C’est une émission bien
originale que je vous proposerai dimanche prochain, car nous allons parler du
projet vraiment révolutionnaire de développer en France un courant résolument
moderne de l’islam. Je l’ai découvert en apprenant que Fondapol - la fondation
pour l’innovation politique dont j’ai déjà reçu à mon émission le directeur
général, Dominique Reynié – éditait une brochure, intitulée « Une mosquée
mixte pour un islam spirituel et progressiste ». On peut télécharger ce
document sur le site de Fondapol, et pour présenter ce projet j’aurai le
plaisir de recevoir ses deux co-auteures, Eva Janadin et Anne-Sophie Monsinay.
Ce sont deux jeunes femmes, musulmanes, et cofondatrices de « Voix d’un
islam éclairé ». Eva Janadin a aussi cofondé en 2017 « l’association
pour la renaissance de l’islam mutazilite ». Et toutes les deux administrent
un groupe Facebook nommé « Soufisme progressiste », groupe qui a eu
beaucoup de succès ce qui leur a donné l’idée de créer une mosquée tout à fait
originale dont nous allons parler.
Parmi les questions que je
poserai à Eve Janadin et Anne-Sophie Monsinay :
-
Vous avez des patronymes tout à fait français,
comment s’est fait votre cheminement vers l’islam : est-ce que c’est la
mystique soufie qui vous a attiré – et c’est vrai que beaucoup d’intellectuels
français ont suivi cette voie ? Dans votre brochure, un des fils rouges
est le refus du communautarisme et l’ouverture aux autres traditions
spirituelles : est-ce que vous auriez pu, par exemple, être attirées par
le Judaïsme ?
-
Eve Janadin, vous avez soutenu la renaissance
du Mutazilisme en France, c’est une école de théologie musulmane apparue au
VIIIème siècle, très minoritaire aujourd’hui. Un courant qui a en quelque sorte
fait la synthèse entre le rationalisme grec et le message du Coran : quel
rapport avec le Soufisme qui inspire principalement votre projet ? En quoi
le rationalisme est-il directement lié à « l’islam éclairé » dont
vous parlez ? Est-ce un outil de compréhension ou autre chose ?
-
Vous présentez ce qui doit être selon vous un
« islam progressiste », et vous évoquez en particulier le statut de
la Femme et l’esclavage. Vous dites que le Coran était moderne pour le VIIème
siècle mais que maintenant ses commandements doivent être revus. Cela met votre
démarche en opposition frontale avec le Salafisme, où justement l’exemple des
« anciens », les « Salafs » sert de modèle ; mais vous
déviez du sunnisme classique, en laissant de côté tout le corpus des
« Hadith » : que répondez-vous à ces critiques ?
-
Vous abordez un domaine très important, à la
fois dans l’islam et dans le judaïsme qui est celui du rituel. Vous évoquez les
« nouveaux penseurs de l’islam » qui depuis le 19ème
siècle ont revu les outils de spéculation théologique, mais n’ont pas osé
toucher au domaine rituel, « ibadat » en arabe. Vous écrivez que ce
sont des normes, sociales, culturelles, qu’on applique par conservatisme mais
qu’il faut interpréter : pourriez-vous en dire plus ?
-
Vous présentez donc un projet de mosquée avec
plusieurs nouveautés révolutionnaires par rapport au culte musulman, d’abord la
mixité, le mélange hommes-femmes lors de la prière ; la possibilité pour
des femmes d’être imam ; et puis l’usage du français, non seulement pour
les sermons mais aussi pour certaines prières : n’est-ce pas trop de
bouleversements pour les musulmans pratiquants dans notre pays ?
-
Ce projet n’a pas encore donné naissance à une
vraie mosquée. Pourtant, vous lui avez déjà donné un nom, Simorgh, qui est un
oiseau de la mythologie perse : pourquoi ce nom ? Et concrètement,
quel est l’horizon pour votre projet, quelques mois, quelques années ?
Avez-vous déjà reçu suffisamment de soutiens ?
Une émission vraiment
originale, que j’espère vous serez nombreux à suivre !
J.C