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13 avril 2018

Syrie : vers un conflit généralisé ?

Sous-marin nucléaire britannique
 
J’ai écrit sur ma page Facebook une série de publications hier 12 avril. Je les reprends avec quelques remises en forme.

C’était le Yom Hashoah, la commémoration annuelle partout dans le monde de l'assassinat de six millions de Juifs par les nazis et leurs complices. En Israël, l'élément le plus spectaculaire c'est chaque année la sirène, et toute la circulation qui se fige pendant sa sonnerie pour un recueillement silencieux. Mais regardez ce petit film, pris depuis une tour de Tel Aviv. Je ne peux pas m'empêcher de penser, alors que tout le monde parle des risques d'une guerre avec l'Iran, à d'autres sirènes ; que l'on entendra lorsque des milliers de missiles tomberont sur le pays.

Car tout le monde parle d’un risque de conflit généralisé, mais lequel ?

Il y a en fait deux guerres qui menacent au Moyen-Orient, et deux "agendas" différents bien que les deux camps soient bien définis et se recoupent : d'un côté, le régime syrien, soutenu par l'Iran, la Russie, et tous les satellites de la République Islamique (Liban, Hezbollah, Hamas, etc.). De l'autre, les Occidentaux et leurs alliés (Israël, mais aussi Jordanie et Arabie Saoudite).
Côté occidental, et alors que le camp de "l'axe chiite" a déjà gagné en Syrie, il s'agit officiellement d'empêcher qu'Assad junior continue de gazer son peuple ; mais aussi - et sans le dire -, d'affirmer une présence alors que le plan russe est de les virer de la région. Côté israélien, il s'agit d'empêcher une implantation de la République Islamique d'Iran en Syrie et au Liban, dans des bases lui permettant de l'exterminer ensuite à coups de missiles aussi précis qu’à forte capacité de destruction.

A propos du risque de guerre entre Israël et l'Iran, mon ami Jacques Benillouche a publié cet article concernant le raid israélien du lundi 9 avril. Il a à la fois causé des dégâts réels à une base iranienne du pays, et tué des militaires de la République Islamique, ce que même leurs médias reconnaissent (leurs photos ont même été publiées). Des responsables iraniens disent qu'ils se vengeront, et bien sûr Tsahal est en état d'alerte. Hier, un Ayatollah a à nouveau menacé de raser les villes de Tel Aviv et de Haïfa – drôle de fixette pour cette dernière : tiennent-ils vraiment à massacrer l’importante minorité arabe du grand port israélien ?
Mais quel est le risque, réel, de guerre entre Israël et l'Iran suite à ce nouvel épisode ? Quelle sera l'ampleur des représailles de Téhéran ? Les experts israéliens sont divisés, et cet article du Times of Israël fait le point sur le sujet.

Reste « l’autre guerre », celle dont on craint qu’elle soit encore plus grave, avec la possible riposte russe à des tirs de missiles envoyés par des bâtiments de guerre américains, français ou britanniques, en guise de punition ou d’avertissement au régime Assad. L’Ambassadeur russe à Beyrouth a tenu – devant la télévision du Hezbollah ! – des propos bien menaçants en guise d’avertissement. Et cela, pour des tirs de missiles théoriques, annoncés trop bruyamment en début de semaine ; avec notamment un tweet grotesque de Donald Trump mercredi, qui a rétropédalé le lendemain.

Mais d'ores et déjà, voici une donnée qui n'est pas vraiment surprenante : pour les raclures d'extrême-droite et les rouges-bruns, pour les pacifistes à géométrie variable de gauche ou de droite, pour les obsédés des "sionistes" et des théories du complot, les deux guerres parallèles dont je vous parlais n'en font qu'une. Tout n'est qu'une manœuvre des Juifs pour provoquer une guerre mondiale.

Et cela, en une période de remontée fulgurante de l’antisémitisme, est vraiment très inquiétant.

J.C