me sens concerné par le sort d'Israël, affirmera-t-il des années plus tard, de la même façon qu'un Parisien conscient de ses origines bretonnes pourrait se sentir concerné par ce qui se passe en Irlande : ce sont des cousins éloignés ... »

J.C

12 novembre 2009

Pas d’émission le dimanche 15 novembre … rendez-vous le 29 !


L’illustration de cette info explique le reste : les grandes institutions de la communauté (F.S.J.U et Consistoire, unis pour l’occasion) lancent, comme chaque année à la même période, une vaste campagne de collecte au profit des nécessiteux : elle s’étalera sur plusieurs semaines, mais dimanche 15 novembre, toutes les radios de la fréquence juive bousculeront leur programme habituel au profit d’un « radiothon ».

« Rencontre » étant diffusée les dimanche des semaines paires, le prochain rendez-vous est donc fixé au dimanche 29.

Pour avoir plus d’information sur cette campagne, visiter le site à cette adresse

J.C

11 novembre 2009

« Week-end judéo musulman » du 13 au 15 novembre

A l'appel de l'A.J-M.F - « Amitié judéo musulmane de France », dont j’ai souvent parlé sur ce blog, voir en libellé -, le plus grand nombre d'associations juives et musulmanes, synagogues et mosquées sont invitées à prendre part à l'initiative internationale lancée par la « Foundation for Ethnic Understanding ».Cette fondation propose de faire visiter des mosquées à des juifs, des synagogues à des musulmans et d'organiser des rencontres intellectuelles et festives.

En pratique, ce week-end comprendra :
- des « portes ouvertes synagogues - mosquées - centre communautaires juifs et musulmans ;
- des visites de délégations juives dans les mosquées le vendredi 13 ;
- des visites de délégations musulmanes dans les synagogues le samedi 14 ;
- des manifestations culturelles et festives le dimanche 15.
Les Synagogues, Communautés et Mosquées qui ont prévu d'y participer sont les suivantes :
Communauté juive d'Aix en Provence - Communauté musulmane Marocaine d'Aix en Provence
Communauté juive de Clamart - Mosquée de Clamart
Communauté juive de Colombes - Mosquée Mohamed V
Communauté juive de Drancy - Mosquée de l'Imam Chalghoumi
Communauté juive du Raincy - Mosquée de Montfermeil
Communauté juive de Levallois - Mosquée de Levallois
Association culturelle judéo-musulmane de Montpellier le dimanche 15/11
Communauté juive de Boulogne - Mosquée Badr de Boulogne
Communauté juive de Cannes - Mosquée de Cannes
Communauté juive de Nanterre - Mosquée de Nanterre
Communauté juive de Versaiilles - Mosquée Dar El Ijra de Versailles
Communauté juive de Paris XIXe - Mosquée rue Polenceau
Communauté juive de Ris Orangis - Mosquée de Ris-Orangis
Communauté juive de Vichy - Mosquée de Vichy
Communauté juive de Meaux - Mosquée de Meaux
Communauté juive de Saint Ouen - Mosquée de Saint Ouen
MJLF Rabbin Daniel Fahri XVII - Mosquée de Paris XXe
Communauté juive du Blanc-Mesnil - Mosquée de Blanc-Mesnil
Communauté juive de Puteaux - Mosquée Puteaux
Communauté juive Paris 9 rue Buffault - Mosquée du 9E.
Communauté juive Paris XVIIIe - Mosquée El Fadr Paris XVIIIe
Mouvement AJTM Rab G. Fahri paris xv - Mosquée Paris XXe rue Marey
Plus d’informations en contactant l'A.J-M.F au 01 69 43 07 83 ou par mail ajmf@neuf.fr

Je reviendrai peut-être plus tard sur cet évènement, en espérant recevoir des photos provenant des reportages qui y seront faits ... une bien belle initiative, en tout cas, et qui va à l’encontre des horreurs en provenance de Beyrouth dont je parlais lundi dernier. 

J.C