Introduction :
Isabelle-Yaël Rose m'envoie ce pamphlet de Jérusalem. Alors qu'elle vit dans un pays quasiment en état de siège et qu'elle peut témoigner - comme tant d'autres - du calme d'une population soudée derrière son gouvernement, elle exprime son dégout face aux derniers propos du correspondant de France 2.
J.C
J.C
Charles Enderlin mérite très certainement une place d’honneur dans la liste des traumatismes infligés à l’âme humaine ...
Neuf heures moins quart ce matin. TV5 Monde, histoire d’entendre autre chose que ce que l’on entend à la télévision israélienne. C’est un petit déjeuner copieux qui nous attend : Charles Enderlin continue à voir les choses en grand. En très grand. Limite mytho. Il se croit encore en pleine guerre du Liban (celle de 1982).
La présentatrice interroge : « peut-on parler d’échecs ? »
Neuf heures moins quart ce matin. TV5 Monde, histoire d’entendre autre chose que ce que l’on entend à la télévision israélienne. C’est un petit déjeuner copieux qui nous attend : Charles Enderlin continue à voir les choses en grand. En très grand. Limite mytho. Il se croit encore en pleine guerre du Liban (celle de 1982).
La présentatrice interroge : « peut-on parler d’échecs ? »
Enderlin : « quelque chose de nouveau est en train de se passer en Israël. Alors qu’il est d’usage de ne pas critiquer l’armée en temps de guerre, des voix discordantes se lèvent : des parlementaires de droite comme de gauche exigent une enquête parlementaire. Les circonstances dans lesquelles les deux soldats ont été enlevés à la frontière du Liban sont en effet suspectes. Le bateau qui a été bombardé n’avait pas activé son système de détection électronique. Les Israéliens veulent savoir ce qui se passe exactement dans l’armée ».
On laisse tomber le café : une telle entrée en matière mérite un alcool très fort. A jeun. Cul sec. Les Français ont quand même l’estomac solide pour se taper un Charles Enderlin à huit heures moins quart du matin (heure française).
La bouteille déjà à moitié vide, on se met à réfléchir : Charles Enderlin et nous, vivons-nous dans le même pays ? Regardons-nous les mêmes informations ? Ecoutons-nous la même radio ? Parlons-nous avec les mêmes personnes ? Alors que les Israéliens restent très cool au milieu de tous ces événements, où est-il allé chercher qu’ils étaient en train de péter les plombs ? Deux hypothèses : Charles Enderlin traîne avec les excités, les hystériques, les ambitieux, les récupérateurs, les opportunistes ; seconde hypothèse : Charles Enderlin est en train de péter les plombs. Possible aussi qu’il soit en train de péter les plombs parce qu’il est toujours à traîner avec les excités, les hystériques, les opportunistes. En temps de guerre, le Français a tendance à perdre la tête. Très facilement. Surtout le correspondant. C’est pourquoi il vaut mieux le rapatrier en France, où il se mettra à défiler avec le drapeau du Liban (auquel il joindra sans état d’âme les drapeaux de : la Palestine, le Hamas, le Hezbollah, l’Irak, la Syrie et l’Algérie. Liste non exhaustive). Allez savoir les conséquences que de telles pratiques peuvent avoir sur la stabilité à long terme du pays ?
On continue à réfléchir - sans alcool : en temps de guerre, il faut se rationner - dans l’espoir de découvrir ce qui peut bien se passer dans la tête des Français. Et puis soudain, alors que nous étions en train de nous décourager, et que nous papotions avec des potes américains tout droits arrivés de Safed, l’étincelle se met à jaillir dans notre tête : Charles Enderlin se trompe de guerre ! Il se croit en 1982. Il attend les critiques acerbes des journaux. La pression des médias et de la gauche. Il espère sans doute revoir les manifestations géantes qui appellent à la démission du Chef de l’Etat. Une commission parlementaire, une cour martiale, un procès à La Haye. La panique, la crise, des émeutes, un gouvernement d’urgence. Et puis aussi un bateau français qui prenne Nasrallah à son bord. Dieu que les Français ont de l’imagination ! C’en est renversant ! Vous verrez : on finira par laisser croire que c’est le Mossad qui a enlevé les deux hommes. Que ce sont les Israéliens eux mêmes qui ont orchestré le bombardement de leur bateau. Un truc à la manière des "Protocole des Sages de Sion", des Tours Jumelles du 11 septembre détruites par les Juifs. Un truc dans le goût du complot sioniste qui a de son plein gré fournit la bombe atomique à l’Iran. A côté de cela, la réalité israélienne doit en effet être très frustrante : des citoyens pépères, qui ne semblent pas trop décidés à foutre le bordel, sauf - parce qu’il y a bien des restes de Mai 68 - quelques hurluberlus qui gueulent toujours un peu plus fort.
Charles Enderlin, c’est "Fabrice Del Dingo". Pas le Fabrice Del Dongo de "La chartreuse de Parme", pas le héros de Stendhal, non un Fabrice Del Dingo qui rêve qu’il est à Waterloo alors qu’il assiste tout simplement à la gestion en temps de guerre des affaires courantes. Comme disait Balavoine : « le correspondant, qui a tendance à se croire très important, et qui grossit les événements précisément pour se donner de l’importance, n’est pas un héros ». Loin s’en faut. Et dire qu’il est la voix de la France dans le monde ...
Isabelle-Yaël Rose
On laisse tomber le café : une telle entrée en matière mérite un alcool très fort. A jeun. Cul sec. Les Français ont quand même l’estomac solide pour se taper un Charles Enderlin à huit heures moins quart du matin (heure française).
La bouteille déjà à moitié vide, on se met à réfléchir : Charles Enderlin et nous, vivons-nous dans le même pays ? Regardons-nous les mêmes informations ? Ecoutons-nous la même radio ? Parlons-nous avec les mêmes personnes ? Alors que les Israéliens restent très cool au milieu de tous ces événements, où est-il allé chercher qu’ils étaient en train de péter les plombs ? Deux hypothèses : Charles Enderlin traîne avec les excités, les hystériques, les ambitieux, les récupérateurs, les opportunistes ; seconde hypothèse : Charles Enderlin est en train de péter les plombs. Possible aussi qu’il soit en train de péter les plombs parce qu’il est toujours à traîner avec les excités, les hystériques, les opportunistes. En temps de guerre, le Français a tendance à perdre la tête. Très facilement. Surtout le correspondant. C’est pourquoi il vaut mieux le rapatrier en France, où il se mettra à défiler avec le drapeau du Liban (auquel il joindra sans état d’âme les drapeaux de : la Palestine, le Hamas, le Hezbollah, l’Irak, la Syrie et l’Algérie. Liste non exhaustive). Allez savoir les conséquences que de telles pratiques peuvent avoir sur la stabilité à long terme du pays ?
On continue à réfléchir - sans alcool : en temps de guerre, il faut se rationner - dans l’espoir de découvrir ce qui peut bien se passer dans la tête des Français. Et puis soudain, alors que nous étions en train de nous décourager, et que nous papotions avec des potes américains tout droits arrivés de Safed, l’étincelle se met à jaillir dans notre tête : Charles Enderlin se trompe de guerre ! Il se croit en 1982. Il attend les critiques acerbes des journaux. La pression des médias et de la gauche. Il espère sans doute revoir les manifestations géantes qui appellent à la démission du Chef de l’Etat. Une commission parlementaire, une cour martiale, un procès à La Haye. La panique, la crise, des émeutes, un gouvernement d’urgence. Et puis aussi un bateau français qui prenne Nasrallah à son bord. Dieu que les Français ont de l’imagination ! C’en est renversant ! Vous verrez : on finira par laisser croire que c’est le Mossad qui a enlevé les deux hommes. Que ce sont les Israéliens eux mêmes qui ont orchestré le bombardement de leur bateau. Un truc à la manière des "Protocole des Sages de Sion", des Tours Jumelles du 11 septembre détruites par les Juifs. Un truc dans le goût du complot sioniste qui a de son plein gré fournit la bombe atomique à l’Iran. A côté de cela, la réalité israélienne doit en effet être très frustrante : des citoyens pépères, qui ne semblent pas trop décidés à foutre le bordel, sauf - parce qu’il y a bien des restes de Mai 68 - quelques hurluberlus qui gueulent toujours un peu plus fort.
Charles Enderlin, c’est "Fabrice Del Dingo". Pas le Fabrice Del Dongo de "La chartreuse de Parme", pas le héros de Stendhal, non un Fabrice Del Dingo qui rêve qu’il est à Waterloo alors qu’il assiste tout simplement à la gestion en temps de guerre des affaires courantes. Comme disait Balavoine : « le correspondant, qui a tendance à se croire très important, et qui grossit les événements précisément pour se donner de l’importance, n’est pas un héros ». Loin s’en faut. Et dire qu’il est la voix de la France dans le monde ...
Isabelle-Yaël Rose
Jérusalem,
le 17 Juillet 2006
le 17 Juillet 2006