Le député et patron de presse libanais Gébrane Tuéni
Courageux militant contre l'occupation syrienne, ce député chrétien dirigeait le journal "An Nahar" où toutes les confessions du Liban se cotoyaient. Parmi son équipe, Samir Kassir d'origine palestinienne, assassiné le 4 juin. Dans une interview à "Libération", Gebrane Tuéni disait : "je reçois presque chaque jour des lettres, des mails de menace".
« Le député et PDG du quotidien An-Nahar, Gebrane Tuéni, a été tué ce matin dans un attentat à la voiture piégée à Mkallès, qui a fait au moins quatre morts. Il vient rejoindre le long cortège de martyrs du Printemps de Beyrouth, après Rafic Hariri, Bassel Fleyhane, Samir Kassir et Georges Haoui, sans oublier les tentatives d’assassinats contre Marwan Hamadé, Élias Murr et May Chidiac. Les corps de Gebrane Tuéni (48 ans) et de son chauffeur Nicolas Flouti ont été dégagés par les secouristes. La voiture piégée a explosé vers 09h00 locales, près d’une ruelle que le journaliste emprunte quotidiennement pour aller au siège d’An-Nahar. » (...)
Ainsi débute l’article publié ce soir sur le site du journal libanais « L’Orient Le Jour ».
J’ai eu un choc en apprenant cette nouvelle, car nous avions parlé de Gebrane Tuéni lors de notre émission du 3 juillet. J’avais lu une interview de ce courageux journaliste dans « Libération » où il disait craindre pour sa vie. Mon invité était Khattar Abou Diab, expert en relations internationales d’origine libanaise (voir présentation de l’émission, cliquer ici).
Voilà la retranscription de notre échange, à propos des menaces de mort syriennes et de « la liste noire » qui circulait à Beyrouth.
Jean Corcos :
Etes-vous d’accord avec l’opinion de Gebran Tueni, rédacteur en chef du journal « An Nahar » où travaillait Samir Kassir, qui dans une interview au journal « Libération » le 10 juin dernier, a dit qu’il risquait lui-même d’être assassiné, et que la Syrie chercherait à déstabiliser le Liban par tous les moyens ?
Khattar Abou Diab :
Oui, les craintes de Monsieur Gebrane Tuéni qui est maintenant un député élu dans le nouveau Parlement et dont le journal a joué un grand rôle dans le soulèvement pour l’indépendance, ces craintes sont malheureusement justifiées avec l’assassinat de Georges Haoui le 21 juin ; donc la série noire continue depuis la tentative d’assassinat contre Marwan Hamadé en passant par l’assassinat de Hariri, beaucoup d’attentats dans la région Est, l’assassinat de Kassir, l’assassinat de Haoui, cela signifie qu’il y a un cycle d’assassinats, et apparemment ces gens ont leur liste noire, on connaît certains noms, il y a parmi eux Walid Joumblat, chef druze, chef du PSP, il y a Elias Attalah chef de la gauche démocratique, et autres noms, cette liste a été divulguée. On continue donc de pratiquer la terreur, malgré le soulèvement du peuple libanais, malgré des élections plus ou moins libres, malgré la pression internationale, on continue de pratiquer la terreur au Liban ».
Voir aussi sur le blog : « hommage aux journalistes libanais », à propos de la tentative d’assassinat de la journaliste vedette May Chidiac (cliquer ici).
J.C
Jean Corcos :
Etes-vous d’accord avec l’opinion de Gebran Tueni, rédacteur en chef du journal « An Nahar » où travaillait Samir Kassir, qui dans une interview au journal « Libération » le 10 juin dernier, a dit qu’il risquait lui-même d’être assassiné, et que la Syrie chercherait à déstabiliser le Liban par tous les moyens ?
Khattar Abou Diab :
Oui, les craintes de Monsieur Gebrane Tuéni qui est maintenant un député élu dans le nouveau Parlement et dont le journal a joué un grand rôle dans le soulèvement pour l’indépendance, ces craintes sont malheureusement justifiées avec l’assassinat de Georges Haoui le 21 juin ; donc la série noire continue depuis la tentative d’assassinat contre Marwan Hamadé en passant par l’assassinat de Hariri, beaucoup d’attentats dans la région Est, l’assassinat de Kassir, l’assassinat de Haoui, cela signifie qu’il y a un cycle d’assassinats, et apparemment ces gens ont leur liste noire, on connaît certains noms, il y a parmi eux Walid Joumblat, chef druze, chef du PSP, il y a Elias Attalah chef de la gauche démocratique, et autres noms, cette liste a été divulguée. On continue donc de pratiquer la terreur, malgré le soulèvement du peuple libanais, malgré des élections plus ou moins libres, malgré la pression internationale, on continue de pratiquer la terreur au Liban ».
Voir aussi sur le blog : « hommage aux journalistes libanais », à propos de la tentative d’assassinat de la journaliste vedette May Chidiac (cliquer ici).
J.C