Azouz Begag,
"ministre délégué à la promotion des chances"
Langue de bois
sauce piquante
Inconnu du grand public il y a quelques semaines, Azouz Begag, « ministre délégué à la promotion des chances » - l’intitulé de sa fonction est déjà un bel exemple de la langue de bois pratiquée par nos élites : le temps de le lire et plusieurs voitures ont le temps d’être incendiées dans le neuf-trois -, est maintenant devenu une célébrité. Le journal « Le Figaro » du 5 novembre vient de lui consacrer un article intitulé « le balèze des banlieues », où sont reproduites les flèches tirées dans le dos du ministre de l’intérieur, en plein début de la nouvelle « Intifada des banlieues ». Voici un extrait : « Les carcasses de voitures de Clichy-sous-Bois n'avaient pas fini de fumer qu'il condamnait déjà les propos du ministre de l'intérieur (notamment ceux relatifs à la «racaille» et au «Kärcher»). Sa méthode à lui, à défaut d'être originale, est clairement affichée : " C'est en luttant contre les discriminations dont sont victimes les jeunes qu'on rétablira l'ordre. Pas en amenant plus de CRS. " Des phrases qui résonnent étrangement quelques jours plus tard, alors que c'est toute la société française qui se sent menacée, déstabilisée, alors que brûlent non seulement des voitures, mais aussi des entreprises, des écoles, des édifices publics ... et le plus souvent là où ils font le plus défaut, dans ces "cités" dont le ministre "beur de service" se voulait le représentant. Un membre du gouvernement réclamant le départ des forces de l'ordre alors que la République est défiée, cela va bien au delà de la critique - parfaitement compréhensible - de maladresses verbales d'un collègue du gouvernement ! Une chose est de penser (à juste titre) que Nicolas Sarkozy devrait mieux peser ses paroles (et savoir éviter les micros en certains lieux), une autre de laisser entendre que l'insécurité disparaitrait comme par magie si l’État de droit reculait.
Il est déjà trop tard pour limiter les terribles dégâts que laissera la semaine écoulée dans notre société - et à l’étranger, où les télévisons rapportent des images de guerre civile ; et encore trop tôt pour en faire une expertise rigoureuse : s’agit-il d’une vague de violence programmée de longue date (comme le disent certains syndicats de policiers), ou d’un déraillement comme en connaît parfois l’Histoire (les délinquants récidivistes interpellés par dizaines chaque nuit semblant confirmer cette deuxième thèse) ? Les islamistes sont-ils en première ligne, ou au contraire vont-ils « tirer les marrons du feu » en jouant les intermédiaires obligés ?
Mais s’il y a un point sur lequel on peut se prononcer sans grands risques, c’est bien la langue du bois et les curieuses sympathies de ce ministre. Petite parenthèse, son prestigieux curriculum vitae, sa montée dans " l’ascenseur social", son passé d’écrivain et de chroniqueur radio, tout cela me l’aurait rendu bien sympathique et m’aurait donné envie de le recevoir à mon émission. Mais j’avais entendu d’autres propos du même Azouz Begag, si généreux, si compréhensif ... Ce ministre de la République, qui en gros vient de justifier (en creux) une insurrection violente avec tirs à balles réelles contre les forces de police, sait parler une langue de bois parfaite en d’autres circonstances. Ainsi :
- à propos de la polygamie, pour laquelle "on peut trouver des arrangements avec les lois de la République" (cf. l'interview du 7 septembre 2005 sur la radio Europe 1, rapportée par le site du "mouvement des maghrébins laïcs", en lien permanent sur le blog) ;
- à propos de Dieudonné, dont il défendait le spectacle en s’indignant que l’on puisse l’interdire (dans une interview au journal « Lyon Mag » du vendredi 6 février 2004). A la question : « Que pensez-vous de cette "affaire Dieudonné ? » il répondit : "Je trouve que c’est un vrai scandale qu’une mairie censée être "de gauche" interdise son spectacle ! C’est une entrave à la liberté d’expression. Avec cette affaire, la mairie a montré ses limites. Et je trouve ça normal que le spectacle ait finalement eu lieu. Mais je trouvais que c’était important qu’on en parle au niveau national.";
- à propos des listes « d’Euro-Palestine » (petit rappel : listes qui ont défendu aux dernières élections européennes un antisionisme radical, avec le soutien d’antisémites déclarés comme Alain Soral), lors d’une interview sur RTL en juin 2004 dont il existe un enregistrement : " Il n'y a pas de raisons de s'inquiéter de la formation de ces listes (Euro-Palestine). Elles répondent à un besoin, à un petit besoin, et elles réveillent la conscience citoyenne des individus de quartier. Donc tout ce qui est bon pour réveiller les consciences critiques est bon pour la démocratie."
Il est déjà trop tard pour limiter les terribles dégâts que laissera la semaine écoulée dans notre société - et à l’étranger, où les télévisons rapportent des images de guerre civile ; et encore trop tôt pour en faire une expertise rigoureuse : s’agit-il d’une vague de violence programmée de longue date (comme le disent certains syndicats de policiers), ou d’un déraillement comme en connaît parfois l’Histoire (les délinquants récidivistes interpellés par dizaines chaque nuit semblant confirmer cette deuxième thèse) ? Les islamistes sont-ils en première ligne, ou au contraire vont-ils « tirer les marrons du feu » en jouant les intermédiaires obligés ?
Mais s’il y a un point sur lequel on peut se prononcer sans grands risques, c’est bien la langue du bois et les curieuses sympathies de ce ministre. Petite parenthèse, son prestigieux curriculum vitae, sa montée dans " l’ascenseur social", son passé d’écrivain et de chroniqueur radio, tout cela me l’aurait rendu bien sympathique et m’aurait donné envie de le recevoir à mon émission. Mais j’avais entendu d’autres propos du même Azouz Begag, si généreux, si compréhensif ... Ce ministre de la République, qui en gros vient de justifier (en creux) une insurrection violente avec tirs à balles réelles contre les forces de police, sait parler une langue de bois parfaite en d’autres circonstances. Ainsi :
- à propos de la polygamie, pour laquelle "on peut trouver des arrangements avec les lois de la République" (cf. l'interview du 7 septembre 2005 sur la radio Europe 1, rapportée par le site du "mouvement des maghrébins laïcs", en lien permanent sur le blog) ;
- à propos de Dieudonné, dont il défendait le spectacle en s’indignant que l’on puisse l’interdire (dans une interview au journal « Lyon Mag » du vendredi 6 février 2004). A la question : « Que pensez-vous de cette "affaire Dieudonné ? » il répondit : "Je trouve que c’est un vrai scandale qu’une mairie censée être "de gauche" interdise son spectacle ! C’est une entrave à la liberté d’expression. Avec cette affaire, la mairie a montré ses limites. Et je trouve ça normal que le spectacle ait finalement eu lieu. Mais je trouvais que c’était important qu’on en parle au niveau national.";
- à propos des listes « d’Euro-Palestine » (petit rappel : listes qui ont défendu aux dernières élections européennes un antisionisme radical, avec le soutien d’antisémites déclarés comme Alain Soral), lors d’une interview sur RTL en juin 2004 dont il existe un enregistrement : " Il n'y a pas de raisons de s'inquiéter de la formation de ces listes (Euro-Palestine). Elles répondent à un besoin, à un petit besoin, et elles réveillent la conscience citoyenne des individus de quartier. Donc tout ce qui est bon pour réveiller les consciences critiques est bon pour la démocratie."
N’en jetons plus ... juste une dernière pincée de sel pour cette livraison de « langue de bois sauce piquante », langue de bois agréable à entendre sur tous les médias, vite oubliée lorsqu’elle dépasse certaines limites. L’article du Figaro précité rappelle qu’Azouz Begag a été fait chevalier de la Légion d’Honneur par Dominique de Villepin. Ascenseur social (ou pas), le ministre sait bien le renvoyer à son mentor, concurrent numéro un de Nicolas Sarkozy !
Jean Corcos
A propos de Dieudonné, voir aussi la précédente "langue de bois sauce piquante" écrite par Isabelle Rose, cliquer ici