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09 avril 2006

Représentations de Mahomet : nous en avions parlé déjà en 2002 avec le dramaturge algérien Slimane Benaïssa


Le dramaturge algérien
Slimane Benaïssa
Photo tirée du site www.fsu.edu/
(site de l'université d'état de Floride)


Introduction :
Slimane Benaïssa est auteur, metteur en scène et acteur, autant dire que le théâtre est sa passion. Il est né à Guelma, dans l’est algérien. Il vit en France depuis 1993, après avoir dû fuir sa patrie, au début de la vague de terrorisme islamiste, il a d’ailleurs été lui-même l’objet de menaces de mort. C’est un homme de culture et de dialogue et qui a toujours fait preuve d’un très grand courage en se rendant ainsi à plusieurs reprises en Israël et il a créé une pièce de théâtre avec André Chouraqui, intitulée « l’Avenir oublié ». Nous avions fait une interview très forte le 28 juillet 2002, mon invité ayant exprimé des positions très courageuses sur le conflit israélo-palestinien. Dans sa pièce intitulée « Prophètes sans dieu » (Lansman Editeur, 7,93 E), Moïse convoque Jésus et Mahomet afin de disserter sur les malheurs des communautés religieuses. Mais Mahomet tarde à se présenter ... Ci-dessous un extrait de notre dialogue.
J.C

Jean Corcos :

Vous-vous référez à la religion, et j’aimerais justement que l’on parle des relations qui existent entre l’islam et le monde dans le cadre de votre pièce « prophète sans Dieu ». Cette pièce que je trouve très originale est écrite autours de trois personnages : Moïse, Jésus, et l’auteur de la pièce, autrement dit vous même, où vous représentez la communauté musulmane mais pas Mahomet. Dans votre pièce, Jésus en s’adressant aux deux autres personnages dit : « Que quelqu’un vienne, ou sinon je m’en vais » et Moïse lui répond : »Tu ne te rends pas compte des risques que cela comporte. Si tu fais incarner Mahomet par un acteur, on aura quinze mille fatwas sur le dos ». Vous synthétisez dans cette pièce l’essence des trois religions abrahamiques : Moïse dit : « Moi, je suis le premier », Jésus dit : « Moi, je suis l’unique », l’auteur dit : « nous, les musulmans portons le dernier message révélé ».
Mais finalement, est-ce que si on a tant de mal à comprendre l’islam, ce n’est pas parce il n’ y a pas eu cet effort d’interprétation, et que « l’Ijtihad », le renouvellement de la pensée, le commentaire, est finalement en panne depuis plus de mille ans ?

Slimane Benaïssa :
Exactement, nous sommes encore au même stade qu’il y a deux siècles, dans la lecture du Coran. Je crois que l’héritage religieux que nous passons de génération en génération doit permettre une évolution de la religion. Parce que la religion a permis à l’homme d’avoir une expérience et que grâce à cette expérience, il élève son niveau culturel. Au final, avec l’élévation de son niveau culturel, l’homme investit et comprend la religion autrement.
Ce lien n’existe pas, et cette relecture permanente du Coran qui favorise l’ouverture des esprits n’est pas mise en pratique dans le monde musulman. Alors lorsque l’on ferme le livre et que l’on dit qu’il possède des significations codifiées qui sont celles-ci, c’est fini : l’esprit ne peut plus s’ouvrir. Alors que l’esprit doit s’exercer toujours sur la parole des prophètes inscrite dans les textes sacrés parce qu’elle porte le message de Dieu. 

J.C