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09 juillet 2007

Magdi Allam, l’ami d’Israël venu d’Egypte

Le journaliste Magdi Allam,
rédacteur en chef adjoint du
"Corriere della Sera"

Introduction :
Le quotidien israélien « Haaretz » avait trouvé un titre plus percutant pour sa longue interview, publiée le 2 juillet et consacrée à cette personnalité auquel j’essayerai ici, modestement, de rendre hommage à mon tour : « Musulman, Italien et Sioniste » ... On pourra lire l’article intégral (en anglais, bien sûr) en allant sur ce lien. Et j’en publie ici quelques extraits, en traduction libre.
J.C

Âgé de 55 ans, cet Egyptien d’origine est devenu un citoyen italien, ayant brillamment réussi dans le journalisme puisqu’il est le rédacteur en chef adjoint du « Corriere della Sera ». On parle beaucoup de lui depuis la parution de son livre « Viva Israele » qui est très vite devenu un best seller en Italie (à noter entre parenthèses que ce succès traduit aussi - mais il faudra y revenir -, ce que des sondages d’opinion transnationaux traduisent bien, à savoir le maintien relatif de l’image de l’état juif chez nos amis italiens, contrairement par exemple à l’Espagne ou au Royaume Uni, où cette image est désastreuse).

Magdi Allam n’écrit pas, dans le fond, de choses extraordinaires dans son ouvrage, mais certaines évidences deviennent dures à exprimer : premièrement, Israël a le droit d’exister ; deuxièmement, le déni de ce droit est lié à la « culture de la mort », véhiculée par l’islam fondamentaliste, et cette « culture de la mort » a conduit à nier la sanctification de la vie ; troisièmement et en conséquence, Israël est devenu un « paramètre éthique » qui sépare les amoureux de la civilisation et ceux qui prêchent une idéologie de mort ; quatrièmement - et le journaliste tient à en convaincre ses lecteurs - cette culture haineuse et morbide n’est pas inscrite dans « l’ADN de l’islam » !

La trajectoire personnelle de Magdi Allam rend encore plus remarquable de telles prises de positions, qui lui valent aujourd’hui une condamnation à mort de la part du Hamas ... « Le Sionisme était pour moi un mot grossier pendant de longues années », dit-il dans son livre. Longtemps, il a considéré Israël comme une entité raciste, colonialiste, immorale, et il a accepté les méthodes terroristes de l’OLP d’Arafat. Venu en Italie très jeune (en 1972), il a participé à d’innombrables manifestations pour la cause palestinienne. Ce fut au bout d’une longue et douloureuse réflexion qu’il est arrivé à la conclusion que c’est le long refus arabe de tout compromis qui avait, au final, fait le plus de mal aux Palestiniens ; et aussi que Arafat était un tyran mégalomane, corrompu et corrupteur. Magdi Allam voit dans le paysage ravagé de la Palestine d’aujourd’hui la preuve du manque total de clairvoyance des Américains qui ont laissé le Hamas, organisation terroriste, participer aux élections puis les gagner, avec l’illusion qu’il deviendrait un parti politique comme les autres ... Allant plus loin, il pense qu’Israël a eu tort de se retirer du Sud Liban puis de Gaza, car le problème n’est pas une question de territoires mais un défi existentiel - les Arabes refusant, encore et en majorité, son droit de vivre !

Dans son livre, le journaliste raconte aussi le traumatisme de la défaite arabe de 1967, qui a marqué la fin du panarabisme et la montée de l’islamisme. Il consacre trois chapitres à cette guerre, et à ses souvenirs d’adolescent dans les rues du Caire, qui était encore une ville pluraliste et relativement tolérante. Il fut arrêté par les « Muhabarat » (services secrets), en raison d’une romance avec une jeune fille juive - le premier vrai amour de sa vie ! Magdi Allam raconte aussi combien l’Égypte, qu’il a du fuir en 1972, lui manque et comment, hélas, le pays qu’il avait connu - celui des nouvelles de Naguib Mahfouz, des films de Youssef Shahin et des chansons d’Oum Kalsoum - n’existe plus. Il dit aussi ses craintes devant les réseaux islamistes en Europe, qui prolifèrent sous le manteau du « pluriculturalisme », et qui commencent à répandre la terreur, de Londres à Madrid en passant par Amsterdam.

« Pourquoi n’entend-on pas la voix des Musulmans modérés ? » lui demande le journaliste du « Haaretz ». « Parce qu’ils ont peur. Ils sont une minorité et ils ont peur », répond-il. « Mais ne vous faite pas d’illusions : même ces modérés qui condamnent le terrorisme islamiste pensent qu’il y a une « bonne terreur » qui massacre les Israéliens ».
Des paroles terribles. Comme lorsqu’il évoque les menaces de l’Iran, et qu’il dit - et qui a le courage de parler ainsi, même parmi nos amis non musulmans ? - « j’espère qu’un jour Israël capturera Ahamadinejad et le forcera à passer le restant de ses jours entre les Murs du Yad Vashem ».

Nota de Jean Corcos :
J’ai voulu compléter cette recension d’article par deux informations glanées en « surfant » sur le Web, et qui confirment combien Magdi Allam est une personnalité musulmane exceptionnelle.
Tout d’abord il a écrit un article très courageux, dans le « Corriere della Sera » à propos du film documentaire de Pierre Rehov, « L’exode silencieux », consacré à la disparition des communautés juives du monde arabe (lire en lien), un article à nouveau en anglais. Il écrit notamment ceci :
"En fait, ce film démontre que l’antisémitisme et les pogroms contre les Juifs du Moyen-Orient ont précédé la naissance de l’état d’Israël et l’avènement des idéologies pan arabiste et pan islamiste ; que la haine et la violence contre les Juifs ont pu venir d’une interprétation idéologique du Coran et de la vie du prophète Mahomet, lus hors contexte".
Ensuite, Magdi Allam n’est pas seulement un ami des Juifs, mais aussi un enfant du Moyen Orient effaré par la montée de l’intolérance contre les minorités, en particulier contre les Chrétiens qui aujourd’hui vivent un autre « exode silencieux » dans l’indifférence du Monde ... on ne sera pas donc étonné d'apprendre qu’il a organisé une grande manifestation en leur faveur, à Rome le 4 juillet. Manifestation à laquelle participait aussi (et c’est tout à son honneur), le Grand Rabbin Ricardo Di Segni.