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19 février 2011

Où va le Maghreb après la révolution tunisienne ? Pierre Vermeren sera mon invité le 27 février

Manifestation à Alger (cliché copyright STR/AFP)
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Nous allons enfin aborder les évènements extraordinaires qui ont mis le monde arabe au premier plan de l'actualité ces dernières semaines. Révolution en Tunisie, renversement de Hosni Moubarak, émeutes dans plusieurs pays , il va falloir parler de tout cela mais en essayant d'aborder les choses en profondeur, avec des invités qualifiés et à chaque fois en prenant un angle précis de réflexion. Nous parlerons de l'onde de choc au Moyen-Orient lors de notre prochaine émission, le 13 mars, puis deux semaines plus tard le numéro de "Rencontre" sera exclusivement consacré à la Tunisie. Dimanche prochain, nous allons parler du Maghreb, en voyant si la "Révolution du jasmin" peut gagner, à leur tour l'Algérie et le Maroc, et mon invité sera Pierre Vermeren. Mes auditeurs fidèles le connaissent bien car il est venu souvent sur mon plateau, rappelons qu'il est historien de formation, arabisant, et maître de conférences en histoire du Maghreb contemporain à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. J'avais fait sa connaissance il y a déjà plus de six ans, autour de son livre au titre bien en phase avec l'actualité : "Maghreb, la démocratie impossible ? ," publié aux éditions Fayard. Il est un des seul experts français à avoir posé, à l'époque, le scandale de l'absence de libertés dans ces pays si proches du notre, mal connus malgré les liens historiques et économiques, et pourtant traités avec tellement de condescendance. Mais il y a un autre raccourci que je voudrais évoquer ici : il m'envoie, de temps en temps, un article que je publie sur ce blog : or j'ai publié le 10 janvier, soit juste avant la chute de Ben Ali un texte titré "En attendant Godot", et écrit alors que personne ne prévoyait ni son départ ni celui de Moubarak ; il disait, je le cite : "Désarmée, endettée, sans vision manifeste et sans illusion, l’Europe est spectatrice. Or une grande alternance se prépare au Sud de la Méditerranée. Les Présidents d’Égypte, d’Algérie et de Tunisie doivent passer la main entre 2011 et 2014." Tout s'est précipité depuis, la grande alternance s'est faite brutalement, et nous allons y revenir ensemble.

Parmi les questions que je poserai à Pierre Vermeren :

- Personne n'a vu venir la révolution tunisienne, mais personne non plus n'avait prévu les grandes révolutions, 1789, la révolution bolchévique, la chute des régimes d'Europe de l'Est, etc. Pourquoi ?
- Vous avez publié dans le journal "l'Express" une tribune libre, co-signé avec Khadija Mohsen-Finan, universitaire à Paris VIII, qui était un véritable "coup de gueule" contre les autorités politiques françaises, complètement surprises par ce qui s'est passé en Tunisie en restant sur des images simplistes des trois pays du Maghreb. Comment expliquer cet aveuglement ?
- Vous aviez été interviewé par le journal "Libération" le 5 janvier dernier, alors que les émeutes se développaient en Tunisie ; votre analyse était que "le modèle chinois", où "chacun est libre de s’enrichir et le parti s’occupe de tout" n'a pas fonctionné. Pourquoi cet échec, alors que tout le  monde vantait la croissance dans ce pays, qui a été de 5 % par an pendant de nombreuses années ? On a dit que les détournements de fonds maffieux du clan Ben Ali  avaient coûté des milliards d'euros au pays, est-ce la seule raison de ce naufrage ?
- Pour le moment, le régime algérien semble tenir. La grande marche dans Alger le 12 février n'a rassemblé que quelques milliers de courageux manifestants, face à des policiers dix fois plus nombreux qui les ont isolés après avoir quadrillé la capitale. La C.N.C.D, "coordination nationale pour le changement et la démocratie" a décidé de continuer les actions jusqu'à la chute du régime Bouteflika, mais jusqu'à présent elle semble isolée. Comment l'expliquez-vous ?
- Une révolution au Maroc vous semble-t-elle possible ? On répond toujours, quand on fait le rapprochement avec la Tunisie, deux choses : premièrement, le Roi et la dynastie disposent d'une légitimité que n'ont pas des dictateurs comme Ben Ali ou Bouteflika ; deuxièmement, le "Makzen", cercle de pouvoir autour du trône, a su mettre en place des soupapes de sécurité, une presse plus ou moins libre, des partis politiques, des syndicats ... est-ce toujours vrai, ou peut-on avoir une grosse surprise ?

Une actualité brûlante, et un expert de qualité, qui s'exprime de plus en plus souvent, aujourd'hui, dans les colonnes des journaux : j'espère que vous serez nombreux au rendez-vous dimanche prochain !

J.C