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"(...) Dans l'islam, les choses sont différentes. Il ne s'agit pas (ndlr : comme dans le christianisme) de substitution, mais tout simplement de dépossession. La Bible juive - surtout la Torah - est considérée comme un texte musulman que les Juifs auraient falsifié en donnant au patriarche Ibrahim le nom d'Abraham et au serviteur d'Allah - Daoud - le pseudonyme de David. Heureusement, bien que fréquemment stigmatisés dans le Coran - tout comme les Chrétiens - les Juifs furent considérés par l'islam comme le Peuple du Livre. Ils bénéficièrent par conséquent de la législation du dhimmi : la protection naturelle que l'hospitalité islamique accorde aux faibles et aux sans droits. Au passage, rendons-lui l'hommage qu'elle mérite. Mais pratiquement exclus de l'histoire, les Juifs ne présentaient aucun danger pour l'islam. D'ailleurs, même en Occident, ils étaient méprisés et diabolisés.
Mais voici que deux évènements de taille se sont produits dans la seconde moitié du XXe siècle, et quasi concomitamment. D'une part, après la Shoah, l’Église a mis un terme à la diabolisation des Juifs et a rejeté la caducité du judaïsme. D'autre part, les Juifs sont revenus en force dans l'histoire avec la création de l'état d'Israël, faite au demeurant au détriment de populations arabes. Des dominés devenus dominants : c'est la fameuse "humiliation" arabe s'ajoutant à celle de la colonisation. Mais il y a d'avantage. Une question se pose, même si elle ne semble guère avoir troublé les théologiens de l'islam. Le sionisme est-il simplement un simple retour - retournement - de l'histoire, ou un retour en grâce ? Volonté des hommes, ou dessein divin ? C'est que les faits sont têtus. Et si Ibrahim s'était vraiment appelé Abraham ?
Bien entendu, un esprit cartésien a du mal à croire qu'un texte hébraïque daté d'au moins dix-sept siècles avant Mahomet puisse être crypto-musulman. Mais le fait est là : des centaines de millions de croyants adhèrent à ce que l'on peut pour le moins qualifier d'étrange théorie. Et c'est le fond du problème : théologiquement, le peuple juif n'a aucune légitimité au regard de l'islam."
Rabbin Josy Eisenberg,
"Information juive", janvier 2009