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Tout a donc été très vite, et « le Figaro» a juste eu le temps de mettre en ligne hier 29 décembre, les opinions de 9 personnalités questionnées sur cette exécution imminente. J’en ai retenu deux, intéressantes parce qu’un peu en contradiction avec les positions habituelles de leurs auteurs. André Glucksmann, qui a été et demeure un partisan de l’intervention américaine en Irak (ce qui lui a coûté extrêmement cher en termes d’audience dans son pays), ne voulait pas de cette exécution tant que le crime principal - le génocide des Kurdes - n’avait pas été jugé. Elie Barnavi (ancien ambassadeur d’Israël à Paris, qui écrit dans les colonnes de « Marianne », véritable brûlot anti-américain) trouve positif ce « tyranicide ».
André Glucksmann - Philosophe : «Je ne me sens pas le droit de pardonner»
«Il faut distinguer condamnation et exécution. Je dénoncerai l'exécution de Saddam Hussein, car il doit avoir été jugé sur tous les crimes qu'il a commis. C'est un point essentiel pour que le peuple irakien puisse voir et comprendre la terreur qu'il a subie pendant une trentaine d'années. Les conséquences des procès sont toujours positives. Nuremberg a été positif pour l'Allemagne comme l'absence de procès sur le goulag a été extrêmement négative pour la Russie. Concernant l'Irak, il est donc indispensable que lumière soit faite. Quant à la condamnation à mort, il faut distinguer entre les criminels de masse, millionnaires en victimes, comme Saddam Hussein, Hitler, Staline ou Mao, et les criminels ordinaires. Je suis pour l'interdiction de la peine de mort pour les criminels ordinaires. Mais je ne me sens pas le droit de pardonner aux criminels de masse, à la place des enfants et des parents de ceux qu'ils ont tués par millions. Il appartient à chaque peuple de décider du sort de ses dictateurs.»
Elie Barnavi - Historien et ancien ambassadeur d'Israël en France : «Une sorte de réparation pour des millions de persécutés»
«Il faut qu'il soit pendu. Je suis hostile à la peine de mort mais pas un ayatollah de l'abolitionnisme. Les nations ont besoin du tyrannicide quand il est organisé selon des règles de justice. Les épouvantables crimes de masse commis par Saddam Hussein appellent un châtiment ; c'est une sorte de réparation pour des millions de familles qui ont été persécutées et qui ont eu des victimes en leur sein. Je m'étonne de cet unanimisme qui voudrait qu'on n'exécute pas Saddam Hussein. Ceux-là oublient que l'ordre politique est un peu particulier. Imaginez les réactions des Kurdes et des chiites si la peine de mort n'était pas appliquée. On redoute des troubles du côté des sunnites si on le pend, mais ce serait encore pire si on ne le pendait pas ! D'autant qu'il a été jugé par un tribunal irakien. S'il avait comparu devant une cour internationale, ce serait différent. Mais là, les Irakiens ont rendu la justice eux-mêmes.»
J'ai consacré deux pleines émissions à l'ère Saddam et à ses crimes. Sur le sujet, on pourra aussi relire sur le blog :
Faut-il regretter Saddam ? (7 septembre 2005). A noter que l’adresse du site de photographies sur les charniers découverts en Irak après la chute de la dictature a changé depuis mon article, voici le bon lien .
Donneurs de leçons, preneurs de bakchichs (12 octobre 2005)
Procès de Saddam Hussein : silence gêné du monde arabe (19 octobre 2005)
Le livre noir de Saddam Hussein (4 décembre 2005)
Tout a donc été très vite, et « le Figaro» a juste eu le temps de mettre en ligne hier 29 décembre, les opinions de 9 personnalités questionnées sur cette exécution imminente. J’en ai retenu deux, intéressantes parce qu’un peu en contradiction avec les positions habituelles de leurs auteurs. André Glucksmann, qui a été et demeure un partisan de l’intervention américaine en Irak (ce qui lui a coûté extrêmement cher en termes d’audience dans son pays), ne voulait pas de cette exécution tant que le crime principal - le génocide des Kurdes - n’avait pas été jugé. Elie Barnavi (ancien ambassadeur d’Israël à Paris, qui écrit dans les colonnes de « Marianne », véritable brûlot anti-américain) trouve positif ce « tyranicide ».
André Glucksmann - Philosophe : «Je ne me sens pas le droit de pardonner»
«Il faut distinguer condamnation et exécution. Je dénoncerai l'exécution de Saddam Hussein, car il doit avoir été jugé sur tous les crimes qu'il a commis. C'est un point essentiel pour que le peuple irakien puisse voir et comprendre la terreur qu'il a subie pendant une trentaine d'années. Les conséquences des procès sont toujours positives. Nuremberg a été positif pour l'Allemagne comme l'absence de procès sur le goulag a été extrêmement négative pour la Russie. Concernant l'Irak, il est donc indispensable que lumière soit faite. Quant à la condamnation à mort, il faut distinguer entre les criminels de masse, millionnaires en victimes, comme Saddam Hussein, Hitler, Staline ou Mao, et les criminels ordinaires. Je suis pour l'interdiction de la peine de mort pour les criminels ordinaires. Mais je ne me sens pas le droit de pardonner aux criminels de masse, à la place des enfants et des parents de ceux qu'ils ont tués par millions. Il appartient à chaque peuple de décider du sort de ses dictateurs.»
Elie Barnavi - Historien et ancien ambassadeur d'Israël en France : «Une sorte de réparation pour des millions de persécutés»
«Il faut qu'il soit pendu. Je suis hostile à la peine de mort mais pas un ayatollah de l'abolitionnisme. Les nations ont besoin du tyrannicide quand il est organisé selon des règles de justice. Les épouvantables crimes de masse commis par Saddam Hussein appellent un châtiment ; c'est une sorte de réparation pour des millions de familles qui ont été persécutées et qui ont eu des victimes en leur sein. Je m'étonne de cet unanimisme qui voudrait qu'on n'exécute pas Saddam Hussein. Ceux-là oublient que l'ordre politique est un peu particulier. Imaginez les réactions des Kurdes et des chiites si la peine de mort n'était pas appliquée. On redoute des troubles du côté des sunnites si on le pend, mais ce serait encore pire si on ne le pendait pas ! D'autant qu'il a été jugé par un tribunal irakien. S'il avait comparu devant une cour internationale, ce serait différent. Mais là, les Irakiens ont rendu la justice eux-mêmes.»
J'ai consacré deux pleines émissions à l'ère Saddam et à ses crimes. Sur le sujet, on pourra aussi relire sur le blog :
Faut-il regretter Saddam ? (7 septembre 2005). A noter que l’adresse du site de photographies sur les charniers découverts en Irak après la chute de la dictature a changé depuis mon article, voici le bon lien .
Donneurs de leçons, preneurs de bakchichs (12 octobre 2005)
Procès de Saddam Hussein : silence gêné du monde arabe (19 octobre 2005)
Le livre noir de Saddam Hussein (4 décembre 2005)
J.C