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30 avril 2019

Galerie d’invités (suite)


Encore de nouvelles photos, prises avec des invités lors de récents enregistrements sur Judaïques FM.

- En haut, avec Edmond Lisle, président de la Fraternité d’Abraham (émission du 2 décembre) ;

- Photo suivante, avec Schéhérazade Zerouala (émission du 24 mars) ;

- En bas, avec à gauche Eva Janadin et à droite Anne-Sophie Monsinay, fondatrices de « Voix d’un islam éclairé » (émission du 7 avril).

A noter que les deux premières photos sont les dernières à avoir été prises dans les anciens locaux de la radio, tandis que la dernière l’a été dans notre nouveau studio : Judaïques FM a en effet déménagé à la fin du mois de mars ; et j’espère vous présenter notre nouveau cadre de travail dans un prochain article.

J.C

28 avril 2019

L’Amitié judéo-musulmane de France - Paris : Christine Taieb et Akim Helitime seront mes invités le 5 mai



J’ai eu le plaisir, à plusieurs reprises, de vous parler de l’Association Judéo-Musulmane de France (AJMF), avec son président et fondateur, le Rabbin Michel Serfaty. Née en 2004, l’AJMF s’est déployée dans un très grand nombre de villes françaises, et elle a évolué dans ses activités, comme nous l’avait expliqué Michel Serfaty il y a deux ans ; il était alors accompagné par deux jeunes animateurs musulmans de son équipe. Mais en parallèle, cette association a commencé à développer des antennes locales, et parmi elles la plus importante est celle de Paris, notre capitale où vivent aussi de nombreux juifs et musulmans, en proportion très supérieure à la moyenne nationale. Or l’AJMF Paris a proposé des manifestations originales, elle existe maintenant depuis plusieurs années, et il était temps d’en parler dans ma série. Mes deux invités seront dimanche prochain les deux nouveaux co-présidents juif et musulman, ou plus précisément une coprésidente et un coprésident, Christine Taieb et Akim Helitime.

Parmi les questions que je poserai à mes deux invités :

-          Qu’est-ce qui vous a conduit à entrer dans cette antenne de l’AJMF : est-ce que vous étiez militants par ailleurs dans une association anti-raciste ? Est-ce que c’est un désir de pédagogie, par rapport à des communautés qui ne connaissent pas assez ? Ou est-ce d’autres motivations ?
-          Quelles sont les différences avec l’association mère présidée par le Rabbin Michel Serfaty ? Est-ce qu’on peut dire que le public n’est pas du tout le même entre Paris, et les cités à problèmes qu’il a parcourues - ce qu’il appelle lui-même « les brasiers » ? Et est-ce que ces publics très différents n’appellent pas des activités très différentes ?
-          Pour l’avenir, que vous proposerez-vous en priorité à vos adhérents : mieux se connaitre, à travers des réunions conviviales ? Ou apprendre à mieux connaitre l’identité des autres, à travers des manifestations culturelles ?
-          Vous commencez très fort avec un grand projet le mercredi 15 mai en soirée, à la Maison de la Tunisie – qui se trouve dans l’enceinte de la cité universitaire, Boulevard Jourdan à Paris. Que proposez-vous comme programme ? Pourquoi avoir choisi la Maison de la Tunisie comme cadre ? Et est-ce que tout le monde, donc y compris des non adhérents, pourra assister à cette soirée ?
-          Il y a 15 ans, lorsque Michel Serfaty a fondé l’AJMF, l’idée était simple :  il fallait en quelque sorte dédiaboliser l’image des juifs chez une partie de la jeunesse musulmane. Mais aujourd’hui, cela semble dépassé : il y a maintenant un grand retour de l’antisémitisme, chez des Français de toutes origines ; la crise des Gilets Jaunes a démontré la banalisation de la violence ; il y a eu l’irruption du terrorisme islamiste ; mais il y a eu aussi l’apparition d’une extrême droite radicale, pour qui l’islam est l’ennemi : est-ce qu’il ne faut pas voir plus loin que le dialogue judéo-musulman ?

Encore une occasion de donner un « coup de chapeau » à une association de terrain qui travaille pour rapprocher les communautés et religions ; et cela, alors que la France, hélas, est de plus en plus fracturée par les peurs et les conflits.

Soyez nombreux à l’écoute !

J.C

25 avril 2019

La France demande la libération de l’Iranienne Nasrin Sotoudeh

Nasrin Sotoudeh

« Elle a été condamnée dans des conditions ahurissantes », a dénoncé ce jeudi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

Nous ferons tout pour obtenir la libération de Nasrin Sotoudeh », a promis ce jeudi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian. L’avocate des droits humains iranienne purgeait depuis juin 2018 une peine de prison de cinq ans pour des accusations d’espionnage. Mais la célèbre militante a récemment été condamnée à dix années d’emprisonnement supplémentaires et 148 coups de fouet, pour « incitation à la débauche ». Elle s’était en effet présentée devant le tribunal sans le voile islamique obligatoire pour les femmes dans l’espace public.
« Elle a été condamnée dans des conditions ahurissantes », a insisté devant le Sénat le ministre des Affaires étrangères français. Et ce pour « avoir défendu le droit des femmes, en particulier (de) celles qui contestent l’obligation du voile islamique » en Iran, l’a-t-il défendu.

Télescopage diplomatique

Âgée de 55 ans, Nasrin Sotoudeh a été récompensée en 2012 du Prix Sakharov décerné par le Parlement européen. Elle a passé trois ans en prison (2010-2013) après avoir défendu des opposants arrêtés lors de manifestations en 2009 contre la réélection de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence.
Le cas de cette militante, très soutenue en France, est en train de se télescoper avec la diplomatie entre les deux pays. « Nous avons fait des efforts considérables ces derniers mois pour préserver l’accord nucléaire (iranien) en dépit du retrait américain. Nous le faisons parce que nous respectons notre signature, mais l’Iran doit aussi respecter ses engagements et en particulier ceux du pacte international relatifs aux droits civils et politiques », a prévenu Jean-Yves Le Drian. « Notre souci de préserver l’accord de Vienne n’est pas un blanc-seing accordé à l’Iran et certainement (pas) en matière des droits de l’Homme », a-t-il insisté.
La République islamique d’Iran a été choisie il y a plus plusieurs mois pour rejoindre ce groupe de travail dépendant du Conseil économique et social, l’une des six instances de l’Organisation, au rôle consultatif.

Le Parisien, 21 mars 2019

23 avril 2019

« Fin de l’Etat islamique » : comment éviter que l’histoire se répète ?


Opinion
Des milliers de djihadistes sont entre les mains des Kurdes. Si les Européens ne coopèrent pas pour instaurer un tribunal international, ils pourraient à nouveau devenir une menace, écrit Baban Eliassi, spécialiste de l’islamisme dans le Kurdistan irakien

Après l’annonce de la « fin de l’islamisme » dans les années 1990, le monde a assisté à l’émergence d’Al-Qaida et à une nouvelle radicalisation islamique. L’élimination du régime taliban a elle aussi suscité des déclarations sur la « fin » ou la « défaite » de l’islamisme avant que l’on assiste aux horreurs de l’Etat islamique (Daech) et des différentes sections d’Al-Qaida au Moyen-Orient, en Afrique, au Maghreb… Ni l’exécution de Sayyid Qutb ni l’élimination d’Oussama ben Laden n’ont mis fin au djihadisme. La fin annoncée du califat d’Abou Bakr al-Baghdadi, et l’éventuelle élimination ou arrestation de ce dernier, pourrait-elle mettre fin à ce phénomène, comme le laissent entendre les déclarations américaines ?
Les forces kurdes, réunies dans les Forces démocratiques syriennes (FDS) qui, avec l’aide de la coalition internationale, ont repris la quasi-totalité des territoires du califat et éliminé la grande majorité de ses combattants, ont aussi annoncé leur victoire. Mais elles soulignent que Daech est loin d’être éliminé définitivement. Les forces kurdes détiennent des milliers de combattants et leurs familles. Ces forces insistent sur le soutien populaire continu à Daech dans les zones que l’organisation contrôlait autrefois et aussi sur l’existence des cellules dormantes des islamistes. Selon les forces kurdes, Daech s’est retiré dans des zones hors contrôles et vers l’Irak.

Le terreau reste fertile

Daech est le produit de la marginalisation des Arabes sunnites en Irak et en Syrie. Certaines régions sunnites irakiennes sont dans une situation politique et économique instable. Les tensions entre leurs populations et le gouvernement (chiite) et surtout avec les milices chiites de la Mobilisation Populaire (Hachd al-Chaabi) restent très fortes. Il faut rappeler que ces populations, mises de côté sous le pouvoir de Nouri al-Maliki, avaient accueilli les combattants de Daech en libérateurs.
Les forces kurdes doivent à elles seules gérer environ 10 000 combattants de Daech emprisonnés et des milliers d’enfants sans identité
Les chiffres avancés concernant le nombre de djihadistes ainsi que leurs familles encore aux mains des FDS varient. Selon différentes sources, y compris les FDS, 66 000 personnes ont quitté la dernière poche de résistance détenue par Daech depuis janvier. Parmi ces 66 000 personnes, on dénombre 5000 djihadistes et environ 20 000 de leurs proches. D’après Peter Maurer, le président du CICR, 74 000 personnes vivent actuellement dans le camp d’Al-Hol situé dans le nord-est de la Syrie.
Les forces kurdes doivent à elles seules gérer environ 10 000 combattants de Daech emprisonnés et des milliers d’enfants sans identité. Elles ont à plusieurs reprises demandé de l’aide à la communauté internationale et aux Etats dont certains prisonniers sont ressortissants. Leur appel n’a toutefois pas débouché sur un soutien concret. Dans un tweet en février, Donald Trump a indiqué que Washington demandait à la Grande-Bretagne, à la France, à l’Allemagne et à d’autres alliés européens de reprendre plus de 800 combattants de l’Etat islamique capturés en Syrie et de les traduire en justice.

Pour un tribunal international

Les menaces de la Turquie et de l’armée syrienne et ses alliés envers les Kurdes risquent à tout moment de briser ce statu quo et mettre hors contrôle les jihadistes capturés par les Kurdes. La Turquie ne cesse en effet de menacer d’écraser les forces kurdes. Toute intervention de la Turquie ou de l’armée syrienne transformera à nouveau cette région en un terreau fertile pour les groupes radicaux. Aux combattants de Daech emprisonnés par les Kurdes, il faut ajouter des dizaines de milliers de djihadistes, réunis dans des régions proches de la Turquie, dans la province d’Idlib, grâce à un accord entre la Turquie et la Russie, et qui continuent de contrôler cette région.
Les pays européens n’ont pas encore répondu aux demandes d’aide des autorités kurdes pour le maintien en détention des jihadistes capturés afin de les juger. Les pays européens sont aussi sceptiques concernant le rapatriement des jihadistes emprisonnés et leurs familles.
Les autorités kurdes ont appelé à la constitution d’un tribunal international, sur place, dans la région sous leur contrôle. La création d’une telle instance est l’approche la plus réaliste. Un tel tribunal aurait accès aux éventuels témoins et preuves. Il permettrait aussi de trouver une solution pour des milliers d’enfants sans identité, de juger les responsables des crimes commis contre la population locale, surtout les Yézidis. Sous pression de la Turquie, qui menace l’autonomie kurde, les Etats européens hésitent à collaborer avec les autorités kurdes. Ce faisant, ils tentent de ménager la chèvre, le chou et le loup. Avec le risque que ce dernier s’échappe une nouvelle fois et nous oblige à parler des retours de djihadistes de Syrie avec son lot de drames comme on parlait il n’y a pas si longtemps des retours de djihadistes de l’Afghanistan.

Baban Eliassi
Le Temps (Suisse), 7 avril 2019

Nota de Jean Corcos

Cette tribune a été publiée il y a deux semaines, mais elle prend une sinistre résonance après les horribles attentats qui ont frappé le Sri Lanka dimanche matin. Non, la fin sur le terrain du Daech - qui avait joué la stratégie finalement stupide de la création d'un pseudo Etat - n'a absolument pas entrainé la fin des ardeurs des tueurs islamistes. Détail affreux, qu'on peut interpréter de deux manières différentes, cette horrible boucherie qui vient de frapper loin du Moyen-Orient - 290 morts, des centaines de blessés - n'a pas vraiment bouleversé l'opinion ; et ce, alors même qu'étaient frappés à nouveau et des Eglises un jour de fête religieuse, et des touristes étrangers en grand nombre.
Deux explications différentes, donc pour cette indifférence apparente : d'un côté, depuis le 11 septembre nous sommes "blindés" et on vit en se disant que le djihadisme meurtrier est une nuisance récurrente, comme les catastrophes naturelles ; de l'autre, nous réalisons que si on peut réduire l'ampleur du terrorisme, nous n'arriverons jamais à l'éradiquer tout à fait.