Le candidat d’extrême droite a, d’après les dernières rumeurs - en particulier un sondage des Renseignements Généraux cité par le site du « Nouvel Observateur », nié par les R.G mais maintenu sur ce site (lire ici) - de fortes chances de troubler à nouveau le premier tour : en éliminant la gauche, comme en 2002 ; en coiffant François Bayrou au poteau, empêchant ainsi une recomposition du paysage politique ; et peut-être en « plombant » Nicolas Sarkozy, obtenant un score tellement élevé que toute victoire de la Droite serait entachée par des accords (réels, ou fantasmés) avec le Front National.
Nous n’en sommes pas encore là. Mais sur les sujets qui inquiètent, au premier chef, la communauté juive de notre pays, Le Pen vient de « donner » à nouveau, au travers de déclarations qui n’auront guère été médiatisées :
- D’abord dans sa « profession de foi » envoyée à des dizaines de millions d’électeurs comme celles des autres candidats. Il finit son discours électoral (dont la maquette rappelle de façon subliminale l’Appel du 18 juin, un comble pour l’héritier spirituel de Pétain !), par ceci :
"Je suis le candidat de la France, de la vie, de l’avenir et de la paix, contre les candidats du mondialisme, des communautarismes, de l’argent-roi et des guerres ."
L’association des termes « mondialisme », « argent », « guerre » a déjà fait recette dans les années 1930, il s’agissait alors de dénoncer les Juifs, vilipendés comme « ploutocrates » et « bellicistes » ... Le Pen évoque ainsi, et en creux les risques de conflit des Occidentaux contre l’Iran de son ami antisémite Ahmadinejad, et utilise la peur des Français comme un nouvel argument électoral. Ce faisant, il est fidèle à sa filiation pétainiste, non seulement par les mots utilisés mais aussi sur le fond du comportement : lâche envers les vrais puissants du dehors (en gros, les islamo-fascistes bientôt dotés de l’arme nucléaire) ; féroce envers l’infime minorité juive de France, jetée en pâture aux chiens.
- Ensuite, dans une interview au journal « la Revue du Liban », en date du 13 avril et dont le journal libanais « L’Orient - Le Jour » (en lien permanent) vient de reproduire un extrait qui fait froid dans le dos ...
"Le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, également interrogé par l’hebdomadaire libanais sur le conflit israélo-palestinien, « trouve scandaleux le « mur de la honte » érigé par Israël ». « Le peuple palestinien a le droit de reconquérir sa patrie et de restaurer son État », a t-il affirmé, soulignant qu’il « pense être le seul homme politique à avoir dénoncé l’extermination des Palestiniens."
Sic. Aucun candidat à l’élection présidentielle, même José Bové épinglé sur le blog il y a quelques jours, n’a osé utiliser des termes aussi lourds que « extermination ». Pour le leader de l’extrême droite, donc, « les chambres à gaz sont un détail de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale », mais les Palestiniens ont subi une sorte de génocide.
Là-dessus, bien sûr, je n’oublie pas les déclarations qui ont été davantage médiatisées, et qui ont éclaté tout au long de la semaine dernière comme autant de scandales voulus, assumés - et qui font encore plus peur de ce fait : propos sur Vichy dans « Le Parisien » (il « regrette les propos de Jacques Chirac sur la déportation des Juifs », lire ici) ; ou sur les origines étrangères de Nicolas Sarkozy qui le disqualifieraient pour les présidentielles (lire à ce sujet la belle intervention de Jacques Attali sur son blog, où il s’indigne du silence des autres candidats devant cette basse attaque). Jean-Marie Le Pen pense-t-il qu’il va gagner d’avantage d’électeurs à force de scandales ? La France serait alors bien malade.
Avec tout cela, je me dis que le 22 avril, le seul, le vrai élément du débat sera le décompte des voix de Le Pen : combien de Français se reconnaîtront dans de telles positions ?
J.C
J.C