Benyamin Netanyahou peut, maintenant, présenter son gouvernement à l’approbation de la Knesset, il disposera d’une majorité plus stable de soixante six députés, grâce au ralliement du parti travailliste à la coalition de droite et d’extrême droite.
Ehud Barak, qui, au lendemain du résultat électoral catastrophique obtenu par son parti, avait déclaré, que sa formation constituerait une force d’opposition responsable et constructive, n’a pas résisté très longtemps à son désir de garder son poste de ministre de la défense et à l’attrait du pouvoir, suivi en cela, par la majorité des délégués du comité central. Ehud Barak avait très bien calculé son coup : il a d’abord négocié avec Netanyahou et les places et les concessions politiques, puis il est allé présenter l’accord qu’il avait déjà signé aux travaillistes réunis. Sa victoire était assurée, malgré une forte opposition.
Que voulez vous on ne crache pas sur cinq postes de ministres ou sous ministres, avec tous les avantages y afférant, même si on doit côtoyer pour cela l’extrême droite ; mais les six cent quatre vingt délégués qui ont voté pour la participation, se réclament ils encore d’une idéologie de gauche ? On peut en douter, car ils ont signés l’acte de décès du Parti Travailliste. Par contre, il faut donner un coup de chapeau aux cinq cent sept qui ont voté contre, pour donner un coup d’arrêt à la dérive droitière et opportuniste d’un parti censé représenter les travailleurs, et qui, pour régénérer leur parti, étaient prêts à assumer une traversée du désert, inspirés qu’ils étaient, peut être, par la proximité des fêtes de Pessah.
Vous allez, peut être, m’objecter, que je suis dur avec Barak, certains dans la presse israélienne le traitent de fossoyeur du parti, alors qu’il a obtenu du Likoud d’importantes concessions politiques et sociales, le chef de la Histadrout participant à la négociation. Eh bien parlons-en : Ehud Barak, a déclaré devant le comité central, préalablement au vote, « nous ne serons ni la feuille de vigne, ni la cinquième roue du carrosse, nous serons le contre poids, qui garantira que nous n’avons pas un gouvernement de droite étriqué, mais un gouvernement qui prendra soin de l’État d’Israël ». Il s’est permis de tenir ces propos parce que le Likoud s’est engagé à poursuivre les négociations pour un accord de paix avec les Palestiniens, et qu’il a affirmé, que le gouvernement respecterait les accords signés par le passé avec eux. On ne peut faire plus vague, ce genre de promesse ne mange pas de pain, et de toute façon, si Netanyahou est contre la création de deux États - il l’a répété hier - Ehud Barak, lui, considère qu’il n’y a pas d’interlocuteur palestinien : le sujet n’est donc pas d’actualité. Quant au volet social des aides apportées à certaines catégories de la population, il fera sans doute l’objet de la première crise sérieuse qu’affrontera cette coalition dominée par des libéraux et des populistes, à moins que Benyamin Netanyahou n’ait remis en question le programme libéral de sortie de crise qu’il avait évoqué, lors de son dernier passage à Paris.
Ehud Barak avait il besoin de faire partie de ce gouvernement, était ce sa seule ambition ? Il est trop intelligent pour se faire des illusions sur ses capacités à influencer ce gouvernement, à modifier sa politique, sauf peut être à la marge. Une phrase, qu’il a prononcé éclaire son action : « un parti n’ayant que treize mandats n’aurait pas eu de poids dans l’opposition ». Traduction, il lui était impossible, avec treize députés, de rester dans l’opposition avec Tzipi Livni sans lui en abandonner le leadership. En cas d’échec de Netanyahou, cette dernière aurait été nommée Premier Ministre, et lui aurait eu un poste subalterne. Une situation insupportable ! Par contre en faisant partie de ce gouvernement, il peut espérer, c’est aussi l’objectif de Netanyahou, que d’autres au sein de Kadima veuillent suivre l’exemple des travaillistes, ce qui entraînerait, l’implosion de ce parti et l’affaiblissement de Tzipi Livni - qui dans ces conditions ne pourrait plus postuler pour le poste de Premier Ministre. C’est le fondement de leur accord. Les cartes seraient redistribuées, Barak retrouverait ses chances au centre gauche, et Netanyahou n’aurait plus de concurrent au centre droit.
Dommage, pour l’avenir d’Israël que ses hommes politiques n’aient pas de visions plus larges !
Gérard Akoun
Judaïques FM, le 26 mars 2009
Ehud Barak, qui, au lendemain du résultat électoral catastrophique obtenu par son parti, avait déclaré, que sa formation constituerait une force d’opposition responsable et constructive, n’a pas résisté très longtemps à son désir de garder son poste de ministre de la défense et à l’attrait du pouvoir, suivi en cela, par la majorité des délégués du comité central. Ehud Barak avait très bien calculé son coup : il a d’abord négocié avec Netanyahou et les places et les concessions politiques, puis il est allé présenter l’accord qu’il avait déjà signé aux travaillistes réunis. Sa victoire était assurée, malgré une forte opposition.
Que voulez vous on ne crache pas sur cinq postes de ministres ou sous ministres, avec tous les avantages y afférant, même si on doit côtoyer pour cela l’extrême droite ; mais les six cent quatre vingt délégués qui ont voté pour la participation, se réclament ils encore d’une idéologie de gauche ? On peut en douter, car ils ont signés l’acte de décès du Parti Travailliste. Par contre, il faut donner un coup de chapeau aux cinq cent sept qui ont voté contre, pour donner un coup d’arrêt à la dérive droitière et opportuniste d’un parti censé représenter les travailleurs, et qui, pour régénérer leur parti, étaient prêts à assumer une traversée du désert, inspirés qu’ils étaient, peut être, par la proximité des fêtes de Pessah.
Vous allez, peut être, m’objecter, que je suis dur avec Barak, certains dans la presse israélienne le traitent de fossoyeur du parti, alors qu’il a obtenu du Likoud d’importantes concessions politiques et sociales, le chef de la Histadrout participant à la négociation. Eh bien parlons-en : Ehud Barak, a déclaré devant le comité central, préalablement au vote, « nous ne serons ni la feuille de vigne, ni la cinquième roue du carrosse, nous serons le contre poids, qui garantira que nous n’avons pas un gouvernement de droite étriqué, mais un gouvernement qui prendra soin de l’État d’Israël ». Il s’est permis de tenir ces propos parce que le Likoud s’est engagé à poursuivre les négociations pour un accord de paix avec les Palestiniens, et qu’il a affirmé, que le gouvernement respecterait les accords signés par le passé avec eux. On ne peut faire plus vague, ce genre de promesse ne mange pas de pain, et de toute façon, si Netanyahou est contre la création de deux États - il l’a répété hier - Ehud Barak, lui, considère qu’il n’y a pas d’interlocuteur palestinien : le sujet n’est donc pas d’actualité. Quant au volet social des aides apportées à certaines catégories de la population, il fera sans doute l’objet de la première crise sérieuse qu’affrontera cette coalition dominée par des libéraux et des populistes, à moins que Benyamin Netanyahou n’ait remis en question le programme libéral de sortie de crise qu’il avait évoqué, lors de son dernier passage à Paris.
Ehud Barak avait il besoin de faire partie de ce gouvernement, était ce sa seule ambition ? Il est trop intelligent pour se faire des illusions sur ses capacités à influencer ce gouvernement, à modifier sa politique, sauf peut être à la marge. Une phrase, qu’il a prononcé éclaire son action : « un parti n’ayant que treize mandats n’aurait pas eu de poids dans l’opposition ». Traduction, il lui était impossible, avec treize députés, de rester dans l’opposition avec Tzipi Livni sans lui en abandonner le leadership. En cas d’échec de Netanyahou, cette dernière aurait été nommée Premier Ministre, et lui aurait eu un poste subalterne. Une situation insupportable ! Par contre en faisant partie de ce gouvernement, il peut espérer, c’est aussi l’objectif de Netanyahou, que d’autres au sein de Kadima veuillent suivre l’exemple des travaillistes, ce qui entraînerait, l’implosion de ce parti et l’affaiblissement de Tzipi Livni - qui dans ces conditions ne pourrait plus postuler pour le poste de Premier Ministre. C’est le fondement de leur accord. Les cartes seraient redistribuées, Barak retrouverait ses chances au centre gauche, et Netanyahou n’aurait plus de concurrent au centre droit.
Dommage, pour l’avenir d’Israël que ses hommes politiques n’aient pas de visions plus larges !
Gérard Akoun
Judaïques FM, le 26 mars 2009