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31 janvier 2010

Tsipi Livni au Maroc !



Photos inédites de Tzipi Livni au Maroc,
novembre 2009

Photo pas vue

Mon ami Souhail Ftouh signe, sur plusieurs blogs et site juifs ou sympathisants d’Israël des articles qui font chaud au cœur ... et aident à ne pas se décourager d’une future réconciliation judéo-arabe. Cela ne sera pas pour demain, mais le Maroc donne certainement l’exemple, et cela depuis longtemps.

Je n’ai pas parlé ici du voyage de Tzipi Livni au Maroc à la fin du mois de novembre, à l’invitation d’un « think tank » local (l’institut « Amadeus »), pour des journées consacrées à la coopération en Méditerranée : on aura lu ici et là des articles sous la signature de Souhail Ftouh, en particulier celui-là. J’en profite pour vous inviter à découvrir, à travers ce lien, le blog nommé « Tunisie-Israël » qui publie régulièrement des articles de notre ami, blog qui est édité en Israël et « alimenté » depuis Tunis.

Souhail vient de publier des photos exclusives de ce voyage : avec son autorisation, j’en ai reprises trois ici. La chef de l’opposition israélienne, ex-Ministre des Affaires Etrangères, poursuivie comme « criminelle de guerre » par tous les soutiens des islamistes ... en train de visiter les boutiques d’artisanat d’un pays arabe, voilà qui est particulièrement réjouissant ! 

J.C

28 janvier 2010

Encore cinq nouveaux podcasts à écouter : merci Lucien !

Comme le savent bien les lecteurs fidèles du blog, vous avez la possibilité d’écouter en différé mes émissions sur le site :http://jean.corcos.free.fr/.
La réalisation de ces « podcasts » est l’œuvre de Lucien Pesnot, le sympathique technicien du soir, qui réalise les enregistrements (comme c’est le cas de la plupart de mes numéros, qui passent rarement en direct).

Cinq nouvelles émissions sont disponibles, elles recouvrent la période octobre à janvier. Voici quels étaient les sujets et les invités :

18 octobre 2009
Sujet :« Peut-on rire de Ben Laden ? »
Invité : Mohamed Sifaoui

1er novembre 2009
Sujet : « Une enfance brisée au pays des Ayatollahs »
Invité : Firouz Nadji-Ghazvini

29 novembre 2009
Sujet : « Des Druzes aux Alouites, minoritaires dans un Proche-Orient en conflit »
Invité : Christian Lochon

13 décembre 2009
Sujet : « Soufis, Ismaéliens et confréries dans le monde musulman »
Invité : Christian Lochon

17 janvier 2010
Sujet : « Iran, la bombe en 2010 ? »
Invité : Bruno Tertrais

Vous trouverez les descriptifs de ces numéros sur les libellés "'émission 2009" et "émission 2010" ... bonne écoute !

J.C

27 janvier 2010

Après la nouvelle agression contre l’imam de Drancy : émotion et solidarité

L'imam Chalghoumi, debout au milieu de la photo
Assis à sa gauche : Sammy Ghozlan et le rabbin Michel Serfaty

C’est bien sûr avec beaucoup d’émotion que j’ai appris la nouvelle agression dont a été victime Hassen Chalghoumi, imam de Drancy. Emotion, car je connais un peu l’imam de Drancy qui a été mon invité à Judaïques FM, en octobre 2008 (lire sur ce lien). En cliquant sur son nom en libellé, vous y découvrirez - pour ceux qui ne le sauraient pas encore - d’abord son exceptionnelle sympathie envers ma communauté, qui l’a amené à avoir un Juif comme collaborateur, mon ami Bernard Koch ; ensuite, le fait qu’il a déjà, hélas, été agressé et menacé par des fanatiques ...

Mais d’abord un rappel des faits, résumés dans cet article publié le mardi 26 janvier sur le site du journal « Le Monde ».

« Lundi un « commando » s'est introduit dans la mosquée de Drancy (Seine-Saint-Denis) et a proféré des menaces à l'égard de l'imam Hassen Chalghoumi, connu pour ses bonnes relations avec la communauté juive. « Un commando de quatre-vingt personnes, le visage non masqué, a fait irruption dans la mosquée, où se trouvaient quelque deux cents fidèles. Ils ont forcé le passage et se sont emparés du micro après une bousculade. Ils ont alors adressé des menaces et des anathèmes à l'adresse de l'imam, le traitant de « mécréant », « d'apostat » et affirmant : « On va liquider son cas, à cet imam des Juifs », raconte un conseiller de la Conférence des imams.

L'imam Hassen Chalghoumi s'est dernièrement déclaré favorable à une loi interdisant la burqa en France, mais en l'assortissant d'un travail pédagogique. Alors qu'il poursuit un dialogue avec les autres religions, « certains ne lui pardonnent pas d'avoir accueilli dans sa mosquée, chaussures enlevées, le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France, ndlr) », Richard Prasquier, a ajouté ce conseiller.
Selon lui, M. Chalghoumi a aussi été l'objet récemment d'une « provocation », voyant entrer, pour la première fois dans sa mosquée, « trois personnes entièrement voilées auxquelles il a posé des questions, mais qui n'ont pas répondu, de sorte qu'il s'est demandé s'il avait affaire à des femmes ou à des hommes ».
Evoquant les « anathèmes » portés contre l'imam Chalghoumi, le conseiller a ajouté : « Il n'y a pas besoin de faire bac + 5 pour comprendre que les termes employés équivalent à une fatwa », et le dépôt d'une plainte est « à l'étude ». Il a mis en cause les Frères musulmans, affirmant que le commando appartenait à « un groupuscule nommé « Cheikh Yassine » (fondateur du Hamas, tué en 2004 dans un raid israélien, ndlr), sous obédience des Frères musulmans, manipulé par l'UOIF (Union des organisations islamiques de France, ndlr) ».

Fouad Alaoui, président de l'UOIF, interrogé par l'AFP, a démenti toute implication, s'interrogeant sur « ce qui permet à l'entourage de l'imam » de porter ses accusations. M. Alaoui « condamne l'agression contre l'imam de Drancy », tout en estimant que ce qu'il s'est passé « n'est pas très étonnant ». « Nous l'avons mis en garde à plusieurs reprises pour qu'il équilibre ses paroles parce qu'il risquait d'attirer les réactions des extrémistes. »
De leur côté, le Conseil des communautés juives de Seine-Saint-Denis et le Conseil des communautés juives de l'Ile-de-France ont exprimé « leur émotion » et « leur solidarité » à l'imam, parlant de « faits graves et inquiétants ». Ils demandent au ministère de l'intérieur et au préfet « d’identifier rapidement les auteurs » et de procéder à la « dissolution » de leur groupe. »


Laissons donc la police faire son enquête, et découvrir les vrais coupables - ceci étant, la remarque du président de l’UOIF ne manque pas de culot en parlant « d’équilibre »: on se souvient que Hassen Chalgoumi, accompagné du Rabbin Michel Serfaty, président de « L’Amitiés Judéo-Musulmane de France », s’était rendu au Proche Orient au lendemain de l’opération israélienne à Gaza : le territoire palestinien, mais aussi la ville israélienne de Sderot, victime des bombardements depuis des années, avaient également été visités : mais pour les banderoles des supporters du Hamas - derrières lesquelles avait défilé Fouad Alaoui il y a un an - Gaza fut « le pire génocide de l’Histoire » ...

Solidarité donc de la communauté juive après ces menaces, et elle est bien naturelle : on lira ainsi en lien le communiqué signé par mon ami Sammy Ghozlan, qui connaît bien l’imam de Drancy, son « voisin du neuf-trois » (voir photo), mais aussi la tribune émouvante publiée par Marc Knobel sur le site du CRIF. Me vient quand même à l’esprit une réflexion, à la fois juste et insupportable, publiée par un ami musulman sur ma page FaceBook à propos de cette affaire :
« Lorsqu'un imam ou autre musulman est menacé, un soutien juif, aggrave ces menaces. Effectivement, les intégristes diront « comme vous voyez c'est un collaborateur pro sioniste » »
Ce qui m’a inspiré cette réponse :
« Vous avez raison de dire que, aujourd'hui, « un soutien juif aggrave les menaces » ... raison de façon factuelle, mais moralement c'est insupportable ! Les Juifs ne sont pas la lie de la Terre, et si on doit avoir peur de leur soutien, alors cela veut dire que les nazis de notre époque sont déjà aux commandes ... En fait, je le comprends ainsi : si SEULS les Juifs soutiennent cet imam, alors effectivement cela ne l'aidera pas. Mais si des hommes et femmes de bonne volonté, de toutes les religions ou incroyants, se serrent les coudes pour l'aider, alors cela sera efficace ! »

Il reste donc à espérer une vraie solidarité, et une réaction énergique des autorités : en tout cas, cette affaire a déjà été largement médiatisée, comme ce fut le cas de l’agression récente subie par l'actrice franco-algérienne Rayhana ... et, au moins, les intimidations des salafistes ne se font plus dans un silence complice.

25 janvier 2010

Des histoires de compteur

Statistiques de visites du blog pour l'année 2009
(cliquer sur l'image pour agrandir)


Allez, on va risquer un jeu de mot ! J’aime vous "conter" des histoires diverses, sous ma plume, celle d’un collaborateur de la presse ou piquées sur une autre site ... mais "compter", il ne faut pas trop abuser du genre : sauf que les "compteurs" dont je vous ai souvent parlé me permettent de suivre mon audimat ; il faut dire aussi que je n’abuse pas trop du genre, mon dernier point sur le sujet datant du 30 septembre.

Je voulais d’abord vous faire part d’un grand bonheur, qui sera je l’espère confirmé les prochains mois : le "mur" des 120 visites / jour contre lequel venait buter mon audimat depuis quelques temps semble bel et bien enfoncé, voir l’illustration tirée du compteur "sitemeter" (la petite icône en bas à droite), qui montre que les visites ont régulièrement dépassé les 4000 depuis le mois de septembre - y compris en décembre, où pourtant le blog est resté au repos plus de la moitié du temps. Et pour ce qui est des prochaines semaines en tout cas, cette tendance se confirme joyeusement puisque vous êtes environ 150 à venir quotidiennement sur le blog !

Deuxième bonne nouvelle, mais là l’évolution est plus lente ... peu à peu la collection de petits drapeaux illustrant les pays - d’où, un jour ou quotidiennement, on est rentré sur mon blog - continue de s’étendre : 171 items enregistrés, mais en fait en éliminant les adresses inconnues ou les dépendances de pays (comme les DOM/TOM pour la France ou Hong Kong pour la Chine), on relève 157 états ou principautés indépendantes, de la Russie à Monaco en passant par la République Centre Africaine, et du Pérou au Singapour en passant par le Koweït : pas encore les 192 membres de l’ONU, mais tous les continents sont largement représentés.

Troisième nouvelle, que j’ai découverte par hasard et qui m’a surpris : j’ai installé le compteur "neocounter" (celui des petits drapeaux) en mars 2006, soit environ 10 mois après avoir installé le premier (sitemeter) : à ce moment là, le total des visites approchait les 10.000. Or, le compteur le plus récent a dépassé le premier à la fin 2009, et ce phénomène va bien sûr s’accentuer au fil des mois : la raison doit venir d’une différence de paramétrage, "sitemeter" ne devant enregistrer les visites qu’au-delà d’un certain temps : moralité, le total des personnes ayant atterri à cette adresse depuis mai 2005 doit en fait avoir déjà dépassé les 175.000 ... mais ne nous noyons pas dans des "comptes d’apothicaire" ou des "contes à dormir debout" ! Juste pour l’info, je me réfèrerai donc au compteur "neocounter", pour fêter les futurs « caps » du blog ; mais je conserve le compteur "sitemeter" pour toutes les riches informations qu’il permet par ailleurs ; et pour compter les "pages ouvertes" ... un total qui dépassera les 250.000 cette semaine.

J.C

23 janvier 2010

Les relations avec les Arabes vues de Tekoa : Méir Ben-Hayoun sera mon invité le 31 janvier

Méir Ben-Hayoun
L’émission de dimanche prochain sera originale à plusieurs titres : comme vous le savez, ma série diffusée sur la fréquence juive de Paris se différencie de ce que l’on peut y entendre d’habitude, d’abord parce que les sujets abordent rarement de front le conflit israélo-palestinien ; ensuite, parce que la plupart de mes invités ne sont pas juifs, beaucoup sont même musulmans, mais dans tous les cas je ne les invite que par rapport à leur compétence pour le thème abordé ; même si les personnes reçues ne sont pas toujours célèbres, il s’agit souvent de journalistes, écrivains ou experts ; enfin, et même si je peux sortir par moment de ma neutralité, je me trouve rarement en opposition totale avec mes invités sur le plan des idées. Or, cette prochaine émission va être complètement différente des numéros habituels de « Rencontre ». Mon invité sera en effet Méir Ben-Hayoun, un habitant de l’implantation de Tekoa qui se trouve en Judée à proximité de Jérusalem. Nous-nous sommes connus de façon personnelle, dans la mesure où il est entré dans mon réseau sur FaceBook ; et je dois constater que beaucoup de mes contacts en Israël, francophones comme lui, ont ses opinions sur la question des Territoires, opinions qui sont aux antipodes des miennes. Il est en effet un militant de ce qu’on appelle le « mouvement des implantations », et il m’a écrit un jour : « le courant d’opinion que je représente n’arrive jamais à s’exprimer sur les ondes de la fréquence juive », sous-entendu « on a peur de le laisser s’exprimer ». Je relève donc ce « défi », étant donné que, comme mes questions le démontreront, il ne s’agit ni de renier ma ligne qui est celle de notre radio, ni de faire une émission « guet-apens » : mes questions seront autant d’arguments, qu’il pourra contester avec des contre arguments.

Parmi les questions que je poserai à Méir Ben-Hayoun :

- Quels ont été ses rapports personnels avec les Arabes : Arabes du Liban, puisqu’il a été amené à les combattre dans le cadre de la guerre de 1982, mais aussi Arabes palestiniens, puisqu’il les a côtoyés au quotidien depuis des décennies, dans son implantation et dans les villages alentours, et cela dans les périodes de coexistence : n’a-t-il aucun échange amicaux avec eux ? Et ne pense-t-il pas que des contacts personnels peuvent aider à dépassionner le conflit ?

- Que pense-t-il de personnalités comme le Rabbin Frouman, qui vit lui aussi dans l’implantation de Tekoa, et qui croit que la Paix ne peut se faire qu’entre les religieux des deux camps - il a même eu des contacts avec le Hamas ? A propos du démantèlement des implantations illégales : les appels à la désobéissance lancés vers les jeunes conscrits de Tsahal par certains religieux, comme le Rabbin Melamed de la « Yeshiva Hesder », ne sont-ils pas une menace lourde pour la démocratie israélienne ?

- Son courant politique fait reposer toute la légitimité d’Israël sur des fondements religieux, en s’appuyant sur une interprétation de la Torah qui réclamerait l’intégralité et l’exclusivité d’Eretz Israël pour le peuple juif : or, ce discours est totalement inaudible en Europe, où les sociétés sont déchristianisées et laïques. Aux USA, il a une audience chez les Évangélistes, mais sont-ils vraiment des alliés crédibles, surtout lorsque les Républicains ne sont pas au pouvoir ? Et si l’argument est purement religieux, comment obliger la communauté internationale à s’aligner sur une revendication au nom d’une confession ultra minoritaire ?

- Vous proposez d’annexer la Judée-Samarie, c'est-à-dire d’ajouter deux millions d’Arabes à la population d’Israël : Or, si on refuse d’en faire des citoyens à part entière, la comparaison entre l’état juif et l’Afrique du Sud de l’apartheid deviendra difficile à contester, et la propagande palestinienne, qui est très active et très subtile, joue déjà sur ce registre ; si on en fait des citoyens israéliens, alors la démographie fera que rapidement Israël ne sera plus un état juif ; et si on espère les chasser et donc faire un « nettoyage ethnique », outre le fait que ce serait trahir toutes les valeurs morales du Judaïsme, il est clair que la communauté internationale ne le permettra pas, et qu’elle a les moyens de briser les reins du pays ; que répondre face à de tels arguments ?

J’espère que vous serez nombreux à l’écoute dimanche prochain sur ce sujet, qui déchaîne particulièrement les passions dans ma communauté !

J.C

21 janvier 2010

Haïti, Israël et les Américains, par Gérard Akoun


Les auditeurs des radios juives sont, probablement, les seuls en France à avoir pu prendre la pleine mesure de l’action menée par les sauveteurs israéliens en Haïti. Des l’annonce du terrible séisme qui a ravagé l’île, l’état d’Israël a envoyé des équipes de sauveteurs spécialisés dans le secours aux victimes de telles catastrophes, naturelles ou non ; des chirurgiens, des infirmiers, des para médicaux, mais aussi des sapeurs du génie avec leur chiens pour rechercher les victimes encore en vie, ensevelies sous les ruines des bâtiments. Des leur arrivée, le samedi 16, un hôpital de campagne très spécialisé était installé, le seul alors en état de fonctionner, qui a permis d’opérer et de soigner de très nombreux blessés, des Haïtiens surtout, dont certains avaient été dégagés des décombres par des sauveteurs portant l’uniforme de l’armée israélienne. Faut-il voir dans cet uniforme la raison du silence des médias, un silence à peine troublé par quelques informations succinctes dans les journaux télévisés ou les dépêches d’agence ? Le dévouement des soldats de Tsahal, des réservistes en majorité, a suscité l’admiration des Haïtiens et leurs remerciements n’ont pas manqué, d’autant que les Israéliens - contrairement à d’autres dont il faut aussi saluer la diligence -, n’avaient pas de nationaux à secourir, et ont pu, ainsi, diriger tous leurs efforts vers la population locale. Mais que voulez vous, autant les médias se précipitent pour dénoncer Israël, quelque fois à juste titre, sans lui accorder de circonstances atténuantes, autant ils ont du mal, c’est le moins que l’on puisse dire, à lui rendre hommage quand il le mérite.
Heureusement, pour nos médias nationaux, il leur restait les Etats Unis et l’occasion de donner libre cours à leur anti-américanisme primaire. Les premiers jours, tout le monde se félicitait de la rapidité avec laquelle Barack Obama avait réagi, de l’ampleur des moyens en hommes et en matériel mis en oeuvre pour porter secours aux Haïtiens, et tout le monde était bien obligé de reconnaître que seul les Américains étaient capables d’intervenir aussi vite et aussi efficacement, à tous les niveaux d’un pays dévasté, dans lequel l’état s’est effondré. Ils y jouent un rôle essentiel et cela peut entraîner des frictions avec les représentants des autres pays qui participent aux secours, comme on a pu le constater avec l’utilisation de l’aéroport. Les militaires américains ont pris la direction des opérations, sans faire montre, il est vrai, de beaucoup de diplomatie. Il fallait rendre à nouveau l’aéroport opérationnel pour permettre l’acheminement des secours par la voie des airs, ils se sont donc installés dans la tour de contrôle, ont remis en état les pistes et organisé le trafic aérien en accordant une priorité aux avions américains qui s’est faite, il faut le reconnaître, au dépens de ceux des autres pays. Mais de là à déclarer, à propos de l’attitude des Américains, je cite « il s’agit d’aider Haïti, il ne s’agit pas de l’occuper » comme s’est permis de le faire le Secrétaire d’état à la coopération, Alain Joyandet, il y a un pas de trop qui a été franchi et qui a obligé le Président de la République à corriger le tir, en rendant un hommage appuyé aux Américains et à leur Président. La seule arrière pensée qui pourrait guider les Américains dans leurs actions en faveur des Haïtiens serait de les aider à reconstruire leur pays pour éviter qu’ils ne pénètrent légalement ou illégalement aux Etats-Unis, et les Français partagent la même inquiétude en ce qui concerne la France : même les blessés graves haïtiens sont accueillis au compte goutte en Martinique, on préfère les soigner en Haïti !
Un grand élan de solidarité s’est manifesté, ne le laissons pas retomber, ne le laissons pas se perdre en vaines querelles.

Gérard Akoun
Judaïques FM, le 21 janvier 2010

20 janvier 2010

Abdurrahmane Wahid : décès d’une figure musulmane tolérante et courageuse

Le président indonésien Abdurrahman Wahid

J’ai appris avec tristesse le décès, le 30 décembre, de l’ancien président indonésien Wahid : à la tête du plus grand pays musulman du monde pendant deux petites années à l’aube de notre siècle, il n’eut pas le temps, hélas, d’imposer sa marque à ce pays. Peu de gens le savent, il défendit avec courage l’ouverture de relations diplomatiques avec Israël, ce qui lui fut durement reproché et ne pu aboutir. Mais il ne s’agissait pas d’une lubie particulière, car une fois de plus se trouve illustrée une vérité toujours confirmée : parmi les Musulmans, ce sont les tenants d’un islam tolérant, ouvert au dialogue avec les minorités et les autres religions qui reconnaissent la légitimité de l’état juif, et qui croient en la paix !
Ci-dessous l’article hommage publié dans le journal « Le Monde ».

Plusieurs milliers de personnes ont assisté, jeudi 31 décembre, à Jombang (Java), aux funérailles de l'ancien président indonésien Abdurrahman Wahid, témoignant du respect qu'ils portaient à ce partisan d'un islam tolérant qui fut, de 1999 à 2001, à la tête du pays musulman le plus peuplé du monde.

Connu sous le surnom de Gus Dur, cet intellectuel musulman, presque aveugle, avait été la grande figure de l'opposition au général Suharto chassé du pouvoir, en 1998, après trente-deux ans de dictature. Il lui avait succédé, en octobre, l'année suivante, ouvrant la voie à une ère de pluralisme et de démocratie dans son pays.
Agé de 69 ans, Abdurrahman Wahid était en mauvaise santé depuis plusieurs années : diabétique, il avait été victime d'attaques cérébrales successives. Il est décédé à Jakarta le 30 décembre.
Intellectuel et mélomane
Né le 7 septembre 1940 dans une grande famille musulmane de Jombang qui avait combattu pour l'indépendance, cet intellectuel défenseur de la tolérance éthique et religieuse présida l'un des plus grands mouvements musulmans du pays : la Nahdlatul Ulama (NU) qui compte 40 millions de membres.
Il avait été élu chef de l'Etat par le Parlement en 1999, l'emportant sur la candidate alors la mieux placée, Megawati Sukarnoputri. Mais il avait dû quitter le pouvoir en 2001, à la suite d'un vote de défiance de ce même Parlement sur fond d'allégations de corruption qui n'ont jamais été prouvées.
Homme de grande culture, parlant plusieurs langues, mélomane, Abdurrahman Wahid était connu pour ses plaisanteries, ses discours improvisés et des déclarations parfois énigmatiques mais souvent non dénuées d'humour.
Impulsif et parfois imprévisible, paraissant somnoler lors d'événements officiels, il a dirigé l'Indonésie au cours d'une période de transition démocratique marquée par une grave crise économique et des violences séparatistes et intercommunautaires, notamment à Aceh ou dans les îles Moluques. Le 25 décembre 2000, des attaques terroristes coordonnées dans des églises à Jakarta et dans des villes de province, attribuées à l'organisation Jemaah Islamiyah, avaient causé la mort de dix-huit personnes.
Tout en luttant contre les extrémistes de tous bords, Abdurrahman Wahid a toujours cherché le dialogue avec les séparatistes. Une approche conciliante qui lui valut les critiques des militaires. Partisan de la tolérance religieuse, il répondait à ses adversaires : "Ceux qui me jugent pas assez musulman doivent lire le Coran : l'islam est en faveur de l'inclusion et de la tolérance." "Le président Abdurrahman Wahid était musulman mais il fut une bénédiction pour toutes les confessions", a déclaré au journal Jakarta Post l'archevêque de la capitale, Julius Darmaatmadja, dans un hommage au président défunt.
Défense de Salman Rushdie
Abdurrahman Wahid avait été l'un des rares intellectuels indonésiens à défendre Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques. Il s'était en outre attaqué à un tabou en Indonésie en appelant à l'établissement de relations diplomatiques avec Israël.
Au cours de sa présidence, il s'était rendu au Timor-Oriental pour s'excuser auprès de la population des atrocités commises par son pays et il avait essayé sans succès de mettre en place une commission de paix. Il limogea, en revanche, son ministre chargé de la sécurité, le général Wiranto, qui avait commandé les troupes au Timor-Oriental au moment des massacres de 1999.
Dans les dernières années de la dictature de Suharto, Abdurrahman Wahid ne ménageait pas ses critiques mais, en raison de sa position et du respect que lui portaient beaucoup d'Indonésiens dont témoigne l'émotion provoquée par sa mort, il avait bénéficié d'une certaine immunité.
Malgré la détérioration de son état de santé, il était resté actif sur la scène politique au point de proposer en septembre 2007 de faire à nouveau campagne pour la présidence en 2009 si les chefs de son mouvement le lui demandaient. Sa proposition était restée sans suite.

Philippe Pons
« Le Monde », 2 janvier 2010

18 janvier 2010

Le plus grand houmous du Monde !

Le houmous entré au Guinness des records

Le sourire du mois
- janvier 2010

« Une cinquantaine de chefs ont confectionné vendredi plus de quatre tonnes de houmous, mets populaire du Proche-Orient, dans le bourg arabe israélien d'Abou Gosh, près de Jérusalem, pour battre le record Guinness de la spécialité jusque là détenu par le Liban.
Le record a été homologué par un juge du Livre Guinness alors que la platée de houmous, large de six mètres, affichait 4.087,5 kilos sur la balance.
Les cuisiniers ont allègrement mélangé une gigantesque pâtée de purée de pois chiches, de graines de sésame, d'ail et des litres d'huile d'olive et de jus de citron.Le précédent record - de quelque 2 tonnes - appartenait depuis le 24 octobre dernier au Liban qui a, semble-t-il, d'ores et déjà l'intention de prendre sa revanche. » (...)

Cliquer sur ce lien pour lire l’intégralité de la dépêche A.F.P relative à cette souriante information !

J’ajouterais quelques commentaires personnels :

- le village d’Abou Gosh (lire sur Wikipedia), dans la banlieue de Jérusalem, est connu pour ses liens d’amitiés avec la population d’Israël : des liens qui datent d’avant la guerre d’indépendance de 1948, et qui expliquent notamment que ses restaurants soient fréquentés par la population de la capitale ;
- spécialité d’Abou Gosh, justement, le ... houmous, objet de ce record ;
- un record israélien grâce à un village arabe, voilà qui me réjouit naturellement et doit faire enrager les pires racistes chez les uns comme chez les autres ;
- enfin, je me réjouis encore plus de voir les Libanais - ou du moins ceux d’entre eux qui haïssent leur voisin, mais qui doivent être quand même une large majorité - prendre une claque pour l’occasion. Comme le rappelle la dépêche, « l'Association des industriels libanais réclame que cette spécialité soit labellisée comme un plat spécifiquement libanais » ; elle avait même menacé Israël d’un (mauvais) procès : il est vrai que ce n’est pas dans le domaine du « High Tech », des nanotechnologies, de l'aerospatial, de l’énergie solaire ou de la recherche médicale que les jaloux du Nord risquaient d’entrer en compétition avec l’état hébreu !

J.C

17 janvier 2010

L’alliance israélo-égyptienne va bien, par Souhail Ftouh


Le Premier Ministre israélien Benyamin Nétanyahou s’est rendu le mardi 29 décembre en Egypte pour y rencontrer le président Hosni Moubarak. L’objectif déclaré du voyage était de relancer le processus de paix au Proche-Orient. Accompagné par son ministre de l'industrie et du commerce, Benjamin Ben Eliezer, le chef de l’exécutif israélien a discuté de la façon à relancer le processus de paix avec les Palestiniens, et des efforts pour libérer Guilad Shalit, un appelé israélien capturé en juin 2006 par des terroristes à la lisière de la bande de Gaza. Le processus de paix est au point mort depuis l'opération défensive israélienne de l'hiver dernier dans la bande de Gaza, mais l'Egypte mène des concertations diplomatiques en vue de relancer les discussions.

La visite de M. Netanyahu au Caire, la première depuis septembre, semble être très positive pour les deux pays. Dans un communiqué, le bureau de M. Netanyahu a qualifié les entretiens « d’amicaux ».

Même satisfaction coté égyptien : « les entretiens ont été extrêmement positifs », a déclaré à la presse le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit , qui a indiqué qu'il se rendrait à Washington la première semaine de janvier. L'Egypte a salué la volonté du Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu, en visite au Caire, de relancer les négociations de paix avec les Palestiniens : « Nous avons remarqué que le Premier Ministre israélien veut bouger vers une reprise des négociations, et nous insistons sur la nécessité de parvenir à une entente sur les bases des négociations », a-t-il ajouté. L'Egypte a également indiqué qu'elle voulait un calendrier de discussions. Des diplomates au Caire ont affirmé que l'Administration américaine préparait deux lettres de garanties destinées aux Palestiniens et à Israël, qui devraient servir de base à une relance des négociations. Selon une déclaration de diplomates égyptiens à l'AFP au Caire, l'envoyé spécial de l'administration Obama, George Mitchell, prépare un document de garanties qui vont être fournies par les Etats-Unis à l'Autorité Palestinienne et à Israël, pour leur permettre de reprendre les négociations de paix.

Israël a fait le nécessaire pour relancer le processus de paix, en proposant une suspension partielle des implantations en Judée Samarie. La responsabilité du blocage actuel revient aux Palestiniens. Ce moratoire de 10 mois, courageux et sans précédent, est censé convaincre les Palestiniens de reprendre le dialogue interrompu depuis la fin 2008. Le 25 novembre dernier, après l’annonce du gel des constructions dans les implantations juives de Judée et Samarie à Washington, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est en effet félicitée de cette annonce du gouvernement israélien, en soulignant que la mesure va aider à avancer vers la résolution du conflit. Les Européens ont aussi salué l'offre de M. Netanyahu, la France a même parlé d'un « pas dans la bonne direction ».

En revanche, la proposition israélienne s'est vue opposer, comme attendu, une fin de non recevoir des Palestiniens. Les responsables égyptiens ne peuvent pas nier aussi que 80 % des Israéliens sont en faveur de la solution de deux Etats, même s’il y a de nombreuses questions à régler, comme les frontières, Jérusalem, la sécurité, les réfugiés. La question de l’occupation est solvable, mais le problème est que Palestiniens ne veulent pas reconnaître Israël comme l’état du peuple juif.

Le Président égyptien sait que tant que les Palestiniens sont divisés, un accord avec Israël est impossible puisqu’il y a à présent deux entités politiques palestiniennes qui se querellent, et dont les vues envers la paix sont complètement différentes. Hosni Moubarak sait aussi que l’occupation illégale et par la force de la bande de Gaza par le Hamas constitue une sérieuse menace pour l’Egypte. Le Hamas est la branche palestinienne des Frères Musulmans, un mouvement islamique extrémiste officiellement interdit en Egypte, et pourtant toujours puissant politiquement. L’Iran le soutient et lui fournit des armes, qui passent en fraude par des tunnels souterrains du Sinaï à Gaza.

L'islam radical demeure donc la menace omniprésente qui pèse sur l’Egypte et sur Israël, et en fait sur le Moyen Orient dans son ensemble. A quelques jours de sa rencontre avec son homologue israélien, le Président égyptien a critiqué l’Iran, l’accusant d’intervenir dans les affaires intérieures de son pays. La découverte d’un réseau du Hezbollah opérant en Egypte a démontré que la subversion iranienne ne relève pas uniquement de la théorie. La dernière interception du cargo « Francop », montre de par la quantité d’armes et de par leur nature, que le groupe auquel était destiné la cargaison ne peut plus être défini comme une milice « armée de vieilles pétoires ». Depuis quelques mois, aussi, le torchon brûle entre le Président égyptien, Hosni Moubarak, et le Hezbollah libanais. Le Hezbollah dispose effectivement de relais dans la péninsule du Sinaï, chose que son Secrétaire général a lui-même reconnu lors d’un discours en date du 10 avril 2009 . Le souci du président Hosni Moubarak de ne pas se laisser déborder, ni même parasiter par l’action de formations extra étatiques et/ou étrangères, est en effet tout ce qu’il y a de plus légitime. Moubarak continue à lancer des avertissements à l’Iran, et de sommer ce pays d’arrêter ses opérations subversives dans la région.

M. Moubarak a pris une décision nécessaire pour son pays en lançant la construction d’un nouveau mur protégeant, côté égyptien, les frontaliers avec Gaza. Cette séparation- barrière d’acier et de béton de quelques 20 à 30 mètres de profondeur sur au moins 10 kilomètres de long -, confirme que le terrorisme est devenue l’ennemi principal de l’Egypte. Le but de cette barrière est d'interdire l'accès aux centaines de galeries souterraines creusées par le Hamas, d'empêcher ainsi les contrebandes qui se sont organisées entre la bande de Gaza et le territoire égyptien, car les trafics qui se sont largement développés, seraient ressentis par le gouvernement égyptien comme une attaque directe contre sa souveraineté. Avec l'aide de techniciens américains et français, les autorités égyptiennes ont entrepris depuis quelques semaines la construction de cette barrière d'acier souterraine, censée asphyxier les « mafieux des tunnels ». L'Egypte a affirmé qu'elle se doit de faire face aux « menaces pour sa sécurité nationale », une façon d'indiquer que les liens de plus en plus étroits entre le Hamas et les Frères musulmans égyptiens (dont le Hamas est, historiquement, un avatar) représentent une menace de contagion islamique dangereuse pour le régime du président Hosni Moubarak : le Caire est désormais l'allié naturel d'Israël contre le Hamas.

Il faudrait enfin s’attendre dans les prochains temps à une rude escalade des tensions dans les relations entre l’Egypte et le Hamas, voire entre Le Caire et Téhéran. Hosni Moubarak a besoin d’une attitude conciliante vis-à-vis de l’état hébreu. Et l’Egypte, quant à elle, a trop besoin de coopérer avec Jérusalem jusqu’à aller jusqu’à s’opposer frontalement avec les alliés régionaux de l’Iran. Face à ces menaces communes, Israël et l’Egypte se trouvent dans le même camp. Ils ont le même intérêt à contenir l’Iran et à lutter contre les extrémistes régionaux. Les deux pays savent aussi qu’ils partagent des intérêts communs très importantes et que la question d’un Etat palestinien n’est pas une question urgente en ce moment. Les deux pays sont conscients du danger iranien et ils ont en commun des intérêts vitaux concernant leur sécurité : ces intérêts exigent dialogue et coopération.
Ftouh Souhail,
Tunis

15 janvier 2010

Vues iconoclastes sur le conflit palestinien, 3/3 : « Famine à Gaza » par Pierre Lefebvre


Photos tirées du site "Palestine today"

Un excellent article publié sur le site de nos amis de « Primo-info » (en lien permanent) il y a environ un mois et demi ... Le site palestinien en lien - sous étroit contrôle du Hamas - évoquait la fête de l’Aïd el Kebir à Gaza, fin novembre 2009 : j’en ai tiré les deux illustrations ci-dessus.

Il ne se passe pas de jour sans que les mouvements pro-palestiniens en France ne parle de la pénurie, de la souffrance du peuple de Gaza.
Selon les envoyés très spéciaux de nos grands médias, le peuple gazaouite meurt dans l’indifférence la plus totale.
Les politiques palestiniens parlent eux-mêmes de « génocide », dénoncent l’indifférence des pays occidentaux, des pays arabes, et, bien entendu, l’attaque cruelle de l’armée israélienne d’occupation (bien qu’Israël ait évacué depuis des années ce territoire).
Ces discours engendrent une sympathie bien compréhensible de la part des syndicats européens, des universités européennes, des politiques, des militants associatifs.
Peu d’entre ceux qui protestent contre Israël, contre la colonisation, lisent les journaux palestiniens et comprennent l’arabe.
L’on se trouve alors devant un dilemme cruel. Accepter que depuis des années, les pays occidentaux ont été imprégnés, sous diverses formes, d’une propagande éhontée, complaisamment relayée par les médias afin de « victimiser » les Palestiniens. Ou bien accepter l’idée que le peuple arabe vivant en Palestine n’a cessé de se trouver sous la férule de dictateurs cyniques qui l’ont instrumentalisé afin de faire ressurgir l’antisémitisme sous sa forme la plus sournoise et la plus achevée, à savoir l’antisionisme.
Jacques Ellul observait : ce sont les Etats totalitaires qui ont utilisé à fond la propagande sur le plan intérieur pour former l’unanimité, manier l’opinion publique et la rendre conforme aux décisions du gouvernement aussi bien sur le plan extérieur qu’intérieur, dissoudre l’opinion publique des nations considérées comme ennemies, miner psychologiquement celles-ci, en faire une proie consentante*.
Voilà la stratégie exprimée par les différentes vagues des dirigeants du peuple arabe de Palestine, du Mufti Al Husseini (grand ami d’Hitler), du Hamas à Yasser Arafat et son clone « modéré », Mahmoud Abbas.
Et, puisqu’il parait qu’une image vaut mieux que cent discours, voici ci-dessous un extrait d’un journal en ligne palestinien. Ces images ne peuvent cacher, bien entendu, la souffrance du petit peuple de Gaza, celui qui n'a pas le pouvoir d'achat de la clique au pouvoir dans cette enclave et qui végètent à l'écart des circuits touristiques.
C'est pourtant ce petit peuple que l'on exhibe aux larmoyants journalistes occidentaux et que l'on cache à Al Jazeera dès qu'il est question de glorifier le Hamas et sa Charia gouvernementale.
Les articles de ce journal en ligne sont fréquemment repris par le site ISM (International Solidarity Movement)ISM se décrit elle-même comme une ONG préférant la lutte non violente mais à géométrie variable, comme on peut le lire dans sa page de présentation : "L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique. Comme il est stipulé dans le droit international et dans les résolutions de l’ONU, nous reconnaissons aux Palestiniens le droit de résister à la violence israélienne et à l’occupation par tout moyen armé légitime. (sic)"

ISM (en fait une des vitrines légales du Hamas) reprend régulièrement les articles du journal palestinien PALTODAY dès que ce média critique Israël, décrit la crise alimentaire et dénonce le blocus.
Mais cette ONG n’a jamais repris l’article qui suit. Une inattention, certainement, que Primo répare immédiatement. Voici donc cet article en ligne du journal palestinien.
Il est possible que nos lecteurs prennent ombrage de ce que nous affirmons. Nous répondrons alors qu’il n’est pas fatalement indispensable d’affirmer nous-mêmes des choses que les médias palestiniens disent si tranquillement, si benoîtement. Alors, un minimum d’honnêteté deviendra nécessaire à ceux qui prétendent ne pas avoir de positions idéologiquement dévoyées.

La question est aujourd'hui posée aux médias et faiseurs d'opinion en France et en Europe. Si ce journal palestinien est librement accessible sur le Net, pourquoi un journal papier ou TV n'en fait-il jamais mention ? Poser la question, c'est y répondre.

Pierre Lefebvre
© Primo, 4 décembre 2009


* Jacques Ellul, Revue Française de science politique, volume II, N°3, juillet septembre 1952

13 janvier 2010

Vues iconoclastes sur le conflit palestinien, 2/3 : « Une Palestine indépendante et prometteuse est en cours de formation » par Tom Gross


Deuxième témoignage, celui d’un journaliste anglophone dans un journal américain : il nous apporte son témoignage de terrain sur le « boom » économique en Cisjordanie, depuis la quasi éradication du terrorisme suite à l’action conjuguée des services de sécurité israéliens et palestiniens. Une situation qui atténue - au moins en partie - un des combustibles de la violence, la misère ... misère qui n’explique ou n’excuse pas out, mais est au moins un des paramètres du conflit !
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On ne peut plus écouter la radio, regarder la télé ou lire un journal sans qu'un expert ou un autre vous assène avec pessimisme que les perspectives de paix entre Israéliens et Palestiniens sont sombres, ou vous décrive les conditions de vie déplorables des Palestiniens ... Même les journalistes neutres répètent cette triste fable indéfiniment. J'ai entendu l'autre soir le correspondant au Caire de la BBC World Service, Mr Christian Fraser, répéter 3 fois en 45 minutes "Peu de choses ont changé sur le terrain pour le peuple palestinien"
Or rien n'est plus éloigné de la vérité que ces racontars. Je venais de passer cette journée-là à Naplouse, la plus grande ville de Cisjordanie. La ville grouille d'énergie, de vie et de signes abondants de prospérité. En fait, je n'avais jamais vu cela avant, alors que je couvre cette région depuis des années. Alors que j'étais assis dans le bureau cossu d'Ahmed Aweidah, le mielleux banquier formé en Angleterre qui dirige le Stock exchange Palestinien, ce dernier m'informe que la Bourse de Naplouse est la 2ème la plus performante au monde en 2009, après Shanghai. (je précise ici que le bureau de Mr Aweidah donne directement sur le palais résidentiel du milliardaire palestinien Mounib al Masri, l'homme le plus riche de la Cisjordanie)
Je rencontrais un peu plus tard Bashir al Shakah, directeur du reluisant nouveau cinéma de la ville, où 4 des tout derniers succès de Hollywood étaient projetés ce jour-là. "La plupart des séances sont pleines longtemps à l'avance", me dit-il fièrement ajoutant qu'il avait déjà tenu un festival du film, depuis juin, mois d'ouverture.
Errant dans le centre ville, je voyais la foule saturer magasins et restaurants, les voitures somptueuses circulant lentement. A vrai dire, il y avait certainement plus de Mercedes et de BMW que dans les rues de Tel Aviv ou de Jérusalem. Mais plus important encore, nous avons conduit de Jérusalem à Naplouse sans rencontrer un seul poste de contrôle ! Le gouvernement de Benjamin Netanyahou les a supprimés, du fait que ces dernières années les services de Sécurité Israéliens ont été autorisés et ont réussi à restaurer la paix et la sécurité pour les habitants de Cisjordanie et qu'il a créé les conditions pour qu'un boom économique ait lieu (1)
De même, à Hébron les boutiques et les restaurants étaient pleins, et j'étais vraiment surpris de voir sur les collines environnantes surgir des villas comparables à celles de la Côte d'Azur ou de Bel Air. A Ramallah, la vie est encore meilleure, car là il est pratiquement impossible d'avoir une table dans un bon restaurant. Des immeubles flambant neufs, des banques, des agents de change, des concessionnaires de voitures de luxe, et des clubs de mise en forme sont partout. A Qalqilya, une ville proche de Nétanya, réputée naguère pour ses terroristes et ses fabricants de ceintures explosives, la première récolte de fraises vient de se terminer, à temps pour l'expédier en Europe et garnir les tables de Noël. Les fermiers locaux ont été formés par des experts agronomes israéliens et Israël a fourni tout l'équipement d'irrigation et les pesticides.
Une ville nouvelle est projetée au Nord de Ramallah, Rouwabi. Il y a 2 semaines, le Fonds National Juif, un organisme philanthropique, a fourni 3000 plants pour regarnir une forêt proche de la ville nouvelle. Les experts israéliens aident aussi les Palestiniens à aménager les parcs et les espaces publics.
On commence seulement à se rendre compte du tournant pris ici. L'agence officielle Wafa de l'OLP a rapporté la semaine dernière que le 3ème trimestre 2009 a vu un record de touristes, avec 135 939 nuitées dans les 89 hôtels ouverts. La moitié des touristes viennent d'Europe et des Etats-Unis. L'essor économique de la Cisjordanie, en pleine crise mondiale, aura été de 7% en 2009, selon le FMI. Mais selon le 1er ministre Salam Fayad, un ancien cadre du FMI et de la Banque mondiale, ce chiffre serait plus près de 11%, reconnaissant que l'aide d'Israël y était pour beaucoup.
A Gaza aussi, les échoppes et les marchés sont pleins à craquer de marchandises et de nourriture (2). Mais cela, la BBC ou les journaux tels que le Monde ou New York Times ne vous le diront pas. Non Gaza n'est pas "un camp de concentration" et il n'y a vraiment pas de "crise humanitaire", comme on la voit au Darfour, et comme la décrit la journaliste britannique Lauren Booth, belle-soeur de Tony Blair...
En juin, Jackson Diehl du Washington Post a raconté comment le président Mahmoud Abbas lui avait confié qu'il avait refusé l'offre de paix d'Ehoud Olmert de créer un état Palestinien sur 97% de la Cisjordanie (en ajoutant 3% de territoire israélien pour compenser). Abbas aurait dit à Diehl, avec une certaine candeur: "En Cisjordanie la réalité est bonne, le peuple vit une vie normale", propos qu'il ne confie pas à d'autres.
Le chef de la Bourse de Naplouse Ahmed A'weidah va encore plus loin, pour m'expliquer qu'il n'était pas urgent de créer un état, l'homme de la rue ayant besoin encore de Tsahal pour le protéger des visées et des tentatives de déstabilisation du Hamas, les policiers formés par Dayton en Jordanie n'étant pas encore en nombre et en qualification suffisante. La vérité est qu'un état indépendant est en fait en cours de création, avec l'aide d'Israël. Aussi longtemps que les politiciens de l'administration Obama et d'Europe ne se mêlent pas indûment comme ils ont pris l'habitude de le faire, en demandant d'accélérer le processus, je suis confiant que ce qui se passe sur le terrain débouchera sur un succès (3)
Les Israéliens et les Palestiniens ne se mettront pas d'accord sans doute sur des frontières satisfaisantes pour les deux parties. Ceci ne signifie pas qu'ils ne vivront pas côte à côte en paix. Pendant longtemps les Français et les Allemands n'étaient pas d'accord sur les frontières et sur le sort de l'Alsace Lorraine. Et partout dans le monde il y a des querelles de frontières, mais les pays coexistent. A condition que les journalistes ayant parti pris et les groupes de "droits de l'homme" ne distillent pas leur prose alarmiste à des politiciens prêts à la gober et à prendre de mauvaises décisions, rien n'empêchera les Israéliens et les Palestiniens de coexister en paix.
Tom Gross,
Ex correspondant à Jérusalem du « Sunday Telegraph »
« The Wall Street Journal », 12 décembre 2009
Traduit par Albert Soued,
http://www.symbole.chez.com/ pour http://www.nuitdorient.com/
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Notes :
(1) Avec mes 2 compagnons palestiniens, nous avons rencontré un seul poste frontière à notre retour, aux abords de Jérusalem, mais la préposée en faction nous a seulement fait un geste de la main, de loin.
(2) Les photos prises à Gaza montrent des marchés qui regorgent de marchandises
ont amplement été diffusées sur le net
(3) En 2000, pour des raisons personnelles, Bill Clinton a essayé de précipiter les choses d'une manière peu réaliste, et le résultat obtenu a éclaté au visage de tous, éloignant tout espoir de paix pour longtemps

11 janvier 2010

Vues iconoclastes sur le conflit palestinien, 1/3 : « Proche Orient : du passé faisons table rase ! Vers une pax minima americana » par Luc Rosenzweig

Bien que mon blog ne soit pas centré sur le conflit israélo-palestinien, il m’a semblé utile de verser à ce dossier trois articles qui présentent - à mon humble avis - plusieurs intérêts : aller au-delà de « l’écume des évènements » ; donner des vues originales, mais basées sur des faits réels ; surtout, bousculer le « politiquement correct » insupportable de la plupart de nos médias, qui vendent la même « soupe » au grand public sur ce sujet - mais en fait sur TOUS les sujets, du réchauffement climatique au conflit en Afghanistan ... bonne lecture !

De retour d’un séjour en Israël, j’ai retiré de deux semaines de tribulations chez les Hébreux l’impression que les discours tenus dans nos contrées, aussi bien par les admirateurs que par les détracteurs de l’Etat juif, n’étaient pas de nature à nous rendre plus intelligents, ni surtout à faire avancer d’un millimètre la solution du conflit en cours depuis plus d’un demi-siècle.

La fixation de toutes les chancelleries sur la solution dite "de deux Etats pour deux peuples", l’espoir de voir un Barack Obama imposer d’une main ferme, mais juste une solution de compromis aux deux parties apparaissent à l’observateur attentif que j’ai tenté d’être comme des chimères. Elles ne tiennent pas compte d’un réel aussi épais que désespérant pour les hommes et les femmes épris de paix, comme on appelait jadis les rêveurs au temps de la guerre froide.
Si l’affaire des deux Etats pour deux peuples n’a pas marché jusqu’à ce jour, c’est, explique-t-on généralement, la faute des dirigeants, sur le terrain ou à la tête des grandes puissances, qui sont soit trop faibles pour imposer à leurs peuple les compromis nécessaires, soit trop partiaux, comme George W. Bush, soit encore inexistants parce que divisés sur la question, comme ceux de l’Union européenne. Cette analyse pousse quelques bons esprits, comme l’excellent Elie Barnavi, dont on a pu lire ici un entretien à implorer des Etats-Unis une intervention diplomatiquement musclée, imposant aux Israéliens comme aux Palestiniens un partage territorial fondé sur les "paramètres Clinton", élaboré en 2000 à Camp David, peaufinés quelques mois plus tard à Taba, et remis en chantier en 2002 lors de l’initiative de Genève. Ils prévoient la création d’un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza, sur la base des frontières existant avant juin 1967, avec quelques corrections mineures fondées sur des échanges de territoires, le partage de Jérusalem, Vieille ville comprise, sur la base des quartiers arabes revenant à l’Etat palestinien et des quartiers juifs à Israël, d’une solution au problème des réfugiés palestiniens fondée sur la compensation matérielle et l’aide à la réinstallation dans le pays de leur choix, mais sans retour massif dans l’Etat juif.
Nourri de cartésianisme, Elie Barnavi pense qu’une solution rationnelle, mise en oeuvre par des hommes d’Etat visionnaires et courageux, ne peut qu’aboutir à la fin de l’affrontement entre le mouvement national juif et le mouvement national palestinien, tous deux légitimes, même s’ils sont gangrénés par leurs "fous de Dieu" respectifs.
Dès son arrivée à la Maison Blanche, Obama et son conseiller spécial pour la région George Mitchell, ont tenté de reprendre, dans le sens souhaité par Barnavi, ce dossier laissé en déshérence par George W. Bush, et d’imposer au gouvernement israélien un gel total des constructions dans les implantations juives de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. On s’accorde aujourd’hui pour estimer que cette exigence était une erreur, car elle était impossible à accepter pour Benyamin Netanyahou, non seulement à cause de la pression politique des colons extrémistes, mais parce qu’elle remettait en cause la promesse faite à Sharon par George W. Bush, dans sa lettre de mai 2004, selon laquelle les frontières de l’Etat palestinien prévu dans le cadre de la "feuille de route" établie par son administration tiendraient compte des réalités sur le terrain, notamment de l’existence de "blocs d’implantations juives" à la limite de la "ligne verte" de 1967 et dans la périphérie de Jérusalem. S’il est possible, à la rigueur, de désespérer Elon Moreh et Kyriat Arba, implantations isolées et "idéologiques", il est suicidaire pour tout dirigeant israélien de s’aliéner Ariel ou Maaleh Adoumim qui bénéficient du soutien de l’immense majorité de l’opinion, y compris celle de gauche.
D’où ce refus du gel des constructions dans des localités qu’ils pensent destinées à rester israéliennes dans le cadre du règlement final.
Résultat : Obama est obligé de faire plus ou moins marche arrière, au risque de gâcher son capital de confiance acquis dans le monde arabo-musulman depuis son fameux discours du Caire ...
Comme au jeu d’échec, une mauvaise entame en diplomatie pèse lourdement sur la suite de la partie, même si elle n’induit pas automatiquement la défaite.
Il faut donc aller lire l’article de Robert Malley et Hussein Agha dans la dernière livraison de la New York Review of Books pour y voir un peu plus clair sur les raisons du non fonctionnement de la belle construction diplomatique réalisée sous la direction de l’architecte américain, avec la collaboration des petites mains européennes et russes réunies au sein du "Quartette". Ces deux auteurs ne sont pas réputés pour être des pro-sionistes rabiques, ce serait même plutôt le contraire : Robert Malley fut l’un des conseillers de Bill Clinton sur le dossier israélo-palestinien, et parmi eux, le seul à avoir fait porter à Israël et à Ehud Barak la responsabilité de l’échec de Camp David en octobre 2000. Hussein Agha, professeur à Oxford, écrit régulièrement dans "The Guardian" des articles très critiques sur la politique israélienne et américaine. Ils estiment, dans leur article très charpenté et écrit avec un style inhabituellement allègre pour ce genre de littérature, que la solution des deux Etats, telle qu’elle est actuellement présentée est un obstacle pour l’évolution de la situation vers non pas une paix définitive jugée inaccessible, mais même vers un état durable de non-belligérance.
Pour eux, l’équation est simple : Netanyahou ne peut accepter plus de concessions que son prédécesseur Olmert dans ses ultimes négociations avec Mahmoud Abbas en 2008, et Mahmoud Abbas ne peut pas céder plus que ce qu’Arafat avait consenti à Camp David ... Mais on voit mal comment un Mahmoud Abbas affaibli serait capable d’imposer à ses partisans, sans parler du Hamas, la carte proposée par Olmert aux Palestiniens la veille de sa démission qui comporte l’annexion des "blocs d’implantations" en échange d’une surface équivalente de terres israéliennes contiguës à la Cisjordanie et à Gaza.
Pour Malley et Agha, l’imposition d’une solution territoriale par la communauté internationale n’est pas de nature à mettre un terme définitif au conflit, puisqu’elle serait contestée sur le terrain par les deux parties, y compris par des moyens militaires. D’autre part, l’arrière-plan psychologique de ce conflit dans les populations est un obstacle insurmontable à sa solution : les auteurs estiment que jamais, à vue humaine, les Palestiniens n’accepteront la légitimité de l’Etat juif établi sur un sol qu’ils estiment leur appartenir pour l’éternité, et que les Israéliens ne font aucune confiance à la signature des Palestiniens au bas d’un traité.
D’autre part, un élément non mentionné dans l’article de la New York Review of Books mais évident pour tous ceux qui fréquentent la région constitue un autre obstacle à une paix du type de celle qui s’est instaurée, par exemple entre la France et l’Allemagne. Israël est un pays développé alors que tous les pays de son entourage immédiat sont des pays du Tiers Monde, où règnent la misère, la corruption et l’arbitraire, quand ce n’est pas la terreur verte comme à Gaza. On comprend que l’existence tout près de chez eux d’un pays prospère et libre énerve quelque peu les populations avoisinantes ...
La solution d’un seul Etat entre le Jourdain et la Méditerranée, où cohabiteraient deux nations dans le cadre d’une démocratie égalitaire ne paraît pas, non plus réaliste à Malley et Agha, car elle ne pas prend en compte la force du mouvement national juif dont l’objectif est toujours de faire exister et prospérer un état fondé sur une majorité juive de la population, et sur les principes politiques et moraux issus du judaïsme et des Lumières européennes.
Alors que faire ? Les deux auteurs proposent aux décideurs en la matière de réduire leurs ambitions : l’objectif n’est plus la fin du conflit mais la réduction de son intensité au minimum possible dans le cadre d’une trêve de longue durée. Celle-ci permettrait à la confiance réciproque de revenir petit à petit, et de changer la donne psychologique pour les générations à venir. Malley et Agha vont même - sacrilège pour la vulgate palestinienne ! - jusqu’à évoquer la solution d’un retour des territoires palestiniens dans le giron du Royaume hachémite de Jordanie, qui permettrait à l’armée du roi Abdallah, dont les relations avec Tsahal sont depuis des années placées sous le signe d’une coopération fructueuse, de garantir la sécurité d’Israël. Les troupes de Bédouins héritiers de la Légion arabe de Glubb Pacha ont montré leur efficacité à empêcher les infiltrations de terroristes le long de la frontière jordano-israélienne.
À la différence de ceux qui se croient autorisés à pontifier sur la situation au Proche-Orient, Malley et Agha ne sont ni des militants, ni des idéologues. C’est pourquoi ils devraient être écoutés par tous ceux qui manquent d’imagination en dépit de leurs prétentions à intervenir de manière décisive dans la solution du conflit. Ils se reconnaîtront.
Luc Rosenzweig
« Causeur », le 24 décembre 2009

10 janvier 2010

Iran, la bombe en 2010 ? Bruno Tertrais sera mon invité le 17 janvier

Bruno Tertrais

Pour la première émission de l’année 2010, nous parlerons de l’Iran : on a l’impression à la fois que la communauté internationale est incapable d’empêcher que la République islamique ne devienne une puissance nucléaire, et que, si rien n’est fait d’efficace maintenant, on va atteindre rapidement une situation irrémédiable ; d’où le titre de mon émission « Iran, la bombe en 2010 ? ». Et, pour en parler, j’ai choisi comme invité une des meilleurs experts du sujet. Bruno Tertrais est directeur de recherche à la Fondation pour la Recherche Stratégique. Le domaine nucléaire fait vraiment partie de son expertise, puisqu’il a publié plusieurs ouvrages et des dizaines d’articles, à la fois sur la dissuasion et sur la prolifération. Il s’intéresse depuis plusieurs années à la course à l’arme atomique du régime de Téhéran, citons son ouvrage publié en 2007 « Iran, la prochaine guerre » (Éditions du Cherche midi) et puis tout dernièrement en 2009 « Le Marché noir de la Bombe. Enquête sur la prolifération nucléaire » (édité chez Buchet-Chastel). Je lui poserai des questions très précises, de manière à ce que nos auditeurs puissent avoir les meilleurs éléments d’information possibles, parce qu’on lit trop de choses contradictoires dans la presse, soit lénifiantes, soit alarmistes. Mais comme le sujet est trop riche pour se disperser, nous reviendrons plus tard et avec d’autres invités sur la géopolitique de cette crise nucléaire, et sur les derniers scénarios possibles pour empêcher le désastre d’une bombe iranienne.

Parmi les questions que je poserai à Bruno Tertrais :

- En dehors de la matière fissile et sans parler des moyens balistiques, la réalisation d’une arme nucléaire nécessite un certain nombre de jalons, dont on ne sait pas du tout si les Iraniens les maîtrisent à l’heure actuelle : que peut-on en dire ? La réalisation de ces armes nécessite un usinage extraordinairement précis, au micron près : comment ce pays, qui n’est pas une nation industrielle a-t-il pu se procurer les machines nécessaires ?
- Que penser de la proposition de reprendre à l’étranger les 1.500 kilos d’uranium faiblement enrichi à Natanz ? Est-ce que prendre acte sans la sanctionner d’une violation du protocole additionnel au traité de non prolifération n’était pas déjà une victoire pour la République islamique ? Et dans la mesure où les puissances occidentales ont renoncé à imposer la suspension de l’enrichissement, et où les inspecteurs de l’AIEA n’ont pas accès aux dizaines de sites nucléaires du pays, en quoi cette reprise d’uranium empêcherait que de la matière fissile en quantité suffisante soit utilisée pour réaliser une ou plusieurs bombes ?
- Les Iraniens semblent maintenant plus performants que leurs professeurs Nord-Coréens, ils l’ont démontré à la fin 2009 avec le test réussi du missile « Sejil 2 » à combustible solide, transporté par camion et d’une portée de 2000 kilomètres. Et surtout, la zone de lancement dans la région de Tabriz est immense et très accidentée : est-il maintenant devenu impossible de détruire ces missiles au sol ?
- Espérez-vous vraiment que les États-Unis finissent par décider quelque chose, dans la mesure où : ils n’ont même pas été capables d’imposer un ultimatum à la République Islamique ; ils continuent de considérer le régime comme un interlocuteur valable malgré la vague de contestation à l’intérieur ; et aux dernières nouvelles, l’administration américaine ne voudrait même pas imposer des sanctions « dures » au pays ?

Un sujet donc aussi passionnant qu’angoissant ... soyez nombreux à l’écoute dimanche prochain !

J.C

08 janvier 2010

« Nous sommes tous des Iraniens » par Ivan Rioufol

Emmanuel Todd, l'ami d'Ahmadinejad

Le démographe Emmanuel Todd, qui a donné au Monde de ce week-end un entretien alignant tous les dénis à propos de la crise identitaire qui fissure et fragilise la France, voit-il au moins ce qui se passe en Iran? Lui qui vole systématiquement au secours de l'islam sans jamais évoquer les dérives d'une idéologie totalitaire devrait écouter ce que disent de plus en plus clairement les Iraniens qui affrontent le pouvoir des mollahs et qui savent de quoi ils parlent : ils ne veulent plus de cette théocratie islamo-fasciste (bloc-notes du 19 juin). Dimanche, une quinzaine de manifestants ont une fois de plus été tués par balles à Téhéran, alors qu'ils demandaient à nouveau la destitution du tyran Mahmoud Ahmadinejad. Mais ce que ne veulent entendre Todd ni ceux qui, comme lui, ne voient dans l'islamisme qu'une réponse légitime de nouveaux damnés de la terre en lutte contre l'arrogance occidentale, c'est que ces très nombreux musulmans qui aspirent à la liberté et à la démocratie ont l'Occident comme modèle et singulièrement les Etats-Unis. La haine que porte la dictature iranienne à Israël n'est en rien partagée par ces hommes et ces femmes qui font preuve, depuis cet été, d'un courage extraordinaire. Les opposants iraniens, et symboliquement la jeune Neda tuée dès le mois de juin, sont pour moi les héros de 2009.
Mais ni Todd ni ses amis ne viendront en aide à ces résistants-là. Au contraire, le médiatique démographe, qui reproche notamment à Nicolas Sarkozy ses brutalités contre les "gamins des banlieues" et son hostilité à l'entrée de la Turquie en Europe (au fait, a-t-il entendu aussi, ces jours-ci, le patriarche orthodoxe Bartholomée 1er estimer que les orthodoxes de Turquie s'y sentent "crucifiés"?), s'interroge : "Je me demande même si la stratégie de confrontation (ndlr : de Sarkozy) avec les pays musulmans - comme en Afghanistan ou sur l'Iran - n'est pas pour lui un élément du jeu intérieur". Oui, pour celui qui ne craint pas d'accuser le gouvernement de dérives fascistes, soutenir les démocrates afghans et iraniens en luttant contre le terrorisme islamique est une autre manière de stigmatiser l'islam, les musulmans et d'attiser "la haine de l'autre". Ainsi raisonne, cul par-dessus tête, une bonne partie de la gauche et la totalité de l'extrême gauche. Il y a un an, cette dernière avait rejoint les islamistes de France dans leurs manifestations en soutien aux palestiniens. "Nous sommes le peuple de France et de Paris, peuple de la résistance, nous sommes tous des Palestiniens !", pouvait-on entendre (bloc-notes du 16 janvier 2009).
Je rêve, pour 2010 à Paris, d'une grande manifestation qui scanderait : "Nous sommes le peuple de France et de Paris, peuple de la résistance, nous sommes tous des Iraniens !". Mais je sais déjà qui n'y participerait pas...

Ivan Rioufol
Source : son blog, article du 28 décembre 2009

Nota de Jean Corcos :

Comme on le lira
sur cet article du site "iran-resist", la défense de la République Islamique d’Iran fait partie des idées fixes d’Emmanuel Todd, qui recommandait déjà en 2006 de se rapprocher des Mollahs pour contrer les Etats-Unis ... Le même Todd qui allait traiter Israël « d’état voyou » après l’opération défensive à Gaza il y a un an, mais qui n’a jamais eu une parole désagréable contre ce beau pays où on lapide les femmes adultères, on tire sur les manifestants et où on exécute des mineurs !

06 janvier 2010

Les 60 ans de la tragédie d’Oslo : des photos exclusives, et le cri de colère de Souhail Ftouh



Commémoration de la tragédie d'Oslo,
sur le site de l'accident, le 22 novembre 2009
(photos communiquées par Souhail Ftouh)

Mon ami de Tunis, Souhail Ftouh, a évoqué dans un article publié sur le blog JSS news, la commémoration de la tragédie d’Oslo le 22 novembre 2009, 60 ans après une catastrophe aérienne où périrent 27 petits enfants juifs de Tunisie : ces derniers - comme les passagers d’un autre avion, arrivé lui heureusement à bon port - devaient passer quelques mois en Norvège, avant de rejoindre Israël dans le cadre d’une des opérations de « l’Alya Hanoar » (l’émigration des jeunes vers le nouvel état juif).
Sur ce lien l’article complet.
Ci-dessous un extrait :
« Il faudrait tout d’abord rappeler que la tragédie « des enfants d’Oslo » est le nom donné par la communauté juive Tunisienne au crash d’un avion partant de Tunis vers la Norvège, dans le quel 27 enfants ont péri le 20 Novembre 1949 avec les 4 membres de l’équipage et les 3 accompagnatrices du groupe l’infirmière Suzette Cohen-Couder, Myriam Zunitz - un guide de l’Alyat Hanoar et Lisa Shwartz-Yansen, une infirmière norvégienne. Au mois de novembre 1949, deux avions Dakotas de la compagnie aérienne norvégienne, ont décollé de l’aéroport de Tunis (Tunisie), en direction de l’aéroport d’Oslo (Norvège). L’un des avions arriva à destination mais le deuxième s’écrasa aux alentours d’Oslo. Il n’y a eu qu’un seul survivant dans l’avion, un enfant de l’Alyat Hanoar, Itzhak Allal. (...) Soixante ans après cette catastrophe aérienne dans laquelle 27 enfants tunisiens de confessions juifs perdirent la vie, et en présence de plusieurs personnalités, une émouvante cérémonie a été organisée ce dimanche 22 novembre 2009 dans ville Hurum, sur le lieu même du drame. La cérémonie a atteint des centaines de résidents de la ville Hurum environ 40 minutes en voiture d’Oslo. Parmi les nombreux invités ont assisté le père du Premier ministre de Norvège Rudolf Sotltnberg, le Maire de la ville de Hurum, Le Secrétaire d’Etat norvégien, et de nombreux enfants aux soins pour les missions de sauvetage, dont la fille de l’homme qui sauva Isaac El-Al, ainsi que les petits-enfants de cet homme, les enfants d’un frère de la victime norvégienne de l’accident, l’ambassade israélienne et un représentant de l’Association Amit (Association Mondiale des Israélites de Tunisie) notre ami et confrère Maître Eyal Ortal et bien sure Rami El-Al’s fils du seul survivant. »
Rappelant que les obsèques des petites victimes avaient rassemblées à l’époque des milliers de Tunisiens, toutes confessions confondues, et que même le Palais Beylical avait envoyé un représentant, Souhail Ftouh s’est vivement indigné de l’absence d’un représentant diplomatique tunisien à cette cérémonie : je vous renvoie au lien pour lire sa réaction. J’ai préféré, pour ma part, publier ici quelques photos émouvantes de cette cérémonie qu’il m’a envoyée et dont il a fait présent pour le blog, en exclusivité.

J.C

04 janvier 2010

Camus, un juste

Albert Camus

Il y a exactement 50 ans, le 4 janvier 1960, Albert Camus trouvait une mort tragique dans un accident de voiture, alors qu’il avait tout juste 46 ans. Nourri par son œuvre, ayant lu une biographie incroyablement riche à son sujet - celle de Herbert R. Lottman, voir références ici - j’avais proposé au mensuel "Information juive" de publier un article en hommage, qui parut en janvier 1990, et qui reprenait de nombreuses citations du livre de Lottman. Dans cette publication, que vous pourrez lire ci-dessous, je soulignais une facette peu connue de la personnalité de cet immense écrivain : son affection pour le peuple juif et pour Israël, qu’il manifesta alors que c’était dangereux (pendant la Guerre), ou déjà, mal vu dans l’intelligentsia de gauche ...
Vingt ans plus tard, et alors que l’image d’Israël et des Juifs s’est dangereusement dégradée dans notre pays, il me parait encore plus utile de rappeler ces faits : bonne lecture !


Pourquoi évoquer ici la disparition accidentelle d’Albert Camus, il y a trente ans le 4 janvier 1960 ? Il ne s’agit ni de nostalgie pour les rivages de Tipasa, ni d’un cousinage de circonstance : Camus, peu s’en souviennent, s’est comporté en frère pour les nôtres, et le rappeler s’apparente à un devoir élémentaire.

Sa fraternité s’est exprimée en des temps réellement tragiques, où le courage ne consistait pas à parader dans des colloques (discipline dans laquelle nos intellectuels communautaires font preuve de compétence), mais à braver l’idéologie au pouvoir, pétainiste et antisémite, si bien acceptée en Algérie où le décret Crémieux ne fut rétabli que plusieurs mois après le débarquement allié. Elle a été, ensuite, celle d’un homme de vingt-neuf ans risquant sa peau dans la Résistance, jusqu’à la Libération de Paris et le premier numéro de "Combat" en août 44.

Cette fraternité était celle d’un authentique géant des lettres françaises et de la pensée contemporaine. Comprenons-en bien le poids, en ces temps cyniques où les chevau-légers de la nouvelle croisade qui nous agresse ont la consistance d’un Roger Garaudy.

Camus, né pauvre et mort exilé, ne posséda jamais que la passion d’un homme révolté. Il considéra, tour à tour comme ses frères, les musulmans colonisés puis les juifs traités en parias par le régime d’un vieillard lamentable. Venant d’un athée convaincu, cette affection portée au peuple du Livre a quelque chose de bouleversant, surtout quand on rapproche ses oeuvres maîtresses de l’époque qui les vit paraître : en 1942, l’absurde régnait ; il conduisit un héros de papier - le Meursault de "L’Étranger" - à la guillotine, tandis que des centaines de convois amenaient leur cargaison de chair et de sang aux crématoires.

Retrouvons Camus à Oran au début des années quarante. En ce temps là, un numerus clausus excluait les enfants juifs de l’enseignement public ; ils devaient aller dans des cours privés, souvent dirigés pas des professeurs juifs eux aussi, donc jugés indignes d’enseigner la belle culture de la douce France. André Bénichou demanda à Camus de travailler dans son école. Camus accepta, "expliquant Molière à ses élèves en leur faisant jouer une de ses pièces". Une ancienne relation se joignit aux Camus et à leurs amis "en remarquant que la plupart étaient juifs". Juifs, comme son amie Liliane Choucroun qui lui présenta un jour la future Francine Camus. Juifs, comme le docteur Cohen qui le soigna en 1942 pour une rechute de sa tuberculose. "Les délégués du gouvernement de Vichy, toujours empressés d’appliquer la législation nazie, apposèrent les scellés à la porte du cabinet du docteur Cohen. Le docteur recevait Camus chez son beau-frère, le docteur Pariente." Bloqué en métropole par le débarquement américain de 1942, il retrouve dans la région du Chambon sur Lignon "un de ses vieux amis d’Algérie, André Chouraqui. Comme il étudiait la Bible, Chouraqui indiqua à Camus les passages qui traitaient de la Peste, et Camus en prit méticuleusement note" (1).

Voici pour les années noires. Il eut ensuite la renaissance de l’état d’Israël, et les reportages chaleureux de "Combat". Plus tard, dans les années cinquante, il fut pour Albert Memmi un aîné bienveillant, préfaçant la première œuvre d’un jeune inconnu (2). Deux ans avant de disparaître, c’est un Prix Nobel, désavoué par ses collègues docteurs ès bonne conscience pour avoir "défendu sa mère avant la justice", à l’heure des poseurs de bombes dans Alger la blanche. Évoquant les amitiés qui lui ont fait "garder cette grande force de joie et de vie sans laquelle un artiste n’est rien", il parle de "ses amis d’Israël, de l’exemplaire Israël qu’on veut détruire sous l’alibi de l’anticolonialisme, mais dont nous devons défendre le droit de vivre, nous qui avons été les témoins du massacre de millions de juifs et qui trouvons juste et bon que les survivants créent la patrie que nous n’avons pas su leur donner ou leur garder".

L’amitié de Camus, trente ans après, réchauffe le cœur alors qu’il fait à nouveau froid en France. Elle est toujours présente, un peu pour nous protéger de la Peste "dont le bacille ne meurt ni ne disparaît jamais".

Jean Corcos
Information Juive, janvier 1990


(1) : J’ai eu le grand bonheur d’évoquer cet épisode avec André Chouraqui lors d’une interview par téléphone l’été 2001, émission que vous pouvez entendre sur ma page http://jean.corcos.free.fr/, à la date de sa rediffusion (29 juillet 2007), quelques semaines après la disparition de cet invité.
(2) : J’ai eu également le bonheur de recevoir plusieurs fois Albert Memmi dans ma série « Rencontre ».

03 janvier 2010

Honneur ... et responsabilité

Mezri Haddad


Je publie enfin ce petit article de façon à vous informer, amis lecteurs, d’une information me concernant : il s’agit d’une nomination au sein du CRIF qui m’honore, mais en même temps dont je pèse toute les enjeux car il s’agit d’une tâche délicate ... j’y reviens dans quelques lignes.

Mais - un peu par modestie, un peu parce que je suis heureux de profiter de cette annonce pour en faire une autre ici - je voudrais présenter mes plus sincères félicitations à un ami, qui lui a fait l’objet d’une nomination autrement plus prestigieuse : le philosophe et universitaire Mezri Haddad vient d’être nommé Ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO ! En cliquant sur son nom en libellé ci-dessous, vous pourrez découvrir les articles dont cet ami, plusieurs fois reçu à mon émission, a autorisé la publication sur le blog. Les termes "d’honneur" et de "responsabilité" s’appliquent tout à fait à la personnalité de cet intellectuel, et à ses futures fonctions dans cette institution internationale : et je ne doute pas qu’il défendra, dans cette enceinte, des valeurs que nous partageons.

Maintenant à propos de ma nomination : suite à la démission de son responsable précédent, le Président du CRIF, Richard Prasquier, m’a nommé depuis cet automne Président délégué de sa "Commission pour les relations avec les Musulmans" : une tâche à la fois délicate (étant donné le contexte sur lequel il n’est pas besoin d’insister) et tout à fait stratégique, dans la mesure où conserver des bonnes relations avec une minorité représentant près de 10 % de la population de notre pays est tout à fait nécessaire !

En accord avec la direction du CRIF, le projet pour notre commission sera articulé autour de deux axes principaux :
- encourager des relations d’amitié avec la majorité pacifique des Musulmans de France, au travers d’un soutien actif aux associations et initiatives travaillant dans le domaine ;
- collecter et analyser le maximum d’informations sur les menaces de l’islam radical.

Vous ne serez pas étonnés, par conséquent, si j’ajoute ces quelques précisions : étant donné l’importance de ces relations, les responsables les plus impliqués pour ce domaine dans ma communauté ont bien voulu figurer dans la commission - pour ne froisser personne je ne citerai aucun nom, car une vingtaine de personnes en font partie ; étant donné aussi la sensibilité du sujet, je ne publierai pas ici de comptes-rendus, sauf en cas de manifestations publiques où nous serions impliqués, ou d’informations publiées sur le site du CRIF (1) ; enfin, conscient de la « radicalisation » d’une partie de la communauté juive "de base", radicalisation qui a un certain nombre d’explications objectives (agressions antisémites, progression islamiste dans certaines communes), un effort de pédagogie sera aussi entrepris.

Lourde responsabilité, vaste programme donc, mais en plein accord avec la "ligne" que vous connaissez bien ... car c’est à la fois celle de mon émission et de ce blog ; et je me rends pleinement compte que je dois cet honneur à l'expertise accumulée, au fil des années, des lectures et des interviews que vous pouvez suivre ici !

(1) Ce fut le cas pour notre réception de Mohamed Sifaoui le 3 novembre dernier, lire ici.