Les lecteurs réguliers ou occasionnels de ce blog ont pu le constater : je n'apprécie pas, de manière générale, les prises de position de ce quotidien dit "de référence", et en particulier sa sensibilité à mi chemin entre les racines "chrétiennes de gauche" des origines du journal (avec une tendance à l'autoflagellation dès que sont abordées les questions de société) et un tiers-mondisme, certes un peu en retrait par rapport aux années Edwy Plenel (qui a fait prendre, souvent, les vessies islamistes pour des lanternes progressistes) ...
Je n'en suis que plus libre de reconnaitre la qualité d'un éditorial tel que celui publié dans l'édition du 19 juillet, et qui traite de la "grâce" accordée aux infirmières bulgares et au médecin palestinien (naturalisé bulgare récemment par Sofia, pour bénéficier d'une future mise en liberté). On peut, hélas, mettre encore des guillemets à cette grâce, car ces six innocents sont encore emprisonnés ; et on ne sera tranquille que lorsqu'ils auront quitté la Libye.
Mais je vous laisse découvrir cet éditorial dans lequel je reconnais parfaitement mes propres sentiments, ayant largement traité de cette affaire ici (voir les articles sur le lien en libellé).
J.C
J.C
La justice libyenne a décidé, mardi 17 juillet, de commuer en peine de prison à vie la sentence de mort qui avait été prononcée à l'encontre des cinq infirmières bulgares et du médecin palestino-bulgare détenus depuis 1999 sur l'accusation d'avoir inoculé volontairement le virus du sida à 438 enfants libyens. C'est une bonne nouvelle. Les pays européens, dont la France, ont raison de se réjouir d'une annonce qui laisse espérer un dénouement favorable à ce double drame, avec une éventuelle prochaine extradition des six prisonniers vers la Bulgarie.
Car il s'agit bien d'un double drame : celui des enfants libyens malades (dont 56 sont décédés) et de leurs proches ; celui des six employés médicaux étrangers pris dans la nasse d'un pouvoir libyen qui s'est livré à de sombres et cyniques calculs, relevant tour à tour de la prise d'otages et du racket à l'échelle internationale. Ces infirmières, ce médecin, aujourd'hui tous ressortissants de l'Union européenne, puisque la Bulgarie en est membre depuis le 1er janvier, ont toujours clamé leur innocence. Leurs aveux, lors du simulacre de procès organisé en Libye, ont été arrachés sous la torture : passages à tabac, chocs électriques, sévices sexuels.
Si la justice libyenne a décidé de faire jouer des notions traditionnelles de "pardon du sang" présentes dans la culture islamique pour commuer la peine, en se basant sur l'assentiment des familles des enfants malades, il n'en reste pas moins que les six prisonniers restent jugés coupables. Ils n'ont pas été blanchis, ce qui en soi est un scandale. Des experts éminents du sida, comme le professeur Montagnier, ont en effet démontré que l'accusation était absurde, et que l'infection des enfants était due aux conditions sanitaires déplorables de l'hôpital de Benghazi.
Nicolas Sarkozy pourrait prochainement se rendre en Libye, dans le cadre d'une tournée africaine, a-t-on appris de source libyenne, sans que l'Elysée, mercredi 18 juillet au matin, n'ait souhaité commenter. M. Sarkozy avait auparavant, le 12 juillet, dépêché son épouse Cécilia auprès du "Guide" libyen. Ce voyage a été perçu, à juste titre, par ceux qui, à Bruxelles, au niveau européen, ne ménageaient pas leurs efforts depuis longtemps sur le dossier des infirmières, comme une tentative de récupération médiatique.
Au-delà des déclarations de satisfaction qui ne manqueront pas de s'exprimer si les six prisonniers rentrent dans leur pays, bien des questions restent sans réponse. On peut ainsi se demander jusqu'où, en réalité, les pays européens qui ont versé d'importantes sommes d'argent au régime de Tripoli, d'autres ayant effacé des créances qu'ils tenaient sur la Libye, ont cédé au chantage.
Car il s'agit bien d'un double drame : celui des enfants libyens malades (dont 56 sont décédés) et de leurs proches ; celui des six employés médicaux étrangers pris dans la nasse d'un pouvoir libyen qui s'est livré à de sombres et cyniques calculs, relevant tour à tour de la prise d'otages et du racket à l'échelle internationale. Ces infirmières, ce médecin, aujourd'hui tous ressortissants de l'Union européenne, puisque la Bulgarie en est membre depuis le 1er janvier, ont toujours clamé leur innocence. Leurs aveux, lors du simulacre de procès organisé en Libye, ont été arrachés sous la torture : passages à tabac, chocs électriques, sévices sexuels.
Si la justice libyenne a décidé de faire jouer des notions traditionnelles de "pardon du sang" présentes dans la culture islamique pour commuer la peine, en se basant sur l'assentiment des familles des enfants malades, il n'en reste pas moins que les six prisonniers restent jugés coupables. Ils n'ont pas été blanchis, ce qui en soi est un scandale. Des experts éminents du sida, comme le professeur Montagnier, ont en effet démontré que l'accusation était absurde, et que l'infection des enfants était due aux conditions sanitaires déplorables de l'hôpital de Benghazi.
Nicolas Sarkozy pourrait prochainement se rendre en Libye, dans le cadre d'une tournée africaine, a-t-on appris de source libyenne, sans que l'Elysée, mercredi 18 juillet au matin, n'ait souhaité commenter. M. Sarkozy avait auparavant, le 12 juillet, dépêché son épouse Cécilia auprès du "Guide" libyen. Ce voyage a été perçu, à juste titre, par ceux qui, à Bruxelles, au niveau européen, ne ménageaient pas leurs efforts depuis longtemps sur le dossier des infirmières, comme une tentative de récupération médiatique.
Au-delà des déclarations de satisfaction qui ne manqueront pas de s'exprimer si les six prisonniers rentrent dans leur pays, bien des questions restent sans réponse. On peut ainsi se demander jusqu'où, en réalité, les pays européens qui ont versé d'importantes sommes d'argent au régime de Tripoli, d'autres ayant effacé des créances qu'ils tenaient sur la Libye, ont cédé au chantage.
Le Monde, 19 juillet 2007