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24 décembre 2021

Géopolitique selon Zemmour, fils de Maurras


 Charles Maurras

Les affaires internationales sont, on le sait, considérées comme la cinquième roue du carrosse par nos principaux médias. Jugées trop complexes ou trop éloignées des Français qui n’y comprendraient pas grand-chose, elles sont souvent oubliées lors des interviews des candidats à l’élection présidentielle. Ainsi, et alors qu’il a été surmédiatisé, le grand public ne sait quasiment rien de ce que serait la politique étrangère avec Eric Zemmour à l’Elysée.

Pourtant, il faudrait s’attendre à un quasi renversement de nos alliances, les partenaires occidentaux à commencer par les Etats-Unis étant lâchés au profit de la Russie de Poutine. Le site « Desk Russie » a publié le 22 octobre dernier une compilation stupéfiante de citations du polémiste, qui n’a cessé depuis une dizaine d’années de manifester son admiration pour l’autocrate du Kremlin et sa haine pathologique des Américains. Extraits : « Qualifié d’homme d’État, Poutine ne suscite jamais la moindre réserve chez Zemmour : (…) Ainsi, Zemmour considère qu’« il a restauré l’État, […] se posant en dernier défenseur des chrétiens d’Orient », et que, contrairement à la France, il « exalte le caractère russe du pays […], défend la souveraineté nationale, la famille et la religion orthodoxe » (Le Figaro magazine, 30 août 2013). » « Peu après l’annexion de la Crimée, Zemmour propose une « alliance russe, seule façon de tuer à la fois le mythe de l’Europe fédérale et de s’arracher enfin au protectorat américain » (Le Figaro magazine, 20 fév. 2015). Il se refuse par ailleurs à condamner les bombardements russes en Syrie (…). »

Ayant une vision purement livresque du monde - et quelles lectures, mais on y reviendra -, Zemmour base sa vision de la politique étrangère uniquement sur l’histoire et la géographie. En ce sens il développe ses raisonnements sur la définition d’origine de la géopolitique, concept né au 19ème siècle pour expliquer les affaires internationales à travers les variables géographiques. Une « géopolitique archaïque », pour reprendre l’expression de Nicolas Tenzer dans une interview, et que ce dernier commente ainsi : « je ne suis pas un adepte du fixisme en histoire, encore moins du déterminisme (…). Je crains que ceux qui fondent leurs analyses essentiellement sur la permanence des nations et de leurs supposés intérêts, voire d’une « âme » des peuples, aient une vue qui les empêche d’analyser les ruptures et les changements, pour le meilleur ou pour le pire, portés par les individus singuliers et les peuples qu’ils mobilisent. »

Première remarque, à ce stade. Eric Zemmour utilise souvent la formule « ça a toujours été comme ça », pour parler des relations internationales, ou d’un ordre des sociétés supposé naturel. Une vision qui essentialise les peuples comme les individus, nie leur diversité comme leur capacité d’évolution. Incarnation vivante de la pensée réactionnaire, il a prononcé lors de la « convention de la droite » le 28 septembre 2019, un discours d'une violence inouïe ; on en a retenu principalement les passages anti-islam, oubliant ce passage : « Depuis les Lumières, depuis la Révolution française, depuis la Révolution de 1917, jusqu’à même la 3ème République avec ses radicaux franc-macs, jusqu’à aujourd’hui, c’est toujours le même progressisme : la liberté c’est pour eux, pas pour les autres ». On ne s’étonnera donc pas que le renversement des régimes totalitaires dans l’ex-Europe de l’Est à la fin des années 80 ne soit pas un évènement important pour lui ; ou que l’aspiration à la liberté des peuples russe et bélarusse ne suscite aucune sympathie de son part

Deuxième remarque, Zemmour on le sait se présente comme un pur gaulliste, tout en faisant le grand écart à propos de Pétain mais c’est un autre débat. Le de Gaulle qu’il aime et « vend » à son public – à commencer par sa grotesque déclaration de candidature singeant l’appel du 18 juin – c’est l’homme d’Etat qui a su se démarquer des Etats-Unis, faire sortir la France de l’Otan et se rapprocher de l’URSS. Et, bien sûr, c’était le visionnaire d’une « Europe de l’Atlantique à l’Oural ». Mais c’est oublier qu’il n’a jamais explicité cette vision, la situant sur un long terme et sans agréger des régimes politiques différents. C’est oublier, surtout, qu’il n’a jamais rompu avec l’Alliance Atlantique, et qu’il s’était montré solidaire de nos alliés lors des crises de Berlin (1961) ou des missiles de Cuba (1962).

Zemmour, lui, a une haine rabique des Américains, au point d’avoir dit lors d’une conférence-meeting à Rouen : « Le Débarquement fut à la fois une entreprise de libération et, en même temps, une colonisation par les Américains. » Il avait aussi étrangement associé la ville au Débarquement, ainsi qu’à Jeanne d’Arc, brûlée vive par les Anglais et dont le symbole fut utilisé par la propagande nazie sous l’Occupation. Faut-il le rappeler ? Vieux partenaires, parlant la même langue, les « anglo-saxons » sont une figure de détestation très ancienne de l’extrême-droite, et cela dépasse l’anti-américanisme fréquent, trans-partisan et parfois justifié par l’actualité que l’on observe dans notre pays. Zemmour, surtout, idéalise le passé, un passé où les Etats-Unis n’étaient pas une grande puissance, et les Anglais toujours l’ennemi héréditaire. « Il y a chez lui une idéalisation manifeste du passé. Le temps de «la structure hiérarchique qui donnait sa colonne vertébrale à la société française». Cette histoire heureuse, c’est principalement l’histoire prérévolutionnaire, l’Empire et la «restauration» gaulliste. Après, on entre dans l’apocalypse. » (extrait d'une critique de son best-seller, « le Suicide français »).

Cette nostalgie de l’ancien régime, Eric Zemmour l’a nourrie de lectures diverses dont il s’est ouvert dans l'émission de Dominique Taddei sur la chaine russe RT France Mais il faut remonter aux origines de cette détestation pour les Américains, et à la vision à la fois idéologique et géopolitique de son père spirituel, Charles Maurras, référence – parmi d’autres – qui a tellement enchanté le polémiste-candidat. Il dit ( à partir de 4’38) « J’ai découvert Maurras entre 45 et 50 ans, Barrès plus jeune. Dans « le Destin français », je cite « Kiel et Tanger » pendant 10 pages, en disant que ce livre est le résumé de toute la politique étrangère du général de Gaulle. » Monarchiste, fondateur de l’Action Française dont il fut la principale référence intellectuelle, antidreyfusard, il était furieusement antisémite, auteur de déclarations comme « Le juif d’Algérie, le juif d’Alsace, le juif de Roumanie sont des microbes sociaux. Le juif de France est microbe d'État » ou à propos de Léon Blum « c’est un homme à fusiller, mais dans le dos » : autant de réalités qui n’ont pas révulsé le « juif berbère assimilé à la France », comme ce candidat à l’élection présidentielle ose se revendiquer …

Charles Maurras, il faut le rappeler aussi, avait défini les ennemis principaux de la France dans les « quatre états confédérés, « les juifs, la franc-maçonnerie et les protestants » et « les métèques » comme analysé par Pierre-André Taguieff : les protestants, ennemis héréditaires et religion dominante aux USA et au Royaume-Uni. Quant à son livre « Kiel et Tanger », il posait à l’époque la question du choix des alliances : celle du continent européen, qui aurait pu être possible entre la France, l’Allemagne et la Russie ; ou « l’entente cordiale » avec les Anglais finalement choisie mais qui n’avait pas sa faveur. Le tout avec une thèse simple : « seule la monarchie est capable de diriger la France car la République est impuissante à mener une vraie politique étrangère, stable et libérée des passions politiques. »

Dans une tribune publiée dans le journal "Le Monde" le 2 décembre, Benjamin Haddad chercheur en relations internationales a fait d’autres révélations sur sa vision diplomatique, profondément décliniste, à la lumière d’un autre de ses ouvrages, « Mélancolie française » (2010). Extrait : « Le déclassement n’a pas commencé il y a quarante ans – date à laquelle démarre son Suicide français (Albin Michel, 2014) –, ni en 1940, voire en 1815 ou en 1789. Dans l’œuvre de Zemmour, ce déclassement est inscrit dans l’ADN de notre pays depuis le « désastreux » traité de Verdun de 843, qui a partagé l’éphémère Empire carolingien entre les petits-fils de Charlemagne. Mise en échec par des « Carthage » [l’ennemi héréditaire de l’Empire romain] successives, en particulier les puissances maritimes commerciales – l’Angleterre, puis les Etats-Unis –, la France de Zemmour ne parvient jamais à reconstituer ses frontières naturelles et voit le monde se construire sans elle. »

On notera à nouveau cette « géopolitique archaïque » déjà évoquée. Au lieu de se projeter dans le monde réel, celui d’aujourd’hui et de demain matin où le numérique a transformé le monde en village ; où la Planète est soumise à des défis comme les pandémies ou la crise climatique, impossibles à relever sans une coopération internationale ; où la technologie, l’industrie et les échanges se jouent des frontières depuis des décennies ; où la recherche est partout stimulée par la venue d’universitaires étrangers, Zemmour voulant les interdire en France ; un agitateur nourri de Charles Maurras vient vendre à un public de gogos des histoires d’Empires disparus ; ou des regrets « de la victoire française lors de la première guerre mondiale contre une Allemagne qui aurait pu reconstituer l’unité carolingienne de l’Europe face au libéralisme anglo-saxon » !

Dans son discours devant la « convention de la droite » de septembre 2019 déjà citée, l’incendiaire-candidat a eu aussi ces propos : « Nous sommes ainsi pris entre l’enclume et le marteau de deux universalismes qui écrasent nos nations, nos peuples, nos territoires, nos traditions, nos modes de vie, nos cultures … D’un côté, l’universalisme marchand qui au nom des droits de l’homme asservit nos cerveaux pour les transformer en zombies déracinés. De l’autre, l’universalisme islamique qui tire profit très habilement de notre religion des droits de l’homme pour protéger son opération d’occupation et de colonisation de portions du territoire français qu’il transforme peu à peu grâce au poids du nombre et de la loi religieuse en enclaves étrangères ». Eric Zemmour a usé et abusé du néologisme péjoratif « droit-de-l’hommisme » pour dénigrer tous les garde-fous permettant de protéger les citoyens, les minorités, étrangers ou minorités diverses. Et, comme justement souligné par Gaspard Koenig, « Il propose de «reprendre le pouvoir aux juges», de supprimer les dispositifs juridiques de lutte contre les discriminations, et d’en finir avec «la mainmise des cinq cours suprêmes» : Conseil d’Etat, Cour de cassation, Conseil constitutionnel, Cour européenne des droits de l’homme, Cour de justice de l’Union européenne. » Est-il besoin de préciser que cela mettrait la France au ban de l’Europe, même si – roublard sachant bien combien le projet de sortie de l’Euro a coûté à Marine Le Pen en 2017 -, il se défend de vouloir quitter l’U.E ?

Concernant « l’ennemi islamique » identifié de manière obsessionnelle par Eric Zemmour – avec le postulat « islam = islamisme » que n’ose reprendre aucun autre prétendant à l’Elysée -, un article entier serait nécessaire, d’autant plus que ses déclarations incendiaires menacent la paix civile dans notre pays. Prenons juste de la hauteur en ne voyant que la dimension internationale : il y a plus de 1,8 milliards de musulmans dans le monde, faut-il les considérer tous comme des ennemis ? Faut-il rompre les relations diplomatiques avec les 57 Etats membres de l’Organisation des Etats islamiques, à commencer par les pays du Maghreb avec lesquels nos liens sont si importants, des puissances financières comme les Emirats du Golfe ou des producteurs de gaz ou de pétrole ? Zemmour ne cache pas son admiration pour Donald Trump. Celui-ci, on s’en souvient, avait débuté son mandat en interdisant d’entrée tous les ressortissants de six pays musulmans – et cela n’avait pas duré très longtemps. Trois ans plus tard il signait un accord avec les Talibans, leur offrant l’Afghanistan « clés en main » : grand classique des extrême-droites « super nationalistes », on joue les fiers à bras et ensuite on collabore avec l’ennemi.

Mais, faible avec les forts et fort avec les faibles, Eric Zemmour ne décevra certainement pas son public à propos des réfugiés, opposants politiques, victimes collatérales de conflits ou populations à éliminer par des régimes infects : ricanant des déboires occidentaux, épinglant les « droits-de-l’hommistes », on l’a ainsi souvent entendu ou lu en soutien total au régime syrien. Quand certains d’entre eux arrivent à fuir en espérant refaire leur vie dans l’Union Européenne, il trouve le moyen de les insulter comme on peut le lire sur son compte Twitter : à propos des migrants parqués derrière des barbelés entre la Pologne et la Biélorussie il y a quelques semaines, il ose écrire « les migrants attaquent la frontière au cri d’Allah Akbar » ; ou à propos des réfugiés morts noyés en Méditerranée : « Je n’en ai cure » ; « Pour sauver mes enfants, je préfère que l’autre meure ». Sur LCI le journaliste Jean-Michel Apathie a dit à plusieurs reprises que ce qui le frappait chez Eric Zemmour, c’était son inhumanité.

Dans sa déclaration de candidature sur Youtube, et après un tableau apocalyptique de la situation française actuelle, il a conclu sur une note résolue : « Nous les Français, nous sommes une grande nation, un grand peuple. » Mais c’était pour ajouter juste après « Notre passé glorieux plaide pour notre avenir. Nos soldats ont conquis l’Europe et le monde. ». Comme si le million de morts et d’estropiés des guerres de Napoléon étaient un modèle à recommencer, et comme s’il fallait repartir coloniser l’Afrique.

Cet article a été publié le 21 décembre 2021 sur le site de "La Revue Civique"

Jean Corcos

19 décembre 2021

Une campagne anglaise pour oublier - un peu - une campagne présidentielle

Thomas Gainsborough. M & Mme Robert Andrews (1748-50)
Huile sur toile, National Gallery, Londres.

Une toile sur la Toile

- Décembre 2021

Ceux qui me font l’honneur de visiter mon site depuis très longtemps connaissent cette rubrique, où j’essaie de partager avec vous des émotions picturales : certaines peintures accrochent d’abord le regard ; puis le cœur quand on les a mémorisées ; et puis enfin, par la magie de la mémoire, elles entrent dans une galerie virtuelle que l’on se crée au fil des ans.

Pendant très longtemps – la vie de mon ex-émission, en fait – je vous ai fait admirer des toiles orientalistes, œuvres bien en résonnance avec ma thématique de l’époque. J’ai commencé, depuis,  à timidement partager d’autres reproductions, et je continue à le faire avec cette toile de Thomas Gainsborough, sans doutes le plus connu des peintres anglais d’antan.

Gainsborough (1727-1788) fut un élève de Watteau. On trouvera une présentation résumée de vie et de son œuvre sur ce lien .

Ceux qui, enfin, m’ont un peu suivi dernièrement, ici et sur le site « de combat » qu’avec d’autres nous avons créé, savent combien je me suis engagé dans la campagne présidentielle dont je crains le pire des résultats. Cette toile du XVIIIème siècle, évoque une toute autre campagne, celle-là bien apaisante … et c’est un grand bonheur de la poser ici !

J.C

15 décembre 2021

La guerre au Yémen aura fait 377 000 morts d’ici la fin 2021, selon l’ONU

 

"En 2021, un enfant yéménite de moins de cinq ans meurt toutes les neuf minutes en raison du conflit", selon le Programme des Nations unies pour le développement

La guerre du Yémen, qui dure depuis sept ans, aura causé la mort de 377 000 personnes, victimes directes et indirectes du conflit, d’ici la fin de l’année 2021, a indiqué mardi l’ONU dans un rapport.

Près de 60 % des décès, soit environ 227 000 personnes, sont dus aux conséquences indirectes du conflit, telles que le manque d’eau potable, la faim et les maladies, selon ce document du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Cela signifie selon ces estimations que les combats auront fait 150 000 morts à la fin de cette année.

Le conflit oppose les rebelles Houthis soutenus par l’Iran aux forces du gouvernement yéménite, appuyées depuis 2015 par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.

Sept années de guerre ont eu « des effets catastrophiques sur le développement de la nation », souligne le PNUD selon qui « l’accès aux soins de santé est limité ou inexistant » et « l’économie est sur le point de s’effondrer ».

La plupart des victimes indirectes sont des « enfants particulièrement vulnérables à la malnutrition et la sous-nutrition », explique le PNUD.

« En 2021, un enfant yéménite de moins de cinq ans meurt toutes les neuf minutes en raison du conflit », est-il écrit.

Pire catastrophe humanitaire

Selon le PNUD, « 1,3 million de personnes » sont menacées de mort si un accord de paix n’était pas conclu d’ici 2030.

« Une proportion croissante de ces décès se produira… en raison des conséquences indirectes de la crise sur les moyens de subsistance, les prix des denrées alimentaires et la détérioration des services de base, tels que la santé et l’éducation », est-il indiqué.

L’escalade des combats, y compris les batailles de chars et les bombardements réguliers par des avions et des drones, a détruit dans certaines zones même les infrastructures les plus élémentaires, poursuit le rapport.

Des millions de personnes sont au bord de la famine, les deux tiers des Yéménites dépendant de l’aide humanitaire, selon l’ONU.

« Le Yémen est la pire et la plus grande catastrophe humanitaire au monde, et cette catastrophe continue de s’aggraver », a rappelé l’ONU et « plus de 80 % de la population » d’environ 30 millions d’habitants « a besoin d’une aide humanitaire ».

Des « millions de Yéménites continuent de souffrir du conflit, pris au piège de la pauvreté, avec peu de possibilités de trouver un travail et un moyen de subsistance », a déclaré Achim Steiner, administrateur du PNUD.

L’organisation avait déjà rappelé que le niveau de développement du Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, avait reculé de deux décennies en raison du conflit.

Intensification des combats

Le PNUD espérait que le pays puisse atteindre le « statut de revenu intermédiaire d’ici 2050 » si la guerre s’arrêtait immédiatement, mais sur le terrain peu de signes semblent aller dans ce sens.

Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés sur plusieurs fronts. Des sources proches des Houthis affirment que près de 15.000 de leurs combattants ont été tués depuis le seul mois de juin près de Marib, dernier bastion majeur du gouvernement dans le nord riche en pétrole.

Dans le camp loyaliste, plus de 1 200 combattants ont été tués dans cette zone au cours de la même période, ont indiqué deux responsables militaires à l’AFP.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s’est dit mardi « extrêmement inquiet de la sûreté et de la sécurité des civils dans la province de Marib, notamment des déplacés », estimés à « un million ».

« Plus de 40 000 personnes ont dû fuir Marib depuis septembre », a déclaré à Genève la porte-parole du HCR, Shabia Mantoo, selon qui « de nombreux nouveaux déplacés souffraient de diarrhée aiguë, de malaria et d’infections respiratoires aiguës ».

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué dans un rapport mercredi « avoir vu autant de détresse à Marib ces deux derniers mois que ces deux dernières années ». Selon l’OIM, les nouvelles arrivées dans les 137 camps de déplacés de la province ont presque été multipliées par dix depuis septembre.

« Nous voyons parfois jusqu’à 40 personnes obligées de partager la même tente », déplore Christa Rottensteiner, cheffe de mission de l’OIM pour le Yémen.

Sur un autre front de la guerre, les Houthis ont pris mi-novembre le contrôle d’une vaste zone au sud de Hodeida, une ville portuaire stratégique de l’ouest essentielle pour l’acheminement de l’aide humanitaire.

« Il n’y a pas de solution militaire durable au conflit au Yémen », a déclaré l’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, selon un communiqué.

« Tous les belligérantes doivent désamorcer la violence et donner la priorité aux intérêts des civils plutôt qu’aux victoires militaires », a-t-il indiqué à l’issue d’une tournée régionale, qui comprenait des visites en Arabie saoudite et en Iran.

L’émissaire de l’ONU a également déclaré selon le communiqué que les récents développements, y compris la bataille en cours pour la ville stratégique de Marib, ont eu des effets d’entraînement à travers le Yémen, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

AFP

Publié sur le Times of Israël, 24 novembre 2021