Si la communauté juive
s'est trouvée forte de plusieurs centaines de milliers d'individus jusqu'au XXe
siècle, elle s'y est réduite pour ne plus compter actuellement qu'entre 3000 et
7000 membres, selon les sources. Les différentes communautés juives d'origine
marocaine comptent désormais plusieurs centaines de milliers de membres à
travers le monde
L’histoire des Juifs du Maroc commence dès le IVe siècle avant J.-C. Les villes
de Sala et d’Ifrane sont des centres importants de négoce, où l’on pratique le
commerce de l’or et du sel. Au début de l’ère chrétienne, les Romains
envahissent la région. De nombreuses mesures restrictives envers les Juifs sont
mises en place et le christianisme devient religion d’État. La communauté juive
marocaine connaît, au Ve et au VIe siècle sous les Vandales et les Byzantins,
des périodes de répit et d’oppression. L’islamisation du Maroc se fera
progressivement à partir du VIIe siècle.
Les Juifs seront soumis à la dhimma dès la première dynastie musulmane en 788.
Du IXe au XIIe siècle, la communauté juive du Maroc connaît son premier âge
d’or, lors de la fondation de Fès qui devient la capitale culturelle et
spirituelle du judaïsme marocain, où brillent la poésie de Juda Halévy, la
science hébraïque d’El-Fassi et la pensée de Maïmonide.
Du XIIIe au XVe siècle, sous la dynastie berbère, la situation des Juifs
s’améliore. Mais la création du mellah, quartier réservé aux Juifs, entrave le
dialogue judéo-musulman.
En 1465, le sultan est assassiné, les Juifs de Fès, sont massacrés. En 1492,
les Juifs, fuyant l’Espagne, font renaître le judaïsme marocain et contribuent
à l’essor économique. Un second mellah est créé à Marrakech, capitale du Maroc.
Au XVIIe siècle, la communauté juive participe à la construction de Meknès, qui
devient la nouvelle capitale. En 1765, le Sultan Abdallah fonde le port de
Mogador et accorde à plusieurs familles juives des privilèges commerciaux,
comme le monopole d’exportation du tabac et des parfums. De 1790 à 1859, trois
sultans se succèdent. Le sultan Lyazid pille les communautés de Tétouan,
Meknès, Rabat, et coupe une oreille aux Juifs afin de les distinguer.
L’avènement de Moulay Slimane permet aux Juifs de retrouver leurs privilèges.
Son successeur mènera une politique ambiguë envers les juifs. Après la guerre
de Tétouan, le Maroc s’ouvre à la civilisation occidentale. La première école
de l’Alliance israélite est créée en 1862.
L’aide financière apportée par les Rothschild et le baron de Hirsch assure la
survie de la communauté juive marocaine. Le règne de Moulay Hassan permet aux
Juifs de connaître une brève accalmie avant une fin de siècle tragique. Les
émeutes de Sefrou font plus de quarante victimes juives, le mellah de Mogador
est pillé, les juifs de Fès, Meknès et Marrakech sont persécutés. Lors du
protectorat français, en 1912, l’insurrection éclate, les musulmans s’en
prennent aux Juifs et les massacrent.
L’Alliance israélite continue le processus de francisation des Juifs. Des
mouvements sionistes se développent et organisent une conférence à Casablanca
en 1930. En 1939, des centaines de Juifs s’engagent dans l’armée française.
Sous Vichy, le Statut des juifs est voté en 1940 mais son application reste
modérée.
Le sultan Mohammed V protège la communauté et déclare : « Il faudra prévoir vingt Étoiles jaunes supplémentaires pour moi et ma famille.»
Après le débarquement américain en 1942, la communauté du Maroc se reconstruit.
Dès la proclamation de l’État d’Israël en 1948, un climat de tension
s’installe. Au Maroc, Oujda devient la plaque tournante d’un mouvement d’alyah
clandestine. Des incidents sanglants ont lieu. En 1949, plus de huit mille
personnes partent en Israël. Lors de l’indépendance du Maroc en 1956, les Juifs
occupent des postes importants dans le gouvernement et l’administration
marocains. Mais les difficultés intérieures, la méfiance vis-à-vis des Juifs
qui soutiennent Israël et l’instabilité politique poussent les Juifs à quitter
le Maroc pour la France, Israël, le Canada et les États- Unis. En 1977, il ne
reste plus que vingt-cinq mille Juifs.
En 1982, au sommet arabe de Fès, Hassan II présente un plan de paix. La
reconnaissance d’Israël y est implicite. Il est le premier dirigeant arabe à
recevoir des hommes d’État israéliens, comme Yitzhak Rabin et Shimon Peres. En
1999, Mohamed VI remplace son père. Il continue sa politique. Avec la deuxième
Intifada, le processus de normalisation diplomatique entre Rabat et Jérusalem
est gelé, ce qui provoque des tensions dans le pays. Robert Assaraf, de Radio
Shalom, commente : «La série d’attentats en 2003 a secoué la communauté juive
marocaine. Attribués à Al-Qaïda, ils ont visé des symboles, comme le cimetière
de Bab Jdid et l’Alliance juive de Casablanca. Cela ne m’a pas empêché d’y retourner.
Le Maroc, c’est le pays de mes racines et de mes aïeux. J’ai toujours été en
contact avec les hauts dignitaires du Maroc, comme Hassan II. Lui seul a
compris que la paix entre Juifs et musulmans devait passer par la paix avec
Israël. »
Une communauté toujours vivante Aujourd’hui, les Juifs marocains sont des
citoyens à part entière. Une petite communauté réside à Rabat, Marrakech,
Agadir, Meknès. Mais c’est à Casablanca, métropole économique, que vivent
quatre mille Juifs.
La communauté est structurée, avec ses différentes institutions, comme
l’explique Georges Asseraf, de l’association Néomaroc : Le Conseil des
communautés israélites a créé la Fondation du patrimoine culturel
judéo-marocain afin d’entretenir les synagogues et les cimetières. Il y a un
réseau d’écoles et des commerces. La communauté vit en harmonie avec ses
voisins musulmans mais ils ne se connaissent plus. Les jeunes voient le Juif
comme un exotisme, ils ignorent l’empreinte de l’histoire juive dans la nation.
Avec la montée de l’islamisme dans les universités, des aides ont été accordées
pour favoriser l’alyah. » Chaque année, les expatriés venus du monde entier se
retrouvent autour de tombeaux de saints situés à Ouezzane, Essaouira ou
Taroudant pour fêter la hiloula, version juive du moussem, qui rappelle les
fastes du passé et commémore l’attachement à la terre des ancêtres.
Pour David Tolédano, directeur d’entreprise à Rabat, «il ne faut pas dire que c’est terminé et continuer à faire des choses ». Plusieurs associations comme, celle des Juifs de Safi et de Casablanca, ont été créées afin de faciliter les «retrouvailles» avec le Maroc.
Source : site Darnna.com,
http://www.darnna.com/histoire.htm