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29 novembre 2005

Pierre Lellouche l'avait dit à notre émission : intégration ici et démocratie dans le Monde arabe sont les deux faces d'un même combat

Pierre Lellouche,
député UMP de Paris


Pierre Lellouche avait été invité de "Rencontre" le 4 mai 2003 juste après la chute de Saddam Hussein. Le thème de notre émission était : "La politique arabe de la France, bilan et perspectives". Fin 2005, au delà de virages diplomatiques au Proche-Orient qui nécessiteront d'autres débats, il est clair que cette politique est un échec en matière d'intégration. Mais si les deux sujets étaient liés ? Si en freinant l'évolution de l'autre côté de la Méditerranée, nous avions sapé le pacte républicain chez nous ? Une question taboue et jamais posée. Ci-dessous la transcription d'un extrait de notre interview.

Jean Corcos : Nous arrivons à la fin de cet entretien et j’aimerais vous poser une question générale liée à votre franc parler courageux et à vos prises de position directes. Ce qui me frappe dans nos élites qui sont très brillantes dans leurs spécialités, c’est qu’elles sont incapables de décloisonner leurs compétences. Il est par exemple intéressant de voir que les enjeux de politique intérieure française avec l’intégration des millions de musulmans, et de politique internationale avec tous les problèmes que nous venons d’évoquer, peuvent se rejoindre.
Je me souviens d’une conférence que vous aviez donnée à l’Assemblée Nationale où j’avais été frappé par vos propos et notamment lorsque vous aviez dit : « la mutation de la population française est inévitable, l’immigration y est continue, et il existe un gradient Nord/Sud avec une démographie supérieure des musulmans ». La question que je vous pose est donc existentielle : ne pensez-vous pas que cette jeunesse magrébine désorientée, travaillée par des islamistes, pourra d’autant plus facilement accepter les idéaux républicains de la France que l’état français, par sa politique internationale, encouragera cette évolution démocratique dans le monde arabe, même s’il semble - comme vous le faisiez remarquer en début d’entretien - que cela ne l’intéresse pas au premier chef ?

Pierre Lellouche :Nous pouvons dire que cette question n’intéressait pas la France dans le passé parce que les pouvoirs politiques n’avaient pas pris conscience de cette chance extraordinaire que représente la transition démocratique. Il faut vivre ce qui s’est passé en Irak comme une vraie libération. Je vous rejoins donc entièrement en faisant remarquer que le fond du débat dans cette affaire, qui soulève presque une question pascalienne, est de savoir si l’on pense ou pas que l’islamisme radical est soluble dans la démocratie et dans les valeurs démocratiques. Pensons-nous, nous Français qui sommes avec les Américains les inventeurs de la déclaration des droits de l’Homme, que tous les peuples ont droit à la liberté, y compris ceux de religion musulmane ? Si l’on pense, comme c’est mon cas, que l’islamisme radical est soluble dans la démocratie, et que la démocratie ne pourra exister dans les pays musulmans que par la libération des femmes et par l’instauration d’un état laïc en opérant la séparation de l’église et de l’état, alors le combat pour la reconstruction démocratique de l’Irak est très exactement parallèle au combat de l’intégration laïque en France. Il n’est pas cohérent à la fois de cautionner Saddam Hussein à Bagdad, et de s’effrayer de voir la montée de l’islamisme radical en France.
Dans la mesure où nous sommes pour la démocratie dans le monde arabe et que nous nous battons pour cela, alors nous serons d’autant plus fort pour parler de l’intégration, du foulard islamique, et de rappeler que la religion appartient à la vie privée de l’individu, et qu’elle ne serait se substituer à la loi républicaine. Ce sont les deux faces d’un même combat. J’ai largement l’impression que dans le psyché français et dans la façon de faire de la politique en France, la discussion sur l’intégration est totalement découplée de la soi-disant politique arabe de la France, et qu’au fond nous avons laissé croître une immigration incontrôlée que nous n’avons pas su intégrer. De même, il me semble que nous avons laissé s’appliquer une politique étrangère de facilité avec un certain nombre de pays, parce que nous pensions que nos intérêts politiques traditionnels ou économiques seraient mieux servis en essayant de protéger ici ou là tel ou tel régime autoritaire, sans voir qu’à l’abri de ces régimes autoritaires se développait un islamisme radical extraordinairement violent et anti-occidental depuis 1979, année marquée par la guerre en Afghanistan (...)

Nous avons donc à faire face, dans la bataille pour la démocratisation du monde musulman, à la fois à ce défi considérable de lutter contre l’islamisme qui touche toutes les démocraties, et à un problème national d’intégration. 

J.C

27 novembre 2005

News on the blog


Beaucoup d'informations, amis lecteurs, dans la suite d'articles précédents ou à propos de sujets nouveaux. Les voici, en trois petits chapitres bien distincts ...
 
Retour de Proche-orient.info : une campagne de calomnies et des répliques
 
Je vous avais parlé (voir article, cliquer ici) de la disparition de ce journal en ligne, et de la tristesse que la nouvelle m’avait inspiré. Puis des espoirs de sa résurrection (cliquer ici). Depuis, après une campagne énergique de souscriptions, Elisabeth Schemla et Nicole Leibowitz sont parvenues à persuader à nouveau des actionnaires pour soutenir cette belle aventure, et « Proche-orient.info » devrait reparaître en janvier. Or depuis plusieurs semaines s’est développé une campagne de calomnies à l’intérieur de la communauté juive, et j’en ai été le témoin (comme réceptionnaire involontaire de mails envoyés par milliers). Puis, l’attaque s’est précisée avec le « pseudo scoop » lancé par le site « media-ratings », disant que ce media «sous couvert de la défense de certaines valeurs ainsi que de la communauté juive française, est en fait destiné à relayer, mais aussi à faire accepter, les prises de position de Jacques Chirac et de sa diplomatie auprès d’une population juive française déboussolée ». L’excellent site « politique arabe de la France », dont je vous ai souvent parlé et qui n’est pas vraiment tendre avec la diplomatie chiraquienne, a publié une démonstration éclatante de la mauvaise foi de cette campagne (cliquer ici pour lire cet article). « Proche-orient.info » vient d’entamer une action en justice : espérons que les calomnies cesseront, et que nous retrouverons rapidement P.O.I sur la Toile !

Un grand bravo pour les bouddhistes de la Soka Gakkai !
Je vous avais aussi parlé (tout autre sujet) du colloque inter religieux organisé le 19 novembre à Paris par la Soka Gakkai France (association de pratiquants laïcs du bouddhisme), et de la participation de mon ami Emile Moatti (cliquer ici). La S.G.F vient de publier sur son site (cliquer ici) un petit compte-rendu des 3 colloques réalisés simultanément en France ce jour là.
Je profite de cette information pour remercier chaleureusement la Soka Gakkai France, toujours à l’avant-garde des causes humanitaires, pour avoir relayé parmi ses membres l’appel au secours publié sur ce blog à propos des cinq infirmières bulgares et du médecin palestinien condamnés à mort en Libye, au mépris de toute justice (voir articles des 11 et 18 novembre).

Une analyse lucide des émeutes dans les banlieues

J’ai évoqué, peut-être de façon trop émotive, peut-être avec une trop grande réserve, de ce que l’on a appelé rapidement « l’intifada française », lors de plusieurs articles parus en novembre. Michel Levy édite le site « mivy », « un site qui décoiffe car il a été conçu par un chauve » ... c’est dire s'il a de l’humour ! Juif, laïc, se positionnant clairement à gauche mais sans dogmatisme, il fournit des tas d’informations intéressantes car il préfère l’analyse aux discours démagogiques. Il vient de publier une excellente synthèse sur les violences que nous venons de vivre dans toute la France, et j’ai beaucoup apprécié sa retenue et sa lucidité. En gros, il a su dépasser les deux discours trop réducteurs, celui d’une grande partie de la Droite (« ils ont fait cela uniquement parce que ce sont des musulmans »), et celui d’une grande partie de la Gauche (« ils on fait cela uniquement parce que ce sont des désespérés »). A découvrir (cliquer ici) !

J.C

26 novembre 2005

Une visite historique en Tunisie


Silvan Shalom, ministre israélien des affaires étrangères, visitant une yeshiva (école religieuse) de Djerba 
Photo : Government Press Office, Jerusalem


Photo pas vue

Du 16 au 19 novembre s’est déroulé à Tunis, sous le patronage des Nations Unies, le premier « Sommet Mondial de la Société de l’Information ». A cette occasion, Israël était présent, avec une importante délégation dirigée par son ministre des affaires étrangères. La délégation est arrivée d’abord dans l’île de Djerba, par un premier et historique vol direct depuis Tel Aviv. Elle a été notamment reçue par la communauté juive locale, une des plus anciennes de la Diaspora, et malheureusement une des dernières ayant pu rester en terre arabe.
Voir (en anglais) les informations sur le site du ministère israélien des affaires étrangères (cliquer ici). Vous aurez ainsi des détails sur la rencontre avec le Premier Ministre palestinien Mahmoud Abbas, et sur l’importante participation d’Israël au salon qui s’est tenu en parallèle au sommet.

J.C

24 novembre 2005

Shérazade, 18 ans, brûlée vive



Couverture du livre de Souad,
"Brûlée vive"
(Oh ! Editions, 246 pages, 18,90 E)

Je reproduis ci-dessous l’article publié dans « le Figaro » le 24 novembre :

"Dimanche 13 novembre, Sherazade Belayni, 18 ans, a été aspergée d'essence et brûlée vive par un jeune garçon dont elle avait refusé la demande en mariage. «Des témoins ont reconnu les deux agresseurs», raconte Abdel, 25 ans, le frère de la victime.
Parmi eux, un garçon «pakistanais» qui travaillait, comme Sherazade, dans un magasin du centre de Neuilly-sur-Marne (Seine-saint-Denis) où réside cette famille marocaine. «Il était venu à la maison demander sa main. Mais ni Sherazade ni la famille n'était d'accord», poursuit Abdel. La rencontre avait tourné à l'altercation. Le jour du drame, Sherazade se trouve à quelques centaines de mètres de chez elle lorsqu'elle est attaquée. Ses parents, comme tous les voisins, l'entendent hurler au secours et se précipitent dehors. Tandis que dans sa fuite l'agresseur a un accident et abandonne son véhicule. Depuis Sherazade se trouve dans le coma, entre la vie et la mort, brûlée à 60%. Sa famille et tous ses amis du lycée professionnel où elle préparait son bac s'étaient d'abord tus. Ils ont finalement décidé d'organiser une marche silencieuse pour demander justice le 27 novembre à 11 heures à Neuilly-sur-Marne."

Ce drame affreux m’a inspiré deux réflexions.

D’abord le délai (devenu hélas habituel) que s’accordent les médias pour évoquer de tels faits. Cela s’est passé il y a plus de dix jours, et l’excellent site primo-europe (cliquer ici) en avait parlé dès le 15 novembre. Voici comment les faits étaient relatés :
« Une jeune femme a été hospitalisée dans un état jugé très sérieux dimanche après avoir été brûlée vive par son ancien ami à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), a rapporté la police lundi.
Selon les premiers éléments de l'enquête de la brigade criminelle, la jeune femme, âgée d'une vingtaine d'années, a été aspergée d'essence par le suspect dans une rue non loin de chez elle. Il a mis le feu et pris la fuite se brûlant au bras, selon des témoins.
Le suspect, qui a agi "par dépit amoureux", a été identifié et devait être interpellé "sans délai", selon la source. La jeune femme a été admise à l'hôpital dans un état jugé très grave, a-t-on indiqué lundi.
Dès le dimanche soir, "Tous contre le voile" et "Primo Europe" étaient prévenus de ce fait horrible, passé inaperçu dans la grande presse. Histoire sans doute de ne pas stigmatiser plus encore les jeunes des banlieues ! »

Ensuite, il m’a rappelé le livre bouleversant « Brûlée vive », qui a été écrit près de trente ans après par une miraculée, elle aussi victime de l’orgueil machiste qui assassine chaque année des milliers de jeunes femmes en terre musulmane. Contexte différent (la Palestinienne Souad, 17 ans, vivant en Cisjordanie, avait été condamnée à mort par un conseil de famille dans le cadre d’un « crime d’honneur »), quel crime en effet que d’aimer d’amour avant le mariage ... son beau-frère l’aspergea donc d’essence et y mis le feu, comme pour la jeune Sherazade d’origine marocaine qui lutte contre la mort dans un hôpital de la région parisienne.

J’ai déjà prévu de programmer une émission avec l’éditeur sur toute une série de livres consacrés par « oh ! Editions» à la violence faite aux femmes musulmanes.


J.C

Voir aussi l’article consacré sur le blog à trois femmes emblématiques (cliquer ici).

23 novembre 2005

Rapports sans tabous d’experts français : le phénomène terroriste islamiste analysé, et les complicités syrienne et iranienne identifiées !

Introduction :
Je reproduis ci-dessous un extrait d’un excellent article de Jean Chichizola, publié ce matin dans « Le Figaro ». A noter que, dans le cadre du « livre blanc sur la sécurité intérieure » qui doit être remis au gouvernement, deux états présentés de longue date comme « des amis de la France » sont presque identifiés par la DGSE comme ... des « états voyous », appellation américaine qui faisait hurler de concert et il y a peu, et le Quai d’Orsay, et l’ensemble de nos médias !
J.C

« Lancés en mars dernier, les travaux du livre blanc sur la sécurité intérieure s'achèvent. Classifiés «confidentiel défense», les rapports des six groupes d'experts ont été remis aux autorités fin octobre et feront l'objet d'une synthèse rendue publique début 2006. Résumé des trois rapports portant sur l'analyse du phénomène terroriste islamiste et sur la riposte.
L'évaluation de la menace. Né des travaux du groupe de travail présidé par Pierre Brochand, patron de la D.G.S.E, le rapport évoque sans tabou les «espaces du terrorisme islamiste». Les «zones de transit et de soutien» englobent ainsi l'Iran et la Syrie à la sévérité «à éclipse» à l'égard des djihadistes. L'Iran assure un couloir de communication entre l'Irak et l'Afghanistan et la Syrie est devenue la principale porte d'entrée vers Bagdad. Concernant les «terres de djihad», l'intervention américaine en Irak, pays qui accueille des milliers de volontaires du monde arabe et quelques centaines venant d'Europe, aurait créé «un abcès de fixation». Les «sanctuaires» terroristes pourraient s'étendre, avancent les experts, «aux portes des très glandes agglomérations européennes pour autant que la loi cessera d'y régner». Dans ce contexte, la France est un «objectif stratégique de rechange». Au-delà du vieux procès dressé par les islamistes, sept facteurs aggravent la menace : la loi sur les signes religieux, l'intervention en Afghanistan, «la collaboration franco-américaine au Liban face à la Syrie censée compromettre la stabilité d'un régime clé pour la logistique du djihad irakien», l'apparition d'une nouvelle génération de radicaux, les projets d'attentats européens du Jordanien Zarkaoui et le rapprochement des groupes terroristes maghrébins. (...)

A propos des réseaux terroristes et de l’Internet, voir notre émission avec Richard Odier, cliquer ici

A propos des menaces terroristes, consulter le site ouvert au public de la Fondation pour la Recherche Stratégique (base de données sur les actes terroristes, adresse : https://bdt.frstrategie.org/).
Voir aussi notre dernière émission avec le Directeur de la F.R.S, François Heisbourg (cliquer ici).

J.C

22 novembre 2005

Fascination orientale


 
 
Le repos des baigneuses, huile sur canevas d'Etienne Dinet (1861-1929), collection publique, source : site artrenewal.org

Une toile sur la Toile
- novembre 2005

Curieuse destinée que celle d’Etienne (Nasreddine) Dinet !

Né dans le Loiret, il fit des études à l’Ecole des Beaux Arts de Paris, et il découvrit grâce à une bourse l’Algérie à l’âge de 23 ans. Ebloui par les paysages du Sud, lié ensuite profondément à un jeune Algérien, il devait s’établir à Bou Saada où il réalisa l’essentiel de son œuvre orientaliste, une des plus renommées. Il apprit aussi à parler l'arabe, à comprendre l'âme algérienne, les us et coutumes et à aimer la religion musulmane au point de se convertir lui-même à l'islam en 1913 sous le glorieux nom de Nasreddine, « Le triomphe de la religion ». Il mourut au retour d’un pèlerinage à la Mecque, et fut enterré à Bou Saada. On se reportera à un excellent résumé de sa biographie publié sur le WEB (cliquer ici).

Pour moi, il incarne la « fascination orientale », celle à laquelle ont succombé des intellectuels, artistes ou diplomates. Cette fascination peut conduire - au-delà d'une féconde curiosité et d'une nécessaire empathie - à idéaliser une autre civilisation et à nier sa face sombre, jusqu'à renier ses propres racines. En rendant hommage à sa peinture, je pense aussi à un courant qui a été trop souvent aveugle aux autres populations présentes en Orient. Voir aussi sur le blog l’extrait tellement lucide de Jean-Claude Milner (cliquer ici). Ce ne fut pas le cas de tous les peintres, en tout cas pas de Delacroix dont les « carnets de voyage au Maroc » exposés à l’institut du Monde Arabe il y a quelques années sont aussi un reportage extraordinaire sur la vie juive dans ce pays.

A noter aussi que le dilemme des Orientalistes (au sens cette fois d’universitaires étudiant les sociétés orientales, et non pas d’artistes) a toujours été, en gros, le même : soit la fascination et un rêve de symbiose parfaite (par exemple celui, colonial puis néo-gaulliste de « la France, puissance musulmane », nous y reviendrons) ; soit le dénigrement et la « boite à fantasmes » (les Arabes et les Musulmans comme les archétypes de l’ennemi féroce). De ce dilemme, j’ai eu le plaisir de parler avec l’écrivain israélien Abraham.B Yehoshua en direct de Haïfa dans une émission consacrée le 14 décembre 2003 à son beau livre « La fiancée libérée » (Editions Calmann-Levy, prix : 25 E). Le héros du roman, Yonathan Rivline, est un orientaliste de renom, professeur d’université ; et beaucoup de personnages sont des Arabes israéliens ou des Palestiniens.


J.C

20 novembre 2005

Le correspondant à Paris du journal "Al Ahram" sera notre invité le 4 décembre


Ahmed Youssef est le correspondant à Paris du journal égyptien "Al Ahram". Mon interview a déjà été enregistrée (voir photos, article du 2 novembre sur le blog). J'ai eu un grand plaisir à faire cette émission, qui a été l'occasion de "retrouvailles" avec un ancien invité de "Rencontre" ... 
Depuis sa dernière venue sur notre plateau (1999), le Proche Orient vient en effet de passer des années particulièrement tourmentées !

"Al Ahram" ("Les Pyramides") est une véritable institution en Égypte. Fondé il y a plus de cent ans, ce journal est le plus lu du monde arabe. On le trouve en kiosque à Paris comme à Londres, et il a des éditions Internet en français et en anglais. Présenté comme "pro-gouvernemental", il traduit le point de vue "officieux" du gouvernement égyptien, d'où l'intérêt particulier de cette interview.

Je vous laisse bien sûr découvrir notre conversation le 4 décembre prochain. Vous serez heureusement surpris par les réponses très claires de mon invité à propos des menaces de destruction d'Israël par l'Iran, ou du régime Assad en Syrie ... une conversation très riche, où il est question à la fois de l'influence des Frères Musulmans, d'Al-Qaïda et de la Paix au Proche Orient. Bonne écoute !

J.C

18 novembre 2005

Des nouvelles des infirmières bulgares et du médecin palestinien condamnés à mort par Kadhafi

Les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien
lors de leur procès en Libye (photo A.P)

Comme il fallait s’y attendre, le suspense continue ... (voir article du 11 novembre).
Mardi 15 novembre, la Cour suprême de Libye a décidé de reporter au 31 janvier 2006 sa décision sur la recevabilité de l’appel des cinq infirmières et du médecin condamnés à mort. Selon Michel Taube, porte-parole d’ECPM, (« Ensemble contre la peine de mort »), ce report ne fait que prolonger le calvaire des condamnés, manifestement innocents des faits qui leur sont reprochés, qui ont été torturés au cours de leur détention et dont la santé mentale et physique est affectée par une détention de plus de six ans déjà.
Plus d’informations sur le site :

Judaïques FM a réalisé une première (direct avec Tripoli !) mardi 15 au journal de 22 heures ; mon ami Olivier Issembert a en effet interviewé l’avocat mandaté par l’ONG « Avocats Sans Frontières », Maître Altit, qui a assisté à la réunion de la Cour Suprême de Libye.

Une émission plus longue de la série « Rencontre » sera programmée au mois de janvier, pour dénoncer ce scandale qui indigne encore si peu notre opinion publique (il n’y avait que quelques dizaines de personnes lors de la manifestation de lundi soir à Paris). Vous pouvez amis lecteurs, au moins VOUS, signer la pétition pour leur grâce mise en ligne par l’association ECPM (cliquer ici) ; dans l’attente, notre blog publie un article d’Isabelle Rose qui revient sur le silence incroyable des grandes consciences morales de notre Pays.

J.C

« Recherche psychiatre désespérément »

Sans doute faudrait-il être psychiatre pour expliquer au public quels effets produisent sur le système nerveux des chocs électriques. Sans doute faudrait-il être psychiatre, mais aussi gynécologue, pour expliquer les sévices sexuels, les passages à tabac, tout l’appareil de torture que l’homme peut inventer pour détruire son semblable. Il faudrait encore être psychiatre pour expliquer comment un homme peut arriver à trouver du plaisir - car il s’agit bien de plaisir - dans cette violence. Les psychiatres qui ont travaillé sur les camps de concentration d’Hitler ou de Staline auraient beaucoup de choses à raconter. Mais finalement, ce n’est pas tant de psychiatres qu’ont besoin ces cinq infirmières bulgares et ce Palestinien enfermés dans les prisons libyennes, après avoir subi les pires tortures : ils auraient plutôt besoin d’un orateur, d’un avocat, d’une conscience à figure humaine. Ce que la France se vantait d’avoir : des intellectuels.

Certes, le vingtième siècle nous a laissés blasés : après la Shoah, le nazisme, le stalinisme, les massacres au Rwanda, au Soudan, et les victimes que nous ne citons pas nous pardonneront, il y a de quoi être lassés. Pourtant, les peuples d’Europe loin d’être écœurés, ont gardé la réaction à fleur de peau : en France, en Espagne, en Italie, au Royaume Uni, en Allemagne, les peuples ont défilé pour s’opposer à la guerre que les Etats-Unis menaient contre le régime de Saddam Hussein ; l’affaire des « prisons de Guantanamo » a secoué l’opinion. En France, en Allemagne, en Espagne, en Italie, au Royaume Uni, les peuples sont très vigilants quand ils jugent des opérations militaires israéliennes. D’une manière générale, l’Europe entière est très susceptible dès que l’on en vient à la manière dont sont traités les Musulmans. Qu’il s’agisse de ceux qui sont vivants, ou de ceux qui sont morts - la France fait un travail de mémoire remarquable sur son passé colonial, particulièrement en Algérie.

Cette fixation atteint cependant rapidement sa limite : les morts ne doivent pas occulter les vivants. Plus encore, quand les vivants sont sur le point de devenir des morts. Et pour ce qui concerne les Musulmans, le flou qui entoure la désignation est un inconvénient : pourquoi est-ce que les Musulmans qui incendient, tuent, prêchent la haine, torturent, mériteraient plus que les autres cette compréhension muette ou argumentée ? Et pourquoi faudrait-il toujours se taire lorsque les bourreaux sont des Musulmans et les victimes ... la plupart du temps des Musulmans, mais aussi et souvent des Chrétiens et des Juifs ? Les violences que nous voyons ne sont pas des violences ethniques ni même une guerre de religions. La ligne de partage n’est ni religieuse ni nationale : la ligne de partage est politique et morale. C’est en ce sens que l’on peut parler de « guerre de civilisations ». Et le fait que ce soit « dans la patrie des Droits de l’Homme » que l’on refuse absolument de le comprendre nous interpelle drôlement.

Car il faudrait sans doute un psychiatre pour répondre à cette question : qu’est devenue la France ? Pourquoi voit-on ses citoyens - de droite comme de gauche - compromis dans cette collaboration, car il n’y a pas d’autres mots ? Pour ce qui est de ses hommes politiques, il n’est en effet point besoin de psychiatre pour répondre à la question : la réponse est à chercher du côté de calculs géopolitiques, électoraux et sociaux hasardeux, ainsi que du côté des affaires et des banques. Mais pour ce qui est de son peuple, de ses intellectuels, mais aussi de ses hommes d’église, que faut-il dire ? Ou est donc passée la voix de l’Europe tandis qu’on torture impunément en Libye ? L’U.E est bien intervenue et il y a une vraie partie de bras de fer en coulisses ... mais en silence, loin du feu des projecteurs : ce ne sont que des Bulgares, pas encore dignes, comme nous, de faire la leçon au reste du Monde !

Isabelle Rose,
Jérusalem

16 novembre 2005

Ce matin sur Judaïques FM : André Nahum a parlé de l’attentat d’Al-Qaïda à Amman et de sa présentation scandaleuse dans le « le Monde »

Introduction :
Mon ami André Nahum a lu un éditorial remarquable à la radio ce matin, à propos du dernier attentat d'Al-Qaïda en Jordanie (61 morts, des dizaines de blessés) et d'un article sandaleux publié à ce sujet par le journal "Le Monde". Cette manière de ne jamais parler des victimes et de toujours trouver des circonstances atténuantes aux terroristes devient une habitude dans une partie de nos médias nationaux, et il est temps de tirer la sonnette d'alarme. Les tragédies se suivent, et on trouve rarement la moindre compassion pour ceux qui tombent victimes de la barbarie islamiste : des Arabes de plusieurs nationalités la semaine dernière à Amman ; le 29 octobre, la foule faisant ses courses sur le marché de New Delhi à la veille d'une fête religieuse hindoue, visée donc par un attentat parfaitement raciste ; et hier, au Pakistan, les clients d'un "fast food" à Karachi, des Pakistanais "coupables" d'avoir voulu manger à l'occidentale ...
J.C

"L’ambiance était joyeuse ce soir-là dans les salons de l’hôtel Radisson d’Amman en Jordanie, où deux cents convives étaient réunis pour célébrer un mariage. Personne ne prêta attention à Sajida et son mari, deux « islamikazes » irakiens, qui s’étaient invités à la fête pour massacrer le plus de monde possible. L’homme se fit sauter, tuant et blessant des dizaines de personnes de tout âge, la femme échoua. Deux jours plus tard elle se fit prendre et avoua. Elle voulait dit-elle, venger son frère, un terroriste proche du sinistre Al Zarkaoui, tué à Falouja. Face à l’émotion considérable que soulevèrent les trois attentats d’Amman, les Jordaniens décidèrent de faire passer Sajida à la télévision. Et on la vit habillée de noir, la tête recouverte d’un foulard blanc. Ouvrant son manteau, elle laissa apparaître son attirail de terroriste - suicidaire, une sorte de large ceinture de papier adhésif munie de fils électriques ...

Pourquoi je reviens sur cette histoire dont toute la presse et les télés du monde entier ont parlé ? Eh bien, figurez vous que dans son numéro daté du 15 Novembre, le journal "Le Monde" publie un article (signé Dominique Dhombres) dans lequel l’auteur s’indigne du "strip-tease" auquel la télévision jordanienne a forcé cette femme à se livrer, qualifiant à deux reprises "d’obscène" cette séquence télévisée. "La kamikaze ratée ne méritait pas cette humiliation" écrit-il. Oui. Vous avez bien entendu. On croit rêver. Nos médias trouvaient quelques excuses aux terroristes suicidaires lorsqu’ils se faisaient sauter dans des bus ou des cafés israéliens. L’attentat - suicide était qualifié d’acte de résistance, c’était l’arme du faible contre le fort, le seul moyen de lutter contre l’occupation et il était parfaitement intégré dans les paramètres de la pensée unique en vigueur dans notre pays. On s’essayait à trouver des raisons aux attentats des USA du 11 Septembre, de Madrid ou de Londres. Mais les terroristes qui justifient leurs crimes par la guerre qu’ils prétendent livrer aux Juifs et aux "croisés" tuent aussi au nom d’Allah des Arabes et des Musulmans en Irak, en Egypte et maintenant en Jordanie ? A quelle logique obéissent ils donc ? Quelle justification, quelles circonstances atténuantes peut-on leur trouver ?

On se demande si dans notre pays les mots ont encore un sens. Qu’est-ce qui est obscène ? Le fait de montrer une criminelle à la télévision ou le fait d’assassiner femmes, enfants et vieillards ? N’est-il pas plutôt obscène de s’apitoyer sur la prétendue humiliation subie par une candidate - kamikaze ? Humiliation, d’avoir raté son forfait, d’avoir été capturée ou d’avoir été présentée à des millions de téléspectateurs ? J’aimerais bien savoir ce que penseraient de cet article les parents des victimes des attentats d’ Amman qui commenceront peut-être à comprendre ce qu’ont enduré les autres victimes du terrorisme."

André Nahum

L'Iran demande à la France de respecter les droits de l'Homme et ses minorités ...

Pendaison de deux jeunes de 18 et 19 ans en Iran, le 19 juillet 2005
Photo ISNA ("iranian students news agency")
Source : site iranien payvand.com (cliquer ici).

Le sourire (jaune) du mois
- novembre 2005

AFP, Téhéran, 6 novembre - L'Iran a demandé dimanche à la France de respecter les droits de l'Homme et ses minorités après dix nuits d'émeutes dans le pays.
"Nous espérons que le gouvernement français respectera les droits de son peuple et répondra à ses demandes pacifiquement, et que nous n'assisterons pas à la violation des droits de l'Homme dans ce pays", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, devant la presse. Il a déclaré que l'Iran était "inquiet" de la situation en France et a ajouté que "le gouvernement français et la police devaient traiter leurs minorités avec respect".


Quelques références en matière d'exécutions d'adolescents (ceux-là mineurs) en République Islamique d'Iran, tirées d'un rapport de l' ONG "Human Rights Watch" : "Iran is thought to have executed at least four other juvenile offenders in 2004, and at least 30 juvenile offenders are on the country's death row. Human Rights Watch has confirmed the names and ages at the time of offense of five juvenile offenders under sentence of death in Iran: Milad Bakhtiari, 17 years old; Hussein Haghi, 16 years old; Hussein Taranj, 17 years old; Farshad Saeedi, 17 years old; Saeed Khorrami, 16 years old."

Et puis une dernière illustration pour ceux qui estiment que, décidément, nous devons respecter les traditions culturelles locales contre l'affreuse mondialisation ... une photo déjà publiée sur le blog, cliquer ici.

J.C

15 novembre 2005

Territoires perdus de la République


"Les territoires perdus de la République"
Collectif sous la direction d'Emmanuel Brenner
(Editions Mille et une nuits, prix : 12 E)



Aujourd'hui, lorsque l'on parle des "territoires perdus de la République", le grand public pense aux centaines de banlieues où l'ordre républicain doit être rétabli : la quasi-totalité des effectifs de CRS y est affectée, et ils représentent un tiers des forces de police et de gendarmerie réquisitionnées à cette fin ... il s'agit d'endiguer l'incendie qui a commencé en France depuis presque trois semaines, et peu à peu la Loi semble s'imposer !

Mais cet incendie avait commencé à couver depuis des années, et le livre "Les territoires perdus de la République" en était l'annonce quasi-prophétique. Cette violence féroce des casseurs, souvent mineurs, d'innombrables enseignants dans le cités l'avaient vécue, et certains avaient osé en parler dans cet ouvrage. J'avais reçu le 16 novembre 2003 Joseph Hattab, professeur en banlieue parisienne, et Barbara Lefebvre, professeur et co-auteur du livre. Tous deux avaient témoigné du laxisme ambiant, du sexisme d'une partie des élèves , de leur antisémitisme rampant ou ouvert, de l'infiltration des islamistes mais surtout - et je me souviens de ma colère quand nous en avions parlé - de la passivité voire même de la complicité de certains professeurs. Incurie de l'Education Nationale qui a laisse se déliter la discipline depuis des années, et qui a envoyé "au casse-pipes" de jeunes enseignants mal préparés ? Inadaptation des programmes, conçus pour les enfants bien élevés de la bourgeoisie française et ne répondant absolument pas aux besoins de formation culturelle et professionnelle des milieux les plus défavorisés ? Idéologie de certains syndicats du corps enseignant, qui ont par endroit instrumentalisé le conflit israélo-palestinien en suscitant des vocations de "fedayins" parmi leurs jeunes élèves ... qui exercent aujourd'hui leurs talents à coups de cocktails Molotov ? Regardons bien ces images d'écoles incendiées, que les Français éberlués n'arrivent pas à expliquer : une révolution où on brûle des livres, c'est une révolution qui rappelle d'autres horreurs ...

Au delà des problèmes douloureux vécus par de très nombreuses familles juives qui ont du se tourner depuis quatre ans vers l'enseignement privé pour préserver leurs enfants, cette faillite de l'école concerne l'ensemble des populations issues de l'immigration et vivant dans les cités "oubliées" : 150.000 jeunes sortis chaque année du système scolaire sans aucun diplôme, une démission générale des parents dans certains quartiers, tout cela était connu, analysé, quantifié depuis longtemps. Les problèmes liés à l'enseignement dans les "quartiers sensibles" ont fait l'objet d'un rapport de l'Inspection Générale de l'Education Nationale, le rapport Obin paru en juin 2004 (cliquer ici pour le lire en version pdf). La télévision n'en avait pas parlé, bien entendu, et aujourd'hui la réalité explose au visage des politiques ... et des journalistes "bobos" qui sont soit encore jeunes et célibataires, soit parents d'enfants scolarisés dans les beaux quartiers ! 

J.C

13 novembre 2005

Last, last news ...



Quelques informations, à chaud et pour ne pas perdre le fil des articles précédents !


Tout d’abord, je vous avais parlé (article du 9 novembre) du « clash » Rushdie - Naceri, totalement occulté à la télévision. Des lecteurs de mon blog s’en sont étonnés et ont demandé confirmation. Jean-Marc Morandini d’Europe 1 avait donné en exclusivité l’information sur son propre blog, dès le 17 octobre, voir en lien (cliquer ici).

Ensuite dans mon article du 6 novembre ("Blogueurs, blogueuses je vous ai compris"), je reproduisais un article du « Figaro » donnant une idée des incitations à la violence circulant sur des blogs d’adolescents. Deux constats. Tout d’abord grâce à mon propre logiciel "sitemeter" (qui me donne les termes de la recherche quand j’ai une visite en provenance de "google",  "yahoo" ou autre), j’ai constaté une augmentation ahurissante de « hits » associés aux termes : "keufs", "niké", "batar sarko" ... inquiétant ! Ensuite, le WEB n’étant que le reflet virtuel du monde réel, on apprenait par la préfecture de police que la surveillance des blogs et SMS faisait craindre des violences, cette fois au cœur de la capitale particulièrement surveillée. Paris a pourtant été calme cette nuit ... Voilà un effet dissuasif de l'information, pour une fois, alors qu'au début de la semaine certains reprochaient aux télévisions "d'exciter les émeutiers" en en parlant trop !

Le site http://www.bulgaria-france.net/ m’a fait le grand honneur de publier en lien mon article du 11 novembre sur l’affaire des infirmières bulgares et du médecin palestinien qui risquent la mort dans les prisons libyennes. Un grand merci, et bienvenue aux visiteurs venant de ce site ... visiteurs qui doivent être d’une autre qualité que ceux évoqués au paragraphe précédent ! Je reviendrai sur cette affaire, pour laquelle j’ai déjà pris des contacts utiles.

A propos de l’attaque de la mosquée de Carpentras (attaque ignoble, irresponsable et probablement aussi le fait d’un « ado »), elle-même se voulant une réponse à des attaques d’églises pour lesquelles les responsables politiques et les médias ont fait preuve de beaucoup plus de discrétion : un engrenage affreux du type "guerre de religions" risque de se mettre en marche. Mais est ce que tout cela n’accrédite pas la thèse d’un embrasement manipulé ? Le calme revient peu à peu, nous dit-on, mais on peut s’étonner de la quantité d’essence toujours disponible aux mains des incendiaires !

Enfin je vous recommande à nouveau de visiter le blog politique arabe de la France (cliquer ici ). Il vient de publier le texte de la "fatwa" de l’UOIF appelant au retour au calme dans les banlieues ainsi qu’un appel dans le même sens du cheikh Qaradawi, prédicateur vedette et antisémite de la télévision satellitaire "Al Jazeera", appel faisant l’éloge de la politique française. Allez faire un tour sur le site memri (en lien permanent sur le blog) pour avoir une idée de la « pensée » de cette personnalité ... et comme le signale Emmanuel sur son blog, les grands médias se taisent une fois de plus, quand une information dérange !

Vous êtes maintenant une cinquantaine à venir chaque jour sur le blog de l'émission "Rencontre". Il est maintenant mis à jour plusieurs fois par semaine : mettez le donc en favori, et n'hésitez pas à ouvrir les liens, il y a beaucoup de choses à découvrir et à comprendre lorsque l'actualité s'emballe !

J.C

11 novembre 2005

Sauvons les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien condamnés à mort par la "justice" de Kadhafi



Les cinq infirmières bulgares condamnées à mort, avec deux visiteurs dans une prison libyenne

Une course contre la montre vient de s’engager pour sauver la vie de six innocents, condamnés à mort par fusillade il y a un an et demi dans un quasi-silence médiatique, ce lourd silence qui hélas caractérise les télévisions et les gouvernements occidentaux dès lors qu’il s’agit d’horreurs se déroulant en terre musulmane et que l’on ne peut incriminer ni « aux méchants américains », ni à Al-Qaïda. Mardi 15 novembre doivent être rejugés en appel cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien, incarcérés depuis 1999 et condamnés à mort en mai 2004 pour avoir volontairement inoculé le virus du Sida à des centaines d’enfants libyens dans l’hôpital de Benghazi où ils travaillaient. Cette semaine, les médias semblent se réveiller quelque peu en Europe. Ainsi, le journal « Le Figaro » de ce mercredi 9 novembre publie un article de Piere Prier révélant les démarches de l’Union Européenne et des Etats-Unis. Je reproduis ci-dessous un extrait de ce papier, posant bien l’arrière plan sordide du chantage libyen.
 
« Des rumeurs de compromis ont circulé. Mais pour l'instant, rien n'y fait : le régime du colonel Muammar Kadhafi se retranche derrière «l'indépendance» de la justice libyenne. «Les infirmières sont accusées d'avoir tué des innocents et ont été condamnées par un tribunal indépendant», a répondu à George W. Bush le ministre des Affaires étrangères, Abd el-Rahmane Chalgham. Derrière ces protestations vertueuses, Tripoli semble engagé dans un bras de fer avec l'Occident dans lequel les malheureuses Bulgares et le Palestinien servent de monnaie d'échange. Par crainte de subir le sort de Saddam Hussein, Muammar Kadhafi a accepté d'indemniser les familles des victimes des attentats perpétrés contre des avions de ligne américain et français à la fin des années 80. Dans la même veine, il a renoncé à l'arme nucléaire en décembre 2003. Tripoli est en outre devenu le meilleur ami de l'Occident dans la lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine. Les condamnés à mort paraissent faire les frais de ce retournement de veste. En juillet 2004, le ministre des Affaires étrangères bulgare se voit proposer un marché par son homologue libyen : la révision du verdict contre la prise en charge des enfants libyens, la construction d'un hôpital pédiatrique et surtout l'indemnisation des familles des victimes. Le rapporteur de la commission des droits de l'homme du Parlement européen, Tony Lloyd, a bien compris le sens du marché : «Il serait difficile de ne pas relever que les montants astronomiques réclamés par la Libye - 10 millions d'euros par enfant - équivalent aux indemnités versées par la Libye aux victimes de l'attentat de Lockerbie !», écrit le député britannique dans son rapport daté du 19 septembre. Dernièrement, Tripoli aurait ajouté une exigence : la libération des deux Libyens emprisonnés en Écosse après leur condamnation pour l'attentat contre le Boeing de la Pan Am au-dessus de Lockerbie. »

Le journal « l’Express » de cette semaine publie une longue enquête que je vous invite à lire d’urgence (cliquer ici). Elle donne tout l’historique de l’affaire, et rappelle que selon l’expertise réalisée par le professeur Montagné, spécialiste mondial du Sida, les contaminations dues à l’absence d’hygiène à l’hôpital de Benghazi sont bien antérieures à la venue du personnel médical injustement condamné. Elle révèle aussi l’ambiance d’antisémitisme hystérique venue infecter cette affaire, depuis « le complot du Mossad » soit-disant découvert par la police libyenne (un nouveau classique, hélas, dans une partie de la presse arabe : celle du sang contaminé par les Juifs, rumeur déjà véhiculée en Egypte à propos de bonbons porteurs de virus ...) jusqu’à la haine à visage découvert du responsable de l’enquête, Juam El Mesheri rencontré par l’Express : « Il parle haut et fort, c'est un homme d'autorité. D'obsessions, aussi. «Je sais que votre journal appartient à des juifs», prévient-il d'emblée ».

Pierre Prier a décrit dans « Le Figaro » les horribles sévices subis par des accusés qui ont avoué sous la torture :
« Les infirmières ont avoué sous des sévices dantesques, selon le rapporteur [de la commission des Droits de l’Homme du Parlement européen] Tony Lloyd : «Deux des infirmières ainsi que le médecin ont affirmé devant le tribunal avoir subi de graves tortures physiques (chocs électriques, suspension en hauteur par les bras, passages à tabac, flagellations, viols et agressions sexuelles, etc.) durant deux mois, parfois quotidiennement. En 1999, l'une des accusées, Nassya Nenova, a tenté de se suicider.» Une autre infirmière, Valentina Siropoulo, a été terrorisée par des chiens pendant un an et demi à l'école d'entraînement des chiens policiers. Le député Tony Lloyd décrit sa rencontre avec le mari de Kristina Vulcheva, le docteur Georgiev, libéré mais toujours en Libye, faute d'un visa de sortie : «Il m'a raconté les supplices atroces qui ont été infligés à son épouse... passages à tabac avec des câbles ou des bâtons, sur les jambes, les pieds, les mains, les seins ; chocs électriques, étendue nue sur un lit en acier ; étouffement par asphyxie et strangulation ; injection de drogues, etc.»

Voilà donc ce qui se passe à quelques heures d’avion de Paris, tandis que France 2 vient de consacrer une longue soirée « aux jeunes des banlieues » et « aux brutalités policières » qu’ils subiraient. Peut-être ne raconte-t-on pas assez « aux jeunes » ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée ? Peut-être que José Bové, Mgr Gaillot et Noël Mamère - que l'on n'entend JAMAIS dans ce genre d'affaires - considèrent les droits des casseurs étrangers comme plus importants que ceux de ces malheureuses femmes, risquant leur vie dans une histoire kafkaïenne ? Peut-être que ce Palestinien ne mérite aucune attention dès lors que ses persécuteurs ne sont pas « d’horribles sionistes » ? Peut-être que Roland Dumas, ex ministre des affaires étrangères, juge plus importante l'impartialité de la justice pour un monstre comme Saddam Hussein ?
Allez sur le site de l’association Bulgarie-France (cliquer ici) qui publie des photos de ces victimes innocentes, et appelle à manifester lundi 14 novembre à 17 heures devant le Centre Georges Pompidou, à Paris. Soutenez l'association « Avocats sans frontières » qui s’est emparée du dossier ! Et lisez le bouleversant appel de la chanteuse d'origine bulgare Sylvie Vartan, sur le site « abolition.fr » (cliquer ici).

Et je promets, si ces innocents ne sont pas libérés d’ici là, de consacrer une émission à cette affaire et à la Libye du colonel Kadhafi, avec laquelle notre Pays entend renouer des relations amicales.


J.C

10 novembre 2005

Le paradoxe français, ou "pourquoi les Français ont seulement une grande gueule à l'Etranger ?"

Tribune Libre

Introduction :
Isabelle Rose, dont vous avez pu apprécier le talent de polémiste (article du 16 octobre), m’envoie de Jérusalem ce pamphlet qui fera grincer des dents certains lecteurs, mais que j’ai trouvé percutant. Professeur agrégé de philosophie ayant fui - au sens physique et moral du terme - la France, elle a l’expérience du terrain et en particulier de l’éducation nationale « dans les quartiers sensibles ». On peut ne pas être d’accord sur tout, même si je partage sur beaucoup de points son analyse. Le débat ne fait que commencer (voir sur le « Haaretz » le courrier des lecteurs, article du 7 novembre) ... à bientôt sur les ondes et sur le blog pour d’autres points de vue !
J.C

« Il est sans doute des moments où les hommes politiques, pourtant gourmands de friandises médiatiques, se passeraient bien des progrès de la technologie. Monsieur le Président Chirac, et son Premier Ministre qui s’était assigné comme tâche du temps où il était aux Affaires étrangères de porter dans le monde la voix de la différence culturelle française, en savent quelque chose : il aura fallu du temps pour que le Président - manifestement convalescent - prenne la parole ; c’est presque en s’excusant que Monsieur De Villepin, qui nous avait pourtant habitué à un autre ton quand il pourfendait du haut de sa tribune le vilain tonton, aura fait ce lundi soir une apparition prudente. La mine ahurie de P.P.D.A, qui n’est quand même pas né d’hier, en disait long. Le même jour, j’ai vu sur C.N.N une responsable beur porter le drapeau tricolore ... Qualités de l’argumentaire censé témoigner de la formidable vitalité de la culture française : zéro. Les professeurs de l’Education Nationale, au lieu de manifester, feraient mieux de se poser certaines questions. Pareil pour les parents. Ne juge t-on pas des maîtres et des parents sur leurs enfants ? Encore qu’à vingt ans, la plupart des habitants de la planète ne sont plus des enfants mais des adultes. On ne répétera jamais assez la perversité du paternalisme de la République et de l’état - providence.
Cette demoiselle nous aura ressorti le discours de la « fracture sociale » et des « identités humiliées » ; certes, en moins joli : mais c’est qu’elle parlait en anglais. Elle nous aura dit - nous, c’est la France et le Monde entier - que les Français sont des méchants racistes qui ne respectent pas les populations les plus faibles. On ne voit pas trop en quoi les bandes de voyous qui terrorisent les quartiers et paralysent un pays, s’attaquant en bandes à des personnes isolées, sont des populations faibles, mais si elle le dit c’est que cela doit être vrai. Et pour ce qui est du racisme des Français, là non plus, on ne voit pas trop en quoi il est plus rédhibitoire que celui de cette « belle jeunesse » qui ne supporte tout simplement pas ce qui n’est pas comme elle. Elle nous aura aussi expliqué que ce que veulent ces jeunes révoltés, c’est de vivre comme tout le monde et travailler. Vivre comme tout le monde ? Peut être : un laxisme total qu’ils ont pris l’habitude d’appeler droit au respect. Quand le mythe-fondateur d’un peuple qui prétend l’exporter comme valeur universelle est une révolution irrationnelle, cela peut encore faire des dégâts quelques siècles après. Mais pour ce qui est du travail, il faut croire que nous n’avons pas la même expérience des quartiers : car des élèves nous avaient expliqué - sans rire - qu’ils gagnaient leur vie mieux que nous en faisant leur commerce. Et puis s’ils ne gagnaient pas mieux leur vie, au moins ils se marraient. Sachant qu’un professeur agrégé n’a pas à se plaindre de son salaire, cela nous avait fait rêver, et c’est d’ailleurs de cette époque que nous nous décidâmes, aigrie et désabusée, à démissionner !
Enfin, elle aura expliqué très sérieusement qu’il faut donner de l’argent, parce que les jeunes attendent de l’argent. Mais qui n’attend pas quelque chose en France ? Elle a même dit qu’ils avaient des idées mais qu’ils ne pouvaient pas les réaliser faute de blé ... Alors comme nous ne sommes pas en France, nous avons pris le temps de penser à tous ces événements : nous avons pensé qu’en France, contrairement à dans de nombreux pays, l’école est gratuite de même que l’université (la somme est symbolique si on compare avec les autres pays d’Europe, les Etats Unis, ou Israël). Nous avons aussi pensé que les Français bénéficient d’une Sécurité Sociale, d’allocations familiales, d’allocations chômage, de multiples subventions de l’Etat, ce qui nous a furieusement rappelé la vieille histoire juive de la manne dans le désert : ces jeunes ont trop lu la Torah, on aurait du le deviner.
Monsieur Chirac, si vif et susceptible dans la défense des intérêts de la Patrie, a oublié une règle élémentaire : c’est à la maison que ça se règle. Il se comporte comme ce macho qui roule des mécaniques en bombant le torse : dehors, il ouvre sa gueule qu’il a très grande ; à la maison, il se fait battre par sa femme et ses enfants. C’est cette image de la France qu’il est en train de diffuser dans le Monde. Il est vrai que cela est parfaitement indifférent : le Monde sait mesurer depuis longtemps la dérive de ce vieux Pays. »

Isabelle Rose,
Jérusalem

09 novembre 2005

"(Presque) personne n'en parle" : Sami Naceri menace de tuer Salman Rushdie, Thierry Ardisson coupe l'émission au montage



Thierry Ardisson

Introduction : L"Association du Manifeste des Libertés" (AML) est une association d'intellectuels de culture musulmane, laïcs et démocrates. Je vous invite à visiter leur site (cliquer ici). L'A.M.L vient d'envoyer une lettre ouverte à Dominique Baudis, président du CSA, à propos d'un scandale qui n'honore pas la télévision française : l'écrivain Salman Rushdie vient d'être menacé de mort par la vedette de cinéma Sami Naceri ... et le public français a été ainsi privé de son interview sur le plateau de "Tout le monde en parle". Voici la copie de cette lettre ouverte. J.C


« Monsieur le Président,
Grâce à l'éditorial de Philippe Val publié dans "Charlie Hebdo" daté du 2 novembre 2005, nous avons appris que Thierry Ardisson avait eu l’excellente idée d'inviter, en même temps, à son émission "Tout le monde en parle" (diffusée sur France 2, samedi 22 octobre), Salman Rushdie et Sami Naceri, acteur de "Taxi", et connu pour ses positions islamistes : "Sami Naceri, en mimant le geste, a dit à Salman Rushdie que si un imam lui donnait de l’argent pour le tuer, il n’hésiterait pas à lui tirer une balle dans la tête. Salman Rushdie s’est alors levé, a retiré son oreillette, puis il est parti en disant qu'il ne remettrait plus les pieds dans une émission de télévision française."La séquence a été coupée au montage, et aucun débat n’a eu lieu. Pour notre part, nous sommes profondément choqués par cet événement, qui a ceci de remarquable qu'il montre la collusion entre le populisme du concepteur de l’émission (on se lâche et on nettoie au montage, on est populiste mais c’est pour la "bonne cause", et dans la grosse rigolade du samedi soir) et son irresponsabilité : Naceri est un acteur populaire auquel s’identifie volontiers la jeunesse, et qui, en se jouant de ce qui a été contre Rushdie un appel au meurtre, montre le peu de cas qu’il fait des incitations à la haine et de la suppression des libertés. Derrière le schéma médiatique des opinions contradictoires, des duels croustillants et des jeux sans conséquences, s’organise de fait une banalisation de la violence. Salman Rushdie ne s’y est pas trompé. Ainsi, la télévision française fait taire une des voix les plus libres et les plus aiguës, soutenue par nombre d'intellectuels et de citoyens d’Europe et du monde musulman, et qui est porteuse pour nous de beaucoup d'espoir. Nous vous demandons quelle suite vous comptez donner à cette affaire qui nous engage, puisqu’il s’agit du service public que nous finançons collectivement. Veuillez agréer, Monsieur le président, nos meilleures salutations. »
Association du Manifeste des libertés. Paris, le 6 novembre 2005.

A propos de Salman Rushdie, lire sa dernière "tribune libre" dans le journal "Libération" (cliquer ici)

J.C



Ce matin sur Judaïques FM, André Nahum a rendu hommage à Moncef Bey, protecteur des Juifs de Tunisie

Introduction :
J'ai le plaisir de reproduire à nouveau le texte d'un "billet" d'André Nahum sur notre radio. Celui d'aujourd'hui était consacré à Moncef Bey, souverain de la Tunisie sous protectorat français, et qui joua un rôle positif pendant la courte mais périlleuse occupation nazie (novembre 1942 - mai 1943).
J.C

Quelques jours après le débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 Novembre 1942 dont c’était hier l’anniversaire, les Allemands s’installaient en Tunisie sans coup férir. L’occupation nazie dura six mois et prit fin le 7 mai 1943 avec l’arrivée à Tunis des premiers éléments de la huitième armée britannique, suivis le lendemain par les Américains. Pendant ces six mois de tous les dangers, les Juifs de Tunisie se sont trouvés seuls à la merci de l’armée allemande qui leur transmettait ses diktats par l’intermédiaire d’un Conseil de la Communauté, une sorte de « Judenrat » nommé dans l’urgence. Or, de tous les pays occupés par les nazis, la Tunisie est le seul, mis à part le Danemark, dont la communauté juive s’en est sortie presque intacte.
Comment expliquer ce véritable miracle ? Il est vrai que malgré leurs succès militaires initiaux sur l’armée américaine, les Allemands se faisaient très peu d’illusions sur leurs chances de la vaincre et sur leur avenir. Les Alliés étaient à une cinquantaine de kilomètres à l’Ouest de Tunis au niveau de Medjez-el-bab, disposaient d’un armement considérable et étaient maîtres de la mer et du ciel. Mais les choses auraient certainement très mal tourné pour les Juifs si le souverain tunisien, Moncef Bey l’avait voulu. Ce prince monté depuis peu sur le trône, aimait assurer que les Juifs étaient des citoyens tunisiens comme les autres et ne fit rien pour aggraver leur situation. Il n’avait certes aucune possibilité d’empêcher les Allemands de prendre un certain nombre de mesures à leur encontre, réquisitions, racket, punitions collectives. Des milliers de jeunes furent astreints au travail obligatoire dans des "Juden, arbeits lagger", mais les Juifs qui n’étaient pas dans les camps, continuèrent à vivre presque normalement, à célébrer les Shabbat et les fêtes et pour Pessah par exemple firent cuire leurs pains azymes comme d’habitude, et célébrèrent la sortie d’Egypte comme les autres années. Je ne peux dire si Moncef Bey est intervenu d’une façon formelle en faveur de la Communauté auprès des Allemands, car je ne dispose pas des archives françaises ou tunisiennes, mais je puis affirmer qu’à aucun moment, il n’a favorisé la moindre propagande anti-juive comme le firent les autorités de Vichy. il aurait pu exciter l’antisémitisme latent de ses sujets, il ne l’a pas fait. Il n’eut jamais une attitude hostile à notre égard et très habilement refusa de collaborer d’une façon étroite avec l’occupant. Il était nationaliste, souhaitait certainement l’indépendance de son pays, mais, comme Bourguiba ne voulait pas la devoir aux Allemands. Malgré cela, le Général De Gaulle décida de le détrôner au lendemain de la libération de Tunis et l’envoya en exil en Algérie d’abord puis en France.

J’ai tenu à rendre hommage aujourd’hui à ce Prince, dont les Juifs de Tunisie ont honoré la mémoire après son décès et le retour de ses cendres dans son pays natal, parce que son comportement contrastait avec celui de la quasi-totalité des gouvernements fantoches des pays occupés.
Pendant que le maréchal Pétain et son administration favorisaient la chasse aux Juifs, un prince musulman nous témoigna sa sympathie et ne fit rien pour aggraver notre détresse. En cette période où des campagnes haineuses envers les Juifs se développent dans des pays musulmans, il est bon de rappeler que si le Judaïsme tunisien a survécu à l’un des plus grands dangers de son histoire, c’est en partie au moins à un Prince musulman qu’il le doit.

Ces faits sont très peu connus et je voulais que ça se sache.

André Nahum

08 novembre 2005

Emile Moatti présidera un colloque interreligieux organisé par la Soka Gakkai France


Je n’ai pas encore eu l’occasion de rendre hommage à mon ami Emile Moatti, infatigable pionnier du dialogue inter-religieux et cofondateur avec moi-même de l’émission « Rencontre ». Cela fait trente ans qu’il s’est engagé dans cette belle et difficile aventure, et il est devenu une figure incontournable dans tous les colloques consacrés à cet indispensable travail de rapprochement des croyances. Il est présentement délégué général de la « Fraternité d’Abraham », instance d’échanges entre les trois grandes religions monothéistes, membre du Comité directeur de « l’Amitié judéo-chrétienne » et membre de la « Conférence Mondiale des Religions pour la Paix », ONG représentée à l’UNESCO. Je reviendrai dans un prochain article sur sa vie et sur son travail.

Emile Moatti a été invité à présider les débats du prochain colloque inter-religieux organisé par la S.G.F (« Soka Gakkai France ») à Paris. La S.G.F est une association de pratiquants laïcs du bouddhisme de Nichiren Daishonin. Au-delà de la pratique d’une des écoles du Bouddhisme, la Soka Gakkai mène différentes actions, parfois en coopération avec d’autres associations et organismes, touchant aussi bien les domaines de la culture, de la non-violence, de la solidarité que de la protection de l’environnement.

D’environnement il s’agira lors de colloques prévus le 19 novembre, simultanément à Paris, Trets et Nantes. Et il s’agira plus précisément d’éthique de l’environnement, vue par des représentants des religions chrétienne, musulmane, juive et bouddhiste. Tsunami, cyclones, réchauffement de la planète, désastres écologiques ou humanitaires ... tous ces thèmes récurrents de l’actualité nous interpellent tous en tant que citoyens du Monde, et les religions ont sûrement un message universel à faire passer, au-delà - hélas - des chocs de cultures dont on parle tellement, et même dans notre Pays depuis peu. Fondements religieux de la relation nature - environnement, possibilités d’éveiller l’Humanité pour des actions concrètes, tels seront donc les thèmes des débats.

Pour mieux connaître la SGF, je vous invite à visiter son site :
http://www.soka-bouddhisme.fr/ .

J.C