(Liban), mai 1967
Un lecteur pressé trouvera le titre ambiguë, surtout d’après l’illustration que j’ai choisie ... Mais d’ambiguïté il n’y en a aucune dans mon esprit, et en posant une telle question je n’ai fait que refléter ce que l’on peut lire, ici ou là. La montée de l’islam politique dans tout le monde arabe suscite de telles craintes que, vite oublieux du passé, nombre "d’experts" du Proche-Orient font une peinture nostalgique des "années Nasser" (1954-1970).
Un des (rares) privilèges des années qui passent est d’immuniser contre le révisionnisme historique. Ainsi, pour autant que je m’en souvienne (j’étais enfant puis adolescent ces années là), Nasser ce fut d’abord :
- le champion du "panarabisme", qui suscita des troubles, voire des guerres civiles dans l’ensemble du monde arabe, cherchant partout à renverser les monarchies alliées des Occidentaux ;
- en conséquence, un obsessionnel de l’unité arabe, tentant sans succès de réunir l’Égypte à la Syrie, puis au Yémen, et inspirant plus tard un « disciple » nommé Kadhafi ; disciple qui ennuya ensuite avec le même délire et pendant près de vingt ans tous ses voisins, Égypte, Tunisie, et même Maroc ;
- celui qui chercha à renverser Bourguiba dans ma Tunisie natale, d’abord en soutenant Ben Youssef et les "durs", puis en rompant les relations diplomatiques et en lançant des anathèmes contre le même Bourguiba, coupable d’avoir envisagé une solution pacifique au conflit avec Israël ;
- le criminel de guerre qui envoya des troupes combattre pendant des années dans le petit Yémen, n’hésitant pas - ce que le monde a très vite oublié - à utiliser des gaz de combat (lire par exemple ces informations inédites pour la seule année 1967), en inspirant peut-être Saddam Hussein vingt ans plus tard, cette fois contre les Iraniens puis contre les Kurdes ;
- le vrai responsable de la Guerre des Six Jours en 1967, celui qui bloqua le détroit de Tiran sur la Mer Rouge, renvoya les troupes de l’ONU qui assuraient la Paix à la frontière du Sinaï, puis envoya des divisions blindées face à Israël, tout en tenant des discours enflammés appelant à la destruction de l’état juif, autant de "détails" oubliés en général dans les articles de presse relatant le conflit ; oubliés comme ce genre de dessins antisémites (voir illustration), qui ornaient la presse arabe dans les semaines qui précédèrent le conflit ;
- celui qui força la Ligue Arabe à le soutenir dans son refus farouche de toute paix, avec les fameux "trois non" du sommet de Khartoum, quelques mois après sa terrible défaite ;
- et puis - et cela eut aussi des conséquences catastrophiques pour la société égyptienne - celui qui expulsa brutalement tous les "non arabes" du pays, Juifs bien sûr mais aussi Grecs, Italiens, Français, Arméniens, bref tous ceux qui donnaient au Caire et à Alexandrie un charme cosmopolite définitivement perdu en quelques années !
Reste (c’est aussi vrai) que : les femmes égyptiennes étaient beaucoup plus émancipées à l’époque que maintenant ; les Coptes supportaient moins durement la chape de plomb de la majorité musulmane ; et les frères musulmans étaient nettement moins tolérés à l’époque que maintenant - ainsi Nasser fit pendre le théoricien du Djihad armé, Sayyid Qutb (lire l'article sur Wikipedia), encore un précurseur, celui-là de Ben Laden et de son bras droit, un autre égyptien nommé Ayman al-Zawahiri.
J.C
Un des (rares) privilèges des années qui passent est d’immuniser contre le révisionnisme historique. Ainsi, pour autant que je m’en souvienne (j’étais enfant puis adolescent ces années là), Nasser ce fut d’abord :
- le champion du "panarabisme", qui suscita des troubles, voire des guerres civiles dans l’ensemble du monde arabe, cherchant partout à renverser les monarchies alliées des Occidentaux ;
- en conséquence, un obsessionnel de l’unité arabe, tentant sans succès de réunir l’Égypte à la Syrie, puis au Yémen, et inspirant plus tard un « disciple » nommé Kadhafi ; disciple qui ennuya ensuite avec le même délire et pendant près de vingt ans tous ses voisins, Égypte, Tunisie, et même Maroc ;
- celui qui chercha à renverser Bourguiba dans ma Tunisie natale, d’abord en soutenant Ben Youssef et les "durs", puis en rompant les relations diplomatiques et en lançant des anathèmes contre le même Bourguiba, coupable d’avoir envisagé une solution pacifique au conflit avec Israël ;
- le criminel de guerre qui envoya des troupes combattre pendant des années dans le petit Yémen, n’hésitant pas - ce que le monde a très vite oublié - à utiliser des gaz de combat (lire par exemple ces informations inédites pour la seule année 1967), en inspirant peut-être Saddam Hussein vingt ans plus tard, cette fois contre les Iraniens puis contre les Kurdes ;
- le vrai responsable de la Guerre des Six Jours en 1967, celui qui bloqua le détroit de Tiran sur la Mer Rouge, renvoya les troupes de l’ONU qui assuraient la Paix à la frontière du Sinaï, puis envoya des divisions blindées face à Israël, tout en tenant des discours enflammés appelant à la destruction de l’état juif, autant de "détails" oubliés en général dans les articles de presse relatant le conflit ; oubliés comme ce genre de dessins antisémites (voir illustration), qui ornaient la presse arabe dans les semaines qui précédèrent le conflit ;
- celui qui força la Ligue Arabe à le soutenir dans son refus farouche de toute paix, avec les fameux "trois non" du sommet de Khartoum, quelques mois après sa terrible défaite ;
- et puis - et cela eut aussi des conséquences catastrophiques pour la société égyptienne - celui qui expulsa brutalement tous les "non arabes" du pays, Juifs bien sûr mais aussi Grecs, Italiens, Français, Arméniens, bref tous ceux qui donnaient au Caire et à Alexandrie un charme cosmopolite définitivement perdu en quelques années !
Reste (c’est aussi vrai) que : les femmes égyptiennes étaient beaucoup plus émancipées à l’époque que maintenant ; les Coptes supportaient moins durement la chape de plomb de la majorité musulmane ; et les frères musulmans étaient nettement moins tolérés à l’époque que maintenant - ainsi Nasser fit pendre le théoricien du Djihad armé, Sayyid Qutb (lire l'article sur Wikipedia), encore un précurseur, celui-là de Ben Laden et de son bras droit, un autre égyptien nommé Ayman al-Zawahiri.
J.C