Avec la nomination de la Présidente fondatrice de « Ni putes ni soumises » comme Secrétaire d’État à la Ville dans le gouvernement « Fillon 2 », Nicolas Sarkozy a probablement fait d’une pierre plusieurs coups : nommer trois représentantes des « minorités visibles » (avec Rachida Dati et Rama Yade) ; féminiser d’avantage encore son équipe ; faire entrer une nouvelle « personnalité de la société civile », après Bernard Kouchner ; poser clairement la priorité des banlieues et de l’avenir des jeunes issus de l’immigration, après les émeutes de novembre 2005 ; et enfin, porter un nouveau coup de canif à l’opposition en faisant entrer une nouvelle personnalité notoirement de gauche.
Avec autant de risques d’être « instrumentalisée », Fadela Amara affirme qu'elle ne servira pas d'alibi. Mais sa défection à la gauche traduit, aussi et au niveau de beaucoup de « Beurs » longtemps compagnons de route du Parti Socialiste, la grande amertume face au manque de reconnaissance des anciens « parrains » ... Pour ne prendre qu’un exemple, Malek Boutih, ancien Président de SOS Racisme où il forma au militantisme notre nouvelle Secrétaire d’État, n’a eu droit pour les dernières législatives qu’à un misérable « parachutage » dans une circonscription de Province, où par manque de soutien, il fut logiquement éliminé au premier tour. Pour être tout à fait juste, il faut aussi dire que les électeurs n’ont pas, non plus, montré beaucoup d’enthousiasme à soutenir des candidats issus de l’immigration et soutenus par la droite, comme par exemple Lynda Asmani et Jeannette Bougrab à Paris.
Mais je voudrais, ici, évoquer quelques souvenirs personnels concernant Fadela Amara. D’abord dire combien je regrette de l’avoir « ratée » lors d’une émission consacrée à « Ni putes ni soumises » il y a deux ans et demi : fortement grippée, elle fut remplacée alors au pied levé par sa Vice Présidente, Safia Lebdi (lire en lien). Et évoquer son audition par la « Commission pour les relations avec les Musulmans » du CRIF en janvier 2004, réunion passionnante où j’ai noirci trois pages de notes que je viens de relire.
Elle nous avait d’abord exposé, très clairement les trois paramètres qui expliquent la montée de l’intégrisme : échec de l’intégration et racisme ; chômage de masse dans les cités, avec perte de prestige et d’autorité des chefs de famille, remis en cause par les « fils aînés » jouant la carte de l’économie parallèle ; montée de la mouvance intégriste, qui a semblé au départ redonner un sentiment de dignité. Elle avait évoqué, ensuite, la problématique des intellectuels rejetés par la société, ces « Bac + 5 » devenant les vecteurs du « fascisme vert » et qui professent un antisémitisme structuré : elle avait témoigné avoir entendu des prêches en français d’imams salafistes venus du Pakistan, et avoué sa peur devant une telle propagande. Fadela Amara avait évoqué, enfin, les « fatwas » lancées contre elle et sa famille, les menaces lors de meetings en banlieue, parce que l’on reprochait à son mouvement d’avoir pris position à la fois contre les intégristes en Algérie et pour la Paix au Proche Orient, une Paix fondée sur la reconnaissance mutuelle. A l’époque, elle se disait fâchée contre Sarkozy que l’on disait « communautariste » et favorisant l’U.O.I.F ... décidément, bien des choses peuvent changer en trois ans !
Pour en savoir plus : aller sur le site de « Ni putes ni soumises », en lien permanent.
Lire aussi le très bel article sous sa signature et celle de Mohamed Abdi, repris sur le blog le 7 février dernier.
Avec autant de risques d’être « instrumentalisée », Fadela Amara affirme qu'elle ne servira pas d'alibi. Mais sa défection à la gauche traduit, aussi et au niveau de beaucoup de « Beurs » longtemps compagnons de route du Parti Socialiste, la grande amertume face au manque de reconnaissance des anciens « parrains » ... Pour ne prendre qu’un exemple, Malek Boutih, ancien Président de SOS Racisme où il forma au militantisme notre nouvelle Secrétaire d’État, n’a eu droit pour les dernières législatives qu’à un misérable « parachutage » dans une circonscription de Province, où par manque de soutien, il fut logiquement éliminé au premier tour. Pour être tout à fait juste, il faut aussi dire que les électeurs n’ont pas, non plus, montré beaucoup d’enthousiasme à soutenir des candidats issus de l’immigration et soutenus par la droite, comme par exemple Lynda Asmani et Jeannette Bougrab à Paris.
Mais je voudrais, ici, évoquer quelques souvenirs personnels concernant Fadela Amara. D’abord dire combien je regrette de l’avoir « ratée » lors d’une émission consacrée à « Ni putes ni soumises » il y a deux ans et demi : fortement grippée, elle fut remplacée alors au pied levé par sa Vice Présidente, Safia Lebdi (lire en lien). Et évoquer son audition par la « Commission pour les relations avec les Musulmans » du CRIF en janvier 2004, réunion passionnante où j’ai noirci trois pages de notes que je viens de relire.
Elle nous avait d’abord exposé, très clairement les trois paramètres qui expliquent la montée de l’intégrisme : échec de l’intégration et racisme ; chômage de masse dans les cités, avec perte de prestige et d’autorité des chefs de famille, remis en cause par les « fils aînés » jouant la carte de l’économie parallèle ; montée de la mouvance intégriste, qui a semblé au départ redonner un sentiment de dignité. Elle avait évoqué, ensuite, la problématique des intellectuels rejetés par la société, ces « Bac + 5 » devenant les vecteurs du « fascisme vert » et qui professent un antisémitisme structuré : elle avait témoigné avoir entendu des prêches en français d’imams salafistes venus du Pakistan, et avoué sa peur devant une telle propagande. Fadela Amara avait évoqué, enfin, les « fatwas » lancées contre elle et sa famille, les menaces lors de meetings en banlieue, parce que l’on reprochait à son mouvement d’avoir pris position à la fois contre les intégristes en Algérie et pour la Paix au Proche Orient, une Paix fondée sur la reconnaissance mutuelle. A l’époque, elle se disait fâchée contre Sarkozy que l’on disait « communautariste » et favorisant l’U.O.I.F ... décidément, bien des choses peuvent changer en trois ans !
Pour en savoir plus : aller sur le site de « Ni putes ni soumises », en lien permanent.
Lire aussi le très bel article sous sa signature et celle de Mohamed Abdi, repris sur le blog le 7 février dernier.
J.C