(photo Associated Press)
Introduction :
Mon ami Souhail Ftouh m’envoie de Tunis cet article original, parlant d’un pays dont on parle très peu et qui est pourtant très proche de la France, le Sénégal. Après avoir compilé (comme à son habitude) une documentation impressionnante sur le Web, il souligne le niveau étroit de coopération entre Israël et ce pays ... à 99 % musulman ! Il rend particulièrement hommage à son Président Abdoulaye Wade, et il a raison de le faire car c’est un homme de paix. Venu lundi 15 décembre inaugurer à l’UNESCO, à Paris, le « troisième congrès des imams et rabbins pour la paix », il a redit sa conviction que la coexistence pacifique de deux États, israélien et palestinien était possible - voir sur ce lien.
Bonne lecture !
J.C
J.C
A peine élu à la tête du pays, en avril 2000, Abdoulaye Wade annonçait sa volonté de faire du Sénégal un pays émergent doté d’infrastructures routières et hôtelières aux standards internationaux .En juillet de la même année, il installait « l’Agence nationale pour la promotion des investissements et des grands travaux » (APIX) chargée de piloter ses « grands chantiers ». De même Dakar ne pratique pas la moindre discrimination envers les entreprises étrangères.
Contrairement à beaucoup de pays musulmans, le Sénégal est un pays pragmatique, qui a élargit la coopération avec des partenaires étrangers aussi variés que possible. Ce pays n’a jamais, par exemple, avancé les considérations politiques sur les considérations économiques. On trouve dans ce pays des investissements venant de l’Orient, comme par exemple le projet de la « zone économique spéciale » dont le prometteur est la société « Jebel Ali Free Zone de Dubaï » ainsi que des projets de l’ANOCI (Agence nationale pour l’Organisation de la Conférence Islamique). On trouve aussi des investissements venus de l’Occident, comme le financement de l’autoroute Dakar - Diamniadio, le futur aéroport international Blaise - Diagne, et les futurs six hôtels haut de gamme sur la corniche ouest. Le Sénégal est aussi ouvert sur les investissements israéliens.
La coopération économique entre Israël et le Sénégal est en passe d’amorcer aujourd’hui un saut qualitatif avec notamment l’existence de plusieurs projets, dont un complexe agro- industriel d’un coût de 6 milliards 500 millions de F. CFA qui sera installé à Koubalan, pour participer au processus de reconstruction de la Casamance. L’initiative qui sera financée en grande partie par des fonds israéliens déjà disponibles, permettra aussi le bitumage de plusieurs routes de cette partie sud du pays, de même que l’application sur place de systèmes d’irrigation de pointe conformément à l’expertise israélienne en matière de goutte à goutte. Ce projet, du reste assez novateur, va permettre la création de 600 emplois en Casamance.
La politique modéré et pragmatique du président Abdoulaye Wade a permit une hausse du flux des investissements israéliens au Sénégal. Première annonce, l’implantation à Koubalan près de Bignona, d’un complexe agro-industriel doublé d’une Université Catholique, qui va accueillir quelque 3000 étudiants en provenance de 16 pays de la sous région. Le projet qui va favoriser des cultures fruitières et maraîchères sous serres, une laiterie, des bassins de rétention, la pisciculture, etc., va générer des revenus estimés à près de 9 milliards par an. Autre grand projet israélien au Sénégal, la création d’une centrale solaire à Allou Kagne près de Thiès. Le Cheikh Ahmadou Bamba Fall, représentant exclusif de l’israélien « Millenium Solar », annonce que cette centrale de 50 mégawatts va contribuer grandement à la résorption du déficit énergétique à Thiès et ailleurs au Sénégal. Ses partenaires Israéliens seront d’ailleurs au Sénégal dans la première semaine de janvier 2009 pour peaufiner ce projet avec les autorités sénégalaises. Les investissements israéliens vont aussi permettre l’ouverture dans quatre mois, à Diamniadio, d’une usine de fabrication d’engrais qui va concerner aussi d’autres pays d’Afrique de l’ouest.
Monsieur Gidéon Béhar, l’ambassadeur d’Israël au Sénégal, a présenté début décembre 2008 dans une conférence de presse, les performances économiques d’Israël, un pays peu gâté par la nature mais qui a su doper son économie en s’appuyant sur des investissements massifs dans le domaine des technologies high-tech et de l’agriculture. Le volume des échanges entre le Sénégal et l’état d’Israël est évalué à ce jour à 10 millions de dollars par an.
On pourrait s’attendre aussi que cette coopération s’élargisse dans le temps et dans des domaines les plus variés. Je pense par exemple à une coopération financière entre Israël et le Sénégal qui pourra bien voir le jour dans les mois ou les années à venir. En effet, la chute de la bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, qui a perdu plus de un quart de sa valeur en deux mois, relance une idée chère au président Abdoulaye Wade : le création d’une place boursière à Dakar .Le Sénégal estime que la (BRVM) ne bénéficie qu’à la Cote d’Ivoire. La BRVM, dont le siège à Abidjan, est présidée par un Ivoirien et 34 des 38 entreprises qui y sont cotées sont ivoiriennes. Alors qu’un futur « Dakar Stock Exchange » pourrait accueillir des sociétés qui ont récemment investi au Sénégal, comme Dubaï Ports World ( Port de Dakar) , ArcelorMittal ( sidérurgie) ou encore AIDB( futur aéroport). Sans oublier Sonatel. Le Sénégal pourrai monter une place boursière à Dakar. Je pense ici à l’expérience israélienne qui sera un atout majeur dans la création d’un futur « Dakar Stock Exchange ». Hormis les USA et le Canada, Israël est le pays du monde qui a le plus de sociétés cotées en bourse au « Nasdaq » de new York (1).
Je ne pourrais que féliciter au peuple sénégalais pour sa tolérance et son ouverture et au gouvernent sénégalais pour son pragmatisme. En même temps, ce pays (qui n’est pas plus royaliste que le roi) a tissé des bons liens commerciaux avec Israël, il a aussi gardé de bonnes relations avec l’ensemble des pays musulmans (2). La sacro-sainte « question palestinienne » n’a jamais était un prétexte pour ce pays pour rompre avec l’état d’Israël (3) ni même un obstacle pour l’arrivée des investisseurs israéliens. La preuve est que le Sénégal a reçu au mois de mars 2008 le 11ème Sommet de « l’Organisation de la Conférence Islamique » organisé à Dakar. Ce pays s’offre aujourd’hui donc tous les atouts pour réussir, il sait très bien qu’Israël sera dans le futur proche un partenaire solide pour le développement en Afrique surtout que les prix de pétrole sont en chutes libres (40 $ le baril), et que les fonds d’investissements des pays du Golfe seront bientôt à sec.
Ma question est la suivante : pourquoi mon pays, réputé ouvert, la Tunisie, ne fait pas de même et n s’ouvre-t-il vers l’investissement israélien? Je finirai par trouver la réponse à Dakar.
Ftouh Souhail,
Tunis
(1) Israël est au deuxième rang mondial pour les investissements capital risque après les USA. A voir aussi le Dynamisme de la bourse de Tel-Aviv qui, en 2007 a atteint les 1000 points ... contre 100 en 1992 !
(2) 1000 milliards de F CFC doivent être investis au Sénégal dans des projets financé par des pays du Proche Orient par rapport à 6 milliards 500 millions de F CFA venant des fonds israéliens déjà disponibles. Pour les fonds arabes notre source d’information est Jeune Afrique Magazine (numéro 2499 du 30 novembre 2008). Pour les fonds israéliens : c’est l’Ambassade d’Israël au Sénégal.
(3) Hormis la rupture des relations diplomatiques après la guerre du Kippour, en parallèle avec l’ensemble des pays de l’Afrique Noire ... qui les ont reprises dans les années 80, reconnaissant avoir fait une erreur
Contrairement à beaucoup de pays musulmans, le Sénégal est un pays pragmatique, qui a élargit la coopération avec des partenaires étrangers aussi variés que possible. Ce pays n’a jamais, par exemple, avancé les considérations politiques sur les considérations économiques. On trouve dans ce pays des investissements venant de l’Orient, comme par exemple le projet de la « zone économique spéciale » dont le prometteur est la société « Jebel Ali Free Zone de Dubaï » ainsi que des projets de l’ANOCI (Agence nationale pour l’Organisation de la Conférence Islamique). On trouve aussi des investissements venus de l’Occident, comme le financement de l’autoroute Dakar - Diamniadio, le futur aéroport international Blaise - Diagne, et les futurs six hôtels haut de gamme sur la corniche ouest. Le Sénégal est aussi ouvert sur les investissements israéliens.
La coopération économique entre Israël et le Sénégal est en passe d’amorcer aujourd’hui un saut qualitatif avec notamment l’existence de plusieurs projets, dont un complexe agro- industriel d’un coût de 6 milliards 500 millions de F. CFA qui sera installé à Koubalan, pour participer au processus de reconstruction de la Casamance. L’initiative qui sera financée en grande partie par des fonds israéliens déjà disponibles, permettra aussi le bitumage de plusieurs routes de cette partie sud du pays, de même que l’application sur place de systèmes d’irrigation de pointe conformément à l’expertise israélienne en matière de goutte à goutte. Ce projet, du reste assez novateur, va permettre la création de 600 emplois en Casamance.
La politique modéré et pragmatique du président Abdoulaye Wade a permit une hausse du flux des investissements israéliens au Sénégal. Première annonce, l’implantation à Koubalan près de Bignona, d’un complexe agro-industriel doublé d’une Université Catholique, qui va accueillir quelque 3000 étudiants en provenance de 16 pays de la sous région. Le projet qui va favoriser des cultures fruitières et maraîchères sous serres, une laiterie, des bassins de rétention, la pisciculture, etc., va générer des revenus estimés à près de 9 milliards par an. Autre grand projet israélien au Sénégal, la création d’une centrale solaire à Allou Kagne près de Thiès. Le Cheikh Ahmadou Bamba Fall, représentant exclusif de l’israélien « Millenium Solar », annonce que cette centrale de 50 mégawatts va contribuer grandement à la résorption du déficit énergétique à Thiès et ailleurs au Sénégal. Ses partenaires Israéliens seront d’ailleurs au Sénégal dans la première semaine de janvier 2009 pour peaufiner ce projet avec les autorités sénégalaises. Les investissements israéliens vont aussi permettre l’ouverture dans quatre mois, à Diamniadio, d’une usine de fabrication d’engrais qui va concerner aussi d’autres pays d’Afrique de l’ouest.
Monsieur Gidéon Béhar, l’ambassadeur d’Israël au Sénégal, a présenté début décembre 2008 dans une conférence de presse, les performances économiques d’Israël, un pays peu gâté par la nature mais qui a su doper son économie en s’appuyant sur des investissements massifs dans le domaine des technologies high-tech et de l’agriculture. Le volume des échanges entre le Sénégal et l’état d’Israël est évalué à ce jour à 10 millions de dollars par an.
On pourrait s’attendre aussi que cette coopération s’élargisse dans le temps et dans des domaines les plus variés. Je pense par exemple à une coopération financière entre Israël et le Sénégal qui pourra bien voir le jour dans les mois ou les années à venir. En effet, la chute de la bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, qui a perdu plus de un quart de sa valeur en deux mois, relance une idée chère au président Abdoulaye Wade : le création d’une place boursière à Dakar .Le Sénégal estime que la (BRVM) ne bénéficie qu’à la Cote d’Ivoire. La BRVM, dont le siège à Abidjan, est présidée par un Ivoirien et 34 des 38 entreprises qui y sont cotées sont ivoiriennes. Alors qu’un futur « Dakar Stock Exchange » pourrait accueillir des sociétés qui ont récemment investi au Sénégal, comme Dubaï Ports World ( Port de Dakar) , ArcelorMittal ( sidérurgie) ou encore AIDB( futur aéroport). Sans oublier Sonatel. Le Sénégal pourrai monter une place boursière à Dakar. Je pense ici à l’expérience israélienne qui sera un atout majeur dans la création d’un futur « Dakar Stock Exchange ». Hormis les USA et le Canada, Israël est le pays du monde qui a le plus de sociétés cotées en bourse au « Nasdaq » de new York (1).
Je ne pourrais que féliciter au peuple sénégalais pour sa tolérance et son ouverture et au gouvernent sénégalais pour son pragmatisme. En même temps, ce pays (qui n’est pas plus royaliste que le roi) a tissé des bons liens commerciaux avec Israël, il a aussi gardé de bonnes relations avec l’ensemble des pays musulmans (2). La sacro-sainte « question palestinienne » n’a jamais était un prétexte pour ce pays pour rompre avec l’état d’Israël (3) ni même un obstacle pour l’arrivée des investisseurs israéliens. La preuve est que le Sénégal a reçu au mois de mars 2008 le 11ème Sommet de « l’Organisation de la Conférence Islamique » organisé à Dakar. Ce pays s’offre aujourd’hui donc tous les atouts pour réussir, il sait très bien qu’Israël sera dans le futur proche un partenaire solide pour le développement en Afrique surtout que les prix de pétrole sont en chutes libres (40 $ le baril), et que les fonds d’investissements des pays du Golfe seront bientôt à sec.
Ma question est la suivante : pourquoi mon pays, réputé ouvert, la Tunisie, ne fait pas de même et n s’ouvre-t-il vers l’investissement israélien? Je finirai par trouver la réponse à Dakar.
Ftouh Souhail,
Tunis
(1) Israël est au deuxième rang mondial pour les investissements capital risque après les USA. A voir aussi le Dynamisme de la bourse de Tel-Aviv qui, en 2007 a atteint les 1000 points ... contre 100 en 1992 !
(2) 1000 milliards de F CFC doivent être investis au Sénégal dans des projets financé par des pays du Proche Orient par rapport à 6 milliards 500 millions de F CFA venant des fonds israéliens déjà disponibles. Pour les fonds arabes notre source d’information est Jeune Afrique Magazine (numéro 2499 du 30 novembre 2008). Pour les fonds israéliens : c’est l’Ambassade d’Israël au Sénégal.
(3) Hormis la rupture des relations diplomatiques après la guerre du Kippour, en parallèle avec l’ensemble des pays de l’Afrique Noire ... qui les ont reprises dans les années 80, reconnaissant avoir fait une erreur