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16 janvier 2015

Juifs assassinés : deux amies musulmanes réagissent

Yoav Hattab (z"l)
 
Je n'ai pas l'intention, dans un bref article, de copier ici l'ensemble de messages de condamnation, solidarité et réconfort reçus à titre institutionnel - j'anime comme vous le savez la "Commission pour les Relations avec les Musulmans" du CRIF - ou personnels : clairement, en ces circonstances comme hélas en d'autres dans le passé, et il faut le craindre aussi, dans le futur, la majorité silencieuse de nos compatriotes musulmans ont été horrifiés par ce qui s'est passé, et toutes leurs instances officielles l'ont dit, écrit et répété.
Je voudrais juste porter à votre connaissance deux articles magnifiques, écrits spécifiquement à propos des victimes de l'Hypercasher de la porte de Vincennes : trois d'entre aux - Yohann Cohen, François-Michel Saada et Yoav Hattab - étaient soit natifs de Tunis, soit originaires de ce pays. Cela a bouleversé deux amies musulmanes, j'y reviens juste après. A noter aussi que deux victimes de l'attentat contre "Charlie-Hebdo" - le dessinateur Wolinski et la psychanalyste Elsa Cayat - étaient également juives, également d'origine tunisienne, mais n'ont pas été assassinées à ce titre. 

Voir cet article qui donne un portrait des quatre assassinés de l'hypermarché.

Une des victimes, Yoav Hattab (22 ans), fils du grand Rabbin de Tunis, a particulièrement ému tous ceux qui pleurent ces victimes, en raison de son âge et de la malchance qu'il a eu de mourir en France, loin de sa famille. Il a fait aussi l'objet de certaines polémiques indécentes en Tunisie, en raison de son inhumation à Jérusalem, au cimetière du Mont des Oliviers.

Deux amies musulmanes ont réagi par des articles, chacune à sa façon :

- Sara Horchani a écrit ce vibrant hommage, "Je suis Yoav", où elle dit sa colère face à ces polémiques, et surtout le manque de fraternité exprimée à la fois parmi les leaders et dans la société profonde du pays, comme si la Tunisie reniait ses enfants juifs ; comme elle l'écrit : "Elles sont ridicules ces leçons de patriotisme données à ces amoureux de la Tunisie qui lui donnent tant. Et pourtant, que d'injustices sont subies par nos concitoyens. Parce qu'ils sont juifs. La discrimination dans les lois, l'interdiction de se présenter aux élections présidentielles; de servir dans l'armée, dans la pratique pas accès à la fonction publique. Quelle tristesse ces synagogues et ces cimetières laissées à l'abandon. C'est une partie de l'Histoire de la Tunisie qu'on laisse à l'abandon." 

- Chaimae Bouazzaoui, jeune journaliste marocaine vivant à Tunis, m'a souvent envoyé des articles que vous avez pu lire ici. J'ai eu le plaisir de la retrouver comme bloggeuse sur le "Times of Israël", qui accueille des signatures de toutes les opinions, et religions, ce qui est à l'honneur de ce journal. Elle retrace elle-aussi ces débats internes chez les Tunisiens, tout en relevant aussi que certains n'ont pas du tout condamné ce choix de Jérusalem pour l'enterrement de Yoav. Mais surtout, son article est émouvant car elle a connue personnellement la famille Hattab, et je sais qu'elle a été très traumatisé par le malheur qui l'a frappée : lire son article ici.

J.C