assassinée à Moscou le samedi 7 octobre 2006
Deux sentiments, ressentis presque l'un après l'autre après ce lâche assassinat. D'abord, de l'émotion en apprenant la mort "en service volontaire pour la liberté d'expression" si l'on peut dire, d'une journaliste particulièrement courageuse. Une vraie journaliste, allant sur le terrain, enquêtant sur une guerre absolument atroce - la Tchétchénie -, et ramenant des informations autrement plus intéressantes que les reportages de nos journalistes sur les tenues plus ou moins "bourges" d'une candidate à l'investiture du Parti Socialiste ... Ci-dessous, un extrait de la dépêche A.F.P donnant la nouvelle et rappelant son œuvre, qui a reçu les plus hautes distinctions journalistiques.
« La journaliste russe Anna Politkovskaïa, célèbre jusqu'en Occident pour sa couverture très critique de la guerre en Tchétchénie et l'une des rares à couvrir encore ce conflit oublié, a été tuée par balles samedi à Moscou.
Son corps a été découvert en fin d'après-midi par une voisine dans l'ascenseur de son immeuble, devant lequel quelques dizaines de personnes, notamment des confrères, sont venues se recueillir dans la soirée, déposant des fleurs rouges.
Le Parquet a ouvert une enquête pour "meurtre avec préméditation".
Primée à l'étranger, notamment par le Pen Club International et en 2003 par le prix du Journalisme et de la Démocratie de l'OSCE, elle avait publié plusieurs livres, dont "Voyage en enfer. Journal de Tchétchénie", qui avait eu un large écho lors de sa sortie en 2000 en France.
Rare journaliste russe à couvrir encore la deuxième guerre de Tchétchénie, lancée par Moscou en octobre 1999, elle écrivait régulièrement dans le bi-hebdomadaire Novaïa Gazeta de longs articles dénonçant les assurances de normalisation en Tchétchénie du président Vladimir Poutine.
Très critique de la politique de Moscou dans le Caucase mais aussi plus largement du tournant autoritaire pris par M. Poutine, cette femme de 48 ans aux cheveux poivre et sel et au verbe acéré venait de publier "La Russie selon Poutine", paru au printemps en France. »
Le deuxième sentiment qui m’est venu immédiatement, fut une grosse révolte. Jamais, aux colères d’André Glucksmann près, on n’entend de protestations, ou on ne voit nos présentateurs vedettes de la télévision et nos abonnés aux grandes indignations - de Monseigneur Gaillot à José Bové en passant par un autre candidat à la candidature du P.S, celui-là rayon paillettes et qui vient de jeter l’éponge -, froncer les sourcils lorsque notre Président de la République reçoit Poutine ou est l’hôte du Kremlin. Pour la majorité des Français, d’ailleurs, droite et gauche confondues, l’important est de faire la nique aux Américains, à tout propos et quitte à se payer des amis comme hier Saddam, le boucher de Bagdad, ou - pourquoi pas, si c’est le prix à payer pour « jouer dans la cour des grands » ? - les antisémites de Téhéran ou d’ailleurs. Vive la « réal politique » ! Oui, mais mes chers compatriotes (inspirés par les grands médias ou leur soufflant les titres qu’ils ont envie de lire) vont sans complexes pousser des hurlements lorsqu’un troisième candidat à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy, va serrer la main du Président élu des États-Unis ... « Sarko, caniche de Bush » - et voilà comment on peut descendre en flamme un homme politique ! Me revient alors la réplique du même Sarko qui ne manque pas de sel lorsque l’on apprend une nouvelle comme celle de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa : « quand je pense que ceux qui me reprochent de rencontrer Bush sont ceux qui serrent la pogne de Poutine, ça me fait doucement rigoler" » (source : Yahoo.news)
Deux dernières réflexions, celles-là rapidement jetées pour ne pas faire trop long.
On aimerait aussi écrire « Quand on pense aux centaines de milliers de victimes musulmanes tchétchènes de la sale guerre de Poutine, et qu’on entend « ad nauseam » tous les dirigeants musulmans dire que « la racine » de la colère des peuples du Moyen Orient est le conflit palestinien, ça nous fait doucement rigoler ». Ou pleurer, quand on sait que les pires islamistes comme le Hezbollah ou la République islamique d’Iran ont été dotés en armements russes les plus sophistiqués ... A ce sujet, lire l'inquiétant article de Caroline Glick dans le « Jerusalem Post » (« As the storm of war approaches »), où la célèbre « columnist » du quotidien israélien décrit combien la Russie est redevenue un ennemi stratégique d’Israël.
Et puis, en repensant à Poutine, tout le monde l’a déjà oublié mais je ne résiste pas à l’envie de le rappeler : les cérémonies du soixantième anniversaire de la libération d’Auschwitz en janvier 2005 furent grandioses ; grandiose aussi le discours du président russe, qui réalisa la prouesse de ne pas prononcer une seule fois le mot « Juif » dans son discours !
Deux dernières réflexions, celles-là rapidement jetées pour ne pas faire trop long.
On aimerait aussi écrire « Quand on pense aux centaines de milliers de victimes musulmanes tchétchènes de la sale guerre de Poutine, et qu’on entend « ad nauseam » tous les dirigeants musulmans dire que « la racine » de la colère des peuples du Moyen Orient est le conflit palestinien, ça nous fait doucement rigoler ». Ou pleurer, quand on sait que les pires islamistes comme le Hezbollah ou la République islamique d’Iran ont été dotés en armements russes les plus sophistiqués ... A ce sujet, lire l'inquiétant article de Caroline Glick dans le « Jerusalem Post » (« As the storm of war approaches »), où la célèbre « columnist » du quotidien israélien décrit combien la Russie est redevenue un ennemi stratégique d’Israël.
Et puis, en repensant à Poutine, tout le monde l’a déjà oublié mais je ne résiste pas à l’envie de le rappeler : les cérémonies du soixantième anniversaire de la libération d’Auschwitz en janvier 2005 furent grandioses ; grandiose aussi le discours du président russe, qui réalisa la prouesse de ne pas prononcer une seule fois le mot « Juif » dans son discours !
J.C