Nous voici déjà revenus à la période qui précède les grandes fêtes de l’automne, et à ce moment un peu particulier de l’année juive qui précède Roch Hachana. Le mois d’Eloul est emprunt d’une certaine gravité, c’est un peu le moment des bilans et, même si à titre personnel, je n’ai aucune prétention pour traiter de sujets religieux qui sont loin de la thématique de cette émission, j’essaie - et vous avez du le remarquer - de recevoir de préférence des personnalités de notre communauté à cette période. L’année dernière, j’avais reçu le nouveau président du CRIF, Richard Prasquier, et j’aurai dimanche prochain un invité très attachant qui a écrit un livre original, Hervé élie Bokobza.
Hervé élie Bokobza est, contrairement à moi un homme de foi, très érudit en matière de Judaïsme puisqu’il a étudié dans une yéshiva dès l’âge de quinze ans. Il a fait des études universitaires religieuses aux États-Unis, il a étudié aussi à Jérusalem et ses textes consacrés à l’enseignement du Talmud, écrits en hébreu, ont été salués par les plus hautes autorités juives. Il vient de publier aux éditions « L’œuvre spirituelle » un ouvrage au titre choc : « Israël - Palestine, la paix à la lumière de la Torah ». Il y aborde, à travers une analyse approfondie des écritures sacrées du Judaïsme, la Torah, le Talmud et les commentaires, depuis Maïmonide jusqu’à des personnalités plus contemporaines, une question fondamentale : est-ce que nos textes fondateurs permettent un compromis territorial avec les Palestiniens ? Sa thèse est que la Loi religieuse juive ne fait pas obstacle au partage de la Terre d’Israël et cette thèse va à l’encontre de la sensibilité dominante, en France, chez les plus pratiquants de notre communauté.
On pourra se rapporter, à propos de ce livre :
- à la critique très fouillée de mon ami Jean-Pierre Allali sur le site du CRIF - aller sur ce lien ;
- au blog qu’Hervé élie Bokobza a consacré à son livre : http://paix-torah.blogspot.com/
Alors le sujet est trop important, et ce livre pose trop de questions pour qu’on y consacre seulement 25 minutes. Dans la première émission, nous allons rester au plus près de cet ouvrage, et rester très « judéo juifs ». Mais dans la prochaine émission, qui sera diffusée le 18 septembre, nous parlerons de façon plus concrète des perspectives de paix et de réconciliation, aussi bien entre Israéliens et Palestiniens qu’entre Juifs et Arabes.
Parmi les questions qui seront posées dimanche prochain :
- Pourquoi un tel livre, dans la mesure où on a l’impression que, en gros, ce conflit entre deux peuples revendiquant la même terre minuscule, est devenu encore plus inextricable depuis que les courants religieux sont montés en puissance, aussi bien en Israël que chez les Palestiniens ?
- L’auteur cite un étrange passage du Talmud, où il est dit « de même qu’il est interdit de quitter la terre d’Israël vers tout autre pays, il est interdit de quitter Babylone pour les autres pays » : d’abord est-ce que, avec la longue et sanglante histoire de l’antisémitisme, les Juifs ont vraiment eu le choix de vivre en Israël ou ailleurs ? Et ensuite, dans la période actuelle où on assiste au retour d’un antisionisme radical, est-ce qu’il n’est pas imprudent de publier de telles citations ?
- A propos de la référence donnée au penseur Yeshayahu Leibowitz, grand pourfendeur du Sionisme religieux : est-ce que l’on n’est pas en plein dans une confusion entre « patriotisme » et « nationalisme », car on peut aimer son peuple et vouloir qu’il reste libre, sans mépriser les autres peuples et vouloir les asservir ?
- Que représentent, en nombre et en influence, les adeptes de la secte antisioniste des « Netureï Karta », dont une délégation s’est tristement illustrée en participant à Téhéran à une pseudo conférence négationniste (lire sur le blog) ?
Un entretien passionnant, que vous serez je l’espère très nombreux à suivre dimanche prochain.
J.C