Introduction :Ce sont deux intellectuels tunisiens, tous les deux ouverts et courageux et qui vont à contre-courant de la pensée dominante dans le monde arabe ...
Lafif Lakhdar, qui vit à Paris, dénonce les blocages des sociétés du Sud de la Méditerranée et du Moyen Orient, en écrivant notamment dans « Elaph.com », site libéral en langue arabe. Il y a publié, juste après les élections américaines, un appel au Président élu Barack Obama, en l’invitant à résoudre en priorité le conflit israélo-arabe, qui - selon lui - ne peut être déconnecté des autres déchirures de la région, étant même « le fil d’Ariane de ce tunnel obscur » (sic).
Je vous invite à lire la traduction intégrale en français publiée le 19 novembre dernier sur le site « memri » en cliquant sur ce lien. Ci-dessous, un extrait de ce papier.
J.C
Lafif Lakhdar, qui vit à Paris, dénonce les blocages des sociétés du Sud de la Méditerranée et du Moyen Orient, en écrivant notamment dans « Elaph.com », site libéral en langue arabe. Il y a publié, juste après les élections américaines, un appel au Président élu Barack Obama, en l’invitant à résoudre en priorité le conflit israélo-arabe, qui - selon lui - ne peut être déconnecté des autres déchirures de la région, étant même « le fil d’Ariane de ce tunnel obscur » (sic).
Je vous invite à lire la traduction intégrale en français publiée le 19 novembre dernier sur le site « memri » en cliquant sur ce lien. Ci-dessous, un extrait de ce papier.
J.C
« Les cent premiers jours d’investiture, lune de miel du Président avec son peuple, sont pour lui une période de grâce au cours de laquelle il peut prendre des décisions difficiles. La décision américaine qu’ont élaborée les instances décisionnaires depuis l’administration Clinton a considéré la résolution du conflit israélo-arabe comme faisant partie de l’intérêt national - dans la mesure où il déstabilise le Moyen-Orient, où se trouvent les gisements de pétrole et où passent ses voies de transport - en laissant au Président la liberté de choisir entre les scénarios, et de changer leur ordre de priorité pour l’application de la décision. Vos deux prédécesseurs, Clinton et Bush, ont renversé l’ordre de priorité en ajournant sa résolution à la dernière année de leur mandat, période où le Président devient un canard boiteux sans prestige ; or au Moyen-Orient, perdre en prestige, c’est perdre en influence. Tirez les leçons de leur échec. Différer la résolution de ce conflit serait une erreur politique et morale considérable, au vu du sang qui sera versé en vain, et ce sera une recette d’échec. Faites donc de la résolution de ce conflit la priorité des priorités.
L’administration Bush a voulu que la chute de la dictature en Irak ouvre la voie à la résolution du conflit israélo-arabe. Ce scénario a échoué. Résoudre ce conflit vous faciliterait la tâche au moment d’aborder les autres. L’erreur fondatrice que vos prédécesseurs ont commise a consisté à penser que le conflit israélo-arabe n’avait rien à voir avec la guerre contre le terrorisme et les autres crises qui secouent la région. Or ces crises sont globales, et la réponse qu’on y apportera ne saurait être que globale. Le fil d’Ariane de ce tunnel obscur est la résolution du conflit israélo-arabe, surtout que ce dernier ne porte plus sur l’existence de l’état d’Israël, mais plutôt sur les frontières de cet État avec la Syrie et avec la Palestine.
Quels avantages la résolution de ce conflit apportera-t-elle ? Ce sera le premier pas vers une réconciliation judéo-arabe, vers la guérison de la fixation psychotique dont il est la cause pour s’en libérer, et se donner tout entiers à leur tâche commune, qui consiste à affronter les dangers qui les concernent, surtout ceux de l’effet de serre et autres problèmes liés au climat, qui les menacent tous ; ce sera également un pas vers la réconciliation entre le monde arabo-musulman et l’Amérique. Le citoyen américain ne se demandera plus avec angoisse: « Pourquoi ils nous détestent ? », et l’homme de la rue musulman n’appellera plus l’Amérique le « Grand Satan » ; il se créera de surcroît une dynamique de paix propre à faciliter le processus de stabilisation en cours en Irak, à trouver une issue acceptable à la guerre en Afghanistan, et peut-être même à trouver une solution au dossier nucléaire iranien en soutenant les ennemis de l’option nucléaire, à savoir les conservateurs modérés et les réformistes, qui pourraient gagner les prochaines présidentielles si le Guide de la Révolution ne les falsifie pas. »
L’administration Bush a voulu que la chute de la dictature en Irak ouvre la voie à la résolution du conflit israélo-arabe. Ce scénario a échoué. Résoudre ce conflit vous faciliterait la tâche au moment d’aborder les autres. L’erreur fondatrice que vos prédécesseurs ont commise a consisté à penser que le conflit israélo-arabe n’avait rien à voir avec la guerre contre le terrorisme et les autres crises qui secouent la région. Or ces crises sont globales, et la réponse qu’on y apportera ne saurait être que globale. Le fil d’Ariane de ce tunnel obscur est la résolution du conflit israélo-arabe, surtout que ce dernier ne porte plus sur l’existence de l’état d’Israël, mais plutôt sur les frontières de cet État avec la Syrie et avec la Palestine.
Quels avantages la résolution de ce conflit apportera-t-elle ? Ce sera le premier pas vers une réconciliation judéo-arabe, vers la guérison de la fixation psychotique dont il est la cause pour s’en libérer, et se donner tout entiers à leur tâche commune, qui consiste à affronter les dangers qui les concernent, surtout ceux de l’effet de serre et autres problèmes liés au climat, qui les menacent tous ; ce sera également un pas vers la réconciliation entre le monde arabo-musulman et l’Amérique. Le citoyen américain ne se demandera plus avec angoisse: « Pourquoi ils nous détestent ? », et l’homme de la rue musulman n’appellera plus l’Amérique le « Grand Satan » ; il se créera de surcroît une dynamique de paix propre à faciliter le processus de stabilisation en cours en Irak, à trouver une issue acceptable à la guerre en Afghanistan, et peut-être même à trouver une solution au dossier nucléaire iranien en soutenant les ennemis de l’option nucléaire, à savoir les conservateurs modérés et les réformistes, qui pourraient gagner les prochaines présidentielles si le Guide de la Révolution ne les falsifie pas. »
Autre Tunisien, mais lui vivant à Tunis où ses prises de position non conventionnelles sur le conflit israélo-arabe lui ont valu quelques déboires, Souhail Ftouh. Il a lu l’article de Lafif Lakhdar et il n’est pas d’accord : non pas sur les lignes directrices pour la résolution du conflit, mais sur le fait que la Paix soit laissée « aux bons soins » de l’hyper puissance américaine, ce qui éviterait aux Arabes un vrai dialogue avec leurs voisins israéliens ... Ci-dessous le texte intégral qu’il m’a fait parvenir !
Une réponse à mon compatriote Lafif Lakhdar
Dans un article paru le 16 novembre 2008 sur le quotidien en ligne Elaph, l’intellectuel progressiste tunisien Lafif Lakhdar adresse une lettre ouverte au nouveau président des Etats-Unis Barack Obama, lui suggérant de "changer le monde en cent jours en scellant la réconciliation judéo arabe".
Bien sur, nous ne pouvons que saluer l’initiative de notre compatriote Lafif Lakhdar qui, depuis longtemps, milite pour la paix ... à partir de Paris ! Ce que nous pouvons ajouter ici, avec plus de réalisme, c’est de savoir que Barack Obama se doit d’abord réussir, pour son pays, les États-Unis. Barack Obama, citoyen américain, ne peut pas faire la paix à la place des Arabes. Seul un monde arabe responsable ; confiant en lui même, libéré de son esprit de revanche et de certaine de ses valeurs rétrogrades qui privilégient les vieux slogans au pragmatisme pourra être à la hauteur de l’événement historique qui est l’élection d’Obama.
Pour ne pas manquer la réconciliation judéo-arabe, comme le préconise Lafif Lakhdar, il ne suffit pas mon cher compatriote de s’adresser seulement à Obama, mais il faut en premier s’adresser à nos voisins israéliens qui sont nos premiers interlocuteurs. Il faut aller voir de prêt de chez eux que la tolérance est plantée au cœur même de l'esprit du judaïsme, comme nous le rappellent si bien, De Cologna ou Steinsaltz, dans Les leçons sur la Torah (1). Pour le judaïsme, même si certains feignent de l'ignorer, il n'y a aucune place pour un sentiment raciste, pour la haine de son prochain. Aucun texte « halakhique » ne le stipule. Je pense sincèrement à certains imams et responsables de pays arabo-musulmans, qui font une telle diabolisation des Juifs que les gens qui ne les connaissent pas sont persuadés qu’ils sont des êtes différents, dans le mauvais sens du terme, alors que c'est tout le contraire. Il faut savoir que le monde arabe présente les Israéliens comme des monstres, que la propagande et le bourrage de crâne marchent à fond et qu'au contraire les gouvernements israéliens n'enseignent pas la rancune ni la haine envers les Arabes ; la seule chose qui se passe c'est que face à leurs problèmes ils sont parfois méfiants, mais ils sont ouverts - pour leur majorité - au dialogue. Avant tout un ou une Israélienne est un être humain fait comme tout le monde, il est fait de chair et de sang - croyons-nous que c'était un extra terrestre ou que le fait qu'il soit juif lu donne des bras en bois ou en marbre ?
Il faut savoir aussi que la Shoah a été un malheur inexprimable. Si nous voulons nous protéger et protéger nos enfants, commençons chacun dans son environnement le plus proche à avoir des actions et un langage respectable pour autrui et ainsi nous pourrons faire évoluer les mentalités.
Aucun être humain digne de ce nom ne doit développer une animosité envers la communauté juive. Les Juifs de par leur histoire ont acquis certainement une capacité d’adaptation « extérieure » supérieure aux autres communautés. Les facilités qui en découlent dans certains domaines peuvent donner lieu à des excès. Mais il est important que les représentants religieux musulmans traitent de ces problèmes ouvertement pour replacer les valeurs du « respect de son prochain » (quelque soit son appartenance) au premier plan.
Ce que je trouve étrange aussi, c'est l'incapacité des États de parvenir à réaliser la paix. N'y a il plus de grands diplomates dans ce monde? Souvent, l’on est en droit de se poser la question. Personne ne veut faire des concessions aussi minimes soient-elles ? Cependant, si on réfléchit bien, ce sont les victimes et leurs familles qui trinquent. Presque chaque jour des Israéliens et des Palestiniens perdent la vie et on ne voit guère la fin. C'est vraiment absurde ! Je suis vraiment navré et profondément peiné de voir un pays comme Israël, qui à une histoire millénaire, jouer le rôle de gladiateur dans l'arène du Proche-Orient et devant l'indifférence du monde entier. Que les armes se taisent et que la diplomatie et la paix l'emportent !
L’initiative du roi Abdallah d’Arabie Saoudite adoptée à Beyrouth le 28 mars 2002 est aujourd’hui une chance que les pays arabes peuvent saisir s’ils ne veulent pas « plomber » Obama .C’est la première fois qu’un plan de paix est pris au sérieux par 57 pays musulmans et arabes. Mais par malheur, depuis 1948, les Palestiniens ont toujours raté les rendez-vous de l’Histoire.
Bien sur, nous ne pouvons que saluer l’initiative de notre compatriote Lafif Lakhdar qui, depuis longtemps, milite pour la paix ... à partir de Paris ! Ce que nous pouvons ajouter ici, avec plus de réalisme, c’est de savoir que Barack Obama se doit d’abord réussir, pour son pays, les États-Unis. Barack Obama, citoyen américain, ne peut pas faire la paix à la place des Arabes. Seul un monde arabe responsable ; confiant en lui même, libéré de son esprit de revanche et de certaine de ses valeurs rétrogrades qui privilégient les vieux slogans au pragmatisme pourra être à la hauteur de l’événement historique qui est l’élection d’Obama.
Pour ne pas manquer la réconciliation judéo-arabe, comme le préconise Lafif Lakhdar, il ne suffit pas mon cher compatriote de s’adresser seulement à Obama, mais il faut en premier s’adresser à nos voisins israéliens qui sont nos premiers interlocuteurs. Il faut aller voir de prêt de chez eux que la tolérance est plantée au cœur même de l'esprit du judaïsme, comme nous le rappellent si bien, De Cologna ou Steinsaltz, dans Les leçons sur la Torah (1). Pour le judaïsme, même si certains feignent de l'ignorer, il n'y a aucune place pour un sentiment raciste, pour la haine de son prochain. Aucun texte « halakhique » ne le stipule. Je pense sincèrement à certains imams et responsables de pays arabo-musulmans, qui font une telle diabolisation des Juifs que les gens qui ne les connaissent pas sont persuadés qu’ils sont des êtes différents, dans le mauvais sens du terme, alors que c'est tout le contraire. Il faut savoir que le monde arabe présente les Israéliens comme des monstres, que la propagande et le bourrage de crâne marchent à fond et qu'au contraire les gouvernements israéliens n'enseignent pas la rancune ni la haine envers les Arabes ; la seule chose qui se passe c'est que face à leurs problèmes ils sont parfois méfiants, mais ils sont ouverts - pour leur majorité - au dialogue. Avant tout un ou une Israélienne est un être humain fait comme tout le monde, il est fait de chair et de sang - croyons-nous que c'était un extra terrestre ou que le fait qu'il soit juif lu donne des bras en bois ou en marbre ?
Il faut savoir aussi que la Shoah a été un malheur inexprimable. Si nous voulons nous protéger et protéger nos enfants, commençons chacun dans son environnement le plus proche à avoir des actions et un langage respectable pour autrui et ainsi nous pourrons faire évoluer les mentalités.
Aucun être humain digne de ce nom ne doit développer une animosité envers la communauté juive. Les Juifs de par leur histoire ont acquis certainement une capacité d’adaptation « extérieure » supérieure aux autres communautés. Les facilités qui en découlent dans certains domaines peuvent donner lieu à des excès. Mais il est important que les représentants religieux musulmans traitent de ces problèmes ouvertement pour replacer les valeurs du « respect de son prochain » (quelque soit son appartenance) au premier plan.
Ce que je trouve étrange aussi, c'est l'incapacité des États de parvenir à réaliser la paix. N'y a il plus de grands diplomates dans ce monde? Souvent, l’on est en droit de se poser la question. Personne ne veut faire des concessions aussi minimes soient-elles ? Cependant, si on réfléchit bien, ce sont les victimes et leurs familles qui trinquent. Presque chaque jour des Israéliens et des Palestiniens perdent la vie et on ne voit guère la fin. C'est vraiment absurde ! Je suis vraiment navré et profondément peiné de voir un pays comme Israël, qui à une histoire millénaire, jouer le rôle de gladiateur dans l'arène du Proche-Orient et devant l'indifférence du monde entier. Que les armes se taisent et que la diplomatie et la paix l'emportent !
L’initiative du roi Abdallah d’Arabie Saoudite adoptée à Beyrouth le 28 mars 2002 est aujourd’hui une chance que les pays arabes peuvent saisir s’ils ne veulent pas « plomber » Obama .C’est la première fois qu’un plan de paix est pris au sérieux par 57 pays musulmans et arabes. Mais par malheur, depuis 1948, les Palestiniens ont toujours raté les rendez-vous de l’Histoire.
Ftouh Souhail,
Tunis
Tunis