Message
adressé par SM le Roi aux participants à une table ronde de haut niveau au
siège de l’ONU sur « le pouvoir de l’éducation pour prévenir le racisme et la
discrimination: le cas de l’antisémitisme »
SM le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a adressé
un message aux participants à la table ronde de haut niveau sur « le pouvoir de
l’éducation pour prévenir le racisme et la discrimination : le cas de
l’antisémitisme », tenue mercredi 26/09/2018 à New York, en marge de la 73-ème
session de l’Assemblée générale de l’ONU.
Voici le texte intégral du Message royal dont lecture
a été donnée par le Chef du gouvernement, M. Saâd Eddine El Othmani:
“Paix et Salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses
Compagnons.
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Madame La Directrice Générale de l’UNESCO,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de
Gouvernement,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Je souhaite, tout d’abord, rendre hommage à l’UNESCO
pour le travail remarquable qu’elle a accompli en faveur de l’éducation pour la
paix, sous la supervision de sa Directrice Générale, Son Excellence Madame
Audrey Azoulay.
La rencontre d’aujourd’hui se tient dans un contexte
où plusieurs régions du globe s’inscrivent dans des logiques d’exclusion, de
repli sur soi et de rejet de l’Autre. Les migrants sont trop souvent érigés en
boucs émissaires, les réfugiés instrumentalisés et les minorités stigmatisées.
Les discours de haine se multiplient, alimentant racisme, xénophobie, islamophobie,
antisémitisme et bien d’autres formes de discriminations. Ils forment le
terreau sur lequel prospère l’extrémisme violent et se propage l’insécurité.
En fait, le racisme en général et l’antisémitisme en
particulier ne sont nullement des opinions. L’antisémitisme est l’antonyme de
la liberté d’expression. Il manifeste la négation de l’Autre et constitue
l’aveu d’un échec, d’une insuffisance, d’une incapacité à coexister. C’est le
retour anachronique à un passé mythifié.
Est-ce là le passé que Nous voulons léguer en héritage
aux générations futures ? Le flambeau que Nous leur céderons ne peut être
obscurci par ces calamités qui rongent tant de sociétés.
Pour autant, la bataille contre ces fléaux ne
s’improvise pas. Elle n’est ni militaire ni budgétaire ; elle est, avant tout,
pédagogique et culturelle. Ce combat porte un nom : l’éducation. Et dans
l’intérêt de nos enfants, il importe que nous le remportions car ce sont eux
qui en seront les bénéficiaires et les ambassadeurs.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
L’éducation est la seule réussite qui peut, toujours,
se prévaloir d’être à la fois individuelle et collective. Elle possède ce
pouvoir insigne – et essentiel – de dépasser la crainte de l’Autre, de refuser
les amalgames et de déconstruire les préjugés. Antidote puissant et arme
salutaire, elle est également le ciment de la cohésion, un vecteur de l’égalité
et une condition sine qua non du développement.
Dans le prolongement des Orientations que Nous avons
explicitées dans le Discours du Trône du 29 juillet dernier , Nous avons tenu à
placer les questions de la jeunesse au cœur du nouveau modèle de développement
adopté par le Maroc.
Résolument engagé en faveur de la réalisation de
l’Agenda 2030, le Royaume du Maroc a fait de la promotion d’une éducation de
qualité, la force transformatrice qui relie les 17 Objectifs du Développement
Durable.
Cette éducation de qualité doit enseigner l’Histoire à
nos enfants, dans la pluralité de ses récits, évoquant les instants glorieux de
l’Humanité et aussi ses moments les plus sombres. Elle doit développer leur
ouverture au monde et à la diversité humaine et culturelle. Elle doit forger
des esprits vifs, tolérants et avisés, qui trouveront leur épanouissement dans
des pays comme le Maroc, où dialoguent librement et s’enrichissent mutuellement
les cultures et les civilisations.
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Mon pays, point de rencontre des civilisations
arabo-islamique, africaine et judéo-chrétienne, est fidèle à une tradition
immuable de modération, de coexistence et de compréhension mutuelle.
L’histoire des Juifs marocains en est une
illustration, ô combien éloquente. Portée par les Sultans et les Rois du Maroc,
elle est le récit d’un destin croisé et d’une continuité historique qui a, de
tout temps, considéré « les Juifs comme des citoyens marocains ayant les mêmes
droits égaux et complets, que leurs frères musulmans ». Juifs et musulmans se
côtoyaient au quotidien, s’enrichissaient les uns les autres et s’imprégnaient
de leurs éducations respectives.
Et la réalité de la cohabitation religieuse est
tangible. Mosquées, synagogues et églises se côtoient dans différentes villes
du Royaume. C’est cette image que nous souhaitons dessiner dans les esprits de
nos enfants. C’est cet héritage que nous voulons leur léguer. Et c’est ce
message de paix que nous sommes venus délivrer, en donnant à l’éducation, la
place de choix qui lui revient unanimement.
Je vous remercie.
Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh”.
Source : Maroc.ma, 27 septembre 2018