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30 mars 2008

Conversion de Magdi Allam, film «Fitna » : quelques commentaires

Le journaliste italien Magdi Allam

1. Magdi Allam.
La conversion du célèbre journaliste italien d’origine égyptienne Magdi Allam a eu un immense impact médiatique (lire ici) : en raison, justement, de sa célébrité dans son pays, et surtout parce qu’il a été baptisé par le Pape en personne, le samedi 22 mars en pleines Pâques catholiques. Notons d’abord qu’il n’y avait guère d’articles en langue française à son sujet avant cette conversion, et que je ne suis pas peu fier d’avoir contribué, un peu, à la faire connaître l’an dernier par une publication sur le blog - voir en lien -, classée en sixième position sur Google ... ce qui m’a valu des centaines de visites la semaine dernière !

Mais qu’en penser sur le fond ? Dans l’absolu, j’avoue éprouver des sentiments partagés. D’un côté, le droit de pouvoir changer de religion - comme de ne pas en avoir - fait partie des acquis de nos société occidentales, et Magdi Allam a raison de dénoncer le scandale (rarement dénoncé), qui voit des dizaines de milliers de convertis à l’islam jamais inquiétés, tandis que ceux qui font le chemin inverse craignent pour leur vie. Intellectuel courageux, ayant récolté sans intérêt aucun une condamnation à mort du Hamas pour sa défense d’Israël, lui-même exilé et marié à une chrétienne, il a du mûrement réfléchir avant de changer de route, lui qui se présentait il y a peu comme un « musulman modéré » et qui écrivait que la « culture de la haine n’est pas inscrite dans l’ADN de l’islam » ... Au lendemain de son baptême, il écrivit dans son journal, le « Corriere dela Sera » : « Mon esprit s’est libéré de l’obscurantisme d’une idéologie qui légitime le mensonge et la dissimulation, qui mène à l’homicide, au suicide, à la soumission et à la tyrannie » ... En lisant
sur des forums de discussion certaines réactions écrites par des jeunes musulmans, en voyant les ricanements de tous ceux qui associent avec délectation son apostasie à l’islam et ses amitiés « sionistes », je me dis donc, d’un autre côté, qu’il est dommage que les « Musulmans modérés » - à qui l’on reproche si souvent leur silence -, aient perdu quelqu’un de son envergure intellectuelle. Et puis, en pensant à tous les racistes qui, des siècles durant, qualifiaient de « bons Juifs » ceux qui ne l’étaient plus, je serais assez gêné de prôner le dialogue avec l’islam tout en applaudissant une conversion ... question de logique et d’un minimum de probité intellectuelle !


Le député néerlandais Geert Wilders

2. Le film « Fitna ».
D’abord quelques informations, car l’actualité va très vite autour de ce qui tient beaucoup plus du vidéoclip vu sa durée (17 minutes) que du film. N’ayant trouvé aucun distributeur, son producteur - le député hollandais Geert Wilders du parti libéral présenté comme « d’extrême droite » - l’a fait mettre en ligne sur un serveur anglais, « LiveLeak.com » où il a été retiré après avoir été visionné par plus de quatre millions et demi de personnes en trois jours, suite à des menaces de mort reçues par l’équipe !

Quoiqu’on puisse penser, à la fois sur le fond et la forme de ce film (voir mes critiques ci-dessous), il faut d’abord dénoncer avec force ce chantage totalement abject - qui ne risque pas d’améliorer l’image de marque de l’islam en Europe, pas plus que les hélas très probables « représailles » contre les Pays Bas dans les États musulmans, et ce alors que l’on a assisté à une démonstration préalable de contrition de la part de presque tous les dirigeants occidentaux : du Premier Ministre néerlandais au Conseil de l’Europe en pensant par presque tous les éditorialistes de la presse occidentale, ce ne sont que des condamnations ; ce qui fait même dire au site « iran-resist » pourtant si en pointe dans le combat contre les « islamo fascistes » : « Il n’y a pas lieu de s’en réjouir. Ce que nous redoutions se réalise au-delà de nos craintes. Il est nécessaire de rappeler que nous avions émis des doutes sur la sincérité de la démarche de Geert Wilders : nous y avions vu une double opération politico-médiatique délibérée aussi bénéfique à l’auteur, en mal de reconnaissance politique dans son pays, que bénéfique aux mollahs (victimes de la discrimination nucléaire) qui ainsi volent au secours des musulmans offensés victimes d’une nouvelle discrimination. »

Et j’en viens au fond du film : en le visionnant (vous pouvez pour le moment le voir sur « dailymotion » en version française ici ou en version anglaise sur Google), vous aurez l’impression de ne rien apprendre du tout pour ceux qui ont déjà eu la curiosité de visionner ces extraits vidéos tout à fait accessibles sur la Toile, par exemple sur mon blog ou d’une manière plus complète sur le site « memri.org ». Petite palestinienne traitant les Juifs de « fils de porcs et de singes », Ayatollahs rêvant tout haut de conquérir le Monde, homosexuels pendus, défilés du Hezbollah bras tendu à la mode nazie, appels à la guerre sainte sur des chaînes de télévision du Proche Orient ... tout ceci n’est ni un cauchemar, ni une invention de Geert Wilders : seulement, cette vidéo risque d’avoir l’effet inverse ! Au lieu de dénoncer de façon précise ceux qui allument les braises de l’incendie et avec qui des soit disant experts nous invitent à discuter - le Hamas, l’Iran, le Hezbollah et autres Ben Laden - on désigne à la vindicte tous les Musulmans, ce qui est à la fois inefficace et dangereux. En disant que tous les musulmans adhèrent aux discours les plus extrémistes, en résumant le Coran à certains passages qui, effectivement, appellent à l’élimination violente « des ennemis d’Allah », au Djihad ou au meurtre des apostats, Geert Wilders pose le problème selon une équation impossible : si l’islam n’est qu’une idéologie comme le nazisme ou le communisme, on ne peut plus guère qu’attendre une guerre mondiale (à gagner absolument) ou notre soumission ... ce qui, vu le pacifisme ambiant, risque fort d’arriver dans une première étape dans notre vieille Europe !

Jean Corcos