J’aurai à nouveau le très grand plaisir d’avoir pour invité dimanche prochain à mon émission le célèbre historien Benjamin Stora. Rappelons que je l’avais déjà reçu en janvier 2005, et qu’il existe un podcast à écouter sur le blog pour cette interview consacrée à un livre déjà ancien, « La gangrène et l’oubli », un classique sur la guerre d’Algérie (lien vers le podcast).
Auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages consacrés à l’Algérie, sa terre natale (il a du fuir Constantine à l’âge de 11 ans, au moment de l’indépendance), il manquait cependant une pièce au puzzle que Benjamin Stora a reconstitué au fil des années, cette pièce c’était l’histoire des Juifs d’Algérie, une communauté humaine dont il est issu, mais dont il s’était assez peu réclamé dans le passé. Il a publié en septembre dernier aux Editions Stock « Les trois exils, Juifs d’Algérie », et je dois dire ici combien j’ai trouvé sa synthèse, qui fait un peu plus de 200 pages, vraiment riche et pleine d’informations inédites sur un sujet que l’on croyait déjà connu. En plus, son sujet est emblématique d’un autre enjeu - celui-là hélas, toujours d’actualité, des relations difficiles entre Juifs et Musulmans.
Il n’était donc pas possible de faire une interview valable en seulement 25 minutes, aussi ce livre donnera lieu à deux émissions : le 1er juillet, nous parlerons de l’histoire des Juifs d’Algérie jusqu’à la veille de la Seconde Guerre Mondiale ; puis dans la deuxième partie, qui sera diffusée le 15 juillet, nous évoquerons ce que fut le sort de cette Communauté sous Vichy, puis quelques années après pendant la guerre coloniale jusqu’au grand départ en 1962.
Quelques mots à propos du titre du livre, et de son illustration de couverture.
Contrairement à mes compatriotes de Tunisie (si largement évoqués ce mois-ci sur le blog), les Juifs d’Algérie ont connu de façon assez homogène trois « exils » comme l’écrit Benjamin Stora en introduction : « En moins d’un siècle, de 1870 à 1962, les juifs d’Algérie se sont donc déplacés trois fois : hors de la tradition juive en terre d’islam, hors de la communauté française de 1940 à 1943, hors de la terre algérienne en 1962 ». Si le premier « exil », fortement accéléré par la naturalisation française en masse au moment du Décret Crémieux, fut très bien ressenti dans l’ensemble, le deuxième - dû aux infâmes statuts de Vichy, avec en plus la dénaturalisation d’un trait de plume en octobre 1940 - puis quelques années plus tard, la guerre coloniale et le « vrai » exil, hors de la terre ancestrale, allaient causer un tel choc que cette communauté (contrairement à celles voisines de Tunisie ou du Maroc) a choisi, pendant longtemps, de refouler ce passé douloureux en ne se construisant même pas une mémoire singulière.
Quand à la photo de couverture, elle fait partie des archives de Benjamin Stora : prise en juin 1914, elle représente sa famille réunie avant de se rendre à Alger pour un mariage ; certains sont vêtus à l’européenne, d’autres ont mis leurs beaux vêtements « indigènes » pour immortaliser ce voyage extraordinaire qui les mènerait de Constantine à Alger : on ne peut pas mieux rendre compte, comme l’a dit André Chouraqui, de ces « Français juifs qui ont connu une enfance judéo-arabe et un âge d’homme français » ...
Auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages consacrés à l’Algérie, sa terre natale (il a du fuir Constantine à l’âge de 11 ans, au moment de l’indépendance), il manquait cependant une pièce au puzzle que Benjamin Stora a reconstitué au fil des années, cette pièce c’était l’histoire des Juifs d’Algérie, une communauté humaine dont il est issu, mais dont il s’était assez peu réclamé dans le passé. Il a publié en septembre dernier aux Editions Stock « Les trois exils, Juifs d’Algérie », et je dois dire ici combien j’ai trouvé sa synthèse, qui fait un peu plus de 200 pages, vraiment riche et pleine d’informations inédites sur un sujet que l’on croyait déjà connu. En plus, son sujet est emblématique d’un autre enjeu - celui-là hélas, toujours d’actualité, des relations difficiles entre Juifs et Musulmans.
Il n’était donc pas possible de faire une interview valable en seulement 25 minutes, aussi ce livre donnera lieu à deux émissions : le 1er juillet, nous parlerons de l’histoire des Juifs d’Algérie jusqu’à la veille de la Seconde Guerre Mondiale ; puis dans la deuxième partie, qui sera diffusée le 15 juillet, nous évoquerons ce que fut le sort de cette Communauté sous Vichy, puis quelques années après pendant la guerre coloniale jusqu’au grand départ en 1962.
Quelques mots à propos du titre du livre, et de son illustration de couverture.
Contrairement à mes compatriotes de Tunisie (si largement évoqués ce mois-ci sur le blog), les Juifs d’Algérie ont connu de façon assez homogène trois « exils » comme l’écrit Benjamin Stora en introduction : « En moins d’un siècle, de 1870 à 1962, les juifs d’Algérie se sont donc déplacés trois fois : hors de la tradition juive en terre d’islam, hors de la communauté française de 1940 à 1943, hors de la terre algérienne en 1962 ». Si le premier « exil », fortement accéléré par la naturalisation française en masse au moment du Décret Crémieux, fut très bien ressenti dans l’ensemble, le deuxième - dû aux infâmes statuts de Vichy, avec en plus la dénaturalisation d’un trait de plume en octobre 1940 - puis quelques années plus tard, la guerre coloniale et le « vrai » exil, hors de la terre ancestrale, allaient causer un tel choc que cette communauté (contrairement à celles voisines de Tunisie ou du Maroc) a choisi, pendant longtemps, de refouler ce passé douloureux en ne se construisant même pas une mémoire singulière.
Quand à la photo de couverture, elle fait partie des archives de Benjamin Stora : prise en juin 1914, elle représente sa famille réunie avant de se rendre à Alger pour un mariage ; certains sont vêtus à l’européenne, d’autres ont mis leurs beaux vêtements « indigènes » pour immortaliser ce voyage extraordinaire qui les mènerait de Constantine à Alger : on ne peut pas mieux rendre compte, comme l’a dit André Chouraqui, de ces « Français juifs qui ont connu une enfance judéo-arabe et un âge d’homme français » ...
J.C