kibboutz Yad Mordechaï, mai 2003
(photo Jean Corcos)
D’abord quelques mots à propos de cette photo. Ce n’est pas tous les jours que, loin du studio de Judaïques FM et des mes interviews, certes passionnantes mais loin du terrain, j’ai pu me sentir (un peu) l’âme d’un reporter dans un pays en guerre ... Envoyé donc par ma radio en mai 2003 pour accompagner une mission d’amitié de l’AUJF, du CRIF et du FSJU en Israël, nous avons été très près de la frontière de la bande de Gaza - qui, à l’époque, n’avait pas été encore complètement évacuée. Mais déjà (rappel utile pour les critiques oublieux de ces faits), les Palestiniens du Jihad islamiste comme du Hamas avaient commencé à bombarder la frontière Sud du pays, leurs tirs se concentrant sur la petite ville de Sderot et les kibboutzim voisins. Et déjà à l’époque, donc, l’armée israélienne n’avait pas trouvé de parade à ce genre d’attaques.
Cette photo a été prise au kibboutz Yad Mordechaï, où on nous avait présenté une collection des projectiles reçus. On remarquera la modestie des débuts artisanaux de l’industrie de guerre « made in Gaza » : à gauche, de simples petits obus de mortiers ; la pièce de droite, en revanche, pouvait largement tuer, et du reste beaucoup d’Israéliens ont été tués et des dizaines blessés au fil des tirs terroristes visant délibérément des civils. En cliquant sur le libellé « Sderot » ci-dessous, on trouvera quelques échos publiés sur le blog à propos de cette guerre de basse intensité subie par les localités frontalières de la bande de Gaza, et qui fait rarement la « une » de nos médias.
Mais voici que la menace s’aggrave - et là, quels que soient les rappels historiques comme celui fait au début, et les excellentes raisons, militaires ou politiques qui expliquent le refus du gouvernement israélien de renvoyer l’armée occuper Gaza à nouveau, force est de constater deux choses :
- le Hamas, qui a pris complètement le contrôle du territoire au mois de juin dernier, a décidé l’affrontement et cela ne pourra qu’empirer ;
- l’abandon par Tsahal de la fameuse « route de Philadelphie » (qui bordait la frontière entre Égypte et la bande de Gaza), a fait exploser les trafics d’armes par les tunnels de contrebande.
Résultat, les islamistes possèdent maintenant des armes beaucoup plus sophistiquées que celles photographiées il y a quatre ans ... et c’est ainsi qu’un missile de type « Grad » a atterri dans un champ près de la ville de Netivot, dimanche dernier 7 octobre ! Je reproduis ci-dessous le communiqué publié sur le site de l’ambassade d’Israël à Paris, qui résume bien la gravité de la situation.
« Le dimanche 7 octobre, des terroristes de la bande de Gaza ont tiré un missile de type Grad qui a explosé près de la ville israélienne de Netivot, à 15 km à l’intérieur du territoire israélien. Ces roquettes de longue portée (25 km), produites en ex-URSS, sont une version améliorée des roquettes Katioucha, celles-là même qui ont été tirées par le Hezbollah sur Israël à l’été 2006. Le même jour, 8 obus de mortier ont explosé dans le kibboutz Keren Shalom, proche de la bande de Gaza, et 3 roquettes Qassam ont également été tirées depuis le nord de la bande de Gaza.
L’utilisation de missiles Grad représente une escalade dans la campagne terroriste menée par les organisations de la bande de Gaza, à la fois à cause de la portée plus grande de ces missiles et de leur force destructrice plus importante.
(...)
Depuis le désengagement israélien de la bande de Gaza il y a plus de 2 ans, Israël n’a récolté que plus d’attaques : plus de 2000 roquettes et des centaines d’obus de mortier ont explosé en Israël (une grande partie des roquettes et obus tirés retombant du reste en territoire palestinien), faisant 14 morts et des centaines de blessés, sans compter le traumatisme d’une population civile bombardée presque tous les jours depuis 2 ans. »
J.C