Dimanche prochain, je recevrai à mon émission Dounia Bouzar, et ce sera la seconde fois que j’aurai le plaisir de l’avoir comme invitée. Rappelons qu’elle est musulmane, ancien membre démissionnaire du Conseil Français du Culte Musulman, mais d’abord une sociologue qui a une spécialité originale puisque c’est une « anthropologue du fait religieux ». Elle a déjà à son actif de nombreux ouvrages, citons parmi les plus récents « Quelle éducation face au radicalisme religieux ? » (Editions Dunod) qui avait fait l’objet de ma précédente interview et « L’intégrisme, l’islam et nous, on a tout faux » (Editions Plon), pour lequel elle avait été également l’invitée de notre radio. J’ajoute que tous ses livres lui ont valu d’être primée par l’Académie des Sciences Morales et Politiques, et qu’elle a été désignée « Héroïne européenne » par le journal « Time Magazine » pour son travail. Ajoutons enfin que, avec son aimable autorisation, j’ai déjà publié sur ce blog plusieurs textes sous sa signature, que vous pourrez retrouver en cliquant sur son nom en libellé.
Nous allons parler de son dernier livre « Allah, mon boss et moi » (Editions Dynamique diversité). La « diversité », mot à la mode, évoque ce que l’on appelle souvent les « minorités visibles », ceux qui par leur apparence physique ou par leur pratique religieuse se distinguent du reste de la population, et c’est un fait que lorsque l’on utilise ce terme, on pense plus volontiers aux populations issues des immigrations maghrébine et africaine. Or on assiste à un retour du religieux, surtout dans la jeunesse issue des quartiers populaires, et la pratique de l’islam peut, dans certains cas, provoquer des frictions avec les collègues de travail : son livre qui est très condensé puisqu’il tient en 120 pages, donne deux analyses vraiment cliniques de cas concrets, où elle met en scène, avec beaucoup de talent, à la fois les personnages et les réactions de leur encadrement, qui oscillent toujours - comme elle le dit en introduction - entre « diabolisation » et « laxisme ».
Premier cas, celui de Mona, jeune diplômée d’une école commerciale, libanaise d’origine parfaitement intégrée en France, coquette ... mais portant un « voile islamique », ce qui va susciter de débats houleux dans la société de cosmétiques où elle doit entrer : Dounia Bouzar écrit en gros que ces réactions, positives ou négatives, sont toutes stéréotypées, parce que « appréhender toutes les femmes voilées de la même façon permet de penser à leur place, et de définir sans elles la relation qu’elles doivent avoir avec leur corps ». Je lui poserai plusieurs questions, et en particulier celle-là : est-ce qu’elle aurait écrit le même plaidoyer si son personnage avait porté un tchador à l’iranienne ?
Deuxième cas, celui de Hamid, employé par une société d’intérim dans un grand aéroport international : il s’isole de ses collègues, refuse de manipuler des flacons d’alcool, interrompt son travail plusieurs fois par jour pour la prière, et porte d’étranges tenues ... Or sa supérieure hiérarchique refuse de le juger, de peur de passer pour raciste.
Plusieurs questions, là aussi :
- Est-ce que, justement, la peur de paraître « islamophobe » n’explique pas ce laxisme face aux revendications les plus extrêmes des intégristes musulmans ?
- Il semble y avoir chez les Français un blocage, une hésitation à distinguer entre ce qui relève de l’islam et ce qui relève de la pathologie : pourquoi ?
- On voit finalement le paradoxe d’un rejet possible de quelqu’un de compétent, et le risque d’embauche d’un déséquilibré qui s’abrite derrière sa religion. Alors quelle solution : donner des cours d’islam aux DRH ?
J’espère que vous serez nombreux à l’écoute du 94.8 FM, car seront abordés sans langue de bois des sujets qui interpellent la société française au quotidien !
J.C
Nous allons parler de son dernier livre « Allah, mon boss et moi » (Editions Dynamique diversité). La « diversité », mot à la mode, évoque ce que l’on appelle souvent les « minorités visibles », ceux qui par leur apparence physique ou par leur pratique religieuse se distinguent du reste de la population, et c’est un fait que lorsque l’on utilise ce terme, on pense plus volontiers aux populations issues des immigrations maghrébine et africaine. Or on assiste à un retour du religieux, surtout dans la jeunesse issue des quartiers populaires, et la pratique de l’islam peut, dans certains cas, provoquer des frictions avec les collègues de travail : son livre qui est très condensé puisqu’il tient en 120 pages, donne deux analyses vraiment cliniques de cas concrets, où elle met en scène, avec beaucoup de talent, à la fois les personnages et les réactions de leur encadrement, qui oscillent toujours - comme elle le dit en introduction - entre « diabolisation » et « laxisme ».
Premier cas, celui de Mona, jeune diplômée d’une école commerciale, libanaise d’origine parfaitement intégrée en France, coquette ... mais portant un « voile islamique », ce qui va susciter de débats houleux dans la société de cosmétiques où elle doit entrer : Dounia Bouzar écrit en gros que ces réactions, positives ou négatives, sont toutes stéréotypées, parce que « appréhender toutes les femmes voilées de la même façon permet de penser à leur place, et de définir sans elles la relation qu’elles doivent avoir avec leur corps ». Je lui poserai plusieurs questions, et en particulier celle-là : est-ce qu’elle aurait écrit le même plaidoyer si son personnage avait porté un tchador à l’iranienne ?
Deuxième cas, celui de Hamid, employé par une société d’intérim dans un grand aéroport international : il s’isole de ses collègues, refuse de manipuler des flacons d’alcool, interrompt son travail plusieurs fois par jour pour la prière, et porte d’étranges tenues ... Or sa supérieure hiérarchique refuse de le juger, de peur de passer pour raciste.
Plusieurs questions, là aussi :
- Est-ce que, justement, la peur de paraître « islamophobe » n’explique pas ce laxisme face aux revendications les plus extrêmes des intégristes musulmans ?
- Il semble y avoir chez les Français un blocage, une hésitation à distinguer entre ce qui relève de l’islam et ce qui relève de la pathologie : pourquoi ?
- On voit finalement le paradoxe d’un rejet possible de quelqu’un de compétent, et le risque d’embauche d’un déséquilibré qui s’abrite derrière sa religion. Alors quelle solution : donner des cours d’islam aux DRH ?
J’espère que vous serez nombreux à l’écoute du 94.8 FM, car seront abordés sans langue de bois des sujets qui interpellent la société française au quotidien !
J.C