photo AFP du 26 janvier 2008
Comme vous l’avez constaté, ma série radiophonique ne traite pas directement du conflit israélo-palestinien, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, l’actualité et les analyses sur le sujet sont traitées de façon quotidienne sur la fréquence juive, et il est bon d’aérer un peu l’information en parlant d’autres sujets. Ensuite, cette série consacrée au monde musulman n’a pas une vocation platement culturelle, et vous avez bien sûr compris que si je consacre tant de lectures et de réflexions à cet univers, c’est bien parce que la montée de l’islam radical constitue une vraie menace stratégique pour le peuple juif, partout dans le monde. Et puis, et cela amène la transition par rapport à ma prochaine émission, il est clair que l’environnement géostratégique d’Israël, bien au-delà des Palestiniens, contribue fortement à sa sécurité - ou plus exactement à son insécurité, et c’est pourquoi par exemple, nous avons souvent traité souvent ces dernières années du Liban ou de l’Iran.
Dimanche prochain, nous parlerons d’un voisin direct d’Israël, l’Égypte : ce sera fort à propos, dans le cadre du mois spécial que vous suivez sur le blog depuis début mai. J’aurai le grand plaisir de recevoir un expert bien connu de notre auditoire, Frédéric Encel. Frédéric Encel est géopolitologue, spécialiste du Proche Orient auquel il a consacré plusieurs livres, pour citer les plus récents, un « Atlas géopolitique d’Israël » aux éditions Autrement, et la « Géopolitique du Sionisme » aux éditions Armand Colin. Les auditeurs fidèles de l’émission dominicale de notre consœur Kim Abramowicz sur RCJ, et j’en fais partie, apprécient son calme et ses analyses non passionnelles, qui contrastent avec ce que l’on entend souvent sur le 94.8 FM ... Avec lui nous évoquerons un sujet plus que brûlant, puisqu’il concerne la frontière de Gaza quotidiennement bombardée, et j’ai intitulé mon émission : « Égypte - Israël - Hamas, la partie à trois ». La dernière fois que je l’avais eu à mon émission c’était en décembre 2004, le retrait de la bande de Gaza venait d’être décidé par Ariel Sharon, et nous avions fait un état des lieux assez optimiste : depuis, le Hamas a pris le pouvoir sur place, les Égyptiens n’ont rien fait pour empêcher d’abord sa montée en puissance militaire, puis l’établissement d’un véritable Califat islamique enkysté entre leur pays et Israël, et on se demande où tout cela risque de mener !
Parmi les questions que je lui poserai :
- des dizaines de tonnes d’armes ont transité par le territoire égyptien vers Gaza : est-ce que cela était du à de la veulerie, ou à une vraie complicité ?
- d’où viennent ces armes ? Vu leur poids, elles ne sont probablement pas transportées à dos de chameau, et si elles viennent d’Iran, l’Égypte devrait être capable de contrôler ses eaux territoriales ? Question connexe, est-ce que cela ne pose pas aussi des questions troublantes sur la complicité des tribus bédouines de la péninsule ?
- une trêve, une «Tadiyé » est proposée par le Hamas, pour une durée plus ou moins longue : pourquoi cette insistance à obtenir un accord avec Israël ? Est-ce que le but c’est acquérir - dans l’intervalle et si la frontière de Rafah reste une passoire -, une capacité militaire redoutable, dans le contexte d’une vraie guerre planifiée par l’Iran ? Ou est-ce que le but n’est pas d’abord politique, en obtenant par la force ce que Abou Mazen n’a pas obtenu, et en triomphant ainsi aux yeux de l’opinion publique palestinienne ?
- pourquoi est-ce que personne ne demande à l’Égypte d’assurer, à la place d’Israël, le ravitaillement à la fois en vivres, en électricité et en carburant, de la bande de Gaza ?
... et plein d’autres questions, qui hélas risquent d’être vite dépassées tant la frontière de Gaza est devenue un volcan en ébullition !
J.C