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21 juillet 2006

Des vacances et des lectures ...

Cette fois ça y est, le blog prend quelques vacances. On choisit leur date à l'avance, et cela tombe au beau milieu d'une guerre qui risque peut-être de dégénérer, c'est ainsi ... N'exagérons pas l'importance de ce modeste média pour les lecteurs fidèles : les sources d'information ne manquent pas sur le Web, et vous pourrez toujours suivre l'actualité brûlante en amenant votre micro portable sur la plage. Cela ne sera pas mon cas. Mais je profiterai de ces heures libres pour dévorer quelques uns des bouquins qui seront le thème de prochaines émissions. Pour vous qui partagez ma passion de la lecture, pourquoi ne pas découvrir - ou redécouvrir - quinze ouvrages dont il a été question sur le blog, et qui ont été les sujets passés de la série "Rencontre" ? En voici la liste, avec liens sur les articles. Et, pour certaines, liens sur les "podcasts" qui vous permettront d'entendre l'interview des auteurs.

"La gangrène et l'oubli" (Editions La Découverte) de Benjamin Stora
"Carnets secrets, chute et mort du Shah" (Editions Osmonde) de Houchang Nahavandi
"Enquêtes sur l'islam" (Editions Desclée du Brouwer) d’Anne-Marie Delcambre
"La Turquie dans l'Europe, un cheval de Troie islamiste ?" (Editions des Syrtes) d’Alexandre Del Valle -podcast à écouter
"Qu'Allah bénisse la France" (Editions Albin Michel) d’Abd Al Malik - podcast à écouter
"La fin de l'Occident ? L'Amerique, l'Europe et le Moyen-Orient" (Editions Odile Jacob), par François Heisbourg"Maghrébins de France" (Editions Privat) collectif sous la direction de Mohand Khellil
"Difficile tolérance" (Editions Presses Universitaires de France) de Yves-Charles Zarka et Cynthia Fleury
"les invités" (Editions j’ai lu) de Raouf Oufkir - deux podcasts à écouter
"Le livre noir de Saddam Hussein" (Oh ! Editions), collectif
"A l'ombre de l'islam, minorités et minorisés" (Filipson Editions), collectif
"La République brûle-t-elle ?" (Editions Michalon), collectif
"L'islamisme, maladie de l'islam" (Editions du Seuil) d’Abdelwahab Meddeb - deux podcasts à écouter
"C'est possible" (Editions L’Harmattan) de Mohamed Khouttoul
"Séfarades-Palestiniens, les réfugiés échangés" (Editions Safed) de Jean-Pierre Allali

Bonnes lectures donc, et surtout bonnes vacances à toutes et tous. Et j'espère vous retrouver en pleine forme le mardi 8 août !

J.C

19 juillet 2006

"Disproportion ?" Bernard-Henri Lévy réagit dans le journal "Le Point"

Bernard-Henri Lévy
(photo tirée du site www.maroc-hebdo.press.ma)

"Un mot qui revient bizarrement dans les commentaires, en Europe, de la riposte israélienne à la déclaration de guerre du Hezbollah: le mot «disproportion».

Je ne suis, certes, pas grand expert en affaires militaires. Et je pense évidemment, moi aussi, que chacune de ces victimes civiles que l’on appelle pudiquement, chez les stratèges, «dommage collatéral» est une tragédie.

Mais, cela étant dit, j’ai quand même envie de demander à ceux qui parlent ainsi comment ils réagiraient si des commandos de terroristes venaient, sur notre territoire, dans le plus total mépris, voire la négation, de nos frontières, kidnapper des soldats français.

Si des villes comme Strasbourg, Lille ou Lyon se trouvaient, comme Sderot, Ashkelon et, maintenant, Haïfa soumises à une pluie de katiouchas faisant des dizaines - à l’échelle française des centaines - d’autres victimes civiles dont le martyre vaut bien, il me semble, celui des Libanais.

Si la capitale même de notre pays se trouvait à la portée de missiles moyenne portée Zelsal-1 servis par des artificiers iraniens dûment missionnés par Ahmadinejad et si l’on nous disait, comme vient de le faire, à propos de Tel-Aviv, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, que frapper Paris n’est plus une hypothèse d’école mais un but de guerre prioritaire doublé d’une tâche sainte.

J’ai envie de leur demander quelle était, selon eux, la réaction «proportionnée» dès lors que l’auteur de ce type de déclarations et des frappes qui les accompagnent est, de notoriété publique, inspiré, financé, armé par un pays dont le président n’a jamais fait mystère de sa double détermination à se doter de l’arme atomique et, avec ou sans celle-ci, à rayer de la carte un Etat hébreu intrinsèquement pervers et criminel.

J’ai envie de leur demander encore comment il était possible de bâtir une riposte qui eût épargné un Liban redevenu, pour son malheur, l’otage d’idéologues et de chefs de guerre irresponsables qui n’ont eu de cesse que d’y construire, en contradiction flagrante avec sa culture, son génie, ses traditions de tolérance, de cosmopolitisme et de paix, un Etat dans l’Etat qui est, d’abord, un Etat terroriste et qui menace toute la région ainsi que, naturellement, les Libanais eux-mêmes - j’ai envie de leur demander, oui, comment l’on pouvait éviter d’intervenir au Liban dès lors que le gouvernement de celui-ci compte plusieurs ministres Hezbollah ; que son président, Emile Lahoud, affirme, chaque fois qu’il en a l’occasion, sa solidarité de principe avec les objectifs et la cause du Hezbollah ; que ses routes servent à acheminer roquettes, lance-missiles et transports de troupe vers les lignes de front et les fortins tenus par le Hezbollah ; et que c’est à partir des stations radar de ses aéroports et, notamment, de celui de Beyrouth que l’on localise les cibles maritimes israéliennes que vont, comme la semaine dernière, toucher les batteries Hezbollah.

Et puis, «disproportion» pour «disproportion», comment esquiver, pour finir, la vraie, la seule, question qui vaille et qui est de savoir où sont, aujourd’hui, les progrès concrets de l’esprit de modération et de mesure que chacun appelle de ses voeux : chez les Israéliens, qui, sans être, loin s’en faut, des anges, se sont retirés du Liban il y a six ans, de Gaza il y a six mois et sont prêts, dans une large majorité, dût-il leur en coûter, comme en ce moment, des avalanches de bombes sur leurs villes et villages, à se retirer de Cisjordanie pour voir s’y installer l’Etat palestinien en formation - ou chez des fous de Dieu qui se moquent comme d’une guigne de voir se former quelque Etat palestinien que ce soit et n’ont, en réalité, d’autre souci que de voir Israël disparaître ?

Car là est bien la ligne de partage.

Et tel est l’enjeu, le seul enjeu, d’une guerre presque plus radicale, en ce sens, que ne le furent les guerres israélo-arabes précédentes.

D’un côté, les partisans de la cohabitation de deux peuples apprenant, avec le temps, sans illusions ni angélisme, à négocier, faire la paix, puis peut-être, un jour, s’entendre et s’aimer : ce sont, en Palestine, les amis de Mahmoud Abbas ; c’est, dans le monde arabe en général, un nombre croissant de dirigeants et de représentants de l’opinion éclairée; et c’est l’essentiel, droite et gauche confondues, d’une population d’Israël qui a fini par comprendre qu’il n’y a pas d’autre voie, à terme, que celle du partage de la terre.

Et, de l’autre, les jusqu’au-boutistes d’une cause qui n’a plus qu’un très lointain rapport, et avec la cause nationale palestinienne, et avec la souffrance qui la soutient : c’est, à Gaza, le Hamas de Khaled Mechaal et c’est, ici, au Liban, le Hezbollah - ces deux piliers d’un fascislamisme dont on ne répétera jamais assez que les marionnettistes se cachent à Damas et, surtout à Téhéran et dont les responsables sur le terrain sont visiblement prêts, si la victoire finale est à ce prix, à se battre jusqu’au dernier Libanais, Palestinien et, bien sûr, Juif ".

Bernard-Henri Lévy
"Le Point", 20 juillet 2006

"Actes de guerre disproportionnés" ... en souvenir de Bizerte, 1961

Troupes parachutistes pendant la bataille de Bizerte,Tunisie, juillet 1961 
(source : www.troupesdemarine.org)

Il y a exactement 45 ans, le 19 juillet 1961, commençait la guerre éclair de Bizerte entre la France et la Tunisie. Un conflit très bref (quelques jours), mais qui fit selon les sources, 1000 morts (d'après le "Quid") ou 3000 (chiffre retenu par les autorités tunisiennes). Ces morts étaient quasiment tous tunisiens, dont une majorité de civils, et il y eut aussi des milliers de blessés. Ils furent les victimes d'une réaction brutale décidée par le gouvernement français à plus de mille kilomètres de son territoire. Et cela fait amèrement sourire, lorsqu'un autre gouvernement français reproche aujourd'hui à Israël ses "actes de guerre disproportionnés", alors que ce minuscule pays est bombardé nuit et jour par un ennemi - le Hezbollah - réclamant sa disparition ...
Pourquoi cette guerre ? Le Président Bourguiba décida, par une attaque surprise, de précipiter l'abandon par la France de la base aéronavale de Bizerte, enclave militaire maintenue en terre tunisienne après l'indépendance. Cette évacuation se serait faite pacifiquement plus tard, et de fait la base fut fermée en 1964. D'un autre côté, les deux dirigeants jouèrent cyniquement avec les pertes humaines, et l'Histoire ne leur en a pas tenu rigueur : quelques mois après le "putsh" des généraux, De Gaulle avait besoin de donner des gages à son armée, et cela à quelques mois de l'indépendance de l'Algérie et alors que la guerre civile menaçait ; de son côté, Bourguiba, chef d'état modéré et avisé, ne se lança pas dans cette aventure de gaîté de cœur - mais le F.L.N algérien, basé en Tunisie, lui reprochait de ne pas en faire assez ... et il fallait donner des gages aux plus nationalistes, alors même que, au cours du même été 1961, il fit assassiner son rival Ben Youssef à l'étranger.

45 ans après, je me souviens encore de la brutalité de ces évènements, de la peur ressentie à Tunis où nous étions ressortissants d'un pays devenu subitement "l'ennemi", et de notre fuite en France pour quelques semaines, juste avant l'arrêt des liaisons aériennes ... D'un coup, alors que je n'étais qu'un petit garçon de 10 ans, je pris conscience que le vent de l'Histoire peut souffler très fort et secouer les existences les plus paisibles. Tout cela, la mémoire collective des Français comme des Tunisiens l'a évacué, et c'est heureux. Des millions de nos compatriotes vont chaque année en vacances dans ce pays accueillant, où ils sont bien reçus parce que - contrairement à l'Algérie - on n'y cultive pas la rancœur. Preuve aussi qu'il y a des blessures que l'on peut cicatriser - et d'autres que l'on veut laisser toujours ouvertes, comme le monde arabe le fait à propos des Palestiniens. 

Jean Corcos

18 juillet 2006

Une vidéo terrifiante enregistrée sur "Al Manar" : quand Hassan Nasrallah remerciait Allah pour la mort en "martyr" de son fils

Pendant longtemps, longtemps, la nature ouvertement fanatique du Hezbollah faisait débat chez certains "distingués orientalistes". On se souvient des remontrances de Jacques Chirac contre son Premier Ministre de l'époque, Lionel Jospin, qui avait traité l'organisation de "terroriste". On se souvient du refus de la France de classer ainsi le "parti de Dieu", s'opposant frontalement à la fois aux États-Unis et au Parlement Européen. On se souvient aussi combien le CRIF avait du batailler pour obtenir l'interdiction de sa chaîne de télévision, "Al Manar", où le culte de la violence le dispute à la grossière propagande antisémite : le si populaire Robert Ménard, président de "Reporters sans Frontières", avait alors critiqué la décision des pouvoirs publics ...

Il n'est donc pas inutile, pour les esprits subtils qui font semblant d'ouvrir les yeux aujourd'hui, de visionner cette vidéo. Elle a été enregistrée sur "Al Manar" en 1997, juste après la mort au combat contre les troupes israéliennes, du jeune fils de 18 ans de Sheikh Nasrallah. On y entend donc le leader islamiste louer Allah pour l'honneur insigne d'avoir eu un "shahid" (martyr) dans sa famille. On y entend aussi une musique martiale, du genre qui a du envouter les milliers de fanatiques qui bombardent nuit et jour Israël en ce moment. On y entend enfin les cris de haine intégrale du public, qui hurlent à la mort souhaitée de l'état juif. 

J.C

17 juillet 2006

Charles Enderlin, le "Fabrice Del Dingo", se croit à Waterloo

Charles Enderlin
Introduction :
Isabelle-Yaël Rose m'envoie ce pamphlet de Jérusalem. Alors qu'elle vit dans un pays quasiment en état de siège et qu'elle peut témoigner - comme tant d'autres - du calme d'une population soudée derrière son gouvernement, elle exprime son dégout face aux derniers propos du correspondant de France 2.
J.C 
 
Charles Enderlin mérite très certainement une place d’honneur dans la liste des traumatismes infligés à l’âme humaine ...
Neuf heures moins quart ce matin. TV5 Monde, histoire d’entendre autre chose que ce que l’on entend à la télévision israélienne. C’est un petit déjeuner copieux qui nous attend : Charles Enderlin continue à voir les choses en grand. En très grand. Limite mytho. Il se croit encore en pleine guerre du Liban (celle de 1982).
La présentatrice interroge : « peut-on parler d’échecs ? »
Enderlin : « quelque chose de nouveau est en train de se passer en Israël. Alors qu’il est d’usage de ne pas critiquer l’armée en temps de guerre, des voix discordantes se lèvent : des parlementaires de droite comme de gauche exigent une enquête parlementaire. Les circonstances dans lesquelles les deux soldats ont été enlevés à la frontière du Liban sont en effet suspectes. Le bateau qui a été bombardé n’avait pas activé son système de détection électronique. Les Israéliens veulent savoir ce qui se passe exactement dans l’armée ».

On laisse tomber le café : une telle entrée en matière mérite un alcool très fort. A jeun. Cul sec. Les Français ont quand même l’estomac solide pour se taper un Charles Enderlin à huit heures moins quart du matin (heure française).
La bouteille déjà à moitié vide, on se met à réfléchir : Charles Enderlin et nous, vivons-nous dans le même pays ? Regardons-nous les mêmes informations ? Ecoutons-nous la même radio ? Parlons-nous avec les mêmes personnes ? Alors que les Israéliens restent très cool au milieu de tous ces événements, où est-il allé chercher qu’ils étaient en train de péter les plombs ? Deux hypothèses : Charles Enderlin traîne avec les excités, les hystériques, les ambitieux, les récupérateurs, les opportunistes ; seconde hypothèse : Charles Enderlin est en train de péter les plombs. Possible aussi qu’il soit en train de péter les plombs parce qu’il est toujours à traîner avec les excités, les hystériques, les opportunistes. En temps de guerre, le Français a tendance à perdre la tête. Très facilement. Surtout le correspondant. C’est pourquoi il vaut mieux le rapatrier en France, où il se mettra à défiler avec le drapeau du Liban (auquel il joindra sans état d’âme les drapeaux de : la Palestine, le Hamas, le Hezbollah, l’Irak, la Syrie et l’Algérie. Liste non exhaustive). Allez savoir les conséquences que de telles pratiques peuvent avoir sur la stabilité à long terme du pays ?
On continue à réfléchir - sans alcool : en temps de guerre, il faut se rationner - dans l’espoir de découvrir ce qui peut bien se passer dans la tête des Français. Et puis soudain, alors que nous étions en train de nous décourager, et que nous papotions avec des potes américains tout droits arrivés de Safed, l’étincelle se met à jaillir dans notre tête : Charles Enderlin se trompe de guerre ! Il se croit en 1982. Il attend les critiques acerbes des journaux. La pression des médias et de la gauche. Il espère sans doute revoir les manifestations géantes qui appellent à la démission du Chef de l’Etat. Une commission parlementaire, une cour martiale, un procès à La Haye. La panique, la crise, des émeutes, un gouvernement d’urgence. Et puis aussi un bateau français qui prenne Nasrallah à son bord. Dieu que les Français ont de l’imagination ! C’en est renversant ! Vous verrez : on finira par laisser croire que c’est le Mossad qui a enlevé les deux hommes. Que ce sont les Israéliens eux mêmes qui ont orchestré le bombardement de leur bateau. Un truc à la manière des "Protocole des Sages de Sion", des Tours Jumelles du 11 septembre détruites par les Juifs. Un truc dans le goût du complot sioniste qui a de son plein gré fournit la bombe atomique à l’Iran. A côté de cela, la réalité israélienne doit en effet être très frustrante : des citoyens pépères, qui ne semblent pas trop décidés à foutre le bordel, sauf - parce qu’il y a bien des restes de Mai 68 - quelques hurluberlus qui gueulent toujours un peu plus fort.

Charles Enderlin, c’est "Fabrice Del Dingo". Pas le Fabrice Del Dongo de "La chartreuse de Parme", pas le héros de Stendhal, non un Fabrice Del Dingo qui rêve qu’il est à Waterloo alors qu’il assiste tout simplement à la gestion en temps de guerre des affaires courantes. Comme disait Balavoine : « le correspondant, qui a tendance à se croire très important, et qui grossit les événements précisément pour se donner de l’importance, n’est pas un héros ». Loin s’en faut. Et dire qu’il est la voix de la France dans le monde ...

Isabelle-Yaël Rose
Jérusalem,
le 17 Juillet 2006

16 juillet 2006

Israël n'est pas seul !

Dure, dure journée pour l’état juif. Le cauchemar d’une attaque au cœur des grandes villes par les missiles du Hezbollah s’est concrétisé aujourd’hui avec les frappes sur Haïfa et les 8 tués dans le dépôt ferroviaire. Dans ce contexte qui rappelle le « blitz » sur Londres en 1940, les responsables militaires ne jouent pas les fanfarons, pas plus que les politiques. C’est ainsi que le chef d’état major des forces aériennes vient de dire que la « milice » islamiste (drôle de milice, avec un tel arsenal) avait encore un stock important de missiles, malgré les destructions causées par les raids de Tsahal (lien sur l'article du Haaretz).

Ce dimanche, par contre, voit confirmée la tendance soulignée dans les deux derniers articles du blog. Après une bonne partie des Libanais (article de jeudi), après les gouvernements arabes (post d’hier soir), les « grands » réunis dans le cadre du G8 à Saint-Pétersbourg ont - en langage diplomatique, mais il n’est pas très difficile de lire entre les lignes - dénoncé le Hezbollah comme le responsable principal de la crise. Voir en lien la dépêche de l’AFP publiée par le journal en ligne proche-orient.info (avec un minimum de réserve, car l’agence s’est spécialisée dans les traductions orientées dans un sens anti-israélien).
Beaucoup plus nette a été la chancelière allemande Angela Merkel, qui s’exprimait devant les journalistes : elle appelle un chat un chat et un terroriste un terroriste. C'est aussi sur le site du Haaretz, titré « Israël accueille positivement les conclusions du G8 ». Ci-dessous un extrait de son interview en anglais :
"We do not want to let terrorist forces and those who support them have the opportunity to create chaos in the Middle East," Merkel told reporters. "Therefore we place value on clearly identifying the cause and effect of events.""We are convinced that the government of Lebanon must be given all support and that the relevant UN resolutions regarding the south of Lebanon must also be implemented," Merkel said."We also demand that in addition to the UN activities, another observation and security mission is established. That must be worked out through the UN," she said.

Enfin, last but not least, on entend - enfin ! - un discours moins agressif vis à vis d’Israël chez les responsables politiques français, en tout cas de la majorité.
Ci-dessous un extrait d’une déclaration de Nicolas Sarkozy :
"Israël doit se défendre et a le droit de se défendre", a estimé dimanche soir à TF1 le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, en estimant qu'au Proche Orient il y avait "un agresseur, le Hezbollah, qui se comporte de manière invraisemblable". Qualifiant la situation de "dramatique" car "il y a un risque d'escalade, d'engrenage, de généralisation", le ministre de l'Intérieur et président de l'UMP a expliqué qu'il "y avait un agresseur, le Hezbollah, qui se comporte de manière invraisemblable". "Israël doit se défendre, a le droit de se défendre, mais si on est un ami d'Israël, et je le suis, on doit conseiller à Israël de garder son sang-froid et de ne pas faire de la surenchère et de proportionner la réaction", a-t-il dit. Il a reconnu que c'était "plus facile à dire de Paris que d'Haïfa". Nicolas sarkozy a jugé en outre que le Liban avait "le droit à l'indépendance et au respect de son intégrité et de son unité", en dénonçant "le comportement irresponsable du Hezbollah qui conduit à la désagrégation d'un Etat qui depuis 15 ans faisait des efforts pour se reconstruire". "Chacun doit bien comprendre qu'il faut débarrasser le Liban des influences extérieures".

Et enfin, même Chirac, le « gardien du Temple » de la fameuse politique arabe, celui qui refusait jusqu’à il y a peu de considérer le Hezbollah comme un mouvement terroriste, pose enfin publiquement la question du désarmement de cet auxiliaire de l’Iran en terre libanaise !
Lire en lien sur Yahoo l’article intitulé "Jacques Chirac presse Beyrouth d'agir contre le Hezbollah"

J.C

15 juillet 2006

Un monde arabe divisé

Fawzi Salloukh, ministre libanais des affaires étrangères, s'entretenant avec son homologue koweitien
Mohammed Sabah Al-Salem
(Le Caire, 15 juillet 2006, photo A.P)

Le site Internet du journal "Haaretz" publie une dépêche de l'agence Associated Press rapportant la conférence extraordinaire de 18 pays membres de la Ligue Arabe, ce samedi au Caire. Elle confirme ce que l'on pressentait depuis le début de la quasi-guerre entre Israël et le Hezbollah : au delà de la solidarité (naturelle) envers un pays "frère" subissant quotidiennement des bombardements, les principaux gouvernements arabes refusent de soutenir aveuglément l'organisation terroriste chiite.

Ci-dessous un extrait, en anglais :
"The Saudi foreign minister appeared to be leading a camp of ministers criticizing the guerrilla group's actions, calling them "unexpected, inappropriate and irresponsible acts.""These acts will pull the whole region back to years ago, and we cannot simply accept them," Saudi al-Faisal told his counterparts. (...) Supporting his stance were representatives of Egypt, Jordan, Kuwait, Iraq, the Palestinian Authority, the United Arab Emirates and Bahrain, delegates said on condition of anonymity because of the sensitivity of the talks."

Vendredi 14 juillet, le Roi de Jordanie Abdallah II et le Président égyptien Hosni Moubarak avaient "mis en garde contre un aventurisme ne servant pas les intérêts arabes". La veille, jeudi, les Soudiens avaient publié un communiqué distinguant "la résistance légitime à Israël" et "les aventures mal calculées" ...
On peut se donc poser la question : pourquoi cette critique à mots couverts du Hezbollah ? Il y a bien sûr toute une gamme d'interprétations. D'abord la peur - légitime - des gouvernements arabes responsables refusant de voir la région sombrer dans un nouveau conflit. Ensuite il y a le contexte de la crise : le Hezbollah a agressé l’État juif sans raison - et une fois de trop car il y a eu des dizaines d'attaques depuis l'évacuation du Liban en 2000 ; il a violé une frontière internationale, et pratiqué un acte de terrorisme (prise d'otages) que l'ensemble de la communauté internationale a condamné, à l'exception des "états voyous" comme la Syrie et l'Iran. Et enfin il y a l'Iran, justement, qui se rapproche de l'arme nucléaire et qui fait peur aux Sunnites ... "Le réveil chiite", c'était le titre de mon émission du 7 mai dernier avec Antoine Sfeir, qui avait souligné le clivage profond entre ces deux tendances de l'islam au Moyen-Orient. Et de façon tout à fait prémonitoire, le journal en ligne "proche-orient.info" décryptait dans un article publié le 11 juillet - la veille de l'attaque du Hezbollah ! - les manœuvres de l’axe Iran-Syrie, pour empêcher tout déblocage du processus de paix ... et défendre la survie de régimes sponsors du terrorisme islamiste.

J.C

13 juillet 2006

"Schizophrénies galopantes" : le journaliste libanais Elie Fayad dénonce le gouvernement de Beyrouth, où siège le Hezbollah

Le Sheikh Nasrallah, leader du Hezbollah libanais
(caricature parue sur le site www.ahram.org.eg)
Introduction :
Élie Fayad est éditorialiste dans le grand quotidien de Beyrouth "L'Orient-Le Jour" (en lien permanent sur le blog). Dans l'édition d'aujourd'hui, il dénonce la "schizophrénie" du gouvernement libanais, qui feint la surprise en ayant toléré une organisation terroriste en son sein au nom de "l'union nationale' - organisation qui vient de précipiter son pays au bord du gouffre. Morceaux choisis ...
J.C

L’État, la démocratie, l’économie, la vie au Liban sont une nouvelle fois menacés. Le Hezbollah, en solitaire, fait son oeuvre de justicier ; Israël presse un bouton et en l’espace de quelques heures, des infrastructures vitales du pays se retrouvent réduites en cendres.Ce ne sont pas seulement deux soldats israéliens qui ont été pris en otages ; c’est le Liban tout entier, sa volonté de vivre, de prospérer, de se construire, d’édifier pacifiquement sa démocratie. Le justicier siège au gouvernement et à la table de dialogue. C’est, désormais, une anomalie qui ne peut plus se perpétuer, à aucun prix. Car le vrai problème ne réside pas uniquement dans la riposte militaire israélienne, quelle qu’en soit la terrifiante ampleur. Il est bien plus profond. Il touche à l’existence même d’un État libanais constamment défié, de l’intérieur comme de l’extérieur, dans ses prérogatives les plus naturelles et notamment sa souveraineté. Même si l’État hébreu avait décidé de ne pas riposter et de négocier pour récupérer ses soldats, cet aspect du problème pour le Liban serait resté entier (...)
L’acte commis par le parti chiite hier enterre définitivement toute idée de dialogue. Ce qu’il perpétue, au contraire, c’est la logique du rapport de force brutal entre les communautés et les fractions politiques du pays, à l’ombre d’un gouvernement et d’un État totalement paralysés. Un scénario explosif archiconnu des Libanais que le dialogue était justement censé désamorcer. L’histoire la plus contemporaine montre bien que les frustrations, les colères contenues de tel ou tel groupe de Libanais finissent toujours par exploser un jour. Si rien n’est fait d’ici là pour le freiner, le Hezbollah conduira inéluctablement le pays vers une nouvelle situation de ce type. Car Hassan Nasrallah et ses partisans devraient savoir que leurs actes suscitent la colère et la frustration de beaucoup de Libanais (...)
Combien de temps encore le premier « gouvernement d’indépendance » du Liban après trente ans de tutelle syrienne survivra-t-il à sa schizophrénie ? Comment désormais supporter l’idée qu’une formation tenant aussi peu compte de l’opinion de ses partenaires puisse continue à siéger au sein du cabinet ? Comment tolérer le chantage au suicide ? Comment faire coexister une culture de vie et de paix avec un culte du sang et de la mort ? (...)
Il faudra qu’un jour cette question soit définitivement tranchée. Mais pour cela, il faudra que la majorité au pouvoir se décide à agir... en majorité.

Élie Fayad
"L'Orient-Le Jour", 13 juillet 2006

12 juillet 2006

Liban : la frontière s'embrase. Nous ferons un point en direct ce dimanche 16 juillet sur Judaïques FM

L'actualité s'emballe vraiment au Proche-Orient, et Israël doit maintenant se battre sur deux fronts, après l'attaque du Hezbollah ce matin à la frontière libanaise : embuscade et enlèvement de deux soldats ; sept militaires tués au total ; toutes les localités de la frontière bombardées, et des dizaines de milliers d'habitants contraints de descendre aux abris ... La réaction ne peut qu'être vigoureuse, même si - comme d'habitude, pourrait-on dire - la sympathie pour l'état juif, agressé sur sa frontière internationalement reconnue, risque de s'estomper dès qu'il reprendra le dessus sur le terrain !

Je pense tout naturellement à nos amis "blogueurs" d'Israël, Alain ("a frenchie in the Holy Land") et "Ram Zenit" (blog "PAF") ; allez sur les liens permanents, vous aurez des témoignages bien différents, celui d'un quidam pacifique témoin de la tourmente car il vit très près de la frontière, pour le premier ; celui d'un officier de réserve donnant des analyses stratégiques, pour le deuxième.
Autre source d'information irremplaçable, le journal en ligne "proche-orient.info" qui a une équipe de collaborateurs de toutes origines. J'avais eu dernièrement comme invité le journaliste Chawki Freiha, d'origine libanaise. C'est tout naturellement à lui que j'ai pensé pour commenter à chaud l'actualité, en direct dimanche prochain 16 juillet. Il donnera son analyse sur ce qui se passe : comment expliquer l'attaque d'aujourd'hui ? Quel a été le rôle de la Syrie ? Y-a-t-il un message lancé par Téhéran aux Occidentaux, alors que les pressions reviennent sur les Mollahs ? Le Hamas et le Hezbollah ont-ils une stratégie commune ? Pourquoi le gouvernement libanais n'a-t-il pas désarmé ce groupe terroriste ? Que pense le peuple libanais de ce retour de la violence ? Une émission spéciale qui remplacera - actualité oblige - la rediffusion annoncée hier soir.

J.C

11 juillet 2006

Rediffusions de l'été

Radio Philips de 1932
(source : site www.radiomuseum.be)

Cette période estivale verra, comme chaque année, la programmation s'alléger sur Judaïques FM ... L'émission "Rencontre" sera toujours diffusée un dimanche sur deux à 9h30 le matin, mais ce seront des rediffusions. Voilà donc le programme des quatre prochains numéros, avec les liens sur la présentation déjà donnée sur le blog.

Le 16 juillet : invitée Françoise Brié, médecin, membre d'ONG humanitaires, thème "Le livre noir de Saddam Hussein".
Le 30 juillet : invité Morad El Hattab, philosophe et écrivain, thème : "Du Dar el islam au Dar el salam"
Le 13 août : invité Lucien Samir Arezki Oulahbib, philosophe et écrivain, thème : "Les Berbères, histoire d'un étouffement"
Le 27 août : invité Antoine Sfeir, orientaliste, rédacteur en chef des Cahiers de l'Orient, thème : "Le réveil chiite".

J.C

09 juillet 2006

C'est peut-être la fin d'un monde ...

C'est peut-être la fin d'un monde ... Ainsi commence la présentation de l’émission d’Élisabeth Lévy du 8 juillet sur France Culture, « Premier pouvoir ». Son invité était Denis Jeambar, directeur de « l’Express ». Un journal qui vient de changer plusieurs fois de propriétaires, et qui est en crise - comme la majorité de la presse écrite française, à commencer par « Libération » qui a failli disparaître et que vient de quitter son fondateur, Serge July. Vous trouverez ci-dessous la présentation de cette émission, que vous pouvez entendre pendant une semaine en cliquant sur ce lien.

Sur la disparition programmée de la presse écrite et son lourd impact sur la Démocratie, il n’y a guère plus à ajouter. Mais si la liberté de la presse avait déjà, et depuis longtemps, du plomb dans l’aile ? Le « politiquement correct », cette manière de dire partout plus ou moins la même chose avec des mots différents, seuls les lecteurs déjà au fait sur un sujet peuvent en être conscients. Il en est ainsi - hélas ! - du conflit israélo-palestinien, où la sympathie pour la partie arabe, même dirigée par les pires extrémistes comme le Hamas, reste une constante. Contrairement aux autres pouvoirs, celui des médias (essentiellement audiovisuels) est sans contradicteurs, et il n’y a presque pas d’instance pour analyser ses points de vue - sauf une série comme celle d’Élisabeth Lévy. « Premier pouvoir », tel est justement le titre de son émission sur France Culture, qui a toujours refusé la langue de bois et qui a, souvent, égratigné les « faiseurs d’opinion ». Trop peut-être ? Son émission disparaîtra à la rentrée ... encore la fin d’un monde, donc. A moins, peut-être, de protester en écrivant à l'adresse de l'émission.

« C'est peut-être la fin d'un monde. Un monde que l'on découvrait et comprenait dans les colonnes des journaux, dans les colonnes des journaux, où l'on s'affrontait par gazettes interposées. La lecture du journal n'est pas la prière quotidienne de l'homme post-moderne. Certains se réjouissaient que les journaux, après avoir tenté de transformer le monde, se contentent de l'interpréter. La vieille presse d'opinion, coupable partiale et souvent mensongère, avait cédé la place à la grande presse d'information, professionnelle et objective. Certes, celle-ci pouvait mener des combats mais toujours au nom de principes supérieurs : démocratie, transparence, liberté d'expression.
Bref, en quelques décennies, le visage des journaux et le ton des journalistes a changé. On ne saurait éluder la responsabilité de ces derniers qui, sous couvert de professionnalisme se sont souvent réfugiés dans le conformisme le plus plat. Mais le mal est plus profond, atteignant, au-delà de la presse, l'ensemble de la graphosphère. Alors que l'on célèbre le règne de l'image et de la communication illimitée, la mise à distance, le colloque singulier que suppose la lecture n'est plus très tendance. Les lecteurs, parait-il, ne croient plus leurs journaux. Mais ils ne se révoltent guère contre le spectacle que leur offre le petit écran. Une partie du public semble avoir renoncé à analyser, à critiquer, à déchiffrer pour se divertir à en mourir.
Il n'est donc guère étonnant que les journaux soient en butte à des difficultés économiques croissantes. Plans sociaux, dépôts de bilans, successions de nouvelles formules, départ des dirigeants historiques : les rubriques consacrées à la presse écrite ont ces jours-ci une allure de carnet mortuaire.
Quant à l'indépendance des rédactions, plus elle est affirmée par le verbe, moins elle semble réelle dans les faits. Un monde sans Libé ? S'interrogent, incrédules, de grands noms de l'intelligentsia. Ce monde sans Libé, sans le Figaro, l'Express ou les autres n'est sans doute pas pour demain. Mais il ne relève plus de la science-fiction. Quant au pouvoir des médias, on ne proclamera pas ici sa disparition - bien au contraire. Mais une chose est sûre : ce pouvoir n'appartient presque plus aux journalistes. »

Puisque je vous parle de médias et d'émissions qui finissent, une autre fin que, au contraire, je ne regrette pas ... c'était hier la "dernière" de "Tout le Monde en parle" sur France 2. Thierry Ardisson avait été épinglé dans un livre de Jean Robin, dont j'avais parlé sur le blog le 3 mai dernier. Mon collègue de Judaïques FM, Benjamin Petrover, a reçu l'auteur le 27 juin dans son émission "Haute tension" consacrée à la musique et aux médias.

J.C

07 juillet 2006

Oui - oui !


Le sourire du mois
- juillet 2006

C'est un petit film très court (32 secondes), en noir et blanc. Plein de nostalgie et qui pincera sûrement le cœur des "Tunes" qui ont mon âge ou beaucoup plus, et qui n'ont pas oublié le sable chaud sur la plage de La Goulette à une quinzaine de kilomètres de Tunis, en ces années de bonheur où la "boite à vacances" était si facile à ouvrir ! Nous devons une vraie dette à Belhassenino qui a mis sur la Toile une collection d'anthologie sur ce paradis perdu judéo-tunisien (taper son nom dans le moteur de recherche du site "YouTube.com" pour avoir d'autres trésors).

Il vous suffira donc d'appuyer sur le bouton virtuel pour faire revivre "Oui - oui", fameux personnage à chechia digne d'une "Comedia del Arte" goulettoise et qui arpentait la plage, pieds nus et démarche chaloupée, pour proposer ses cornets de cacahouètes et amandes salées. Oubliez l'écran devant vos yeux, écoutez la mer, regardez au loin le massif du Bou Kornin ... nous sommes en Tunisie dans les années soixante, et vous pouvez sourire de bon cœur car l'été vient de commencer !

J.C


05 juillet 2006

Le drapeau vert flotte sur Koweït City

Toutes les caméras du Monde se focalisent sur la frontière entre Israël et la bande de Gaza, dans l’attente d’une réaction aux attaques incessantes du Hamas. Mais je voudrais vous parler d’un autre évènement qui a peu attiré l’attention des commentateurs, mais qui est aussi lourd de menace, à long terme : la victoire des islamistes dans un émirat du Golfe, le Koweït. Ci-dessous un extrait de l’article publié le 1er juillet dernier dans « Le Figaro », sous la signature de Georges Malbrunot ... qui fut otage pendant plusieurs mois en Irak, il y a deux ans.

« L'opposition, conduite par les islamistes, sort renforcée des élections législatives de jeudi, où aucune femme n'a été élue, selon les résultats publiés hier. Le taux de participation féminine n'a atteint que 40%, un score assez faible compte tenu de la publicité faite autour de ce premier scrutin ouvert aux Koweïtiennes. Sur 28 candidates en lice, seules deux d'entre elles ont recueilli plus de mille voix. Elles ont souffert d'un manque de temps pour se préparer. Et dans un réflexe conservateur, nombre de Koweïtiennes ont apparemment voté pour des candidats tribaux ou islamistes. Ce galop d'essai est donc un demi-succès pour les Koweïtiennes.
Avec 21 sièges (sur 50) au prochain Parlement (contre 18 auparavant), la mouvance intégriste constitue le principal bloc de la nouvelle Chambre. Elle pourra s'appuyer sur sept députés libéraux et quatre nationalistes, pour faire avancer ses revendications. »
  1. Cette victoire est inquiétante, car d’abord elle confirme - après la victoire du Hamas en Palestine, la poussée des Frères Musulmans en Égypte et le succès annoncé pour 2007 du « Parti de la Justice et du Développement » au Maroc - le fait que la poussée islamiste est une vague de fond, qui concerne a minima l’ensemble du Monde arabe. On relira à ce sujet l’article de l’historien Pierre Vermeren publié en exclusivité sur le blog le 21 avril dernier (cliquer ici).
  2. Ensuite, elle concerne un Pays très proche des Occidentaux, et qui en vérité leur doit tout : c’est le Royaume-Uni qui avait couvert de son aile protectrice le petit Émirat, jamais reconnu par l’Irak ; ce sont les États-Unis qui l’ont libéré de la brève, mais féroce occupation des troupes de Saddam Hussein en 1991.
  3. La vielle tarte à la crème de « l’humiliation arabe » ne fonctionne pas du tout dans le contexte koweïtien, en raison donc de l’histoire proche rappelée ci-dessus : non seulement l’Émirat n’a pas été « humilié » par une occupation occidentale, mais en plus il a accepté de servir de base arrière ... à l’invasion d’un pays arabe voisin, l’Irak en 2003 !
  4. Même incohérence pour les explications fumeuses du type « attrait de la nouveauté », « islam bricolé pour retrouver une identité », etc. régulièrement offertes pour expliquer l’attrait intégriste pour les jeunes Musulmans occidentalisés : les Koweïtiens savent très bien ce que signifie une société régie par la Charia, car ils sont les voisins directs de deux états islamistes, l’Arabie wahabbite et l’Iran des Mollahs.
  5. Dernière tarte à la crème à renverser, celle de la misère, de l’analphabétisme, des inégalités sociales, bref de « l’islam des pauvres » contre les corrompus occidentalisés ... A Koweït City (comme dans tous les Emirats du Golfe), ceux qui travaillent, les « couches laborieuses » chères aux orientalistes complaisants sont quasiment tous des travailleurs immigrés, privés de tout droit - donc qui ne sont absolument pas responsables de la victoire électorale des islamistes.

    A suivre, donc. Et à garder en réserve pour mes fiches, si d’aventure un prochain invité de ma série me proposait ce genre d’arguments pour expliquer la « vague verte » !

    Jean Corcos

04 juillet 2006

Abdelrahmane Al Rached, Alain Hertoghe et André Grjebine : un cocktail rafraîchissant !


La canicule parisienne se fait oppressante, et l’on en vient presque à attendre les violents orages annoncés pour demain ! La langue de bois du vingt heures à la télé n’aide déjà pas beaucoup à comprendre l’actualité, pas plus qu’une soupe poisseuse n’aiderait à nous désaltérer par le temps qu’il fait. Alors c’est un vrai bonheur que de faire des lectures fraîches et inédites, de les mixer ... et de vous les offrir en cocktail virtuel. Félicitations donc, aux trois auteurs pour les articles dont vous trouverez les liens ci-dessous.

Abdelrahmane Al Rached est éditorialiste dans le journal arabe international publié à Londres, Asharq Al Awsat (« le Moyen-Orient »). Il a écrit ce matin 4 juillet que seul le Hamas est responsable de la catastrophe en retour que leur impose Israël, et qu’ils ont tort d’appeler les Arabes au secours. Ci-après, un extrait :
« Comment ceux qui appellent aujourd'hui les Arabes au secours osent-ils le faire alors qu'ils ne leur ont jamais demandé un avis ou un conseil avant de se retrouver au cœur de la crise ? Aujourd'hui, les Palestiniens dénoncent les tueries, les destructions systématiques à Gaza, et appellent les dirigeants arabes à intervenir pour faire cesser la machine à tuer israélienne. Mais avaient-ils informé ces dirigeants arabes de leur projet d'enlever un soldat israélien ? Ne devaient-ils pas peser le pour et le contre avant de franchir le pas ? Le Hamas n'a jamais tenu compte des conseils qui lui avaient été donnés par les Arabes, et il n'a fait que rejeter l'initiative arabe de paix, en insistant sur la résistance, seul moyen de libérer les territoires, et seul langage que comprend l'ennemi (...). »
Alain Hertoghe, ex-journaliste de « la Croix » et éditeur de l’excellent blog « carte de presse » que j’ai déjà cité à plusieurs reprises, n’en peut plus, lui aussi, de la langue de bois de la plupart des éditorialistes français qui mettent sur le même plan les islamistes du Hamas et l’état démocratique d’Israël. Il vient de l’écrire dans un article, "l'arroseur arrosé", qui a suscité des dizaines de réactions des internautes. Extrait choisi :
« L’État israélien est une démocratie qui n'a rien à envier à la nôtre. Reconnu par la communauté internationale, membre de l'ONU, il a le droit de se défendre quand il est attaqué, même contre un ennemi plus faible. (...) Hitler et les nazis étaient aussi arrivés au pouvoir par la voie des urnes. Cela n'avait pas empêché les démocraties occidentales de déclarer ses dirigeants politiques objectifs militaires. Et, à l'heure de vaincre le nazisme, les États-Unis et leurs alliés européens bombardèrent massivement les villes allemandes. Sous les applaudissements des opinions publiques occidentales. Rien à voir avec la manière ciblée de Tsahal de frapper les groupes terroristes en tentant de minimiser le nombre de victimes civiles. »
Enfin, André Grjebine est directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de Sciences-Po. Il a publié ce 4 juillet un « rebond » dans « Libération » intitulé "Ségolène, ombres et Lumières" (la majuscule est volontaire et se réfère à l’héritage philosophique pré-1789, donc laïc et anti-obscurantiste). Et, avec une plume chatouilleuse, il demande à la jolie « candidate à la candidature » du PS de se positionner clairement, à la fois sur des sujets de politique internationale et de choix de société. Encore des extraits ...
« Comment ne pas s'interroger, par exemple, sur les relations que Mme Royal entretient avec l'héritage des Lumières et sur sa conception de la liberté d'expression, quand elle trouve inadmissible qu'on insulte l'image sacrée du Prophète musulman et que s'adressant à son ami, l'avocat Jean-Pierre Mignard, elle déclare : «N'aie pas peur, Jean-Pierre ! Je ne laisserai pas insulter Dieu !». De même, on attend d'elle qu'elle explique ce qu'elle entend par «être au clair sur ses valeurs» quand elle évoque les relations internationales. Cela signifie-t-il qu'elle envisage de se démarquer ou, au contraire, qu'elle adhère à l'antiaméricanisme qui imprègne si souvent les discours socialistes et qui conduit à soutenir, implicitement ou pas, des mouvements fondamentalistes, voire des régimes autoritaires, simplement parce qu'ils s'opposent aux États-Unis ... ou à Israël ? »

J.C

03 juillet 2006

Lundi 10 juillet, journée européenne de mobilisation pour le Darfour

Introduction :
Décidément, les grands médias français restent indécrottables ! Après plus de 200.000 morts et des millions de déplacés, le conflit du Darfour intéresse toujours aussi peu nos chaînes de télévision ... ainsi que "le grand quotidien du soir qui fait la morale à tout le Monde" - sauf aux islamistes génocidaires, au Soudan ou ailleurs ! Espérons que la prochaine journée de mobilisation du 10 juillet fera bouger les choses. Je reproduis avec plaisir la liste des personnalités attendues au théâtre de la Madeleine à Paris. On remarquera - et il faut s'en féliciter - la participation de nombreuses personnalités de la télévision. Faut-il par ailleurs le rappeler ? Les victimes de ce drame sont toutes musulmanes. Mais leurs oppresseurs le sont aussi, et cela justifie des honteux silences.
J.C

JOURNEE EUROPENNE DE MOBILISATION POUR LE DARFOUR LE LUNDI 10 JUILLET A 20 H AU THEATRE DE LA MADELEINE,
19 rue de Surene - 75008 Paris - métro Madeleine (lignes 8-12-14) - bus 24-42-52-94 arrêt Madeleine.
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Avec la participation de : Nicos ALIAGAS, présentateur TV - Céline BALITRAN, présentatrice TV - Dany BOON, acteur - Richard BERRY, metteur en scène et acteur - Amanda BRUEL, écrivain et scénariste - Jean-Yves CAMUS, journaliste et écrivain - Patrick DEVEJIAN, député - Morad EL HATTAB, écrivain et philosophe- Brigitte FOSSEY, comédienne - Patrick GAUBERT, président de la LICRA - André GLUCKSMANN, écrivain et philosophe - Marek et Clara HALTER, écrivain - Bernard HENRI-LEVY, écrivain et philosophe - Jacques JUILLARD, directeur délégué du « Nouvel Observateur » - Bernard KOUCHNER, ancien ministre et co-fondateur de médecins du monde - Jack LANG, ancien ministre - JENNIFER, chanteuse ­ Michel LEEB, acteur - Pascal LEGITIMUS, réalisateur, scénariste et acteur - Ivan LEVAI, directeur délégué au quotidien « La Tribune » - Corine LEPAGE, ancien ministre - Daniela LUMBROSO, présentatrice TV - Jacky MAMOU, président du collectif Urgence Darfour ­ Tristan MENDES-FRANCE, président de l¹institut Pierre Mendes-France - Jean-Pierre MIGNARD, avocat et vice président du CA de Témoignage Chrétien - Bernard MONTIEL, présentateur TV - Yanick NOAH, chanteur - Maxim NUCCI, chanteur et musicien - Youssou N'DOUR, chanteur et musicien - OMAR& FRED, comiques - Patrick PELLOUX, président de AMUHF - Patrick POIVRE D¹ARVOR, journaliste et écrivain - RAPHAEL, chanteur et musicien - Pierre SCHAPIRA, député européen et adjoint au maire de Paris- Dominique SOPO, président de SOS Racisme - Francois ZIMERAY, avocat et représentant de SOS Darfour en France

L'émision "Rencontre" et le blog ont souvent parlé du drame du Darfour, ci-dessous quelques liens sur des articles passés :

20 Mars 2005 1er Juillet 2005 15 Avril 2006 15 Mai 2006

01 juillet 2006

Ils ont dit à notre micro ...


J'aime bien cette photo ... authentique micro historique, très "années quarante" ... il évoque à la fois les heures noires de la Seconde Guerre Mondiale, et le début de la Guerre Froide. Une période que je n'ai pas connue, mais qui a hanté mon adolescence et les années qui ont suivi. Bien que cela sorte du thème de ce blog, je l'évoquerai peut-être dans un prochain post, avec une petite dose d'autocritique (cela fait toujours du bien !). Mais cette photo me permet aussi de faire un peu d'humour (juif). Il y a une telle atmosphère de haine anti-américaine en France ; une telle hystérie qui va largement au delà de la critique (compréhensible et justifiée) de l'administration Bush ; on associe tellement naturellement Israël et les USA - en oubliant les relations solides de l'état hébreu avec d'autres grandes puissances ; on ressort si facilement ce mythe du "complot judéo-américain", entendu (à l'époque de ce micro) sur Radio Paris aux ordres des nazis ... que j'ai choisi cette photo pour évoquer notre radio : façon de faire un pied de nez aux abrutis antisémites qui liront l'article, et il y en a aussi (hélas) parmi les visiteurs !

Pour ceux qui découvrent le blog : j'essaie de rendre compte, pour ceux qui ne peuvent suivre mon émission, de diffusions passées. Depuis février, j'ai mis en ligne plusieurs "podcasts" qui permettent d'entendre plusieurs invités. J'ai également publié, sous forme écrite, des extraits d'interviews. Il suffit de cliquer sur un (ou plusieurs) des noms ci-dessus pour découvrir (ou redécouvrir) ce qu'ils ont dit au micro de "Rencontre" !


J.C