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29 mars 2009

Armand Cherbit, ou l'Art de la mosaïque



Une toile sur la Toile
- mars 2009

J’ai déjà évoqué sur le blog l’œuvre d’Armand Cherbit. Il mérite, largement, de voir son travail honoré ici dans la rubrique « Une toile sur la Toile » où j’essaye de vous faire partager des émotions autant orientalistes qu’esthétiques !

Juif marocain, né à Fez, il a eu les honneurs de la presse peu de temps après sa Bar Mitzvah, juste avant la Guerre : c’était pour un de ses tous premiers tableaux représentant le quartier arabe de sa ville natale, et j’ai eu le plaisir de voir cette toile. Il a ensuite fait des études d’ingénieur bien sérieuses car l’art fait exceptionnellement vivre, et voici un autre motif de sympathie : comme mon ami Emile Moatti, polytechnicien à la retraite, comme moi-même, voici quelqu’un qui ne s’est pas contenté d’une vie partagée entre travail et loisirs ; et il a fait preuve, à un âge mur d’un talent et d’une puissance de travail absolument éblouissants - ses œuvres ont été récompensées par plusieurs prix et médailles depuis une trentaine d’années, citons parmi les plus prestigieuses la médaille d'or du salon des artistes français en 1977 et en 2000, et la médaille d'or de la ville de Paris en 2004 !

L’art de la mosaïque appartient malheureusement à un univers presque englouti : depuis les civilisations gréco-romaines, puis byzantine, on n’a guère trouvé - du moins en Méditerranée occidentale - d’artistes (et de mécènes), prêts à réaliser les magnifiques fresques que l’on peut admirer, par exemple au Musée du Bardo en Tunisie. Fait peu connu (et je l’ai appris à l’occasion de mon dernier voyage là-bas, à l’occasion d’une présentation faite par le conservateur de ce Musée), quelques synagogues des premiers siècles de l’ère chrétienne ont été ornées de mosaïques comme celle de Hammam Lif. Idem, bien sûr, pour les célèbre fresques de la synagogue de Doura Europos en Syrie.

Je serais bien présomptueux en tentant ici et en quelques lignes, de rendre compte du travail fabuleux requis pour réaliser des œuvres telles que celles reproduites ici : leur auteur m’a dit que chacune demandait plus d’une année de travail, en comptant aussi la collecte des « matières premières » : petits cailloux ramassés au bord de rivières, galets et coquillages, pâte de verre, terre séchée, morceaux de granit ... le mosaïste est d’abord à la fois un historien et un artisan, préparant sur une feuille de papier la maquette de son œuvre à venir, puis réunissant toutes les pièces d’un immense puzzle, découpant, polissant et coloriant les mille morceaux constituant un ensemble presque vivant.

Esprit ouvert, Armand Cherbit a réalisé en parallèle des mosaïques reproduisant des paysages de Provence, des figures d’art sacré byzantin ou des reproductions monumentales de Jérusalem. J’ai sélectionné pour le blog des travaux démontrant l'éclectisme et l'universalité de son inspiration : une splendide évocation de Venise, où le choix des matériaux rend compte de façon magistrale des jeux de lumière ; une grande fresque - de 2,5 mètres de large ! - faisant revivre la place de Grève à Paris, reconstituée après une minutieuse étude historique ; et ce portrait, très émouvant, représentant ses parents, en costume traditionnel de Fez ...

Une autre oeuvre d'Armand Cherbit est exposée dans le cadre du "salon de printemps" à la Mairie du Vème arrondissement de Paris, jusqu'au 4 avril : ne manquez pas de le rencontrer à cette occasion !

J.C