Nicolas Sarkozy vient d'essuyer un véritable camouflet, et le mot est faible, de la part du Président libyen que la France avait accueilli avec tous les honneurs, acceptant de céder à tous ses caprices, sans relever ses manquements aux règles de la bienséance. Le Président de la République espérait sans doute, en retour, un soutien de la part de Kadhafi à sa grande initiative de politique internationale, l'Union Méditerranéenne, qui s'est transformée en Union Pour la Méditerranée, devant l'hostilité de l'Allemagne et des pays de l'Europe centrale à sa première version. Eh bien, il n'en est rien ! Pas de renvoi d'ascenseur ! Au cours d'une réunion organisée à l'initiative de la Libye, mardi dernier, pour permettre aux pays arabes d’établir une position commune avant la proclamation officielle de l'Union Pour la Méditerranée le 13 juillet à Paris, le Président libyen a dénoncé devant les présidents syrien, mauritanien, tunisien et le premier ministre marocain, ce projet comme « un affront » pour les pays de la rive sud de la Méditerranée. Il a précisé « nous ne faisons pas partie de Bruxelles, s'ils veulent coopérer avec nous, ils doivent passer par notre Ligue Arabe, au Caire, où par notre Union Africaine à Addis-Abeba, mettant ainsi en parallèle pour une négociation l'Union Européenne et l'Union Arabe ou Africaine. Il a enrichi son florilège diplomatique, en ajoutant « nous ne sommes ni des affamés ni des chiens pour qu’ils nous jettent des os » à propos de projets économiques commun. Et dire que nous avons proposé de lui construire des centrales nucléaires !
Que de légèreté, de naïveté dans la conduite de notre diplomatie !
Que de légèreté, de naïveté dans la conduite de notre diplomatie !
Nicolas Sarkozy persévère dans la même voie et sur un terrain bien plus miné. Il s’agit bien entendu de la reprise des relations avec la Syrie et du Liban. Bashar al-Assad, le Président syrien, est invité à Paris pour assister le 13 juillet à la conférence, c’est normal, mais dit on il le serait aussi pour assister au défilé du 14 juillet. Le remercie-t-on ainsi, pour avoir permis, qu’enfin soit élu au Liban un président, le général Michel Sleimane, un proche de Bashar al-Assad, il le dit lui-même après que le Hezbollah ait gagné sur toute la ligne, en obtenant la minorité de blocage au sein du gouvernement et le droit de garder sa milice armée ? Cela n’a pas grande importance, puisque comme l'a déclaré Nicolas Sarkozy « la France est l'amie de tous les Libanais sans exception » y compris le Hezbollah, toujours inscrit sur la liste des organisations terroristes !
En renouant ses relations avec la Syrie, la France espère sans doute reprendre pied au Moyen-Orient, redevenir un interlocuteur crédible et pouvoir ainsi, assurer la stabilité du Liban et peut-être, arriver à rompre l'axe irano-syrien. La Syrie, quant à elle, a besoin d'améliorer son image, de démontrer à son opinion publique, car il y en a une, qu’elle fait preuve de bonne volonté pour sortir de son isolement, de son tête-à-tête avec l'Iran et même de son conflit avec Israël ; mais je crois que Nicolas Sarkozy court vers de nouvelles déconvenues, à l’image de celles qu’il connaît avec Kadhafi, parce que Bashar al-Assad ne peut se permettre une normalisation de ses relations avec l'Union Européenne ou les États-Unis, pas plus d'ailleurs qu'avec Israël car elle ferait souffler sur son pays un vent de liberté, qui le chasserait du pouvoir.
Mais on peut toujours négocier avec lui comme le fait, d'ailleurs Israël, sans jamais oublier le précepte : lorsque l'on dîne avec le Diable, il faut avoir une longue cuillère.
Gérard Akoun
Judaïques FM, le 12 juin 2008
En renouant ses relations avec la Syrie, la France espère sans doute reprendre pied au Moyen-Orient, redevenir un interlocuteur crédible et pouvoir ainsi, assurer la stabilité du Liban et peut-être, arriver à rompre l'axe irano-syrien. La Syrie, quant à elle, a besoin d'améliorer son image, de démontrer à son opinion publique, car il y en a une, qu’elle fait preuve de bonne volonté pour sortir de son isolement, de son tête-à-tête avec l'Iran et même de son conflit avec Israël ; mais je crois que Nicolas Sarkozy court vers de nouvelles déconvenues, à l’image de celles qu’il connaît avec Kadhafi, parce que Bashar al-Assad ne peut se permettre une normalisation de ses relations avec l'Union Européenne ou les États-Unis, pas plus d'ailleurs qu'avec Israël car elle ferait souffler sur son pays un vent de liberté, qui le chasserait du pouvoir.
Mais on peut toujours négocier avec lui comme le fait, d'ailleurs Israël, sans jamais oublier le précepte : lorsque l'on dîne avec le Diable, il faut avoir une longue cuillère.
Gérard Akoun
Judaïques FM, le 12 juin 2008