Fawzi Salloukh, ministre libanais des affaires étrangères, s'entretenant avec son homologue koweitien
Mohammed Sabah Al-Salem
(Le Caire, 15 juillet 2006, photo A.P)
Le site Internet du journal "Haaretz" publie une dépêche de l'agence Associated Press rapportant la conférence extraordinaire de 18 pays membres de la Ligue Arabe, ce samedi au Caire. Elle confirme ce que l'on pressentait depuis le début de la quasi-guerre entre Israël et le Hezbollah : au delà de la solidarité (naturelle) envers un pays "frère" subissant quotidiennement des bombardements, les principaux gouvernements arabes refusent de soutenir aveuglément l'organisation terroriste chiite.
Ci-dessous un extrait, en anglais :
"The Saudi foreign minister appeared to be leading a camp of ministers criticizing the guerrilla group's actions, calling them "unexpected, inappropriate and irresponsible acts.""These acts will pull the whole region back to years ago, and we cannot simply accept them," Saudi al-Faisal told his counterparts. (...) Supporting his stance were representatives of Egypt, Jordan, Kuwait, Iraq, the Palestinian Authority, the United Arab Emirates and Bahrain, delegates said on condition of anonymity because of the sensitivity of the talks."
Vendredi 14 juillet, le Roi de Jordanie Abdallah II et le Président égyptien Hosni Moubarak avaient "mis en garde contre un aventurisme ne servant pas les intérêts arabes". La veille, jeudi, les Soudiens avaient publié un communiqué distinguant "la résistance légitime à Israël" et "les aventures mal calculées" ...
On peut se donc poser la question : pourquoi cette critique à mots couverts du Hezbollah ? Il y a bien sûr toute une gamme d'interprétations. D'abord la peur - légitime - des gouvernements arabes responsables refusant de voir la région sombrer dans un nouveau conflit. Ensuite il y a le contexte de la crise : le Hezbollah a agressé l’État juif sans raison - et une fois de trop car il y a eu des dizaines d'attaques depuis l'évacuation du Liban en 2000 ; il a violé une frontière internationale, et pratiqué un acte de terrorisme (prise d'otages) que l'ensemble de la communauté internationale a condamné, à l'exception des "états voyous" comme la Syrie et l'Iran. Et enfin il y a l'Iran, justement, qui se rapproche de l'arme nucléaire et qui fait peur aux Sunnites ... "Le réveil chiite", c'était le titre de mon émission du 7 mai dernier avec Antoine Sfeir, qui avait souligné le clivage profond entre ces deux tendances de l'islam au Moyen-Orient. Et de façon tout à fait prémonitoire, le journal en ligne "proche-orient.info" décryptait dans un article publié le 11 juillet - la veille de l'attaque du Hezbollah ! - les manœuvres de l’axe Iran-Syrie, pour empêcher tout déblocage du processus de paix ... et défendre la survie de régimes sponsors du terrorisme islamiste.
J.C
J.C