- juin 2008
Lors de mon interview d’Albert Soued que vous avez pu suivre dimanche dernier, nous avons évoqué le président Bashar al-Assad, auquel l’auteur avait consacré un article le 15 avril 2003 - article repris dans l’ouvrage « Quand le Moyen-Orient verra-t-il la lumière ? ».
L’auteur débutait cet article en évoquant une expression savoureuse en Arabe, « Twil wéhbil », à traduire par : « Quand on est très grand avec un long cou, on a tendance à être plutôt sot ». Et bien entendu, le rapprochement était facile avec le dictateur de Damas, cible des caricaturistes qui le représentent souvent avec un cou de girafe ... comme Cox, dessinateur talentueux dont je reprends la série ce mois-ci.
Mais justement, et je m’en suis ouvert à Albert Soued, est-ce que vraiment on peut continuer de prendre Assad junior pour un imbécile ? Chassé du Liban par la grande porte après l’assassinat de Rafik Hariri qu’il a très probablement commandité, il est en train de rentrer par la fenêtre, après une série d’assassinats, la mise en orbite de son obligé ex-chef d’état major Michel Sleimane, et le dernier coup de force du Hezbollah qui revient en force au gouvernement. Faisant le gros dos après la chute de Saddam Hussein, il a entretenu, sans dommages, la guérilla sunnite en Irak. Sans avoir tiré un seul missile, il risque de récupérer le Golan tout en ne rompant pas, franchement, avec l’Iran - en tout cas bien malin qui pourra deviner comment finiront les négociations entamées avec Israël. Enfin, chef d’un régime ayant sponsorisé pratiquement toutes les mouvances terroristes du Proche-Orient, il est admis parmi les chefs d’état fréquentables en Occident - et il va même assister à la parade du 14 juillet !
Alors ? Twil wéhbil, vraiment ?
J.C