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10 janvier 2012

Vent mauvais en Tunisie, 2/2 : tapis rouge pour Ismaël Haniyé et débordements antisémites

Le Premier Ministre Hamas Ismaël Haniye reçu par le Président Marzouki


Un constat, à la fois simple et brutal : pour ceux qui auraient eu quelques illusions sur la nouvelle orientation de la diplomatie tunisienne depuis la victoire d'Ennahda, la semaine écoulée aura effacé toutes les illusions ... 
On aura en effet assisté :

- à la réception officielle du Premier Ministre du Califat de Gaza, Ismaël Haniyé, reçu avec les honneurs d'un Chef d’État par le nouveau Président tunisien, Moncef Marzouki  (photo) ; un président à l'idéologie panarabe, post-nassérienne, et pour qui l'existence d'Israël reste quelque chose d'insupportable  ; un Président qui par ailleurs, au delà des effets de manche pour la Palestine garantis d'un grand succès, n'est guère populaire pour ses débuts ( lire sur le journal algérien El-Watan le récit de son peu glorieux accueil dans la ville de Kasserine ) ;

- au soutien donc de la Tunisie au challenger de Mahmoud Abbas, dont le mouvement Fatah vient de protester contre cette réception ; alors même que Abbas remet en question la réconciliation - impossible en pratique - entre les deux organisations rivales (lire ici sur le site israélien Ynews) ; et ceci, alors que le Hamas n'est toujours reconnu ni par les pays occidentaux, ni par l'ONU, contrairement à l'Autorité Palestinienne : le gouvernement tunisien adresse donc un très mauvais signal à la communauté internationale, tandis que le pays a cruellement besoin de l'aide étrangère ;

- au soutien somme toute logique pour Ennahda, qui démontre qu'il est - comme le Hamas - une succursale régionale des Frères Musulmans ; Frères Musulmans qui, hélas, sont appelés du doux vocable "d'islamistes modérés" par des gouvernements occidentaux désireux de préserver leurs intérêts - mais dont la "modération" ne semble guère évidente lorsque l'on lit ce reportage, pourtant rédigé par la peu israélophile A.F.P, qui a rendu compte du discours belliqueux de Haniyé prononcé à Tunis ( lire sur ce lien ) ; petit extrait : “Nous n’allons pas reconnaître Israël”, a-t-il scandé, repris en chœur par la foule, qui scandait “Mort à Israël”, “la révolution tunisienne soutient la Palestine”, ou encore “l’armée de Mahomet est de retour”. A l’entrée de la coupole de Menzah, où se tenait le meeting, les spectateurs s’essuyaient les pieds sur une étoile de David" ;

- enfin et hélas (dès l'arrivée d'Ismaël Haniyé à l'aéroport de Tunis Carthage), aux cris de haine ("mort aux Juifs" "virer les Juifs") scandés par environ 2000 manifestants ; on verra une vidéo de cet horrible spectacle ci-dessous ; à noter la protestation des responsables de la communauté juive de Tunisie, obligés par ailleurs "d'en remettre une couche" contre Israël pour pouvoir s'exprimer (lire cette autre dépêche A.F.P) ; à noter aussi - seul élément réconfortant - les pétitions circulant dans le pays pour protester contre ces débordements antisémites, et qui auraient déjà recueilli plusieurs centaines de signatures.

J.C