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06 mars 2007

Les valeurs européennes face au nucléaire iranien, par Cynthia Fleury

Cytnhia Fleury

Introduction :
J’ai évoqué à plusieurs reprises l’action du collectif « Appel aux dirigeants européens » (cliquer sur le libellé ci-dessous pour avoir accès à l’ensemble des articles), et j’ai reçu il y a quelques semaines un recueil intitulé «Fermeté face à l’Iran » (Editions Le Manuscrit, © Le Cercle), contenant l’ensemble des textes écrits par les intellectuels engagés dans ce collectif. J’avais entendu certains d’entre eux à Sciences Po le 14 décembre dernier, d’autres absents ont tenu à faire parvenir une contribution, et je publierai sur le blog quelques extraits de certains auteurs.
Aujourd’hui, j’ai choisi de commencer par l’intervention de Cynthia Fleury, que j’ai jugée particulièrement intéressante, à plusieurs titres. Jeune et brillante (elle a 32 ans), cette philosophe ne s’est pas laissée enfermer dans des réflexions théoriques et solitaires. Elle enseigne à Sciences-Po et à l’American University of Paris, et elle est l’auteur principal ou associée de plusieurs ouvrages sur les relations entre cultures ou sur les systèmes politiques. En voici une compilation incomplète : « Dialoguer avec l’Orient » (PUF, 2003) ; deux ouvrages auxquels j’ai consacré deux émissions dans ma série, « L’Islam en France » (hors série de la revue Cités, 2004, sous la direction d’Yves Charles Zarka), et « Difficile tolérance » (Editions PUF, 2004, toujours sous la direction d’Y.C. Zarka) ; et deux oeuvres récentes, un essai intitulé « Les pathologies de la démocratie » (Editions Fayard) et aux PUF, « Imagination, imaginaire, imaginal ». Collaboratrice du « Web de l’Humanité » (donc a priori fortement marquée à gauche), elle ne donne pas du tout dans le « politiquement correct », bien silencieux lorsqu’il s’agit des menaces de l’Iran ou des pressions de l’islam politique dans notre pays. Son intervention à Sciences Po a mis, clairement, l’Europe face à ses responsabilités à propos de l’Iran. Et elle m’a d’autant plus frappée que ces paroles, très fermes, étaient dites par une jeune femme à l’apparence frêle et fragile !
Extrait ...
J.C

« Aujourd’hui, les Européens souffrent de voir cette Europe se renier elle-même, renier ses idéaux quand elle hésite à affronter l’Iran sur la question nucléaire. Pour la communauté européenne, cela devrait être un point de solidité absolue, voire la préfiguration de ce que pourrait être une diplomatie européenne unifiée. Céder sur le nucléaire iranien, c’est céder sur nos valeurs, sur ce qui fait la base de notre union, sur nos fondamentaux. Car s’il est au final illégitime d’empêcher les uns d’accéder au nucléaire civil et militaire (dissocier les deux ne sert à rien car pour accéder à un niveau de développement de la société iranienne, il lui faut en passer par un nucléaire dont le niveau d’uranium enrichi peut être utilisé à bon ou à mauvais escient), alors que d’autres y accéderaient, il est en revanche tout à fait légitime d’empêcher tous ceux qui déclarent conjointement à la demande d’accession au nucléaire l’éradication d’un Etat relevant de la communauté internationale. Cette opération qui consiste à désarticuler le droit à la souveraineté nucléaire et le discours d’éradication d’un Etat, en somme l’appel au développement et l’appel à la guerre, est proprement malhonnête, dangereux et annihilant pour nous - peuples de la paix et du pacte social - qui mettons dans la parole et dans le dialogue nos espoirs, notre dignité, notre exigence. Pour l’Europe de la norme, la parole faît politique, fait acte. La parole est solennelle. »

Cynthia Fleury