Classe de 8ème 1, Lycée Carnot de Tunis, année scolaire 1959-1960
D’abord la minute du traducteur, pour les Internautes ne comprenant pas l’arabe tunisien (si, si, il y en a ...). « Ya khasra » est une expression intraduisible, une sorte de formule condensée voulant exprimer à la fois l’éloignement dans le temps et le regret d’un passé révolu !
Oui, cette photo date vraiment d’il y a longtemps, très longtemps, près d’un demi-siècle ! Mais je reconnais, encore - et peut-être se retrouveront-ils si une recherche sur la Toile les conduit sur ce blog -, mes anciens condisciples du « Petit Lycée » Carnot de Tunis, Attal, Belhassen, Benassein, Chiche, Levy, Enriquez. Et Willy Cohen, qui a envoyé cette photo à l’Association des anciens élèves du Lycée, nous permettant de nous retrouver par le perpétuel miracle d’Internet. Où suis-je ? Et bien, le petit garçon à la tête recouverte d’une cagoule (défense de rire !), c’était moi ... Tout le monde sait, en effet, que Tunis se trouvant au Nord de l’Afrique, il y règne un climat polaire, etc. Non, soyons sérieux : je relevais alors d’une grave maladie qui m’avait contraint à une scolarité à éclipses ; et, fréquent sujet à des angines aiguës associées à des complications, mes parents trouvaient plus prudent de me couvrir ainsi au moindre « coup de froid », ce qui parait bien ridicule à distance !
Nous prenons tous la pose pour cette photo officielle de la classe, devant le Monument aux Morts de la Première Guerre Mondiale ! Et je réalise combien, à quelques années de l’indépendance (cette photo a été prise en 1959 ou 1960), notre école était - comme une bonne partie de la « ville européenne » où elle se trouvait - un morceau de France dans un pays arabe. Simple illusion d’optique, que des évènements brutaux déjà évoqués ici (crise de Bizerte en 1961, Guerre des Six Jours en 1967) allaient vite dissiper ; je réalise aussi, donc, qu’à mesure que je grandissais allait s’évanouir l’univers familier à la génération précédente ... curieuse impression ! Et qui allait graver dans ma conscience - et au fer rouge - la conviction que tout est fragile et changeant avec les années qui passent.
J’ai déjà rendu hommage, publiquement, au Lycée Carnot comme lieu de brassage, de coexistence et d’apprentissage de l’excellence, dans deux émissions et lors de mon intervention au colloque de Tunis (voir post du 10 juin).
J’ajouterais ici deux éléments nouveaux, en complément du paragraphe précédent.
D’abord et par le miracle de « l’école laïque et républicaine » (prolongeant naturellement ce que j’entendais à la maison), je me sentais pleinement français, et même un peu en exil dans un pays ... où mes ancêtres avaient vécu depuis des siècles ! Par un renversement complet (et inattendu), il a fallu que naisse ici en France ma « passion orientaliste » pour que je réalise que je ne connaissais pas grand-chose de mon pays natal, pendant ces années où j'y vivais.
Ensuite, j’ai mis des années à réaliser que cette patrie rêvée à distance, dont j’admirais sur des livres de géographie la beauté des paysages, dont je respirais la grandeur littéraire et artistique par la lecture assidue des « Lagarde et Michard » allait, dans la réalité, s’avérer une chimère : parce que j’ai continué de grandir ? Parce que mai 1968 est passé par là (renvoyant en particulier aux oubliettes, les fameux Lagarde et Michard) ? Parce que nos enfants ont, partout dans le Monde, des domaines d’intérêt bien différents des nôtres à l'époque ? Parce que les repères ont changé ici aussi, en nous faisant tous regretter l’univers d’Amélie Poulain ? Peut-être, et je vous laisse y réfléchir.
En attendant, je vous invite à consulter d’urgence le site de l'Association des Anciens Elèves du Lycée Carnot de Tunis. Une association bien dynamique, dont les activités vont largement au-delà de la publication de photos nostalgiques comme celle-ci, ou de la publication d’annuaires « d’anciens » ! Voyages, dans le pays natal ou partout dans le monde. Conférences débats, dans le cadre de dîners chaleureux à l’UNESCO à Paris. Présentations de livres, d’anciens élèves et/ou en relation avec la Tunisie ... Bravo à Lina Hayoun qui rend tellement vivant et riche ce site ; et qui, avec son mari Michel, a créé et animé une association bien dynamique, qui permet la rencontre d’originaires de Tunisie de toutes les confessions, comme au temps du Lycée Carnot !
J.C
Oui, cette photo date vraiment d’il y a longtemps, très longtemps, près d’un demi-siècle ! Mais je reconnais, encore - et peut-être se retrouveront-ils si une recherche sur la Toile les conduit sur ce blog -, mes anciens condisciples du « Petit Lycée » Carnot de Tunis, Attal, Belhassen, Benassein, Chiche, Levy, Enriquez. Et Willy Cohen, qui a envoyé cette photo à l’Association des anciens élèves du Lycée, nous permettant de nous retrouver par le perpétuel miracle d’Internet. Où suis-je ? Et bien, le petit garçon à la tête recouverte d’une cagoule (défense de rire !), c’était moi ... Tout le monde sait, en effet, que Tunis se trouvant au Nord de l’Afrique, il y règne un climat polaire, etc. Non, soyons sérieux : je relevais alors d’une grave maladie qui m’avait contraint à une scolarité à éclipses ; et, fréquent sujet à des angines aiguës associées à des complications, mes parents trouvaient plus prudent de me couvrir ainsi au moindre « coup de froid », ce qui parait bien ridicule à distance !
Nous prenons tous la pose pour cette photo officielle de la classe, devant le Monument aux Morts de la Première Guerre Mondiale ! Et je réalise combien, à quelques années de l’indépendance (cette photo a été prise en 1959 ou 1960), notre école était - comme une bonne partie de la « ville européenne » où elle se trouvait - un morceau de France dans un pays arabe. Simple illusion d’optique, que des évènements brutaux déjà évoqués ici (crise de Bizerte en 1961, Guerre des Six Jours en 1967) allaient vite dissiper ; je réalise aussi, donc, qu’à mesure que je grandissais allait s’évanouir l’univers familier à la génération précédente ... curieuse impression ! Et qui allait graver dans ma conscience - et au fer rouge - la conviction que tout est fragile et changeant avec les années qui passent.
J’ai déjà rendu hommage, publiquement, au Lycée Carnot comme lieu de brassage, de coexistence et d’apprentissage de l’excellence, dans deux émissions et lors de mon intervention au colloque de Tunis (voir post du 10 juin).
J’ajouterais ici deux éléments nouveaux, en complément du paragraphe précédent.
D’abord et par le miracle de « l’école laïque et républicaine » (prolongeant naturellement ce que j’entendais à la maison), je me sentais pleinement français, et même un peu en exil dans un pays ... où mes ancêtres avaient vécu depuis des siècles ! Par un renversement complet (et inattendu), il a fallu que naisse ici en France ma « passion orientaliste » pour que je réalise que je ne connaissais pas grand-chose de mon pays natal, pendant ces années où j'y vivais.
Ensuite, j’ai mis des années à réaliser que cette patrie rêvée à distance, dont j’admirais sur des livres de géographie la beauté des paysages, dont je respirais la grandeur littéraire et artistique par la lecture assidue des « Lagarde et Michard » allait, dans la réalité, s’avérer une chimère : parce que j’ai continué de grandir ? Parce que mai 1968 est passé par là (renvoyant en particulier aux oubliettes, les fameux Lagarde et Michard) ? Parce que nos enfants ont, partout dans le Monde, des domaines d’intérêt bien différents des nôtres à l'époque ? Parce que les repères ont changé ici aussi, en nous faisant tous regretter l’univers d’Amélie Poulain ? Peut-être, et je vous laisse y réfléchir.
En attendant, je vous invite à consulter d’urgence le site de l'Association des Anciens Elèves du Lycée Carnot de Tunis. Une association bien dynamique, dont les activités vont largement au-delà de la publication de photos nostalgiques comme celle-ci, ou de la publication d’annuaires « d’anciens » ! Voyages, dans le pays natal ou partout dans le monde. Conférences débats, dans le cadre de dîners chaleureux à l’UNESCO à Paris. Présentations de livres, d’anciens élèves et/ou en relation avec la Tunisie ... Bravo à Lina Hayoun qui rend tellement vivant et riche ce site ; et qui, avec son mari Michel, a créé et animé une association bien dynamique, qui permet la rencontre d’originaires de Tunisie de toutes les confessions, comme au temps du Lycée Carnot !
J.C