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08 janvier 2013

"Construire" par Gérard Akoun



Le gouvernement Israélien multiplie, depuis deux semaines, les annonces  de nouvelles constructions à Jérusalem Est  et en Cisjordanie. Une des  dernières en date concerne 1500 unités de logement à Ramat Shlomo. Pour mémoire,  rappelons que ce projet date de 2010, et qu’il avait été annoncé alors même que Joe Biden, le vice président des Etats Unis, se trouvait en voyage officiel en Israël. Un pur hasard du calendrier, parait il, qui avait provoqué la colère des Américains. A l’époque Benyamin Netanyahou avait expliqué, pour calmer le jeu, que ce projet avait été annoncé par une commission du ministère de l’intérieur, sans pouvoir décisionnaire et  qu’il aurait  besoin d’être validé. C’est fait depuis le début de la semaine, les appels d’offres vont pouvoir être lancés. Le Premier ministre annonce de nouvelles constructions, la municipalité de Jérusalem en fait autant. 
L’ONU condamne, bien sur. La France, la Grande Bretagne, l’Allemagne et le Portugal, tous quatre membres du Conseil de Sécurité, préparent une déclaration commune pour condamner ces constructions qu’ils jugent illégales. Les Etats Unis, quant à eux, et c’est le plus grave, considèrent qu’il s’agit là de gestes de provocation vis-à-vis des Palestiniens mais aussi à leur égard. On leur tient, discrètement,  le même discours lénifiant, ces décisions ne seront suivies d’effets que dans plusieurs mois ou plusieurs années ou même, pas du tout. Ce seraient des décisions à but électoral - en France on se contente de faire des promesses -, qui permettraient à la coalition Likoud-Beteinou de ne pas être débordée sur sa droite par le parti Habaiyt Hayehudi, crédité dans les sondages de quinze sièges. Son président  Naftali Bennett ne déclare t’il pas « il faut continuer à construire à Jérusalem, dans les territoires. Ce qui entraine l’isolement international d’Israël, ce ne sont pas les constructions mais la schizophrénie des gouvernants ». Les Palestiniens, eux, ont annoncé leur intention de saisir le Conseil de Sécurité, il est possible même que, comme le permet leur nouveau statut d’observateur non membre , ils puissent recourir à la Cour Pénale Internationale. C’est dire que dans les mois à venir, avec un Hamas en embuscade, dont les chefs sont en concurrence pour prendre la direction de l’OLP, il n’y aura pas de reprises des négociations avec l’Autorité palestinienne.
Le parti travailliste condamne ces annonces, Tsipi Livni, la présidente du nouveau parti du centre HaTnouah s’en inquiète car elles isolent Israël, elle ajoute «  il ne faut pas jeter l’argent public pour quelques maisons sur une colline ou pour une route menant à une localité qui ne fera pas partie d’Israël lors de tout accord final ». En fait, en focalisant la campagne électorale sur les problèmes de construction et de sécurité, la coalition au pouvoir fait en sorte que l’on ne parle pas des méfaits, sur le plan économique et social, de la politique libérale à outrance menée depuis de nombreuses années. Les couches moyennes se sont appauvries et les pauvres sont devenus encore plus pauvres. Shimon Peres vient de lancer un cri d’alarme, en 2011 900.000 petits Israéliens vivaient sous le seuil de pauvreté, c’est quatre fois plus qu’il y a trente ans et la population israélienne n’a pas augmenté dans les mêmes proportions. A Tel Aviv on a installé des tentes, provisoirement, pour accueillir des SDF. Est ce  digne de la "Start- up Nation" ?
La campagne électorale va porter sur les constructions dans les implantations et la sécurité d’Israël, puisque, selon la coalition au pouvoir, les deux sont liés : mais ne faudrait il pas, aussi, débattre de la faiblesse du peuplement juif en Galilée et dans le Néguev, qui constitue  un véritable danger pour Israël ? Il suffit de circuler en voiture, pour se rendre compte du développement  des villages arabes. Selon un article de notre consœur Pascale Zonszain dans "Actualité Juive" du 13 décembre, les Arabes, les Bédouins ont construit illégalement plus de 150.000 maisons individuelles et immeubles d’habitation en Galilée et dans le Néguev. Souhaite-t-on qu’à terme ces régions demandent leur autonomie ou leur rattachement à un état de Palestine quand les Arabes y seront majoritaires ? Ne faudrait il pas mieux  organiser, faciliter le peuplement juif de ces territoires qui ne sont ni disputés ni contestés, alors que le devenir des autres, que ça plaise ou non  reste aléatoire ? 

Gérard Akoun    

Judaïques FM 94.8 le 20 décembre 2012