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27 décembre 2008

La guerre, de Gaza à Netivot

Chorale chantant à Netivot, mai 2003
(photo Jean Corcos)

D’abord, une explication à propos de cette photo, totalement décalée par rapport à l’actualité ... Nous étions en mai 2003, Israël sortait à peine d’une terrible vague d’attentats terroristes, et j’accompagnais pour Judaïques FM, une mission de solidarité du CRIF et de l’AUJF. Nous avions été jusqu’au bord de la frontière de Gaza, et vu le premier petit « musée » des roquettes lancées par le Hamas, à l’époque bien artisanales (voir photos sur ce lien). Et puis, en nous éloignant un peu de la frontière, nous avions eu droit à un repas de bienvenue dans la petite ville de Netivot, quelques kilomètres plus loin et qui semblait à l’époque bien à l’abri des bombardements. Une chorale locale nous avait accueilli par des chants, et j’ai le cœur serré en pensant qu’aujourd’hui, dans cette même ville, un missile a détruit une maison, tué un habitant et fait plusieurs blessés !

Ainsi va Israël : même les paysages les plus paisibles et bucoliques peuvent basculer dans l’horreur de la guerre, tellement étroites sont les frontières et imprévisible le voisinage. Ainsi vont les islamistes, à Gaza comme à Beyrouth : une milice famélique peut se transformer, à force de fanatisme, de volonté et de « transferts technologiques » (essentiellement en provenance de l’Iran), en un redoutable arsenal, capable de frapper de plus en plus en profondeur.

Après des mois de prudence, un des gouvernements le plus « colombe » qu’ait connu Jérusalem n’avait plus le choix : le début des opérations de Tsahal déclenchées ce matin ne sont pas une surprise, et mon ami Alain Eskenazi (sur son blog en lien permanent « A frenchie in the Holy Land ») le prédisait bien, dans son article publié le jour de Noël :

« (...) Même Meretz, le parti de gauche pacifiste israélien prône une intervention armée pour se débarrasser de ce mouvement extrémiste. Il semble qu'il n'y a pas de choix. Une bonne claque aux mauvaises odeurs! Pour restaurer le calme, rendre aux Palestiniens un pouvoir digne de ce nom et entamer des discussions. C'est vrai cela semble une évidence, ne serait-ce aussi et surtout que pour protéger les populations de Sderot, Ashkelon ou des kibboutz voisins. Mais on le sait bien aussi, quand on commence à bombarder et à entrer avec les chars on ne sait pas comment ça finit. Les premières victimes civiles, les soldats qui tombent, les images d'enfants qui souffrent : bref, belote et rebelote, la guerre, la vraie. Attendez vous, en tout cas, à suivre les journaux télévisés dans les jours à venir. »

Je publierai demain un long article de ma « correspondante » à Jérusalem Isabelle-Yaël Rose, écrit avant l’explosion de ce week-end, qui semblera donc assez « décalé » mais qui apporte un éclairage nouveau sur ces développements : au-delà de la guerre ouverte entre Israël et le Hamas, il y a aussi d’autres lignes de fracture dans le monde arabe, et clairement une des factions de l’organisation islamiste risque de payer très cher certaines imprudences récentes ... Lire aussi cette excellente synthèse de Amos Harel et Avi Issacharoff dans le « Haaretz » (en anglais), qui expose bien les objectifs stratégiques et les limites de l’action décidée par le gouvernement israélien. 

J.C