et le Premier Ministre Ehud Olmert
Photo Reuters, Jérusalem 26 janvier 2006
Introduction :
Après le "séisme" des élections palestiniennes, le monde entier retient son souffle ... Aux premières loges, l’État juif où un pouvoir fragilisé (gouvernement de transition, élections proches) vient de dire qu'il est hors de question de négocier avec une organisation vouée à sa destruction. Mais en même temps, ici où là, des voix discordantes s'expriment. En Israël même, où Shimon Peres dit qu'il serait possible de négocier avec le Hamas s'il renonçait au terrorisme, et où selon certains sondages publiés par la presse, une majorité relative serait prête à discuter avec les Islamistes. Claude Moniquet , expert en matière de terrorisme que l'on ne peut soupçonner de la moindre complaisance vis à vis du "fascisme vert" vient de publier sur "proche-orient.info" une analyse inattendue, disant que ce succès peut favoriser le succès du courant centriste Kadima, et donc est "une chance pour la Paix". Mon ami Alain ("a frenchie in the Holy Land") écrit sur son blog un article très émouvant - "Enfants d'Abraham" -, où il dit à la fois sa douleur de voir reparti la région trente ans en arrière, "comme au début des années 70 avec le Fatah et Septembre noir", et sa conviction que forcément il y aura des négociations avec le Hamas ... Tout ceci est donc fort embrouillé.
Claire par contre, et à partir d'une logique implacable, Isabelle Rose qui vit aussi en Israël, replace cet évènement selon les paramètres qui viennent le plus naturellement à l'esprit : l'Intifada ("révolte" en arabe) est finie, on passe maintenant à un état de guerre, guerre d'une entité réclamant la destruction de l'autre. Je publie in extenso sa tribune libre sur le sujet.
J.C
Tribune libre
par Isabelle Rose
Résultat des élections palestiniennes : l’Intifada est terminée
Au moment même où la Communauté démocratique internationale s’apprête à célébrer la première journée internationale de mémoire de la Shoah, l’Iran confirme sa volonté de poursuivre son programme nucléaire en même temps que l’organisation d’une commission historique qui devra déterminer si la Shoah a réellement eu lieu. La semaine passée, dans la perspective des élections, les « groupes armés » palestiniens ont rencontré le président iranien dont il faut se rappeler qu’il a été élu par son peuple.
Nous venons d’assister à l’élection du Hamas dans les territoires destinés à devenir « la Palestine ». Au même titre que l’OLP, qui n’a jamais supprimé de sa charte l’article qui comporte la destruction d’Israël, le Hamas tout entier est dirigé vers la réalisation du même projet. Le statut particulier du Hamas, de même que sa toute récente élection, changent cependant considérablement la donne dans la région : d’une part, le Hamas est répertorié sur la liste des organisations terroristes ; il ne peut donc pas être considéré comme un partenaire politique. En ce sens, son élection ne lui octroie aucune légitimité dans la mesure où son existence en tant que telle est illégale : les Palestiniens viennent donc d’élire un parti hors la loi qui figure sur toutes les listes noires de la Communauté Internationale. D’autre part, cette organisation terroriste est à l’origine de nombreux attentats. D’un point de vue « juridique », tant que ces attentats étaient perpétrés par une organisation terroriste qui vivait dans l’illégalité, nous pouvions parler d’une « Intifada » ou d’un « groupe armé ». Mais maintenant que cette organisation terroriste est devenue le gouvernement et le Parlement, tous ses actes et ses propos violents doivent être interprétés différemment : quand un gouvernement appelle à la destruction d’un État, on parle en effet de guerre, et non pas d’Intifada. Nous nous trouvons donc devant une nouvelle situation : « la Palestine », qui n’existe pas encore, a déclaré la guerre à Israël, État membre de l’Onu. La Communauté internationale doit très sérieusement prendre en compte ce changement de situation qui doit également se traduire dans les mots : au niveau du droit juridique, Israël est un pays en guerre, agressé par son voisin, contre lequel il peut utiliser tout l’arsenal juridique et militaire pour se défendre avec l’aide des Institutions internationales - Onu, Usa, Europe.
La présidente (autrichienne) de l’Union vient de déclarer que le Hamas ne pourrait pas être un partenaire tant qu’il ne serait pas un partenaire pour la paix. Qu’est-ce que cela veut dire en clair ? Que le Hamas, s’il se réforme, peut devenir un partenaire pour des négociations. Il semble que l’Europe n’ait rien appris de ses expériences : d’une part, pendant de nombreuses années, nous l’avons vu négocier - et financer - Yasser Arafat dont l’implication dans la préparation de certains attentats n’a fait que reculer la venue de la paix. Rappelons seulement l’échec d’Oslo et des propositions pourtant très généreuses d’Ehoud Barak. D’autre part, sa politique frileuse avec la Syrie et l’Iran nous a conduit à la situation que nous pouvons tous observer maintenant : on n’évite pas un affrontement, on le diffère (au bénéfice de l’adversaire) seulement. Enfin, ses condamnations trop molles du terrorisme et des États voyous lui ont fait perdre tout crédit dans le monde : que l’on se contente d’écouter les grossières provocations de l’Iran qui devraient nous faire honte.
Quelles conclusions en tirer ? Avec la violence et le terrorisme - avec la volonté de guerre - il est impossible de négocier. Mieux : que ce soit d’un point de vue moral ou simplement stratégique, il ne faut pas négocier. Parce que toute négociation sera interprétée comme signe de faiblesse. La Communauté Internationale a dressé une liste des organisations terroristes. Non seulement elle doit se tenir à cette liste, mais elle doit aussi lui donner un pouvoir juridique coercitif. Sans quoi ce sont les institutions démocratiques - nationales et internationales - qui seront détruites. Voilà ce qui ressort de 58 ans d’expérience en Israël : de quoi méditer ...
Jérusalem, le 27 Janvier 2006,
Isabelle Rose
Nous venons d’assister à l’élection du Hamas dans les territoires destinés à devenir « la Palestine ». Au même titre que l’OLP, qui n’a jamais supprimé de sa charte l’article qui comporte la destruction d’Israël, le Hamas tout entier est dirigé vers la réalisation du même projet. Le statut particulier du Hamas, de même que sa toute récente élection, changent cependant considérablement la donne dans la région : d’une part, le Hamas est répertorié sur la liste des organisations terroristes ; il ne peut donc pas être considéré comme un partenaire politique. En ce sens, son élection ne lui octroie aucune légitimité dans la mesure où son existence en tant que telle est illégale : les Palestiniens viennent donc d’élire un parti hors la loi qui figure sur toutes les listes noires de la Communauté Internationale. D’autre part, cette organisation terroriste est à l’origine de nombreux attentats. D’un point de vue « juridique », tant que ces attentats étaient perpétrés par une organisation terroriste qui vivait dans l’illégalité, nous pouvions parler d’une « Intifada » ou d’un « groupe armé ». Mais maintenant que cette organisation terroriste est devenue le gouvernement et le Parlement, tous ses actes et ses propos violents doivent être interprétés différemment : quand un gouvernement appelle à la destruction d’un État, on parle en effet de guerre, et non pas d’Intifada. Nous nous trouvons donc devant une nouvelle situation : « la Palestine », qui n’existe pas encore, a déclaré la guerre à Israël, État membre de l’Onu. La Communauté internationale doit très sérieusement prendre en compte ce changement de situation qui doit également se traduire dans les mots : au niveau du droit juridique, Israël est un pays en guerre, agressé par son voisin, contre lequel il peut utiliser tout l’arsenal juridique et militaire pour se défendre avec l’aide des Institutions internationales - Onu, Usa, Europe.
La présidente (autrichienne) de l’Union vient de déclarer que le Hamas ne pourrait pas être un partenaire tant qu’il ne serait pas un partenaire pour la paix. Qu’est-ce que cela veut dire en clair ? Que le Hamas, s’il se réforme, peut devenir un partenaire pour des négociations. Il semble que l’Europe n’ait rien appris de ses expériences : d’une part, pendant de nombreuses années, nous l’avons vu négocier - et financer - Yasser Arafat dont l’implication dans la préparation de certains attentats n’a fait que reculer la venue de la paix. Rappelons seulement l’échec d’Oslo et des propositions pourtant très généreuses d’Ehoud Barak. D’autre part, sa politique frileuse avec la Syrie et l’Iran nous a conduit à la situation que nous pouvons tous observer maintenant : on n’évite pas un affrontement, on le diffère (au bénéfice de l’adversaire) seulement. Enfin, ses condamnations trop molles du terrorisme et des États voyous lui ont fait perdre tout crédit dans le monde : que l’on se contente d’écouter les grossières provocations de l’Iran qui devraient nous faire honte.
Quelles conclusions en tirer ? Avec la violence et le terrorisme - avec la volonté de guerre - il est impossible de négocier. Mieux : que ce soit d’un point de vue moral ou simplement stratégique, il ne faut pas négocier. Parce que toute négociation sera interprétée comme signe de faiblesse. La Communauté Internationale a dressé une liste des organisations terroristes. Non seulement elle doit se tenir à cette liste, mais elle doit aussi lui donner un pouvoir juridique coercitif. Sans quoi ce sont les institutions démocratiques - nationales et internationales - qui seront détruites. Voilà ce qui ressort de 58 ans d’expérience en Israël : de quoi méditer ...
Jérusalem, le 27 Janvier 2006,
Isabelle Rose