C’est avec peine que je viens d’apprendre la disparition, ce 9 juillet, d’André Chouraqui, écrivain, grand humaniste et militant infatigable du dialogue interreligieux.
Je ne l’aurais jamais rencontré en tête à tête, mais me reviennent en mémoire un discours, prononcé à l’occasion d’une manifestation communautaire à l’Hôtel de Ville de Paris, et surtout une émission, diffusée le 15 juillet 2001 sur Judaïques FM. J’avais intitulé ce numéro « Un message de Paix depuis Jérusalem », et effectivement c’est depuis la capitale israélienne que nous avions eu au bout du fil cette personnalité exceptionnelle, Emile Moatti - qui était un ami de l’invité et avait assuré le contact -, et moi-même. « Message de Paix » à remettre dans le contexte : neuf mois après l’éclatement de « l’Intifada des Mosquées », nous nous bercions de l’illusion que ce n’était qu’une vague de violence limitée dans le temps - il est vrai que la terreur dans les villes d’Israël, et singulièrement à Jérusalem où vivait André Chouraqui, n’avait pas encore atteint son paroxysme ... Je me souviens, aussi, l’avoir évoqué l’année suivante en recevant un invité algérien exceptionnel de courage, l’écrivain et homme de théâtre Slimane Benaïssa, qui alla en Israël à sa rencontre - ils publièrent ensemble la pièce « l’avenir oublié » !
Né en 1917 à Ain-Temouchent en Algérie, installé depuis 1958 à Jérusalem, Chouraqui a eu une existence extraordinairement riche, construisant année après année une personnalité pluridimensionnelle, à la fois intellectuel français, acteur juif engagé et oriental inconsolable de ses racines nord-africaines ... une triple dimension, propre aux Juifs de ce pays et évoquée lors de mes dernières interviews de l’historien Benjamin Stora, dont on entendra la deuxième partie dimanche prochain. Sa carrière d’écrivain, très prolifique, a été nourrie par des responsabilités concrètes, puisqu’il fut successivement Secrétaire Général Adjoint de l’Alliance Israélite Universelle, Président de l’Alliance Française de Jérusalem et Maire adjoint de cette ville. Il fut également un des pères fondateurs de la « Fraternité d’Abraham » évoquée en lien sur ce blog à l’occasion de son quarantième anniversaire. A la fois utopiste et généreux, il a vécu près d’un demi-siècle dans la Ville Sainte, rempli d’une curiosité féconde pour les deux autres religions monothéistes, le christianisme et l’islam : c’est ainsi, en particulier, qu’il a publié des traductions monumentales, à la fois des Évangiles et du Coran ! Il a également écrit une « lettre à un ami arabe » (1968), qui date bien sûr un peu avec la distance. Et nous lui devons, aussi, une monumentale "Histoire des Juifs d'Afrique du Nord", qui a connu plusieurs rééditions.
Je ne peux que vous recommander de visiter le site qui lui est consacré en allant à cette adresse ... un site extraordinairement riche, avec une bibliographie très complète et une anthologie comprenant, en particulier, un extrait de sa "lettre à un ami arabe".
Pour être tout à fait complet, il faut aussi dire qu’il avait rêvé il y a quelques années à une « confédération à deux ou trois - Israël, Palestine, Jordanie », ayant Jérusalem comme capitale (lire ici) : mais avait-il conservé de telles et utopiques idées, après les terribles années que vient de vivre le Proche-Orient ?
Je ne l’aurais jamais rencontré en tête à tête, mais me reviennent en mémoire un discours, prononcé à l’occasion d’une manifestation communautaire à l’Hôtel de Ville de Paris, et surtout une émission, diffusée le 15 juillet 2001 sur Judaïques FM. J’avais intitulé ce numéro « Un message de Paix depuis Jérusalem », et effectivement c’est depuis la capitale israélienne que nous avions eu au bout du fil cette personnalité exceptionnelle, Emile Moatti - qui était un ami de l’invité et avait assuré le contact -, et moi-même. « Message de Paix » à remettre dans le contexte : neuf mois après l’éclatement de « l’Intifada des Mosquées », nous nous bercions de l’illusion que ce n’était qu’une vague de violence limitée dans le temps - il est vrai que la terreur dans les villes d’Israël, et singulièrement à Jérusalem où vivait André Chouraqui, n’avait pas encore atteint son paroxysme ... Je me souviens, aussi, l’avoir évoqué l’année suivante en recevant un invité algérien exceptionnel de courage, l’écrivain et homme de théâtre Slimane Benaïssa, qui alla en Israël à sa rencontre - ils publièrent ensemble la pièce « l’avenir oublié » !
Né en 1917 à Ain-Temouchent en Algérie, installé depuis 1958 à Jérusalem, Chouraqui a eu une existence extraordinairement riche, construisant année après année une personnalité pluridimensionnelle, à la fois intellectuel français, acteur juif engagé et oriental inconsolable de ses racines nord-africaines ... une triple dimension, propre aux Juifs de ce pays et évoquée lors de mes dernières interviews de l’historien Benjamin Stora, dont on entendra la deuxième partie dimanche prochain. Sa carrière d’écrivain, très prolifique, a été nourrie par des responsabilités concrètes, puisqu’il fut successivement Secrétaire Général Adjoint de l’Alliance Israélite Universelle, Président de l’Alliance Française de Jérusalem et Maire adjoint de cette ville. Il fut également un des pères fondateurs de la « Fraternité d’Abraham » évoquée en lien sur ce blog à l’occasion de son quarantième anniversaire. A la fois utopiste et généreux, il a vécu près d’un demi-siècle dans la Ville Sainte, rempli d’une curiosité féconde pour les deux autres religions monothéistes, le christianisme et l’islam : c’est ainsi, en particulier, qu’il a publié des traductions monumentales, à la fois des Évangiles et du Coran ! Il a également écrit une « lettre à un ami arabe » (1968), qui date bien sûr un peu avec la distance. Et nous lui devons, aussi, une monumentale "Histoire des Juifs d'Afrique du Nord", qui a connu plusieurs rééditions.
Je ne peux que vous recommander de visiter le site qui lui est consacré en allant à cette adresse ... un site extraordinairement riche, avec une bibliographie très complète et une anthologie comprenant, en particulier, un extrait de sa "lettre à un ami arabe".
Pour être tout à fait complet, il faut aussi dire qu’il avait rêvé il y a quelques années à une « confédération à deux ou trois - Israël, Palestine, Jordanie », ayant Jérusalem comme capitale (lire ici) : mais avait-il conservé de telles et utopiques idées, après les terribles années que vient de vivre le Proche-Orient ?
J.C