Le Prince héritier Mohammad Bin Salman
On parle beaucoup de ce
pays, et on a l’a fait en particulier il y a quelques jours à l’occasion de la
visite de son Prince Héritier : « L’Arabie Saoudite peut-elle se
réformer ? », tel est le titre de l’émission de dimanche prochain. Et pour
en parler, j’aurai le plaisir de recevoir Madame Fatiha Dazi-Héni. Fatiha
Dazi-Héni était déjà venue dans ma série il y a quelques mois, et nous avions discuté
de la guerre du Yémen. Pour rappel, elle est chercheure,
spécialiste des monarchies du Golfe. Docteur en Sciences Politiques, elle
travaille à l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire. Elle a
publié aux Editions Tallandier, « L’Arabie Saoudite en 100
questions ». La lecture de ses 350 pages m’a beaucoup appris sur un
pays où il y a, comme elle l’écrit en introduction, un décalage entre la
réalité et les perceptions. Il faut dire qu’elle y va chaque année depuis 20
ans, et qu’elle l’a vu évoluer petit à petit, en pressentant les
bouleversements que veut précipiter maintenant le jeune Prince héritier
Mohammad Bin Salman, appelé familièrement « MBS ». Alors son livre
est certes paru début 2017, il y a des évènements qu’elle ne pouvait pas prévoir ;
mais elle décrit parfaitement le tournant déjà pris par le Roi actuel, Salman,
et les projets de transformation de son fils. Nous allons donc avoir deux
entretiens, le 22 avril en traitant de la société saoudienne et de sa
nécessaire évolution ; et la prochaine fois, de la politique régionale et
des enjeux stratégiques.
Parmi les questions que
je poserai à Fatiha Dazi-Héni :
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Au
18ème siècle, a été signé un pacte entre le chef d’un clan, celui
des Al-Saoud qui vivaient dans la zone centrale de la péninsule arabique, le
Najd, et un prédicateur, Abd Al Wahhab, qui va imposer sa version de la
religion, le wahhabisme. Comment s’est fait le partage du pouvoir entre les
Al-Saoud et le pilier wahhabite ? Qui détenait les armes ? Vous dites
au chapitre 13 que les principaux postes religieux sont toujours contrôlés par
les descendants d’Abdel Wahab, les Al-Sheikh : mais est-ce qu’ils ont un
pouvoir juridique réel pour bloquer la société ?
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Parmi les
idées reçues que l’on a sur l’Arabie Saoudite, il y a celle que tous les
habitants sont soumis au wahhabisme. Or ce n’est pas vrai, et votre livre
évoque les régions où un autre islam est pratiqué ; en particulier à
l’Est, dans les zones pétrolifères, vivent entre 2 et 4 millions de Chiites. Est-ce
que cela menace l’unité du pays ? Leur opposition a-t-elle été toujours
religieuse ? Et sont-ils radicalisés aujourd’hui, par l’Iran en
particulier ?
-
Les
travailleurs étrangers sont pour moitié des Arabes d’autres pays, et pour
moitié des originaires d’Asie, représentant le tiers de la
population totale ; constituant 85% des travailleurs du secteur
privé, ce sont eux qui font vivre le secteur productif ; ils sont payés en
moyenne six fois moins que les Saoudiens, et ils sont soumis au bon vouloir de
leur patron : dans ces conditions comment « saoudiser » les
emplois du privé, comme souhaité maintenant par les Autorités ? Et que
deviendront ces étrangers ?
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Les
cours de l’or noir se sont effondrés à partir de la fin 2014, on est passé de
120 dollars le baril à 40 dollars. Par ailleurs, la part du pétrole saoudien
dans la production mondiale est maintenant inférieure à 10%, car il y a des
nouveaux producteurs. Le Royaume doit donc prévoir un changement de cap sur le
long terme, et le Prince héritier Mohammad Bin Salman a fait appel à des
sociétés de Conseil comme Mc Kinsey. Un plan national appelé « Vision
2030 » a été lancé : en gros que prévoit-il ?
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La
famille royale est pléthorique, il y a environ 6000 Princes dont 1000 ont le
rang d’Altesse Royale. Ce sont les descendants du premier Roi, Abdelaziz Ibn
Saoud qui a eu 43 fils avec 22 épouses. Tous les Souverains qui lui ont succédé
sont ses fils. Or cette famille tentaculaire a accaparé tous les pouvoirs,
l’appareil bureaucratique, le gouvernement, et l’équilibre entre ses 13
branches étant assuré en théorie par un « Conseil de famille »
totalement opaque. Le Roi Salman bouleverse tout cela à son accession au trône
en 2015, et son fils MBS fait un véritable coup de force en novembre
2017 : que s’est-il passé ?
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Les
Femmes sont un marqueur pour une société. On a commenté avec ironie le droit
qui vient d’être accordé aux Saoudiennes de conduire des voitures. Il y a les
tenues vestimentaires imposées, et il y a surtout la ségrégation hommes-femmes
dans le domaine public qui, clairement, rend impossible le progrès économique
du pays. Vous qui y allez régulièrement, y a-t-il eu quand même d’autres
changements ?
Une émission que j’espère
passionnante, et vraiment d’actualité : soyez nombreux au rendez-vous !
J.C